Chemin des cols alpins : Étape 39, du lac de Salanfe à Barme


Publiziert von stephen , 12. Oktober 2024 um 10:39.

Region: Welt » Schweiz » Wallis » Unterwallis
Tour Datum:11 August 2024
Wandern Schwierigkeit: T3 - anspruchsvolles Bergwandern
Wegpunkte:
Geo-Tags: CH-VS 
Zeitbedarf: 7:30
Aufstieg: 895 m
Abstieg: 1350 m
Strecke:Lac de Salanfe – Col de Susanfe – Cabane de Susanfe - Pas d’Encel – Bonavau - Barme
Zufahrt zum Ausgangspunkt:A pied uniquement
Zufahrt zum Ankunftspunkt:A pied uniquement

English version

Celle-ci est la dernière des étapes alpines du chemin national n° 6, et le col de Susanfe est le dernier des grands cols par lesquels il passe. A partir de demain, les quatre derniers jours traverseront des paysages beaucoup plus doux, sur des chemins plus faciles qui ne dépasseront quasiment plus la barre des 2000 mètres. Mais il reste encore un effort à fournir avant cela : ayant déjà fait cette étape deux fois dans l'autre sens, je sais que l'ascension du col de Susanfe sera éprouvante et que la descente du pas d’Encel mettra probablement mes nerfs à rude épreuve une dernière fois avant la fin de nos vacances.

L’étape est longue, nous nous levons donc tôt et sommes prêts à quitter l'auberge de Salanfe (1943 m) à 7h15, avec des pique-nique fournis par l’auberge. Le soleil levant n'a pas encore atteint ce côté du lac, mais sur la rive opposée, les falaises verticales de la Tour Salière sont déjà baignées par la lumière du soleil. Pendant un kilomètre et demi, nous longeons le bord du lac sur une piste horizontale, passant au milieu d’un grand troupeau de vaches qui se trouvaient de l'autre côté du lac hier soir et ont migré pendant la nuit. Laissant le lac derrière nous, nous bifurquons à droite et commençons la longue montée vers le col de Susanfe, le seul col du jour (à moins que l’on ne compte la selle herbeuse entre Bonavau et Barme comme un col, mais la carte ne la nomme pas ainsi).

La pente est assez douce au début, dans une vallée peu encaissée dont le fond marécageux est traversé par plusieurs ruisseaux, à moins qu’il ne s’agisse d’un seul ruisseau divisé en plusieurs bras. Ce n'est qu'après une bifurcation de chemins à 2190 mètres que les pentes herbeuses qui descendent vers le lac laissent place à un paysage entièrement minéral et la montée devient raide. Le sentier n'est pas particulièrement difficile, mais il y a quelques endroits où il a été endommagé par des intempéries et des glissements de terrain et où il faut faire attention. Nous montons lentement jusqu'à la base d’une barre rocheuse : on a l’impression d’entrer dans un cul-de-sac, mais le sentier trouve un passage, serpentant et se faufilant à la recherche du parcours le moins problématique, sécurisé par une corde à un ou deux endroits exposés.   

La barre rocheuse fait environ 80 mètres de haut. Au-dessus, vers la courbe de niveau des 2400 mètres, le terrain change soudainement et de manière surprenante. Je n'ai jamais vu la surface de la lune en vrai, mais le mot qui me vient à l'esprit pour décrire le désert de caillasse au-dessus des falaises est lunaire. Des pierriers de couleur gris-brun s'étendent dans toutes les directions, à gauche et à droite de nous, devant en direction du col de Susanfe, et plus haut encore jusqu'à la Haute Cime, 800 mètres au-dessus du col. En regardant en arrière depuis le col (2493 m), le contraste entre ce désert de pierres, les pâturages en contrebas, et l'eau bleue du lac est frappant. Vers l'ouest, devant nous, la vue est dominée par le Grand Ruan et, plus loin, les Dents Blanches, au pied lesquelles nous passerons la nuit.

Après une pause pour boire de l'eau et manger des fruits secs et des amandes, nous descendons du côté ouest du col, par des pentes pierreuses au-dessus d’un ravin qui se creuse progressivement. Très vite, les premières fleurs alpines apparaissent, poussant entre les rochers à des endroits où l'on se demande comment elles parviennent à s'enraciner ; puis peu à peu, l'herbe commence à faire son apparition dans le paysage, même si le rocher reste dominant. Nous arrivons à la cabane de Susanfe (2101 m) un peu trop tôt pour y manger, il n'est que 11 heures. Nous faisons quand même une halte pour remplir nos gourdes : l'ascension du col sous le soleil chaud nous a donné soif et j'ai déjà bu presque un litre d'eau. Après la cabane, le sentier devient plus facile pendant un moment, descendant doucement dans une vallée principalement herbeuse, sous des falaises sombres et verticales qui descendent du Ruan à notre gauche. Puis le terrain redevient plus raide et nous entamons la descente vers le Pas d’Encel, dernier passage technique du chemin n° 6.

