De Saas-Fee à Arolla sur le Chemin des cols alpins : J4, de l’hôtel Weisshorn à Grimentz

English version

Nos journées en montagne commencent le plus souvent dans une vallée, que nous quittons pour atteindre un col ou un sommet, avant de redescendre dans la vallée. Cette étape est la première d'une série de trois qui s'écartent de la norme, dans la mesure où est presque entièrement en descente, la seule montée venant à la fin. Demain, il n’y aura que de la montée, avant une nouvelle journée où nous ne ferons que descendre.

L’étape est courte et nous avions prévu de faire une variante en passant par le Toûno, un petit "3,000" qui se trouve au-dessus de l’hôtel. Mais les prévisions météorologiques ne sont pas encourageantes : d’ailleurs, depuis plus d'une semaine, on annonce du mauvais temps pour ce 1^er août. Une averse tombe pendant que nous déjeunons et même s’il ne pleut plus au moment où nous quittons l’hôtel, le ciel est gris et le Toûno a l’air menaçant sur fond de nuages sombres. Un petit check météo suggère qu’il pourrait aussi y avoir de l’orage, alors nous décidons de laisser tomber les variantes et de rester sur l’itinéraire national n° 6, qui descend à Grimentz par le chemin le plus direct.

Nous quittons l'Hôtel Weisshorn (2337 m) peu après 9 heures et suivons un sentier qui monte d'abord doucement jusqu'à 2400 mètres d'altitude, avant de se diriger en balcon vers le sud, plus ou moins horizontalement, à travers le flanc herbeux de la montagne. Même si ce sentier est étroit par endroits, il est toujours facile. Peu à peu, la vue s'ouvre vers les sommets de 4000 mètres au-dessus de Zinal, mais il faudra attendre demain pour la "couronne impériale" se dévoilent en entier : aujourd'hui, les cimes sont cachées dans les nuages. Un drapeau rouge flottant au-dessus d’une butte herbeuse nous rappelle que c'est la fête nationale suisse : il y a un an, nous nous trouvions dans le magnifique Val Lumnezia, à mi-parcours de notre randonnée sur la première partie de l’itinéraire national n° 6.

Le sentier balcon se termine à l'alpage de Bella Lé (2400 m). Entre ici et le pont sur la Navisence en dessous d'Ayer, il faut descendre plus de 1 000 mètres sur une distance d’à peine deux kilomètres à vol d'oiseau. Cela a l’air raide sur la carte, ça l'est tout autant sur le terrain ! D'abord dans les alpages, puis en forêt, le sentier serpente à flanc de montagne et semble devenir de plus en plus raide au fur et à mesure que nous descendons… en tout cas, c’est l’avis de mes muscles. Le bruit des fêtes du 1er août remonte depuis l’un des villages de la vallée ; la musique des tambours et des fifres se mélange à celle d’une cloche d'église qui sonne. A côté du chemin, des souches et des troncs d’arbres sont décorés de visages de lutins, les uns souriants, les autres de mauvaise humeur. Nous supposons que ces installations sont l’œuvre des écoliers de la vallée plutôt que d’un artiste professionnel. Vers 1800 mètres, un banc ombragé nous offre un peu de répit dans cette descente raide : nous profitons pour y faire notre pause midi.

Contrairement aux prévisions de MétéoSuisse, le temps s'est amélioré au fil des heures et, lorsque nous repartons après notre pique-nique, le soleil a réussi à percer et il fait même chaud. Après encore une demi-heure de sentiers raides en forêt, nous atteignons le village tranquille d'Ayer (1478), dont la rue principale bordée de vieilles maisons ne semble pas moins escarpée que le chemin que nous venons de parcourir. Au bout du village, un sentier bifurque à droite (facile à manquer), descend par un escalier et continue vers la Navisence. Il y a de nombreux papillons ici, c'est le seul endroit où nous en avons vu autant cette année. Nous passons le torrent sur un pont suspendu qui paraît assez neuf et qui tangue considérablement pendant que nous traversons. 

Après être descendus jusqu'au fond de la vallée, il va sans dire que nous devons remonter en face. La montée n'est pas longue - environ 180 mètres de dénivelé - mais elle est raide et fatigante dans la chaleur de l'après-midi, après une descente qui a déjà mis à rude épreuve nos genoux et nos cuisses. En haut de cette montée, nous arrivons à un endroit où le sentier est barré par du ruban de chantier et un panneau d’interdiction d’accès. Il n'y a ni explication de la fermeture, ni déviation signalée, alors nous passons sous le ruban et continuons : l'alternative serait de faire les 2 kilomètres restants jusqu'à Grimentz sur la route, ce qui est peu tentant. Sur cette large piste forestière, nous ne voyons rien qui pourrait justifier sa fermeture : peut-être qu’il y a des travaux forestiers en semaine, mais aujourd'hui est férié et nous n'en voyons aucune trace.

Notre hôtel se trouve à l'extrémité sud de la rue principale de Grimentz. Notre chambre dispose d’une baignoire en plus de la douche, et cet accessoire de luxe est immédiatement mis à profit pour faire la lessive des deux derniers jours. Ensuite nous trempons nos muscles fatigués pendant que le linge sèche sur le balcon. Nous allons jusqu’au centre du village pour boire une bière, en regardant les vieux chalets en bois qui bordent la rue. Grimentz est parfois envahi de touristes, mais aujourd’hui c’est calme. Peut-être que le mauvais temps annoncé a incité les gens à rester chez eux : même si finalement il n’a pas plu, le vent s'est levé et souffle fort en cette fin d’après-midi.

Au restaurant de l'hôtel, je commande une salade verte suivie d'un burger. Le serveur me dit que le burger est accompagné d'une salade, puis, voyant que j'hésite sur mes choix, précise qu'il s'agit d'une "toute petite salade". M'attendant à quelques tranches de tomate et à un ou deux cornichons avec mon burger, je suis donc surpris de voir arriver une salade verte identique à celle que je viens de manger en entrée, sauf qu'elle est servie dans un bol un peu plus petit ! Le serveur aurait peut-être pu me conseiller un peu mieux quant à mon choix d’entrée...

Etape suivante
Étape précédente