Zwischbergental : Grosse Stafel - Schiena - Pontimia #ruine

Randonnée dans une des régions les plus sauvages et isolées du Simplon, le flanc E de la Zwischbergental entre le Tschawinerpass et l'Alpe Pontimia. Le flanc W est encore plus extrême, commençons donc par le plus "facile".

Deux habitués de Hikr ont déjà utilisé le sentier Bielti-Gapfji (P.2129) et n'en disent que du mal : Zaza et Dragonfly. La situation ne s'est guère améliorée depuis leur passage : l'invasion de la végétation a progressé et le sentier a encore perdu de sa visibilité. L'usage du GPS et un bon sens de l'orientation sont conseillés.

J'abandonne mon véhicule le long de la route Gondo-Furggu, dans la Bodiwald, où se trouve une place suffisante pour quelques véhicules. Je redescends la route à pied jusqu'au virage de Gäribil. De là part une liaison permettant de rejoindre un sentier horizontal amenant au chemin carrossable de la vallée, au P.1489. Je quitte le chemin plus haut, traverse tant bien que mal la Grossus Wasser aux eaux heureusement peu abondantes et rejoins le "bergweg" officiel, dans la région de Bielti.

J'effectue un bref détour au N de Bielti afin de visiter un vieil alpage et sa balme (encore indiqué sur CNS 1968). J'attaque ensuite la rude montée, la première partie dans les gazons et encore relativement bien balisée (en blanc-rouge-blanc, puis bientôt en blanc également). Mais on se rend compte rapidement que le sentier n'est plus guère entretenu et il ne faut pas être allergique aux fougères et aux rhododendrons. Je me perds par endroit mais retrouve néanmoins la trace après quelques efforts. Très peu d'orties mais une grande quantité de moustiques affamés, j'étais heureusement équipé en conséquence.

J'arrive aux ruines de Grosse Stafel ("Alp Vaz" sur les anciennes CNS) situées sur un replat envahi par le rumex et où coule un ru gazouillant. L'étable n'a plus de toit mais la petite annexe sur le côté peut encore servir d'abri de fortune, du moins pour l'instant.

Après une brève pause, je repars sur le sentier qui traverse une petite zone d'aulnes, contourne un arbre déraciné, et me dirige plein S avant de faire un large virage sur une pente gazonnée et revient en direction du N. C'est là, je dirais, qu'est la partie la plus délicate de la montée. Il faut se tenir au pied d'une barre rocheuse horizontale que l'on doit longer une centaine de mètres, sur de l'herbe bien glissante. Puis les traces gravissent les pentes d'une forêt très raide où le faux pas est interdit. Et on débouche finalement pas loin du P.2129, à Gapfji, près d'un rocher où est peint le nom de "Pontimia", ma destination.

A l'E, il est possible de rejoindre le Tschawinerpass, mais c'est au S que je poursuis ma route. Je passe tout d'abord aux ruines de la Zerkiti Hittjini (Schiena sur CNS). Les vieilles CNS indiquent que cet endroit se nommait jadis Grosse Stafel. Il y a donc eu déplacement des noms, ou maldonne. Un petit local fermé par une porte a récemment été aménagé, probablement à destination des bergers.

La suite est aulnesque, c'est à dire qu'il faudra traverser une zone dominée exclusivement par une unique espèce envahissante : l'aulne. Vous connaissez tous cela ? Bien. J'ai donc pris la courageuse décision de la contourner par les hauts, ce qui nécessite néanmoins un dénivelé supplémentaire de 60 mètres. Peut-être ai-je eu tort ? Peut-être aurais-je dû insister et forcer mon passage à travers cette amazonie de poche ? Qui sait ?

Quoiqu'il en soit, je me retrouve de l'autre côté et, ô joie, je découvre mon premier balisage de couleur orange, peint sur un rocher, au début d'un pierrier qu'il est aisé de traverser. Puis un second pierrier, facile. Et me voilà à Schindeldola, un alpage constitué de quatre ruines sur une superbe plateforme dominant la vallée. Schindeldola est plutôt le nom attribué au pierrier situé plus haut mais je n'ai hélas pas d'autres informations sur cet endroit (je vais devoir de nouveau emprunter à la médiathèque le livre sur les lieux-dits du Simplon).

Le sentier continue sa progression horizontale, offrant de superbes points de vue sur les sommets alentours. A un moment, j'abandonne le balisage pour rester fidèle à l'ancien parcours indiqué sur la CNS de 1947. Ce n'est pas très malin de ma part car cela me fait perdre 40 mètres de dénivelés que je devrai récupérer... à travers les... aulnes. Bref, si vous tentez l'aventure, restez fidèle au balisage et conservez l'altitude !

Et me voilà au lac de Pontimia à la surface imposante. Puis c'est l'Alpe du même nom, peuplé par un immense troupeau de moutons, et ses quelques bergers, dont certains parlent français (les bergers, pas les moutons). Scène pastorale de rêve, hélas il faut maintenant redescendre en empruntant le rude sentier qui déboule sur Cheller. Ou plutôt sur le pont qui permet de traverser la Grossus Wasser puis de longer les rives du lac artificiel de Fah. Finalement, la longue route jusqu'à Bielti et la brève remontée jusqu'à la voiture.

Une bien belle journée ce fut !