Habe Mut...Mutenock ! oder Die Tour der 100 minus 94

Bertrand:
Qui connait le Mutenock...visiblement bien peu de skieurs, l'accès à ce sommet depuis le Winnebachtal que nous propose notre ami "local de l'étape" Georgb n'est décrit absolument nulle part, ni sur les cartes, ni sur les topos, ni sur le net...chose vraiment rare en 2024 ! Comme toujours il se veut rassurant : "je sors de blessure, donc rien d'extrème", "oui, il faudra sans doute remonter le couloir final à pied mais ce n'est pas compliqué, on pourra peut-être même se passer de crampons", "tu verras, tu seras enthousiasmé", "ne t'inquiète pas" etc...Le coup d'oeil sur la carte Outdooractive avec les classes de pente n'est pourtant pas de nature à rassurer : tout le couloir oscille entre l'orange et le rouge vif, ce qui suggère un bon 40° avec passage à 45°. Bah on ne risque rien à aller regarder au pied, c'est vrai.

On pensait commencer à connaitre le Pustertal au bout de quelques années de séjours répétés mais le terrain de jeu de cette longue vallée au bord des Dolomites est quasiment infini - d'ailleurs même Georg lui-même n'a jamais parcouru l'itinéraire qu'il est seulement venu repérer 3 jours plus tôt pour tester sa guérison. Tout commence au mieux : on est d'emblée tous séduits par ce beau vallon sauvage qui évoque un peu le Queyras ou les Hautes-Alpes du Dauphiné, nous sommes rapidement complètement seuls en ce samedi de grand beau temps, seuls les chamois pullulent sur les flancs ensoleillés, on devine tout au plus quelques vieilles traces...

Une piste d'alpage commode permet de franchir le raide verrou forestier du bas et on débouche sur de vastes pentes ouvertes sitôt parvenus au chalet de Hofalm à 2100m. Le couloir se dévoile alors au fond...euh, c'est là-dedans que tu veux nous emmener  ? OK vu de face on a tendance à tout trouver sinistre mais là ça l'est un peu beaucoup ! Une bonne pause de réflexion s'engage un verre de thé chaud à la main. Agnès et Cécile déclarent aussitôt forfait pour se rabattre sur le petit col de droite, Michel et moi palissons avant d'accepter d'aller quand-même voir au pied au cas ou...et dire qu'à la veille de la retraite je m'étais promis de ne plus me mettre au taquet dans ce genre de trucs et de me cantonner enfin à une pratique contemplative.

Bon abrégeons le récit : Michel et moi sommes bien sûr allés voir, les restes de testostérone aidant on n'a bien sûr pas voulu renoncer, on a suivi jusqu'en haut nos 2 amis...on n'a quand même pas osé tout faire à skis, 40-45° sur les couteaux même avec une neige crocheuse et la bonne trace de Georg et Daniel je suis aujourd'hui bien trop trouillard. Bon pour être honnête la trace à pied avec parfois de la neige jusqu'aux cuisses n'a pas non plus été de tout repos.

Descente finalement bien plus simple que la montée, suivie d'une belle session de neige de printemps pour revenir au chalet - Agnès et Cécile étaient finalement restées tranquillement au soleil en nous suivant avec un peu d'anxiété. La piste d'alpage se descend facilement une fois la neige décaillée. Je suis donc obligé de donner raison à mon camarade : oui, passé les quelques frayeurs, nous sommes effectivement tous "begeistert"/enthousiasmés ! Mais pas (plus) besoin de trucs comme ça chque WE. On reviendra en famille pour skier tranquillement les 2 cols faciles à gauche du sommet.

Dernière soirée dans la magnifique ville médiévale de Sterzing avant de finir les vacances le lendemain par une classique facile entre Innsbrück et le Brenner.

Itinéraire détaillé : cf GPX. Accès : Brenner --> Pustertal --> Terenten --> parking du refuge de Tiefrasten (terminus dégagé en hiver). Remonter le vallon par la piste d'alpage de l'Astneralm (fermée en hiver) puis prendre à droite la piste d'alpage jusqu'au chalet d'Hofalm (2092m) d'ou le sommet et le couloir sont bien visibles. Se diriger vers le pied du couloir par de grandes pentes douces puis le remonter à ski ou à pied selon les conditions. Depuis la selle, les 30 derniers mètres sur l'arête se font à pied. Descente idem.

Conditions du jour : on part tranquillement skis aux pieds à 1400m grâce à la piste d'alpage, l'enneigement devient bon vers 1600/1700m malgré l'exposition SW. Neige dure sur la piste d'alpage (ramollie après 14h), au dessus neige en cours de transformation, poudreuse dans les vallons peu pentus, déjà partiellement printanière dans les pentes plus raides, moquette à poils longs. Le couloir est en conditions convenables, le hic c'est qu'en le remontant à pied on passe à travers une croute dure pour enfoncer sans fond dans de la neige sans cohésion...bref pour ceux qui sont à l'aise dans les conversions sur couteaux dans du > 40° garder les skis aux pieds peut faire du sens. Pour ne pas me faire dessus j'ai préféré m'épuiser à ouvrir une tranchée avec une débauche d'énergie (style 10 pas - 1mn à reprendre mon souffle - 2 mètres de gagnés...et dire que certains passent leurs vacances à faire ça sur des 8000m !). 

