Quatre jours dans l'Oberland bernois : Première étape, de Lauterbrunnen à Mürren

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En 2010, j'ai voulu traverser la Suisse sur l'itinéraire de la Via Alpina. Une tendinite a mis fin à ma tentative aux portes de l'Oberland bernois. Depuis lors, j'ai toujours eu envie d'enchaîner les trois grands cols bernois de cette Via Alpina : Sefinenfurgge, Hohtürli et Bunderchrinde, mais l'occasion ne s'est jamais produite. Cette année, après  deux semaines de randonnée dans les Alpes françaises et avec quelques jours encore avant la reprise du travail, le moment est enfin venu de revenir dans l'Oberland.  

Dans un premier temps, nous avions prévu d'arriver tranquillement à Mürren en montant à Grütschalp en télécabine. Mais en arrivant à Lauterbrunnen à 14 heures 30 le samedi après-midi, nous décidons de monter à pied : nous avons largement le temps et les mille mètres de dénivelée constitueront une bonne mise en jambes pour les grandes étapes à venir.

Le démarrage est particulièrement raide : le chemin quitte Lauterbrunnen en attaquant la pente de face, entre des jardins très fleuris. De l'autre côté de la vallée en forme de canyon, les chalets de Wengen s'étalent le long d'un replat vert entre deux bandes de falaises. La pente finit par s'atténuer un peu et le sentier se dirige vers le sud, cherchant son chemin tortueux entre barres rocheuses et torrents. Vers 1300 mètres, peu après la bifurcation pour Winteregg, nous nous trouvons face à un panneau "Passage interdit" : sans doute en raison d'un éboulement, le chemin a été dévié. Nous remontons à nouveau par des pentes plus raides, émergeant de la forêt près d'un grand bâtiment agricole vers 1500 mètres. Ici, la vue s'ouvre soudainement vers le sud : l'Eiger et le Mönch sont encore cachés, mais la Jungfrau est là, sa tête encore dans les nuages. Notre chemin dévié rejoint celui venant depuis Grütschalp à peu près un kilomètre au nord de Winteregg. A partir d'ici, nous nous contentons de suivre ce sentier assez plat jusqu'à Mürren, nous faisant régulièrement dépasser par les petits trains de la ligne que longe le sentier.

Mürren a su conserver son ambiance de village : il y a quelques grands hôtels du début du 20^ème siècle, mais les grands immeubles modernes sont absents et même les pylônes et câbles des remontées mécaniques semblent faire de leur mieux pour se cacher entre les arbres.  C'est le jour et la nuit par rapport aux horreurs de Tignes, où nous sommes passés quelques jours auparavant. Nous avons réservé à la pension Sonnenberg, située encore 200 mètres au-dessus du village : c'est raide, mais ce sont au moins des mètres que nous n'aurons pas besoin de monter demain ! L'auberge est un chalet moderne qui, d'après les photos au mur de l'escalier qui mène aux chambres, semble avoir remplacé un bâtiment plus ancien détruit par le feu. La chambre est confortable, la douche est excellente et la vue est parfaite. Nous restons un peu dehors, mais ce côté de la vallée est déjà à l'ombre et un petit vent frisquet nous fait fuir vers l'intérieur. Il n'y a pas grand monde à l'auberge : un groupe de randonneurs roumains, trois anglophones et une famille de touristes indiens avec des valises de taille monumentale qui semble avoir atterri là par accident. Le souper est simple mais bon : des röstis avec lard et œufs... que demander de plus ?

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