Chemin des cols alpins : Étape 36, de Champex à Trient


Publiziert von stephen , 22. September 2024 um 13:58.

Region: Welt » Schweiz » Wallis » Unterwallis
Tour Datum: 8 August 2024
Wandern Schwierigkeit: T3 - anspruchsvolles Bergwandern
Wegpunkte:
Geo-Tags: CH-VS 
Zeitbedarf: 9:00
Aufstieg: 1215 m
Abstieg: 1400 m
Strecke:Champex-Lac – Fenêtre d’Arpette - Trient
Zufahrt zum Ausgangspunkt:cff logo Champex, lac
Zufahrt zum Ankunftspunkt:cff logo Trient, village

English version

Entre les vallées de Champex et du Trient, le chemin national No. 6 fait une grande boucle vers le nord en passant par l’alpage de Bovine, pour éviter la chaîne de montagnes qui sépare les deux vallées. Comme pour l’étape précédente, l’itinéraire est partagé avec celui du Tour du Mont Blanc et sa procession sans fin de groupes de randonneurs. Mais il existe une alternative, plus courte en termes de kilomètres mais aussi plus exigeante, qui passe par la Fenêtre d’Arpette. Dans l’espoir d’éviter les foules, nous quittons provisoirement l’itinéraire officiel et optons pour cette variante. A Champex, les panneaux de balisage indiquent 6 heures 30 jusqu’à Trient, ce qui me semble extrêmement optimiste.  

Dès le départ, près de la station du télésiège de La Breya, nous manquons une bifurcation et prenons la mauvaise direction, suivant bêtement des marques de balisage rouges et blanches. Je sais lire une carte – il m’arrive même d’en lire dans mon bain - mais savoir lire la carte ne sert à rien si on ne la regarde pas. Or, la mienne se trouve au fond de mon sac à dos, ce qui n’est pas très utile, il faut l’admettre. Je suis étonné par le peu de monde sur ce sentier où nous sommes tout seuls, aussi par sa raideur et par le fait qu’il soit envahi par la végétation : dans mon souvenir ce n’était pas comme ça en 2007, quand j’ai moi-même fait le “TMB” au sein d’un de ces groupes guidés que nous essayons d’éviter. Quand je finis enfin par sortir la carte de mon sac et accepter que je me sois trompé, nous avons fait un bon bout du chemin vers le col de la Breya. Il faut redescendre, il n’y a pas d’alternative. Ce détour a ajouté 45 minutes de marche et 100 mètres de dénivelé positif et négatif à une étape qui promettait déjà d’être longue.

De nouveau sur le bon chemin, nous arrivons bientôt à l’alpage d’Arpette (1627 m), avec son auberge entourée des tentes des campeurs du TMB. Devant nous, le val d’Arpette s’étend vers un horizon composé de sommets pointus, de névés et de pierriers. Une large piste caillouteuse fait ensuite place à un sentier plus étroit au tracé sinueux autour de grands blocs éboulés. Nous montons à travers une forêt très verte entrecoupée de clairières où des champs d’épilobes roses poussent.  Petit à petit la pente s’accentue et le terrain devient plus difficile, avec de nombreuses marches rocheuses à remonter : hisser mon poids plus celui du sac requiert un certain effort. C’est le genre de terrain qui casse le rythme, on avance par à-coups et ça devient vite fatigant. Devant nous, une selle herbeuse semble promettre un terrain plus plat, mais il nous faut une éternité pour y arriver et quand nous y parvenons, le replat attendu n’y est pas, la montée raide continue.  

Nous avions espéré éviter les foules en prenant cette variante, mais c’est raté. Une bonne partie de la communauté du TMB a fait le même choix que nous, et nous n’en finissons pas de nous faire dépasser par des jeunes en forme physique impeccable, dont le groupe de Flamands avec qui nous avons partagé un abribus pendant l’orage hier midi. Les nombreux randonneurs asiatiques que nous avons vus hier sont absents aujourd’hui : sans doute ont-ils choisi de prendre l’itinéraire officiel. Tous ces gens semblent être pressés, comme ce jeune homme vêtu d’un T-shirt Superman – quelle arrogance - qui nous double sans effort apparent, ou celui qui ne prend même pas le temps de répondre à mon “Bonjour”, tellement il est concentré sur la musique qu’il écoute tout en marchant, casque vissé sur les oreilles.

