La Luette (3548m) : traversée Arolla - Dixence, alpinisme en famille

"La Luette, gentille Luette, La Luette, je te plumerai..." : grande première en crampons pour nos 2 moustiques sur leur 1ère "vraie" course d'alpinisme avec lever précoce, froid mordant, parcours glaciaire encordé & tutti quanti. Les bonnes conditions nous ont permis de tenir les horaires du topo, Arnaud a apprécié moyennement de devoir marcher à un rythme constant ficelé par la corde, préférant de loin casser la glace au piolet à chaque pause. Il a aussi été un peu déçu par la petite taille des crevasses rencontrées...Cécile a tout de suite assimilé l'allure pour marcher en milieu de cordée en gardant la corde tendue, elle a aussi bien serré les dents malgré des orteils vite insensibilisés par les lanières des crampons - rétrospectivement, si les crampons alu convenaient parfaitement à ce terrain débonnaire, les petites chaussures de randonnée étaient quand même un peu légères au vu des conditions froides du jour.

La montée à la cabane par le Pas de Chèvres est désormais bien rallongée par l'affaissement du glacier (cf conditions), curieusement Cécile a déclaré adorer l'affreux cheminement à travers les blocs moraniques, sautant adroitement de rocher en rocher en rigolant pendant que mes genoux rouillés me rappelaient gentiment le poids des années...La redescente du refuge sur le Lac des Dix n'est pas forcément plus rapide (8km de plat sur les bords du lac pour finir !) mais permet de boucler une jolie traversée si on est venu en TC, avec la Luette en ligne de mire jusqu'au bout. C&A ont encapé tout ça sans la moindre jérémiade, j'avoue que j'étais assez fier d'eux sur ce coup là. Cécile a juste exprimé son étonnemment de ne "presque plus sentir ses pieds" au bout de 9h de marche - il y avait de quoi ! Tartes au restaurant du parking en attendant le car postal, beignets au shop de la gare de Sion...toutes les petites misères étaient oubliées de retour au bercail. Avant le WE à l'assaut de la cabane de Trift.

Bilan des courses : la Luette se prêt idéalement à une initiation à l'alpinisme avec son glacier tranquille, son arête finale évidente et jamais exposée, son dénivelé modeste...par contre la montée à la Cabane des Dix nécessite quand même un minimum de conditions physique. Itinéraire évident, bonne sente jusqu'au pied du glacier que l'on remonte rive D pour déboucher sur un col bien visible juste au N du Pt 3444m avant de suivre l'arête sud.

Conditions du jour : J1, montée à la Cabane des Dix par le Pas de Chèvres : les échelles ont été réaménagées suite au retrait du glacier de Cheillon ayant fait apparaître une moraine raide et croûlante sous les vieilles échelles. Les nouvelles sont désormais bien moins impressionnantes (on n'a même pas mis les baudriers pour les enfants), seule la dernière est un chouia exposée. Par contre le nouveau parcours fait un grand zigzag ondulant entre les crêtes morainiques et on perd au moins 150m de dénivelé avant d'entamer la remontée à la cabane --> au lieu de la 1/2h du col au refuge indiquée sur panneaux et topos, il faut au moins 1h voire 1h30. La pente de terre sous la cabane a également glissé avec les intempéries mais un sentier y a été retracé.

J2, sommet et descente sur la Dixence : tb conditions, partie inférieure en glace couverte de 5cm de neige récente, partie supérieure en bonne neige n'enfonçant pas, les rares crevasses sont encore très peu ouvertes. Vieilles traces évidentes malgré la faible fréquentation (tout le monde va au Pigne ou au MB de Cheillon !). Crampons néanmoins indispensables (alu OK). L'arête (en fait une épaule) terminale est quasi sèche et se fait facilement sans crampons. Le sentier de descente vers le lac n'est pas indiqué au départ, il faut prendre la sente passant un petit col entre les 2 buttes munies chacune d'une croix à l'W du refuge.

Tb conditions de visu sur le Pigne (quasi tout en neige). Idem pour la partie neigeuse du MB de Cheillon, arête terminale rocheuse bien mixte mais néanmoins très parcourue ce jour là.

Météo : Montée à la cabane le samedi sous une alternance d'éclaircies et de giboulées de grésil, froid. Dimanche grand beau bien froid le matin avec vent de NW un peu pénible par moments, restant frais même l'après-midi au bord du Lac des Dix.

Refuge : Cabane des Dix seulement au 2/3 pleine malgré la perspective d'un des rares dimanches ensoleillés de l'été. La bande de jeunes qui a pris la succession de l'ancien gardien est très sympa et fait régner une excellente ambiance. Apéro vin blanc offert. Une petite slack-line devant la cabane, une high-line juste à coté. Eau du robinet réputée non potable (que nous avons évidemment tous bu goulument sans souci comme dans toutes les autres cabanes, qu'il s'agisse de "kein Trinkwasser" en Suisse Allemande, d' "acqua non potabile" dans les Dolomites ou de "nepitna voda" dans les Alpes slovènes...)

Accès TP : Train de 9h07 à Berne, arrivée 11h55 à Arolla (car postal toutes les 2h). Au retour depuis la Dixence, téléphérique toutes les 10mn du barrage au parking du chargeur, puis car postal direct pour Sion (peu de courses, le dernier à 16h55 --> Berne 19h50).

Horaire : 5h30 de montée à la cabane samedi dont 1h de pause. Dimanche dep 6h40, sommet 9h20/9h40, cabane 11h10 / 11h50, arrivée au barrage 15h30.

Participants : Agnès et moi, Cécile (13 ans), Arnaud (10 ans). Croisé juste une autre cordée en descendant. Enormément de monde à la fin au voisinage du barrage des Dix.