Chemin des cols alpins : Étape 40, de Barme à Morgins


Publiziert von stephen , 13. Oktober 2024 um 20:06.

Region: Welt » Schweiz » Wallis » Unterwallis
Tour Datum:12 August 2024
Wandern Schwierigkeit: T1 - Wandern
Wegpunkte:
Geo-Tags: CH-VS 
Zeitbedarf: 7:00
Aufstieg: 970 m
Abstieg: 1150 m
Zufahrt zum Ausgangspunkt:A pied uniquement
Zufahrt zum Ankunftspunkt:cff logo Morgins, poste
Kartennummer:Barme – Croix d'Incrène - Le Lapisa – Portes du Soleil – Tovassière - Morgins

English version

Avec ses 21 kilomètres, cette étape est l’une des plus longues du chemin n°6, mais aussi l’une des plus faciles, se déroulant dans sont intégralité sur des sentiers de randonnée balisés en jaune. Les éclairs et les fortes pluies de la nuit se sont éloignés vers l’est, et nous nous réveillons sous un ciel bleu sans nuage. Le sol a séché et il fait même assez chaud pour que nous puissions prendre le petit déjeuner assis à la terrasse.

Nous quittons Barme (1491 m) en suivant un chemin qui traverse des champs vers la forêt, du côté nord de la vallée. La combinaison de la pluie de la nuit et de la lumière du soleil matinal semble avoir accentué les couleurs, que ce soit le vert foncé des conifères, le vert vif des prairies dans le fond de la vallée, ou le gris clair des falaises qui surplombent son côté sud. À lisière de la forêt, plusieurs itinéraires thématiques sont indiqués : il y a le sentier de la nature, le sentier rural, le sentier de la faune, et ainsi de suite. Pendant la prochaine heure, notre chemin coïncide avec le sentier des contrebandiers, et à divers points du parcours, des panneaux d'information racontent comment, dans les siècles passés, ces sentiers étaient utilisés pour faire passer des marchandises de manière illicite par la frontière française, toute proche d’ici.

La montée initiale dans la forêt est la partie la plus raide de la journée, bien que la notion de raideur soit toute relative par rapport aux rudes montées des étapes précédentes. À mesure que nous prenons de l’altitude, des trouées entre les arbres révèlent des pentes boisées en contrebas, la lumière et l’ombre créant de beaux contrastes, tandis qu’au loin, les sommets et les glaciers du massif du Ruan nous rappellent que nous étions là-bas il y a à peine 24 heures. Pour la première fois, nous voyons des arbres dont les feuilles commencent à passer du vert au jaune : pourtant l'été semble n’avoir commencé qu’il y a trois semaines, mais ces arbres montagnards doivent ressentir que l'automne va vite arriver à cette altitude. Progressivement, le versant que nous remontons se transforme en une large crête, que nous suivons maintenant vers l’ouest, juste à la limite supérieure de la forêt. Après une heure et demie, nous atteignons le point le plus élevé de la crête, où se trouve une grande croix en bois (Croix d’Incrène, 1840 m) et un banc, c’est un endroit parfait pour une petite pause. Vues d’ici, les Dents du Midi, à contre-jour devant le soleil matinal, ressemblent vraiment à des dents, bien plus pointues que dans la vue classique depuis la région de Montreux plus au nord. Au loin, presque perdues dans la brume matinale, se trouvent les montagnes de l'autre côté de la vallée du Rhône, que nous verrons de plus près demain et après-demain.

Nous continuons de longer la crête herbeuse, presque à plat maintenant avec seulement quelques petites montées et descentes. Non loin devant, une autre ligne de crête marque la frontière entre la Suisse et la France, avec le col de Cou, l'un des nombreux cols qui permettent aux skieurs, aux randonneurs et bien entendu aux contrebandiers de passer d’un pays à l’autre. Mais le chemin n°6 ne va pas tout à fait jusqu’à la frontière : quelques centaines de mètres avant le col, l’itinéraire bifurque à droite et descend en direction du nord. Il ne faudrait que dix minutes pour faire un petit aller-retour là-haut et poser le pied sur sol français, mais nous voyons qu’il y a un chantier au col, avec une grue, sans doute des travaux liés au domaine skiable, ce qui suffit pour nous décourager d’y aller.

