Trois Tours magiques

Concernant la difficulté:
Les trois sommets présentent une difficulté technique similaire, même si une mention spéciale doit être faite en ce qui concerne la Tour d'Aï. En effet, pour la Tour d'Aï, les difficultés sont beaucoup plus soutenues. Pour les deux autres sommets, les difficultés sont concentrées sur un ou deux pas. D'autre part, il ne s'agit de ne pas confondre difficulté technique et danger. Dans le cas de la Tour d'Aï, une glissade aurait en de maints endroits une suite tragique, danger qui est nettement limité dans le cas des deux autres sommets (pour autant que l'on reste sur l'itinéraire... évidemment).
C'est probablement pour ces raisons que le sentier de la Tour d'Aï ne figure plus en surcharge rouge sur la carte nationale.

Concernant la longueur:
Il vaut la peine de profiter de la première benne pour Berneuse pour gagner les 700m de dénivellation. Sans cela, cette randonnée deviendrait sévère en termes d'effort (elle l'est déjà bien assez avec les montées-descentes que l'on doit accomplir). Le tronçon entre le Lac Segray et la Tour de Famelon ne doit pas non plus être sous-estimé, même si, sur la carte, il mesure moins de 1Km. A cause des Lapiaz, on doit constamment changer de direction et de pente, ce qui rallonge passablement l'horaire.

Autre journée qui s'annonçait magnifique et je lorgnais depuis un bon bout de temps sur la Tour d'Aï. Je me suis dit: pourquoi pas une trilogie avec les trois Tours?
Donc, départ pour Leysin afin de prendre la première benne montant à la Berneuse.

Depuis la Berneuse (où je ne souhaitais pas m'attarder... les endroits trop touristiques me rebutent un peu), je suis descendu au plus direct au Lac d'Aï. Sous l'impressionnant Sphinx se trouvent les chalets dont les toits sont en tavillons. En quittant les chalets, on se rend compte qu'il existe un abris sous un bloc, abri tout à fait similaire aux Splüi de la Val Bavona... quelle surprise.

Arrivé au-dessus de l'arrivée du télésiège, les choses sérieuses commencent: il s'agit de remonter un dévaloir pour sortir à gauche et longer le sommet de la paroi. Le sentier évolue ensuite à travers un pâturage suspendu avant de venir buter contre un bastion rocheux. Contrairement à ce que l'on pourrait attendre, celui-ci est surmonté sur le côté Berneuse.

Le sentier traverse alors en ascendance en dessous de la crête, côté Cheneau de Mayen, en présentant, çà et là, des points de vue aériens et magnifiques sur le Bas Chablais et le Léman. Après avoir surmonté une dernière difficulté, on ne tarde pas à rejoindre le sommet.

Je n'ai pas voulu rester trop longtemps au sommet. Des jeunes avaient passé la nuit là haut et étaient dans un tel état d'hébétitude que je ne pouvais pas apprécier la vue à sa juste valeur: expressions égarées et sourires niais sont les deux choses qui me sont restées.

Retour donc sur le plancher des vaches. Au Lac de Mayen, j'ai pris le chemin montant au Lac Segray. Celui-ci traverse en écharpe toute la pente sous les rochers avant de tourner, passer près d'une petite cabane et traverser sur une large vire. Plus loin, la pente s'accentue avant de gagner le Lac Segray.

Au-dessus du lac, le sentier repart vers l'ouest pour traverser sous la Tour de Mayen et rejoindre les pentes ouest sous le sommet. Là, le sentier remonte la vire pratiquement jusqu'à l'angle pour monter en faisant des lacets en direction du sommet. Juste avant le plateau sommital, on remonte une cheminée équipée de chaînes. Ce passage est la seule vraie difficulté de la Tour de Mayen mais il n'est pas trop exposé. Je n'aimerais cependant pas devoir le parcourir sous la pluie.

De retour au-dessus du Lac Segray, j'ai pris le sentier (non balisé), traversant les pentes pour rejoindre les Lapiaz du Truex. Là, les choses se compliquent un peu en terme de navigation. Le franchissement de ce grand plateau de Lapiaz nécessite un bon nombre de détours et de montées-descentes. Ce n'est que sous la Tour de Famelon que les choses se calment. Par temps de brouillard, cette traversée pourrait s'avérer compliquée.

L'ascension de la Tour de Famelon ne présente pas de difficulté particulière si ce n'est une petite cheminée qu'il s'agit d'escalader. Une chaîne aide à la progression. Sans celle-ci, ce passage pourrait devenir passablement problématique.

J'ai effectué le retour en passant par le Chalet du Fer, la Combe de Bar. A mesure que je m'approchais de Leysin, le sentier devenait de plus en plus agréable et facile.

Conclusion:
La Tour d'Aï est certainement un sommet méritant une ascension. De plus, pour les piétons, il présente un certain nombre de défis intéressants et valorisants lorsqu'on les a surmontés. Toutefois, la proximité de Berneuse en fait un sommet très fréquenté (j'ai croisé une bonne dizaine de personnes lorsque je descendais). La Tour de Mayen et la Tour de Famelon sont par contre beaucoup plus calmes. Lorsque j'étais au sommet de la Tour de Mayen, je pouvais voir le chapelet de visiteurs au sommet de la Tour d'Aï, et je n'ai croisé qu'une personne dans la descente du sommet. De plus, je trouve la vue depuis le sommet de la Tour de Mayen beaucoup plus intéressante (elle est plus dégagée sur le Léman).