Brisen et Haldigrat
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English version here
Enfin une vraie montagne, à la fin d'un été où j'ai l'impression de n'avoir fait que des cols de basse altitude et des randonnées en plaine… il m'a fallu attendre au-delà de la mi-septembre pour enfin atteindre un sommet de plus de 2,0000 mètres !
C'est un vrai matin d'automne, avec des nappes de brouillard sur le Zugersee et des bandes de brume étalées le long des flancs du Rigi. Par trains et bus je vais par Flüelen jusqu'à Beckenried, d'où un gros téléphérique bien rempli me monte rapidement jusqu'à Klewenalp, loin au-dessus du lac des Quatre Cantons. Vers le nord, le Plateau suisse peine à sortir sa tête des stratus.
La première heure de marche jusqu'à la cabane SAC du Brisenhaus n'est pas très intéressante. Une large piste carrossable descend depuis la gare du téléphérique dans le fond du vallon situé sous la face nord verticale du Schwalmis. Cette piste grimpe ensuite en lacets jusqu'à un petit col (Sätteli, 1757 m), puis travers jusqu'au Brisenhaus, dont la terrasse est bien garnie de randonneurs prenant le café avant d'attaquer la montée. Le pâturage autour de la cabane est occupé par un troupeau de vaches, dont une qui paraît particulièrement nerveuse, meuglant en direction de tout ce qui bouge et chargeant des adversaires imaginaires.
Au-dessus de la cabane, le terrain devient plus raide et la piste fait place à un sentier souvent érodé. Le Brisen reste invisible ; ce qui attire le regard depuis ici est la crête du Glattigrat descendant du Risetenstock, le long de laquelle je vois la silhouette de toute une procession de randonneurs avançant vers l'ouest. J'ai initialement pensé inclure le Risetenstock à cette randonnée, mais ayant déjà marché sept heures hier, j'ai finalement décidé d'opter pour une variante plus courte. Vers le nord, j'ai l'impression de voir au moins quatre lacs.. pourtant il n'y en a qu'un ; tous ces plans d'eau ne sont que les multiples bras du lac des Quatre Cantons.
Le sentier, devenu étroit alors qu'il traverse des flancs herbeux escarpés, contourne un épaulement rocheux… et voilà le Brisen qui apparaît enfin. A premier vue il est plus qu'intimidant, un immense pyramide de rocher qui paraît infranchissable. Je commence à me dire que jamais je n'arriverai là-haut, ce n'est pas possible qu'un sentier "normal" y passe. Pourtant, il y a beaucoup de monde au sommet, même de loin on distingue la foule.
Je descends vers le col de Steinalper Jochli, où plusieurs sentiers arrivent et où un bon nombre de randonneurs sont en train de reprendre leurs forces avant l'assaut sommital. D'ici, je vois mieux l'itinéraire de la montée finale : le sentier traverse un grand pierrier, remonte à la selle entre le Brisen et le Hoh Brisen, puis suit l'arête jusqu'au sommet. Le sentier paraît moins impressionnant vu d'ici et, en effet, il ne comporte aucune difficulté. Partant du col, je traverse jusqu'à l'immense pierrier sous des falaises précipiteux. Le sentier traverse le pierrier en pente ascendante, puis continue au-dessus de quelques petites barres rocheuses (un peu exposé mais facile). Il y a deux jeunes femmes une vingtaine de mètres devant moi et je les entends faire un grand "ooouhhh" à l'unisson lorsqu'elles arrivent à la selle. Trente secondes plus tard, je comprends pourquoi : la vue qui s'ouvre subitement de l'autre côté est tout simplement splendide. Au-delà d'une profonde vallée se trouve toute une chaîne de sommets et de glaciers, s'étendant de l'Uri Rotstock au Titlis avec, entre deux, l'Engelberger Rotstock, le Brunnistock et le Blackenstock avec les glaces du Blüemlisalpfirn. Au premier plan, le Chaiserstuel n'est qu'une minuscule butte herbeuse et le Bannalpsee une piscine de jardin.
Les derniers mètres jusqu'au sommet sont faciles quoique bien raides, et il ne faudrait pas s'aventurer trop à droite du sentier. Encore quelques minutes et je rejoins la foule au sommet, où une grande croix métallique est perchée au-dessus d'un vide impressionnant. C'est face à une vue époustouflante que je bois ma soupe, mange mes sandwiches et fais une bonne petite sieste avant d'entamer la descente.