Nous descendons maintenant sur une piste caillouteuse, plongeant dans une vaste cuvette qui est en fait l’extrémité occidentale du Val d'Illiez, qui descend d'ici jusqu'à Champéry et encore jusqu’au vallée du Rhône à Monthey. Nous atteignons le point le plus bas de la descente à l’alpage de la Poya (1645 m), après quoi le chemin commence immédiatement à remonter de l'autre côté de la vallée, avec des raccourcis dans les pentes herbeuses pour couper les lacets de ce qui est devenu une piste gravillonnée.

Vers 11h30, nous atteignons l’alpage Lapisa (1789 m), où il est possible de se restaurer, ce qui est une bonne chose vu que nous n’avons pas vu de magasin depuis Champex, il y a quatre jours. Des ouvriers sont en train de monter une grande tente devant la maison, et une affiche annonce une “Fête de la mi-été” d’ici deux jours, peut-être une manière de détourner le 15 août de son sens religieux, car nous ne sommes pas du tout sûrs que ce soit vraiment la mi-été, compte tenu des prémices d'automne que nous avons vues plus tôt. Nous choisissons une table à l'ombre en terrasse et commandons un plateau de fromages et de charcuterie de l’alpage, accompagné de chopes de thé froid maison. Il y a quatre ou cinq fromages différents, tous délicieux, allant de la raclette au fromage de chèvre en passant par un sérac absolument merveilleux, fromage frais qui est tellement bon lorsqu’on le saupoudre de quelques grains de sel et de poivre, puis qu'on l’étale sur du pain. Le plateau est complété par de savoureuses rillettes de cabri, le tout est un régal à seulement 24 francs pour deux : je suis tenté de dire que ce simple assortiment de produits de la ferme est le meilleur repas de tout notre chemin no. 6. Pendant que nous mangeons, d'autres personnes arrivent aussi : il y a plusieurs générations d’une famille, un groupe de cyclistes, ainsi qu'un randonneur seul qui commande une fondue. J'ai toujours considéré que la fondue était un plat d’hiver, et définitivement quelque chose que l’on ne mange qu'en groupe, mais ici, dans les montagnes valaisannes, elle semble faire partie de l'alimentation de base, quelle que soit la saison et que l’on soit seul ou avec des amis : dans presque tous les restaurants où nous nous sommes arrêtés, nous avons vu des gens qui mangeaient de la fondue.

Peu après avoir quitté Lapisa, l’itinéraire commence sa traversée des Portes du Soleil, l'un des plus grands domaines skiables de Suisse. Je m'attends à ce que les deux prochaines heures soient vraiment désagréables, mais en fait, c’est loin d’être aussi mauvais que je le craignais. Certes, le flanc des montagnes est libéralement saupoudré de télésièges et de téléskis, et chaque petite colline du paysage semble être surmontée d’un départ de télé-quelque chose, mais si l’on parvient à occulter mentalement tout cela, le panorama est magnifique. Nous montons lentement sous le pas de Chavanette, à notre gauche, avec sa piste de ski terriblement raide qui descend depuis la frontière française : de l'autre côté se trouve la grande station d'Avoriaz. À droite, des pentes plus douces descendent vers la station des Crosets. Toujours sur la même piste gravillonnée, nous continuons jusqu’à Chaux Palin (1846 m), d’où un chemin plus raide et plus caillouteux grimpe vers les Portes de l'Hiver, un autre des cols frontaliers, où des télésièges venant des deux côtés convergent. Comme au col de Cou, le chemin de randonnée ne va pas pas tout à fait jusqu’au col, tournant à droite juste en dessous pour atteindre bientôt le point culminant de la journée à 2032 mètres : c'est la dernière incursion au-dessus de 2000 mètres que fera le chemin n°6. Un peu plus loin, nous arrivons à un carrefour de sentiers marqué comme les Portes du Soleil (1950 m) : ici, la face nord des Dents du Midi, dont les sommets flirtent maintenant avec des nuages, joue le rôle de toile de fond derrière une grande croix métallique. Ces nuages annoncent la couleur de ce qui viendra plus tard : pour la troisième journée consécutive, la chaleur de l'après-midi se transformera ce soir en pluies et orages.

