ViaJacobi : Etape 10a, de Huttwil à Burgdorf
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English version
Les premières semaines de ce printemps ont été peu propices à la randonnée. Les rares journées ensoleillées sont tombées en milieu de semaine, servant surtout à réchauffer les vitres des bureaux, alors que les week-ends ont souvent été gris et humides. Ce premier dimanche matin après le début official du printemps ne commence pas non plus sous les meilleures auspices, mais une amélioration est prévue plus tard dans la journée et je décide de reprendre la ViaJacobi, que j’avais laissée à Huttwil vers la fin janvier.
Il pleut à Lucerne, mais au moment où je descends du train à Huttwil (638 m) peu après dix heures, les premiers signes précurseurs d’une amélioration sont là : la couleur uniforme du ciel a laissé place à une palette plus variée de gris, il y a même quelques taches de bleu là-bas en direction du nord. Depuis la gare, une rue résidentielle mène en descente à une scierie, puis à un pont qui traverse une petite rivière bordée d’un jardin où fleurissent des jonquilles et de primevères. Le bitume cède rapidement la place à un chemin empierré qui monte en biais le long du bord d’un bois, passant devant une maison isolée dont les fenêtres sont bizarrement ornées de panneaux interdisant de prendre des photos. La pente devient plus raide, puis s’adoucit à nouveau devant la ferme de Zwang (752 m). Un peu plus loin, un court détour sur la droite mène à un très joli point de vue, où un banc, installé au bord du bois, offre une vue vers le sud sur la vallée du Rotbach et les collines qui la bordent en face.
En terrain plus plat désormais, je continue vers le sud-ouest, regrettant de ne pas avoir pris de gants car il fait assez froid à l’ombre. À la bien nommée Kaltenegg (760 m), le chemin passe entre des fermes imposantes, à l’architecture typique de la région. Devant l’une des fermes, un grand forsythia, en pleine floraison jaune, a été décoré avec des œufs bleus, bien que nous soyons encore à un mois de Pâques. À droite du chemin, sur une crête, une rangée d’arbres se découpe en silhouette contre un ciel typique du mois de mars, où de larges bandes de bleu et de gros nuages gris et noirs se font concurrence.
Environ un kilomètre après Kaltenegg, la ViaJacobi quitte les hauteurs qu’elle suivait depuis un moment pour descendre abruptement vers le village de Dürrenroth, dans la vallée en contrebas. Un chemin creux entre de hauts talus élevés laisse place à un champ boueux, au bas duquel un panneau m’informe qu’il reste 1 380 kilomètres à parcourir jusqu’à Saint-Jacques-de-Compostelle. Je crois pouvoir constater avec certitude que je n’irai pas jusque-là. Dans la vallée, je tourne à droite et suis la route principale sur une courte distance, traverse une voie de chemin de fer “musée“ près d’une gare désaffectée (pas de vieux trains à voir aujourd’hui malheureusement), puis monte un escalier raide pour rejoindre la rue principale de Dürrenroth (697 m), bordée de chaque côté par de belles maisons anciennes. Les deux grands hôtels/restaurants qui se font face sont de magnifiques exemples de l’architecture typique de l’Emmental.
Dommage quand même que l’itinéraire ne continue pas par les hauteurs de l’autre côté de la vallée, car maintenant pour sortir de Dürrenroth, il faut subir un long kilomètre de marche le long de la route. Viennent ensuite de deux kilomètres de chemins forestiers sans grand intérêt et très boueux par endroits. Les panneaux jaunes le long de ce tronçon ne portent pas le “4“ de la ViaJacobi : aux carrefours de chemins, il faut toujours suivre la direction de Häusernmoos. À la lisière de la forêt, je m’assois sur un banc pour une pause déjeuner plutôt frisquette : bien que le ciel soit majoritairement bleu à présent, le soleil semble prendre un malin plaisir à se cacher derrière les nuages et peine à réchauffer l’air.
À Häusernmoos (710 m), l’itinéraire traverse à nouveau le fond de la vallée, avec sa vieille voie ferrée et une autre gare désaffectée. Il y a ici une route assez dangereuse à traverser, en plein milieu d’un carrefour où des voitures arrivent de partout et où il n’y a pas de passage piéton. Un nouveau tronçon désagréable de 500 mètres le long de la route, sans trottoir, marque la fin de cette section centrale plutôt frustrante de l’étape.
