Au pied sud de sa Majesté le Bietschhorn

Celui qui veut découvrir une vallée alpine sauvage, presque sans aucune construction, aimera le Bietschtal. A 1700m, on trouve une large vallée glaciaire, on est seul au monde et l'on n'entend que le bruit de l'eau et du vent. Cela paraît assez improbable quand on a pris le train totalement surchargé entre Berne et Viège, mais, comme souvent, la plupart des gens préfère aller à Zermatt. Et pourtant qu'il est beau le Bietschhorn vu depuis cette vallée. Durant tout la montée, on peut l'admirer, à condition que les volutes de brouillard veulent bien libérer ses pentes abruptes.

On a commencé notre rando à Ausserberg, pour profiter de partir un peu plus haut que depuis le fond de la vallée du Rhône. On a longé le bisse de la Manera, ce qui permet d'avancer d'un bon pas jusqu'à Riedgarto, qui marque l'entrée du Bietschtal. Sur ce tronçon, on croise encore passablement de monde, puisque le BLS vend ce tracé dans ses prospectus. Après le pont du chemin de fer, on ne croisera quasiment plus personne.

On traverse le Bietschbach et son canyon impressionnant par un pont naturel (Naturbrücke, 1020m), puis on attaque la longue montée dans le Bietschtal en traversant de sombres forêts (Fystere Wald) pleines de champignons très divers et en évitant les nombreuses crottes de yak. Oui, il y a des yaks dans cette vallée; l'on pourrait presque se croire dans une vallée himalayenne reculée. On passe par le chalet de Bietschi, entièrement rénové cette année, et où l'on peut croiser des autochtones qui vous offrent l'apéro (un grand merci à l'équipe des fifres et tambours de Rarogne pour leur accueil).

Au fur et à mesure qu'on s'approche de la croix située à 1708m (Nassi Pletscha), le chemin se perd dans la végétation et quelques cairns peuvent aider à l'orientation, puis la vallée s'élargit et la rivière se calme. On se retrouve alors dans un superbe cirque glaciaire, parsemé de plusieurs cascades et de falaises abruptes, avec, en toile de fond, le Bietschhorn (3934m) saupoudré de sucre glace. C'est superbe et impressionnant. On aura vu aussi un beau bouquetin mâle qui prenait la pose au soleil.

Pour la descente, on a repris le même chemin en sens inverse (avec l'arrêt apéro à Bietschi), mais en restant sur la rive droite au lieu d'aller reprendre le pont naturel, via Ritzibodo pour descendre sur Rarogne. Le passage à travers le hameau de Rarnerkumme vaut à lui seul le choix de ce chemin. A la fin, on aura dû courir encore pour attraper le train direction Viège.

Merci à Monika pour l'accompagnement!