Maintenant vient ce qui, pour moi, sera le principal défi de la journée. Le Haldigrat, longue arête qui descend vers l'ouest depuis le Brisen, est étroite et, selon divers comptes-rendus que j'ai lus, assez aérien. Pourtant, depuis le sommet elle n'a pas l'air si terrifiante que ça. Et, en effet, la crête n'est pas si difficile, même si le parcours demande de la prudence. Le sentier reste parfois sur le fil de l'arête, parfois flanc gauche, toujours assez large pour poser deux pieds et deux bâtons de marche côte à côte. Il est clair que le terrain est exposé : il y a beaucoup d'endroits où les conséquences d'une chute seraient graves, mais la largeur du sentier rend cette éventualité fort improbable. C'est à droite, côté nord, que le terrain est le plus exposé ; ici, le vide est omniprésent et la descente est verticale. A gauche, ce sont des pentes d'herbe parfois très raides, parfois moins. A deux ou trois reprises, la crête s'élargit et les difficultés semblent être terminées, mais à chaque fois elle rétrécit de nouveau pour contourner une nouvelle antécime. Par endroits, le sentier est recouvert de cailloux roulants et assez pénible à parcourir.
Puis, subitement, l'aventure est finie. Le sentier contourne une dernière butte, puis la crête s'élargit pour de bon et se transforme en plateau. Il y a un restaurant et une arrivée de télésiège ici, bien placés pour permettre aux randonneurs de souffler après trois quarts d'heure de concentration accentuée. Je prends accidentellement une bière sans alcool au self-service (erreur de jeunesse qui ne me ressemble pas…), mais en fin de compte elle n'est pas tellement pire que l'Eichhof normale, et puis la vue est tellement belle que ça passe quand même ! Deux femmes me demande si je peux identifier les montagnes et d'indiquer laquelle est le Titlis… mais le Titlis n'est pas visible d'ici, caché derrière les Walenstöcke. Par contre, là-bas au fond, on distingue bien l'hôtel à côté de l'arrivée du téléphérique de la Klewenalp.
Je décide de ne pas descendre à pied jusqu'à Niederrickenbach, mes mollets et cuisses m'ayant informé qu'ils ont assez travaillés pour un week-end. Je prends donc le petit télésiège qui me permet d'économiser une heure de marche et 700 mètres de descente. Après une descente longue et lente au-dessus d'alpages raides et entre les arbres d'une forêt, il ne me reste qu'une petite demi-heure de marche jusqu'à Niederrickenbach. Paradoxalement, je trouve la descente en téléphérique depuis ici bien plus crispante que les pentes raides du Brisen et du Haldigrat...
Enfin une vraie montagne, à la fin d'un été où j'ai l'impression de n'avoir fait que des cols de basse altitude et des randonnées en plaine… il m'a fallu attendre au-delà de la mi-septembre pour enfin atteindre un sommet de plus de 2,0000 mètres !
C'est un vrai matin d'automne, avec des nappes de brouillard sur le Zugersee et des bandes de brume étalées le long des flancs du Rigi. Par trains et bus je vais par Flüelen jusqu'à Beckenried, d'où un gros téléphérique bien rempli me monte rapidement jusqu'à Klewenalp, loin au-dessus du lac des Quatre Cantons. Vers le nord, le Plateau suisse peine à sortir sa tête des stratus.
La première heure de marche jusqu'à la cabane SAC du Brisenhaus n'est pas très intéressante. Une large piste carrossable descend depuis la gare du téléphérique dans le fond du vallon situé sous la face nord verticale du Schwalmis. Cette piste grimpe ensuite en lacets jusqu'à un petit col (Sätteli, 1757 m), puis travers jusqu'au Brisenhaus, dont la terrasse est bien garnie de randonneurs prenant le café avant d'attaquer la montée. Le pâturage autour de la cabane est occupé par un troupeau de vaches, dont une qui paraît particulièrement nerveuse, meuglant en direction de tout ce qui bouge et chargeant des adversaires imaginaires.
Au-dessus de la cabane, le terrain devient plus raide et la piste fait place à un sentier souvent érodé. Le Brisen reste invisible ; ce qui attire le regard depuis ici est la crête du Glattigrat descendant du Risetenstock, le long de laquelle je vois la silhouette de toute une procession de randonneurs avançant vers l'ouest. J'ai initialement pensé inclure le Risetenstock à cette randonnée, mais ayant déjà marché sept heures hier, j'ai finalement décidé d'opter pour une variante plus courte. Vers le nord, j'ai l'impression de voir au moins quatre lacs.. pourtant il n'y en a qu'un ; tous ces plans d'eau ne sont que les multiples bras du lac des Quatre Cantons.
Le sentier, devenu étroit alors qu'il traverse des flancs herbeux escarpés, contourne un épaulement rocheux… et voilà le Brisen qui apparaît enfin. A premier vue il est plus qu'intimidant, un immense pyramide de rocher qui paraît infranchissable. Je commence à me dire que jamais je n'arriverai là-haut, ce n'est pas possible qu'un sentier "normal" y passe. Pourtant, il y a beaucoup de monde au sommet, même de loin on distingue la foule.