A chaque étape cet été nous avons été plus lents que les temps indiqués, et cette lenteur commence à m’agacer. Je suis fatigué et fâché avec la pente et le terrain malcommode, et je commence à me laisser envahir par une frustration noire. Tous ces jeunes m’ont soudainement mis devant l’évidence de mes 65 ans et c’est déprimant. Mentalement je ne suis plus du tout dans le coup : je suis convaincu que je ne pourrai pas arriver jusqu’au col, que je vais m’écrouler et mourir sur place ici. Et même si j’arrive au col, il est hors de question de refaire une étape pareille dans l’avenir, je n’en entendrai même pas parler. Je demande une pause pour souffler et passe dix minutes à râler contre la vieillesse, les jeunes, la vie en général, après quoi je me sens un peu mieux, même si je suis encore fatigué. C’est mon point le plus bas des 17 jours.

Un semblant de replat offre un peu de répit, avec une traversée presque horizontale dans des pentes d’herbe et de rocher mêlés. Le col, qui était resté caché jusqu’à présent, apparaît maintenant. Il paraît relativement près : pourtant, le terrain qui nous sépare du col est tellement malcommode qu’il nous faudra encore une heure et demie pour y parvenir. Au fur et à mesure que nous montons, le sentier ressemble de moins en moins à un sentier et de plus en plus à un parcours d’obstacles. Il finit par disparaître complètement : devant nous se trouve une vaste étendue de blocs qu’aucun chemin ne peut espérer contourner : il faut crapahuter dessus et autour, en essayant de trouver le cheminement le moins compliqué. Alors que souvent sur les sentiers suisses il semble y avoir une marque de balisage sur chaque arbre et chaque rocher, ici les marques rouges et blanches sont éparses et difficiles à voir de loin. Par temps de brouillard ce passage serait très compliqué : aujourd’hui la météo est parfaite et les nombreuses autres personnes sur le chemin servent de repères. La difficulté augmente au fur et à mesure que nous montons : vers le haut de cet immense pierrier, quelques pas sont assez délicats, surtout avec un gros sac à dos qui rend parfois l’équilibre aléatoire.   

Nous arrivons enfin à la fin de la zone de blocs une centaine de mètres en dessous du col. Après le passage d’un névé qui se laisse traverser sans problème, la fin de la montée est techniquement plus facile mais reste épuisante, sur un sentier de pierres et de gravillons instables, où chaque pas en avant est suivi d’un demi-pas de glissade en arrière sur un sol qui se dérobe constamment sous nos pieds. J’arrive à la fenêtre d’Arpette (2665 m) en grommelant “Plus jamais ça” : c’était indiscutablement plus facile en 2007 ! Même sans compter le détour involontaire en début de journée, nous avons mis 90 minutes de plus que le temps indiqué à Champex.

S’il y a une chose qui n’a pas changé depuis 2007, c’est la vue magnifique que l’on découvre en arrivant au col, avec le glacier du Trient au premier plan et les Aiguilles du Tour au fond. Le glacier a certes reculé au cours de ces 17 ans, mais peut-être moins que je craignais : une langue de glace descend encore vers la vallée en contrebas, même si elle n’est plus très large. Là où la glace a disparu, de grandes étendues de rocher lissé ont été découvertes dans son ancien lit. Il n’y a pas beaucoup de place au col, mais nous trouvons un coin assez confortable et à l’abri du vent pour manger un déjeuner plutôt tardif.  

La descente du côté ouest de la fenêtre d’Arpette est moins difficile que la montée côté est, sans être facile pour autant. Les premiers 150 mètres de dénivelé sont rocheux et très raides, avec beaucoup de grandes marches qui favorisent ceux qui, comme moi, ont des longues jambes. Je dois néanmoins m’asseoir et me laisser glisser vers le bas pour trouver la terre ferme à plusieurs endroits. Le fond de la vallée du Trient est visible mais, tout comme pendant la montée, le chemin est beaucoup plus long qu’on pourrait croire. Le sentier fait de grands lacets dans le versant raide de la montagne, avec une vue qui change sans cesse : tantôt vers la vallée avec ses forêts, ses prés et ses torrents, tantôt vers le glacier qui semble être presque à la verticale au-dessus de nous, prêt à lâcher ses séracs sur nos têtes à tout moment. Parfois nous avons l’impression que le terrain devient moins compliqué, on peut voir un vrai sentier devant nous, mais ces passages plus faciles sont toujours de courte durée et il faudra attendre d’être en bas au bord du torrent pour que ça devienne enfin plus roulant.