A la descente à skis on reste en surface, les contrepentes sont molles sont sans trop de risque, le centre est un peu plus dur et il vaut mieux éviter de rater un virage...mais rien de trop anxiogène. A noter que le couloir prend entièrement le soleil vers 13h en plein hiver. Il ne fait que 150m et reste peu exposé (replat en bas), mais c'est du 40° soutenu avec un bon 45° au milieu.

Météo : grand beau chaud (iso 0° à 3000m), pas de vent

Accès : une cinquantaine de places au parking du refuge de Tiefrasten (non gardé en hiver, c'est le terminus déneigé à 1400m), accessible depuis Bruneck ou Brixen. Pas de TC.

Restauration : on passe devant l'Astneralm (1640m) mais la buvette n'est ouverte qu'en été. 2 auberges à Terenten 5mn de voiture plus bas, donc le Strudel-detox attendra le retour en Suisse.

Horaire : départ 9h, sommet 13h30 (dont 45mn pour remonter les derniers 100m...), retour 14h50 avec de bonnes pause en haut puis au chalet d'Hofalm

Participants : Georg, Daniel (les 2 locaux), Michel et moi. Agnès et Cécile jusqu'à l'Hofalm.


georgb:
Dandl hat genug von Modetouren, wo Hunderte entlangmarschieren, heute werden wir nur zu sechst sein. Für mich auch schon grenzwertig viel, aber in solch exclusiver Begleitung macht es Freude. Bertrand ist mit Familie im Pustertal und endlich geht sich eine gemeinsame Skitour aus, einen Tag bevor er abreist.
So starten wir als bunte Mischung, in Deutsch-Südtiroler-Fanzösisch-Schweizer-Freundschaft "DSFSF". Mir gefällt die Gruppe, unser Tempo ist genüsslich und an der Hofalm holt Bertrand schon die ersten Köstlichkeiten aus dem Rucksack, nach französischer Lebensart. Agnès und Cécile gefällt es hier so gut, dass sie gleich in der Sonne sitzen bleiben. Bertrand, Michel und Dandl folgen mir etwas zögerlich, mein Tourenvorschlag löst leichte Zweifel aus und als die Rinne unter dem Mutenock in Sicht kommt, brummelt es hinter mir in verschiedenen Tonlagen und Sprachen.
Wir ziehen durch die herrliche sanfte Winterlandschaft, kein Mensch außer uns weit und breit, nur eine stattliche Herde Gämsen beäugt uns aus der Ferne. Zauberhaft, wäre da nicht diese Rinne, aus der Ferne bertrachtet ziemlich abschüssig. Ich versuche die Freunde zu beruhigen: "Die Frontalansicht täuscht!" Aber je näher wir kommen umso mehr bestätigt sich der Eindruck, es steilt bald ordentlich auf, Dandl misst deutlich über 40 Grad. 
Zum Kleinen Tor als weniger steile Alternative will trotzdem niemand ausweichen und so folgen mir alle mehr oder weniger begeistert. Wir spitzen mit den Harscheisen aufwärts, ziemlich knackig, die Tritte und Kehren müssen sitzen. Bertrand und Michel wird es irgendwann zu bunt, sie steigen zu Fuß mit den Skiern am Rucksack weiter. Nur Dandl folgt mir auf Skiern in stoischer Ruhe, auch wenn ihm die spätere Abfahrt Sorge macht. Endlich legt sich der Hang etwas zurück, auf einem Sattel lassen wir die Ski stecken und gemeinsam stapfen wir zu Fuß dem Gipfel entgegen.
Langsam hellen sich die Mienen, nach dem anspruchsvollen Anstieg sind doch alle irgendwie stolz. Beim Blick in die Ostflanke fragt sich Bertrand allerdings, warum ich ihm die einfachere Variante verschwiegen hatte!? Zu spät, heute müssen alle über die Westrinne zurück. Doch der Schnee ist unser Freund, die Unterlage ist sehr gut fahrbar, nicht zu hart und trotzdem stabil. Dandls Zweifel verfliegen und wir wedeln mit Begeisterung zur Hofalm.
Wir werden freudig empfangen und plötzlich war mein Vorschlag richtig gut, alle sind auf einmal begeistert vom Mutenock und seiner unbekannten Rinne ;-) Das freut auch mich und wir lassen uns zu einem entspannten Umtrunk nieder. Die Sonne strahlt mit uns um die Wette, die restliche Abfahrt ist Formsache, Hauptsache der Schnee trägt.
Bertrand packt Kind und Kegel ins Auto, wir verabschieden uns bis zum nächsten Jahr zu einer neuen Tour der 100 minus x.