Je descends vers le col de Steinalper Jochli, où plusieurs sentiers arrivent et où un bon nombre de randonneurs sont en train de reprendre leurs forces avant l'assaut sommital. D'ici, je vois mieux l'itinéraire de la montée finale : le sentier traverse un grand pierrier, remonte à la selle entre le Brisen et le Hoh Brisen, puis suit l'arête jusqu'au sommet. Le sentier paraît moins impressionnant vu d'ici et, en effet, il ne comporte aucune difficulté. Partant du col, je traverse jusqu'à l'immense pierrier sous des falaises précipiteux. Le sentier traverse le pierrier en pente ascendante, puis continue au-dessus de quelques petites barres rocheuses (un peu exposé mais facile). Il y a deux jeunes femmes une vingtaine de mètres devant moi et je les entends faire un grand "ooouhhh" à l'unisson lorsqu'elles arrivent à la selle. Trente secondes plus tard, je comprends pourquoi : la vue qui s'ouvre subitement de l'autre côté est tout simplement splendide. Au-delà d'une profonde vallée se trouve toute une chaîne de sommets et de glaciers, s'étendant de l'Uri Rotstock au Titlis avec, entre deux, l'Engelberger Rotstock, le Brunnistock et le Blackenstock avec les glaces du Blüemlisalpfirn. Au premier plan, le Chaiserstuel n'est qu'une minuscule butte herbeuse et le Bannalpsee une piscine de jardin.
Les derniers mètres jusqu'au sommet sont faciles quoique bien raides, et il ne faudrait pas s'aventurer trop à droite du sentier. Encore quelques minutes et je rejoins la foule au sommet, où une grande croix métallique est perchée au-dessus d'un vide impressionnant. C'est face à une vue époustouflante que je bois ma soupe, mange mes sandwiches et fais une bonne petite sieste avant d'entamer la descente.
Maintenant vient ce qui, pour moi, sera le principal défi de la journée. Le Haldigrat, longue arête qui descend vers l'ouest depuis le Brisen, est étroite et, selon divers comptes-rendus que j'ai lus, assez aérien. Pourtant, depuis le sommet elle n'a pas l'air si terrifiante que ça. Et, en effet, la crête n'est pas si difficile, même si le parcours demande de la prudence. Le sentier reste parfois sur le fil de l'arête, parfois flanc gauche, toujours assez large pour poser deux pieds et deux bâtons de marche côte à côte. Il est clair que le terrain est exposé : il y a beaucoup d'endroits où les conséquences d'une chute seraient graves, mais la largeur du sentier rend cette éventualité fort improbable. C'est à droite, côté nord, que le terrain est le plus exposé ; ici, le vide est omniprésent et la descente est verticale. A gauche, ce sont des pentes d'herbe parfois très raides, parfois moins. A deux ou trois reprises, la crête s'élargit et les difficultés semblent être terminées, mais à chaque fois elle rétrécit de nouveau pour contourner une nouvelle antécime. Par endroits, le sentier est recouvert de cailloux roulants et assez pénible à parcourir.
Puis, subitement, l'aventure est finie. Le sentier contourne une dernière butte, puis la crête s'élargit pour de bon et se transforme en plateau. Il y a un restaurant et une arrivée de télésiège ici, bien placés pour permettre aux randonneurs de souffler après trois quarts d'heure de concentration accentuée. Je prends accidentellement une bière sans alcool au self-service (erreur de jeunesse qui ne me ressemble pas…), mais en fin de compte elle n'est pas tellement pire que l'Eichhof normale, et puis la vue est tellement belle que ça passe quand même ! Deux femmes me demande si je peux identifier les montagnes et d'indiquer laquelle est le Titlis… mais le Titlis n'est pas visible d'ici, caché derrière les Walenstöcke. Par contre, là-bas au fond, on distingue bien l'hôtel à côté de l'arrivée du téléphérique de la Klewenalp.
Je décide de ne pas descendre à pied jusqu'à Niederrickenbach, mes mollets et cuisses m'ayant informé qu'ils ont assez travaillés pour un week-end. Je prends donc le petit télésiège qui me permet d'économiser une heure de marche et 700 mètres de descente. Après une descente longue et lente au-dessus d'alpages raides et entre les arbres d'une forêt, il ne me reste qu'une petite demi-heure de marche jusqu'à Niederrickenbach. Paradoxalement, je trouve la descente en téléphérique depuis ici bien plus crispante que les pentes raides du Brisen et du Haldigrat...
Tourengänger:
stephen

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