Rooterberg, de Rotkreuz à Lucerne par la montagne de tous les interdits


Publiziert von stephen , 26. März 2012 um 22:44.

Region: Welt » Schweiz » Luzern
Tour Datum:25 März 2012
Wandern Schwierigkeit: T1 - Wandern
Wegpunkte:
Geo-Tags: CH-LU   Rooterbergkette   CH-ZG 
Zeitbedarf: 4:15
Aufstieg: 645 m
Abstieg: 640 m
Strecke:Rotkreuz - Michaelskreuz - Udligenswil - Adligenswil - Luzern
Zufahrt zum Ausgangspunkt:cff logo Rotkreuz
Zufahrt zum Ankunftspunkt:cff logo Luzern

English version here

Le Rooterberg est une colline (le mot "montagne" serait peut-être exagéré car son point culminant n’atteint même pas 900 mètres) qui s’étend sur une quinzaine de kilomètres au nord-est de Lucerne, séparant le bras le plus septentrional du lac des Quatre Cantons de la vallée industrielle et urbanisée du Reuss.  Par un beau dimanche de printemps, je me suis dit que la traversée  nord-sud de cette petite chaîne devrait offrir de belles vues vers le Pilatus et les Alpes de la Suisse centrale, sans demander trop d’effort physique.

Grâce au changement d’heure, je n’émerge du lit que vers dix heures moins le quart. Un petit déjeuner vite avalé, quelques affaires balancées dans le sac à dos et j’arrive à la gare juste à temps pour prendre le train de 10 :33. Je prends ce train tous les jours pour aller travailler…  mais aujourd’hui il est trois heures plus tard que d'habitude et le train, habituellement bondé de travailleurs au visage sombre et d’élèves bruyants de l’école internationale, est quasiment vide.

Je descends à Rotkreuz, ville sans charme qui est coupée en deux par la voie ferrée, avec des zones industrielles au nord de la gare et des quartiers résidentiels au sud. Je monte tranquillement par des rues paisibles bordées de villas, rues où beaucoup de choses sont interdites : jouer au ballon,  laisser son chien lever la patte  contre les murs, utiliser l’espace devant les maisons pour faire demi-tour… j’ai de la peine à comprendre comment on peut vivre au milieu de tous ces panneaux d’interdiction.  Je passe sur la pointe des pieds, en faisant très  attention de ne pisser nulle part et surtout de ne pas faire demi-tour, jusqu’à ce que je dépasse enfin les dernières habitations.

Sous un soleil déjà chaud, je monte à travers champs vers Steintobel. Cela fait du bien de marcher avec des chaussures légères et un sac léger : pas besoin de raquettes, ni de chaussures lourdes, ni de trois tonnes de vêtements chauds.  Alors que le week-end dernier à 1200 mètres j’étais encore en hiver, aujourd’hui à 600 le printemps est bien installé, cela ne fait aucun doute. Les talus sont pleins de primevères, les arbres bourgeonnent et, sous la ferme de Sonderi, il y a même des narcisses qui fleurissent là où il y avait encore un saupoudrage de neige il y a une semaine. Au-dessus, un grand oiseau de proie de couleur brun rougeâtre tourne lentement, cherchant son repas du dimanche midi.

J’arrive  à Michaelskreuz au bout d’une heure, juste au moment où la cloche de la chapelle commence à sonner midi.  Posée sur une butte herbeuse arrondie et entourée d’arbres sans doute plusieurs fois centenaires, cette chapelle faite de bois et de pierre doit être un point de vue superbe : la table d’orientation laisse croire que la vue porte jusqu’au Chasseral et à Tête de Ran, voire jusqu’à la Forêt Noire.  Mais pas aujourd’hui : malgré le ciel bleu, l’air est très brumeux et même le Rigi, distant de même pas dix kilomètres, n’est qu’une forme floue. Quant aux Alpes au-delà du lac des Quatre Cantons, elles sont complètement invisibles.

