Capu Tafunatu : Face est et traversée

Le Capu Tafunatu est le petit frère jumeau de la Paglia Orba (la reine des montagnes corses), il est surtout célèbre pour son immense trou visible de très loin, une incroyable arche naturelle de 50 mètres de long et 20 de haut trouant de part en part ce sommet rocheux et effilé dont même la voie normale exige de grimper.

C'était la dernière journée de notre semaine corse au lendemain de la fantastique Face est de la Paglia Orba, semaine achevée sous un temps radieux après avoir s'être fait passablement arroser à vélo vers Bastelica puis à pied dans les Agriates (!). En second c'est vraiment de la grimpe plaisir, ludique à souhait, jamais trop dure, sur un super rocher - merci Cedric ! La vue sur le Golfe de Porto 2300m plus bas depuis le fameux trou du Capu Tafunatu, une incroyable arche naturelle forant la montagne sur 50m * 20m, mérite vraiment à elle seule de venir faire la voie qui se combine idéalement avec la Finch sur 2 jours.

Soirée de la veille au refuge avec W. Colonna de Servoz, ouvreur légendaire du Wadi Rum jordanien, qui effectuait la même combinaison que nous sur les 2 jours mais en sens inverse. A ceux qui me demandent où je n'ai pas encore été, je dois avouer que j'ai trouvé mon maître ! Un infatigable défricheur doublé d'un joyeux luron dont on écouterait les aventures sans fin. Pour ne pas être en reste, Cédric a passé une partie de la soirée à lui lister toutes les belles courses rocheuses encore à réaliser en Corse, je crois qu'on a de quoi revenir chaque année durant 20 ans au moins !

Le lendemain dimanche, tout juste sortis du ferry nocturne, nous avons évidemment tenu à exploiter la dernière journée de soleil de la semaine par un petit combiné vélo-rando dans les Alpes Ligures. Pour les amateurs du genre, le Monte Carmo (1389m, droit au dessus de la mer) se gravit au départ du joli village de Toirano en laissant les vélos au col homonyme, avec retour en boucle par le Col de Scravaion et Castelvecchio (+1700 cumulés). Le tout est à une encablure de l'arrivée du ferry à Savona.

Détails techniques : topo ici. Les quelques spits qui trainaient ont été retirés, on croise quand même une petite dizaine de pitons en 6 longueurs mais les relais ne sont pas équipés. L'assurage naturel reste cela dit très commode. Avec la route pour aller reprendre le ferry le soir nous étions un peu justes en timing pour la traversée des arêtes, on a donc tiré le grand rappel de presque 60m (relais intermédiaire plus haut si corde plus courte) en face E juste sous le sommet pour traverser par la vire cairnée jusqu'au fameux trou. Avant de faire durer le plaisir en traversant le trou vers l'W (dalles couchées dominant le vide, nécessite de rester concentré...sans doute franchement dangereux si c'est mouillé !) pour contourner le Capu par son épaule sud et redescendre sur le refuge par les vires & gradins de la face E. Ce cheminement astucieux est assez bien cairné, il permet un tour du sommet assez spectaculaire mais jamais difficile.

Refuge : Accueil plutôt rugueux au Refuge Ciottolu di Mori, je n'en dirais pas plus pour ne pas prendre de balle perdue lors de notre prochain séjour...enfin le gardien (qui avait de plus une vieille rancoeur contre le bureau des guides corses) a quand même daigné nous accorder une tente dehors et on a mangé convenablement. Attention, pas de couvertures, il faut monter son duvet !!!

Horaire : Refuge 8h, attaque 8h45, sommet 10h45, refuge 12h30 / 13h, parking 15h.

Météo : Grand beau doux, enfin !

Participants : Agnès, Cédric Specia (guide corse), seuls comme la veille.