Nous aurions aimé pouvoir nous asseoir sur l’un des nombreux rochers plats qui bordent le chemin et profiter du panorama et du soleil pendant une heure, mais je commence à me rendre compte que nous sommes très en retard et que le temps presse. Le check-in au refuge où nous avons réservé n’est possible que jusqu’à 19 h, heure à laquelle tout le monde doit passer à table. Il devient de plus en plus probable que nous n’allons pas arriver dans les temps, d’autant plus que le sentier reste malcommode, il est impossible d’avancer vite. Il y a même un endroit où il faut remonter pour passer un ravin où le sentier d’origine semble avoir été emporté par une coulée : après une courte montée raide, il faut traverser horizontalement au-dessus du ravin, sur du rocher humide et glissant. Un câble facilite la chose, mais c’est exposé sur deux ou trois pas. Un escalier raide permet ensuite de redescendre vers le chemin d’origine. Plus bas, sur l’ancienne moraine latérale du glacier, il faut encore crapahuter dans une zone de gros rochers arrondis, avant de descendre enfin jusqu’au torrent où on retrouve un chemin plus facile.

Nous arrivons bientôt à la buvette du Chalet du Glacier (1577 m), où j’espérais remplir mes gourdes vides, mais la buvette est fermée et il n’y a pas de fontaine visible : il faudra attendre pour boire. Il y a deux itinéraires pour aller à Trient depuis ici : l’un devrait prendre une heure et 10 minutes, l’autre une heure et demie selon les panneaux. Il est déjà 17h 45 et j’essaie de téléphoner au refuge pour dire que nous serons peut-être en retard, mais il n’y a pas de réseau.

Nous prenons le chemin le plus court, qui nous fait d’abord descendre pour franchir le Trient sur une passerelle en bois, avec une belle vue en amont vers le glacier. Le soleil a déjà quitté le fond de la vallée et concentre désormais toute son énergie sur les montagnes au-dessus, créant de belles contrastes entre ombre et lumière. Le sentier se transforme en petite route d’alpage : ici, j’arrive enfin à appeler le refuge. L’homme qui me répond ne semble pas très content même si j’ai fait l’effort de le prévenir, me répondant assez sèchement qu’on verra ce qui est possible. Accélérant le pas maintenant que c’est enfin possible, nous descendons jusqu’au hameau du Peuty (1327 m), où un pré a été colonisé par un grand terrain de camping, sans doute rempli des tentes de tous ces jeunes qui ont passé la journée à nous doubler. Devant nous, l’église de Trient, toute rose sur sa butte, nous annonce que nous serons bientôt à notre destination. Nous arrivons enfin devant la porte du refuge à 18h 50 : officiellement nous ne sommes pas en retard, même si c’était tout juste. Ça fait dix heures que nous marchons si on inclut le détour matinal : même sans lui, nous avons mis deux heures et demie de plus que le temps indiqué à Champex.

Le refuge est une grande maison ancienne, qui a sans doute servi d’hôtel dans une vie précédente. Aujourd’hui c’est devenu une usine de traitement des randonneurs du TMB, comme il en existe sans doute plein d’autres sur ce tour. C’est bruyant, chaotique et surpeuplé, il doit y avoir plus d’une centaine de clients. Le gérant nous dit fermement que le souper sera servi dans cinq minutes : Isabelle, téméraire, insiste pour prendre une douche avant de manger, et elle a raison, nous sommes loin d’être les derniers à table. La seule et unique douche pour hommes à notre étage est occupée, je devrai donc attendre plus tard pour être propre. Il n’y a pas de lavabo : pour se laver les dents, il faut soit aller dans la salle de douche des femmes, soit utiliser le minuscule lave-mains des toilettes. A table, nous discutons avec deux femmes venues depuis les Pyrénées-Orientales pour faire du trail dans la vallée de Chamonix, tout en mangeant une fondue aux tomates qui, pour être poli, est assez moyenne.  

Heureusement nous avons réservé une chambre double et non pas des places en dortoir, ce qui nous permet d’avoir un peu de paix une fois le souper terminé. Dans un pré non loin de notre fenêtre, une vache a décidé de remuer sa tête et de faire sonner sa cloche toute la nuit au lieu de dormir, mais je suis épuisé et fais malgré tout une bonne nuit. Demain ce sera une étape beaucoup plus courte et beaucoup plus facile.

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Tourengänger: stephen
Communities: Randonneur


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