Quittant Michaelskreuz, je mets le cap sur le prochain petit sommet, à 830 mètres l’un des points culminants du Rooterberg. Mais, à ma grande surprise, le sentier bifurque à gauche au lieu de suivre la crête. Bientôt je vois pourquoi : un grand panneau interdit aux randonneurs de continuer tout droit, par ordre du propriétaire du terrain et sous peine d’amende (et probablement aussi de prison et de mort, mais je n‘ai pas tout lu). Pourtant, ce sommet n’est qu’une banale prairie à vaches… 

Le sentier reste donc à quelques mètres sous la crête, côté est.  Même si cela m’empêche de passer par le sommet, il y a aussi du bon dans la mesure où le bruit de l’autoroute côté ouest ne parvient pas jusqu’à moi. Après le hameau de Schiffmannshof, un second petit sommet se profile devant… mais une nouvelle fois, des panneaux m’interdisent d’aller là où je veux et me préviennent que je ne dois pas quitter le sentier. S’agirait-il de terrains "top secret" de l’armée déguisés en pâturages, ou simplement d’un propriétaire qui ne veut pas que les autres profitent de "sa" vue et de "son" sommet ?

Je continue par une petite route qui passe sous une ligne haute tension, puis par une descente en forêt qui débouche au-dessus du village d’Udligenswil, niché dans un creux face à un Rigi toujours à moitié caché dans la brume.  Ce village possède quelques jolies vieilles maisons, mais est également victime de cette croissance chaotique de quartiers résidentiels, fréquente dans cette partie du pays, où les constructions neuves semblent avoir été posées au hasard des lieux et des styles, sans aucun souci de l’ensemble. La laideur des villages de la Suisse centrale ne cesse de m’étonner, et me paraît d’autant plus choquante vu l’environnement magnifique qui entoure ces villages.  Il y a bien pire qu’Udligenswil… mais l’église moderne qui domine le village est quand même particulièrement horrible !

Un joli sentier me conduit à travers champs, puis dans un vallon où je traverse une route visiblement très prisée des cyclistes et des motards, Je remonte ensuite en face vers Dotteberg, où une église de taille assez conséquente est plantée au milieu de nulle part en bordure de forêt. Je passe devant une ferme où des pots de miel attendent sur une table qu'on les achète ; un peu plus loin - variante insolite du classique nain de jardin – deux vaches en plastique et un mouton en plastique, de taille presque réelle  ont été arrangés autour d’un barbecue.

Adligenswil, le prochain village, est une copie conforme d’Udligenswil, à une lettre près.  Mais je me rapproche de Lucerne et ce village fait déjà nettement plus "ville" que son presque homonyme.  Il y a trente ans, il ne devait pas y avoir grand-chose ici : l’église au centre du village est ancienne et assez jolie, mais tout ce qui l’entoure est moderne, fonctionnel et plutôt laid.  Je traverse Adligenswil le plus vite possible, quittant le village par un chemin creux pour la dernière montée de la journée.  La lumière s’est un peu améliorée et la vue en arrière, vers le Rigi, est devenue belle ; vers le sud, la brume est toujours aussi épaisse.  Le sentier longe un parcours de golf, puis entre de nouveau en forêt pour entamer la descente vers Lucerne. En bordure de forêt, un panneau tout à fait standard interdit l’accès aux chevaux : rond, bordé de rouge avec, au milieu, un cheval noir sur fond blanc, son sens est parfaitement clair. Pourtant, quelqu’un a cru nécessaire de renforcer le message en rajoutant deux fois le mot "Verboten" à la main… les cavaliers seraient-ils trop bêtes pour comprendre le panneau ?  Mais qu’ont-ils, les gens du Rooterberg, à être aussi  portés sur les interdictions en tous genres ?

La pente s’accentue et bientôt les premières maisons de Lucerne apparaissent. Je traverse une route, continue le long d’un funiculaire abandonnée depuis de nombreuses années… et voilà le Pilatus, que j'avais imaginé en toile de fond tout au long de la journée mais que je ne vois que maintenant… et encore, je le vois à peine tellement la brume est épaisse. Me voilà enfin au bord du lac, devant le Palace au milieu de la foule des promeneurs  du dimanche après-midi en T-shirt et sandales. Le contraste est d’autant plus surprenant qu’il est très soudain. Deux kilomètres de balade au bord du lac me séparent de la gare, une fin très jolie mais un peu étrange pour une randonnée qui aura compté pas mal de bizarreries !
 

Tourengänger: stephen
Communities: Randonneur


Minimap
0Km
Klicke um zu zeichnen. Klicke auf den letzten Punkt um das Zeichnen zu beenden

Galerie


In einem neuen Fenster öffnen · Im gleichen Fenster öffnen


Kommentar hinzufügen»