À partir d’ici, les choses s’améliorent nettement alors que je commence la longue montée vers le point culminant de la journée. Un agréable sentier forestier remonte le fond d’une vallée le long d’un ruisseau, puis débouche dans un paysage ouvert et monte vers les hameaux de Juch (809 m) et Junkholz (826 m). Près de ce dernier, un panneau informe les randonneurs de “suivre le chemin du bas”, ce qui peut porter à confusion car un seul chemin est visible : la bifurcation entre le chemin du haut et celui du bas se trouve en fait 200 mètres plus loin, et c’est effectivement celui de gauche, en contrebas, qu’il faut suivre. Tout au long de cette section, de magnifiques vues s’ouvrent vers le sud sur le massif du Napf, ses collines boisées s’élevant au-dessus d’un paysage bucolique composé de vieilles fermes, d’arbres solitaires sur des buttes et de prairiues illuminés d’un vert jaunâtre par les rayons du soleil.
Une courte mais très raide montée me mène enfin à Lueg, une colline arrondie culminant à 888 mètres d’altitude. L’endroit porte bien son nom : en effet, on pourrait passer des heures à regarder le panorama qui s’étend de l’est à l’ouest en passant par le sud, seule la vue vers le nord est masquée par des arbres. Il m’a fallu quatre heures depuis Huttwil jusqu’ici, et pour ceux pour lesquels ça suffit pour une journée, on peut s’échapper en bus vers la gare de Burgdorf : l’arrêt se trouve à cinq minutes du sommet, devant le restaurant. Il faut deux heures pour aller à Burgdorf à pied, mais je viens de louper un bus et le suivant ne vient que dans une heure, je décide donc de continuer à pied.
Le reste de l’étape est entièrement en descente : l’option du bus pourrait aussi convenir à ceux dont les genoux n’apprécient pas trop ce genre de chose. Depuis le restaurant, un sentier herbeux traverse une prairie sous une butte coiffée d’un arbre qui n’a pas encore compris que c’est le printemps. Le chemin continue à travers une parcelle de forêt, puis rejoint une route goudronnée qu’il faut suivre sur plus de trois kilomètres. Heureusement, il y a peu de circulation et le paysage permet d’oublier un peu le bitume : c’est l’Emmental des cartes postales, avec ses collines verdoyantes et ses prés qui plongent brusquement dans de petites vallées. Jusqu’à présent, les plus belles vues étaient vers le sud et le massif du Napf, mais juste avant le petit village de Kaltacker, une ouverture soudaine à la sortie d’un tunnel d’arbres révèle le Weissenstein et le massif jurassien, qui se dresse au nord, au-dessus du Plateau suisse.
Le goudron continue jusqu’au bout de Kaltacker (707 m), puis fait place à des chemins d’alpage, jusqu’à ce qu’un sentier étroit bifurque à droite, juste à la lisière de la forêt. La descente finale vers Burgdorf commence ici, et elle réserve une surprise. Le chemin descend entre des talus de plus en plus raides, puis s’enfonce soudain dans une gorge sèche entre de hautes parois rocheuses, de la même couleur vert-gris que les maisons de la vieille ville de Berne. Lorsque le sentier sort enfin de la forêt, la civilisation urbaine est toute proche, avec ses immeubles et ses trains qui passent.
Burgdorf (533 m) est plus grand que ce que j’imaginais. Il y a effectivement un Burgsur un éperon rocheux au-dessus de la ville, mais cela doit faire bien longtemps que le mot Dorfne s’applique plus ! La ViaJacobi entre dans Burgdorf par un pont sur l’Emme, laquelle coule ici au pied de hautes falaises. L’itinéraire vers la gare évite le centre-ville (que je visiterai au début de la prochaine étape), longeant la rivière avant de remonter une rue résidentielle jusqu’à la place de la gare, qui semble être occupée essentiellement par des hommes qui lancent des injures dans le vide, canettes de bière à la main.
Avec le printemps qui commence à montrer timidement le bout de son nez, cette étape longue (plus de 23 kilomètres) mais facile randonnée a été plutôt agréable. La prochaine étape, encore plus longue, m’emmènera aux portes de Berne.