Le Pas d’Encel est un ravin profondément entaillé qui sépare le massif des Dents du Midi à l'est de celui des Dents Blanches à l'ouest. Un torrent y coule, d'abord entre des pentes de rochers et d'herbe mélangés, avant de plonger dans un gouffre apparemment sans fond, émergeant à nouveau environ 250 mètres plus bas et 300 mètres plus loin. Objectivement, le sentier du Pas d’Encel n’est pas vraiment difficile et tous les passages raides sont sécurisés par des câbles métalliques, mais la présence de ce vide immense fait que ce n'est pas pour les âmes sensibles, surtout dans le sens de la descente comme nous le faisons aujourd’hui. Nous entamons la descente sur la rive droite du torrent, où le passage d’un pas rocheux de quelques mètres de haut donne déjà un avant-goût de ce qui nous attend. Nous traversons une passerelle vers la rive gauche du ruisseau, où le sentier gagne brièvement quelques mètres d’altitude, avec un vide qui prend rapidement des proportions abyssales à notre droite. Vient alors toute une série de petits passages où il faut désescalader des bandes rocheuses, toujours avec ce gouffre sur la droite. La sensation de vide est néanmoins atténuée un peu par le fait que ces passages raides sont le plus souvent dans des cheminées, avec du rocher de chaque côté pour masquer au moins partiellement l’abîme.

Après un moment, le sentier vire à gauche et commence à quitter la partie la plus étroite de la gorge. Cela ne signifie pas pour autant que les difficultés sont terminées : en fait, le passage le plus compliqué reste à venir. Le sentier désescalade encore un pas rocheux quasi-vertical qui l’amène dans un ravin latéral en cul-de-sac, d’où il s'échappe par un virage en épingle à droite. Maintenant vient le passage clé de la descente, pour moi en tout cas. Nous descendons en oblique sous de hautes falaises à droite, puis arrivons à un point où il faut enjamber un trou d'environ 50 centimètres de large, tout en descendant en diagonale pour poser pied sur un rocher une quarantaine de centimètres plus bas. Une chute de quelque dix mètres attend ceux qui louperaient l’atterrissage. Je m’agrippe fermement à la chaîne, je me penche en arrière pour voir où il faut poser le pied gauche, puis j'étends ma jambe vers la gauche et vers le bas jusqu'à ce que mon pied trouve enfin la pierre solide du rocher en dessous, ouf ! Il reste encore deux ou trois passages rocheux à descendre, mais ceux-ci ne posent aucun problème, et il n'y a plus cette sensation qu'une glissade entraînerait un grand saut dans le vide.

En sortant de la gorge du Pas d’Encel, tout change. Au-dessus de nous, dans la direction d'où nous sommes venus, tout le paysage est composé de rochers et de verticalité, ça fait encore haute montagne. Mais devant nous maintenant, ce sont des pentes douces et vertes, des collines boisées et des pâturages ; cela pourrait être la Gruyère ou les Préalpes de la Suisse centrale. La transition de l'alpin à l’alpage est immédiate et définitive : le reste du chemin n° 6 nous fera traverser des paysages beaucoup plus doux à mesure que nous descendons progressivement vers le lac Léman. Le panorama que nous découvrons en dessous du Pas d’Encel est le premier signe que la fin approche.

À la jonction (1543 m) avec le sentier qui vient du côté nord des Dents du Midi, nous nous arrêtons pour déjeuner à l'ombre d'un gros rocher, où se trouve un banc. La journée est devenue très chaude, et nous ne sommes pas les seuls à chercher un endroit relativement frais pour s'arrêter : après quelques minutes, nous sommes rejoints par le groupe que nous avons vu plusieurs fois hier. Comme nous, ils passeront la nuit à Barme (mais pas dans le même refuge que nous) avant de poursuivre leur tour du Ruan : demain, ils auront une autre journée difficile, avec l'ascension du Pas de la Bide, puis celle Pas au Taureau le lendemain, une proposition d'autant plus sérieuse que plusieurs d'entre eux sont malvoyants.