De là jusqu’à Morgins, la fin de l’étape est toute en descente, avec encore pas mal de distance à couvrir : presque sept kilomètres. Nous descendons progressivement dans la vallée de la Vièze de Morgins, d’abord sur un sentier plutôt accidenté et raviné qui coupe deux ou trois boucles d'une piste d’alpage, puis sur la piste elle-même jusqu'à ce que nous atteignions la ferme et l’auberge de montagne de Tovassière (1688 m), dans une cuvette verte entourée de collines boisées. De là, un chemin plus étroit plonge dans la forêt, descendant en pente assez raide jusqu’à atteindre la rive du torrent environ 150 mètres plus bas. Le ciel s'est rapidement assombri pendant que nous étions dans la forêt, et une averse nous force brièvement à nous abriter sous un bosquet d'arbres, où nous enfilons nos vestes imperméables et couvrons nos sacs à dos… mais le temps de le faire, la pluie s'est déjà arrêtée.

Le chemin longe maintenant la rivière, plus ou moins à plat, la traversant à plusieurs reprises sur de nombreuses passerelles : en effet, les panneaux de balisage jaunes indiquent la direction “Morgins par le sentier des ponts”. À un moment, la rivière s'élargit en étang peu profond, puis se rétrécit à nouveau. À notre gauche, nous entendons le tintement des cloches d'un grand troupeau de vaches, invisibles derrière une haie, qui descendent la vallée en parallèle avec nous. Elles marchent toutes à la même cadence, et le bruit rythmique des cloches autour de leur cou ressemble beaucoup à celui des cortèges de sonneurs que l'on voit lors des fêtes suisses traditionnelles, défilant dans les rues des villages avec leurs grosses cloches de vache.

Lorsque nous arrivons à la ferme d’En Tey (1431 m), les vaches apparaissent enfin, se dirigeant en ligne disciplinée vers la grange où elles vont probablement être traites. De retour dans la forêt, nous continuons le long de la rivière alors qu'elle dévale quelques marches rocheuses en petites cascades, passant devant plusieurs aires de pique-nique avec abris, bancs et places de barbecue : ce chemin est manifestement une excursion populaire depuis Morgins, et nous voyons de nombreuses familles le long de cette portion de l’étape, malgré le ciel devenu gris. Nous atteignons la station de ski de Morgins (1304 m) vers cinq heures de l'après-midi.

Les stations de ski en été peuvent être bondées et animées comme Zermatt, chics et m’as-tu-vu comme Verbier, ou tout simplement vides et moroses. Morgins appartient malheureusement à cette dernière catégorie et est une grande déception. Beaucoup de magasins sont fermés, les immeubles d’un côté de la rue du village sont en chantier, et les seules personnes que nous voyons sont en voiture, roulant trop vite sur la route très fréquentée qui mène au pas de Morgins et la France. Notre hôtel, situé sur la route principale en bas du village, est moderne et carrément luxueux par rapport à nos habitudes, rappelant un hôtel business de grande ville mais pas vraiment à sa place ici à Morgins. L’hôtel n’a pas de restaurant, et lorsque nous demandons s’il y a au moins un bar, le gérant nous montre simplement quelques fauteuils en face de la réception. Nous sommes sales et transpirants, nous devons puer, ce n’est pas vraiment un endroit pour nous. Nous décidons d’aller plus loin pour prendre un verre, mais trouver un endroit sympathique à Morgins n'est pas facile. Nous finissons debout à une table en formica devant un bar près de l'arrêt de bus du village, où les seuls autres clients ont l’air d’y passer la majeure partie de leur temps, tuant l’ennui de l’après-midi devant quelques bières et des cigarettes. Comme pour nous rappeler la décennie précédente, le patron du bar refuse d’accepter tout autre moyen de paiement que l’argent liquide, puis a l'audace de s’irriter lorsque je ne peux lui tendre autre chose qu’un billet de 50 francs. Plus tard, douchés et détendus, les choses s’améliorent avec un bon souper dans un restaurant de l’autre côté de la rue principale, où nous dégustons des steaks servis sur ardoise chaude, où ils continuent à cuire pendant que nous les mangeons accompagnés de frites et de différentes sauces.

Plus que trois jours et notre traversée est-ouest des Alpes suisses sera terminée.

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Tourengänger: stephen
Communities: Randonneur


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