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Les premières semaines de ce printemps ont été peu propices à la randonnée. Les rares journées ensoleillées sont tombées en milieu de semaine, servant surtout à réchauffer les vitres des bureaux, alors que les week-ends ont souvent été gris et humides. Ce premier dimanche matin après le début official du printemps ne commence pas non plus sous les meilleures auspices, mais une amélioration est prévue plus tard dans la journée et je décide de reprendre la ViaJacobi, que j’avais laissée à Huttwil vers la fin janvier.
Il pleut à Lucerne, mais au moment où je descends du train à Huttwil (638 m) peu après dix heures, les premiers signes précurseurs d’une amélioration sont là : la couleur uniforme du ciel a laissé place à une palette plus variée de gris, il y a même quelques taches de bleu là-bas en direction du nord. Depuis la gare, une rue résidentielle mène en descente à une scierie, puis à un pont qui traverse une petite rivière bordée d’un jardin où fleurissent des jonquilles et de primevères. Le bitume cède rapidement la place à un chemin empierré qui monte en biais le long du bord d’un bois, passant devant une maison isolée dont les fenêtres sont bizarrement ornées de panneaux interdisant de prendre des photos. La pente devient plus raide, puis s’adoucit à nouveau devant la ferme de Zwang (752 m). Un peu plus loin, un court détour sur la droite mène à un très joli point de vue, où un banc, installé au bord du bois, offre une vue vers le sud sur la vallée du Rotbach et les collines qui la bordent en face.
En terrain plus plat désormais, je continue vers le sud-ouest, regrettant de ne pas avoir pris de gants car il fait assez froid à l’ombre. À la bien nommée Kaltenegg (760 m), le chemin passe entre des fermes imposantes, à l’architecture typique de la région. Devant l’une des fermes, un grand forsythia, en pleine floraison jaune, a été décoré avec des œufs bleus, bien que nous soyons encore à un mois de Pâques. À droite du chemin, sur une crête, une rangée d’arbres se découpe en silhouette contre un ciel typique du mois de mars, où de larges bandes de bleu et de gros nuages gris et noirs se font concurrence.
Environ un kilomètre après Kaltenegg, la ViaJacobi quitte les hauteurs qu’elle suivait depuis un moment pour descendre abruptement vers le village de Dürrenroth, dans la vallée en contrebas. Un chemin creux entre de hauts talus élevés laisse place à un champ boueux, au bas duquel un panneau m’informe qu’il reste 1 380 kilomètres à parcourir jusqu’à Saint-Jacques-de-Compostelle. Je crois pouvoir constater avec certitude que je n’irai pas jusque-là. Dans la vallée, je tourne à droite et suis la route principale sur une courte distance, traverse une voie de chemin de fer “musée“ près d’une gare désaffectée (pas de vieux trains à voir aujourd’hui malheureusement), puis monte un escalier raide pour rejoindre la rue principale de Dürrenroth (697 m), bordée de chaque côté par de belles maisons anciennes. Les deux grands hôtels/restaurants qui se font face sont de magnifiques exemples de l’architecture typique de l’Emmental.
Dommage quand même que l’itinéraire ne continue pas par les hauteurs de l’autre côté de la vallée, car maintenant pour sortir de Dürrenroth, il faut subir un long kilomètre de marche le long de la route. Viennent ensuite de deux kilomètres de chemins forestiers sans grand intérêt et très boueux par endroits. Les panneaux jaunes le long de ce tronçon ne portent pas le “4“ de la ViaJacobi : aux carrefours de chemins, il faut toujours suivre la direction de Häusernmoos. À la lisière de la forêt, je m’assois sur un banc pour une pause déjeuner plutôt frisquette : bien que le ciel soit majoritairement bleu à présent, le soleil semble prendre un malin plaisir à se cacher derrière les nuages et peine à réchauffer l’air.
À Häusernmoos (710 m), l’itinéraire traverse à nouveau le fond de la vallée, avec sa vieille voie ferrée et une autre gare désaffectée. Il y a ici une route assez dangereuse à traverser, en plein milieu d’un carrefour où des voitures arrivent de partout et où il n’y a pas de passage piéton. Un nouveau tronçon désagréable de 500 mètres le long de la route, sans trottoir, marque la fin de cette section centrale plutôt frustrante de l’étape.