Nous continuons sur un sentier facile qui se dirige vers le nord au milieu des pâturages, avec peu ou pas de changement d'altitude jusqu'à ce que nous atteignions Bonavau (1550 m) environ 20 minutes plus tard. L’alpage ici propose des repas et l’hébergement, ce serait sans doute endroit très agréable pour faire étape. Notre journée n'est cependant pas encore terminée : maintenant il faut attaquer la montée de 250 mètres jusqu'à la selle sans nom juste en dessous du Signal de Bonavau. Le sentier zigzague à travers le versant herbeux sous le soleil de l'après-midi, semblant faire exprès d’éviter tout ce qui pourrait offrir un peu d'ombre. Chaque fois que nous pensons qu'il va enfin entrer dans la forêt, un virage du sentier nous éloigne à nouveau des arbres et nous ramène au soleil. Lorsque nous atteignons la selle (1793 m), nous ressentons vraiment la chaleur pour la deuxième journée consécutive.

D'ici à la fin de l’étape, c’est tout en descente, le long du flanc sud raide de la vallée latérale qui s'étend vers l'ouest au-dessus de la station de ski de Champéry, plus bas dans le Val d’Illiez. Au-dessus de la maison isolée de Sous la Dent (1624 m), notre destination apparaît enfin, quelques maisons et fermes blotties au fond d’une vallée très verte. Le reste de la descente se déroule sans fait marquant, et vers 16 heures, nous posons enfin nos sacs à dos sur la terrasse de la Cantine de Barmaz où, bizarrement, une contrebasse est appuyée contre l'une des tables. Il y a aussi beaucoup de personnes avec des jumelles et des télescopes pointés vers les falaises au-dessus : apparemment, c'est un endroit privilégié pour observer les chamois et les bouquetins, bien que nous n'en voyions aucun.

La Cantine de Barmaz est une vieille maison en bois, typique du style des chalets de la région. Après notre habituelle (et très nécessaire) bière fraîche, le propriétaire nous montre notre dortoir : il faut monter un escalier extérieur jusqu'à un balcon en bois, puis un second escalier jusqu'au dernier étage sous le toit. Le dortoir est minuscule, l’espace au sol est entièrement occupé par quatre matelas, mais le propriétaire nous dit que nous aurons la chambre pour nous seuls, ce qui nous permet d’utiliser les deux matelas extérieurs pour poser nos affaires. Nous prenons une douche, lavons nos vêtements sales et enfilons des propres ; je cède à la tentation d'une deuxième bière, puis des nuages noirs arrivent de nulle part, il commence à pleuvoir et je dois me précipiter pour rentrer notre linge qui sèche sur un fil derrière la maison. L’averse est de courte durée et tout le monde soupe dehors, assis à de longues tables en bois. Pendant que nous mangeons, le mystère de la contrebasse est élucidé : un trio de musiciens itinérants se trouve au refuge ce soir, et ils nous donnent un concert de chansons et de musique du monde entier. Ils expliquent que chaque été, ils passent une semaine en montagne dans un pays européen différent, allant à pied de refuge en refuge en transportant leurs instruments et donnant des concerts le soir. Demain, ils seront à Bonavau, le lendemain à la cabane de Susanfe, puis à l'auberge de Salanfe, ils font le même chemin que nous, mais dans l'autre sens. Et oui, dit le contrebassiste, il va monter le Pas d’Encel avec sa contrebasse sur le dos… je me dis que le nombre de personnes qui ont fait cela doit se compter sur les doigts d'une main, voire sur les cordes d'un violon !

Après le souper, nous assistons à un coucher de soleil spectaculaire qui peint les falaises des Dents Blanches en rose vif pendant une dizaine minutes. En même temps, on peut entendre des grondements de tonnerre lointains, et alors que nous nous allongeons sur nos matelas une heure plus tard, un orage d'une ampleur spectaculaire se déchaîne dans la vallée. Il y a relativement peu de tonnerre, mais pendant environ deux heures, le ciel à l'extérieur de la petite fenêtre de notre chambre est illuminé de manière ininterrompue par des éclairs. Une pluie torrentielle suit bientôt, se fracassant contre la façade ouest de la maison : heureusement, notre fenêtre est orientée au nord, ce qui nous permet de la laisser ouverte et de bénéficier de la fraîcheur apportée par la pluie sans que celle-ci n'entre à l'intérieur. Ceux qui ont oublié de fermer la fenêtre de la salle de bain à l’étage de dessous n'ont pas eu cette chance, et vers minuit, on entend distinctement le bruit de quelqu'un qui passe la serpillière. Bien que ce ne soit pas luxueux, Barme restera dans mon souvenir comme l'un des hébergements les plus sympathiques du chemin N° 6.

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Tourengänger: stephen
Communities: Randonneur


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