À partir d’ici, les choses s’améliorent nettement alors que je commence la longue montée vers le point culminant de la journée. Un agréable sentier forestier remonte le fond d’une vallée le long d’un ruisseau, puis débouche dans un paysage ouvert et monte vers les hameaux de Juch (809 m) et Junkholz (826 m). Près de ce dernier, un panneau informe les randonneurs de “suivre le chemin du bas”, ce qui peut porter à confusion car un seul chemin est visible : la bifurcation entre le chemin du haut et celui du bas se trouve en fait 200 mètres plus loin, et c’est effectivement celui de gauche, en contrebas, qu’il faut suivre. Tout au long de cette section, de magnifiques vues s’ouvrent vers le sud sur le massif du Napf, ses collines boisées s’élevant au-dessus d’un paysage bucolique composé de vieilles fermes, d’arbres solitaires sur des buttes et de prairiues illuminés d’un vert jaunâtre par les rayons du soleil.
Une courte mais très raide montée me mène enfin à Lueg, une colline arrondie culminant à 888 mètres d’altitude. L’endroit porte bien son nom : en effet, on pourrait passer des heures à regarder le panorama qui s’étend de l’est à l’ouest en passant par le sud, seule la vue vers le nord est masquée par des arbres. Il m’a fallu quatre heures depuis Huttwil jusqu’ici, et pour ceux pour lesquels ça suffit pour une journée, on peut s’échapper en bus vers la gare de Burgdorf : l’arrêt se trouve à cinq minutes du sommet, devant le restaurant. Il faut deux heures pour aller à Burgdorf à pied, mais je viens de louper un bus et le suivant ne vient que dans une heure, je décide donc de continuer à pied.
Le reste de l’étape est entièrement en descente : l’option du bus pourrait aussi convenir à ceux dont les genoux n’apprécient pas trop ce genre de chose. Depuis le restaurant, un sentier herbeux traverse une prairie sous une butte coiffée d’un arbre qui n’a pas encore compris que c’est le printemps. Le chemin continue à travers une parcelle de forêt, puis rejoint une route goudronnée qu’il faut suivre sur plus de trois kilomètres. Heureusement, il y a peu de circulation et le paysage permet d’oublier un peu le bitume : c’est l’Emmental des cartes postales, avec ses collines verdoyantes et ses prés qui plongent brusquement dans de petites vallées. Jusqu’à présent, les plus belles vues étaient vers le sud et le massif du Napf, mais juste avant le petit village de Kaltacker, une ouverture soudaine à la sortie d’un tunnel d’arbres révèle le Weissenstein et le massif jurassien, qui se dresse au nord, au-dessus du Plateau suisse.
Le goudron continue jusqu’au bout de Kaltacker (707 m), puis fait place à des chemins d’alpage, jusqu’à ce qu’un sentier étroit bifurque à droite, juste à la lisière de la forêt. La descente finale vers Burgdorf commence ici, et elle réserve une surprise. Le chemin descend entre des talus de plus en plus raides, puis s’enfonce soudain dans une gorge sèche entre de hautes parois rocheuses, de la même couleur vert-gris que les maisons de la vieille ville de Berne. Lorsque le sentier sort enfin de la forêt, la civilisation urbaine est toute proche, avec ses immeubles et ses trains qui passent.
Burgdorf (533 m) est plus grand que ce que j’imaginais. Il y a effectivement un Burgsur un éperon rocheux au-dessus de la ville, mais cela doit faire bien longtemps que le mot Dorfne s’applique plus ! La ViaJacobi entre dans Burgdorf par un pont sur l’Emme, laquelle coule ici au pied de hautes falaises. L’itinéraire vers la gare évite le centre-ville (que je visiterai au début de la prochaine étape), longeant la rivière avant de remonter une rue résidentielle jusqu’à la place de la gare, qui semble être occupée essentiellement par des hommes qui lancent des injures dans le vide, canettes de bière à la main.
Avec le printemps qui commence à montrer timidement le bout de son nez, cette étape longue (plus de 23 kilomètres) mais facile randonnée a été plutôt agréable. La prochaine étape, encore plus longue, m’emmènera aux portes de Berne.
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stephen

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