Le fameux GR 20


Published by kiwi , 30 March 2007, 15h14.

Region: World » France » Corsica
Date of the hike: 5 July 2002
Hiking grading: T3 - Difficult Mountain hike
Waypoints:
Geo-Tags: F 
Time: 14 days
Height gain: 10000 m 32800 ft.
Route:9 Etapes pour la partie Nord jusque Vizzavona puis 6 étapes au Sud. Environ 200 kms
Access to start point:Départ de Calenzana, petit village. Accès facile par Calvi (ferry, train) puis bus.
Access to end point:Arrivée à Conca. Taxi ou stop jusqu'à Porto-vecchio pour retrouver des bus / ferries. Conca est un tout petit village, pas grand chose sur place !
Accommodation:Refuges & campements autour des refuges. Camping sauvage interdit. Pas de possibilité de réservation. Premier arrivé, premier servi !

"Le GR 20, encore appelé « Fra li monti », est le fleuron de la montagne corse. Un sentier d'altitude réputé pour être le plus difficile GR d'Europe. Nombreux sont ceux que l'aventure fait rêver, quant à ceux qui ont franchi le pas, ils adorent en parler et rêvent d'y retourner. L'itinéraire est plutôt sportif, à conseiller à des randonneurs chevronnés donc. Il épouse le relief montagneux de Calenzana (au nord-ouest de l'île, à 12 km de Calvi) vers Conca (à l'extrême sud-est, à 22 km de Porto-Vecchio) et s'accomplit généralement en 14 ou 15 jours.
Pour la petite histoire, c'est Guy Degos, ingénieur des forêts à la direction départementale de l'agriculture qui proposa l'idée d'un itinéraire de traversée de la Corse par la ligne de partage des eaux. L'étude est réalisée par Michel Fabrikant. En 1970, avec lui, des équipes de bénévoles réalisent le balisage : le sentier GR 20 est né. Les deux premiers refuges, Petra Piana et Campiglione, voient le jour un an après. L'aventure peut commencer."

Une année après les Mare e Monti Sud et Mare a Mare Sud, me voilà de nouveau en Corse, pour le grand GR 20 cette fois. Toujours aussi jeune et fou, toujours à l'aventure !!! Voici donc le récit de ces 2 semaines...



05/07/2002
[...] Nous arrivons enfin à Calenzana à 15h, où l’ennui nous pousse à entamer l’étape du lendemain malgré les prédictions météo des Corses ! On abandonnera assez vite l’idée de dormir au coté d’une source puisqu’on arrive pas à la trouver ! On se pose donc sur un tapis de fougères, en pleine pente. Malheureusement, les fougères, ça glisse… et la tente se retrouve vite déformée, à la limite de nous tomber dessus. Nous voilà donc obliger de nous relever en pleine nuit pour vider et bouger la tente, en essayant de la caler entre un arbre et des grosses pierres, puisque d’une manière ou d’une autre, il n’y a pas d’emplacement plat ! Le bricolage a tenu toute la nuit, mais la pente ne nous a pas permis de dormir beaucoup…

06/07/2002    Le Départ
N’ayant que peu dormi, le réveil n’a pas été très difficile. Petit déjeuner et démontage de tente en vitesse et nous voilà partis à 05h50 ! On a même l’honneur d’ouvrir la route grâce à l’avance prise la veille ! Il ne devrait plus nous rester que 5h30 de marche. La montée devient vite très raide et ce n’est que vers 08h30 qu’on atteint le premier sommet et la pause déjeuner (suite). La grimpette se poursuit, de plus en plus difficile pour nos jambes peu ou pas entrainées. C’est Maryam qui semble la plus motivée (et en forme aussi). Finalement, Camille et moi n’arriveront qu’à 11h30, 20 minutes après Maryam et Max que nous n’arrivions plus à suivre ! L’après-midi sera utilisé pour (essayer de) prendre une douche à l’eau glacée, directement puisée dans la torrent, jouer au tarot, écrire des cartes et surtout se reposer !!!

07/07/2002
Le réveil est très difficile malgré une très bonne (et assez longue) nuit. On ne part donc qu’à 06h15 à un rythme beaucoup moins soutenu que la veille, surtout pour Camille et moi. On s’arrête enfin pour la pause petit-déjeuner au premier passage à 2000m. A partir de là, le chemin censé descendre part en longues dents de scie qui cassent complètement les jambes ! C’est plus de l’escalade que de la randonnée ! Par contre, une fois qu’il a décidé de descendre, c’est pas pour de faux ! La descente est extrêmement difficile et technique. Nous nous sommes d’ailleurs fait très mal en voulant partir trop vite et nous avons du finir « en roue libre », exténués… Max en a d’ailleurs profité pour faire une magnifique figure avec réception parfaite les fesses dans un buisson d’épines ! L’après-midi a une nouvelle fois été consacré à ne rien faire, mis à part la visite de la passerelle de la Spasimata sur l’étape du lendemain où nous avons essayé de nous baigner dans les vasques. Nous y sommes rentrés ! mais pas restés bien longtemps… Nous avons également fait connaissance de nos voisins d’emplacement, l’un d’eux venant finir la journée par quelques parties de tarot en notre compagnie.

08/07/2002
Le réveil est beaucoup plus facile aujourd’hui puisque Max et moi avons dormi à la belle étoile, l’emplacement choisi la veille étant trop "caillouteux" pour quatre ! On entame la ballade dès 06h00 par une énorme montée. Maryam étant une nouvelle fois partie devant, nous avons déjeuné à trois au milieu de cette montée. Elle nous attendait en fait au lac de la Muvrella (minuscule point d’eau crasseuse très décevant). La montée s’est encore un peu poursuivie avant le véritable sommet d’où nous avons pu observer le village refuge, 600m plus bas, presque en dessous de nous mais à 1h30 de marche… Mais à l’arrivée, surprise, les douches sont chaudes ! Vive les villages ! Nous avons aussi pu faire quelques courses avant d’entamer une nuit très difficile du fait de la chaleur.

09/07/2002
Départ à 06h15. Ca y est, c’est le grand jour : le Cirque de la Solitude nous attend. L’étape est grandiose : des pentes extraordinaires qu’on ne peut escalader qu’à l’aide des chaînes installées. Elle est moins difficile que prévu, le temps passe vite, mais on comprend pourquoi les topoguides ne parlent que de cette étape « légendaire » ! On arrive au refuge aux alentours d’une heure, évitant de justesse la grosse averse mais en étant tout de même obligé de sortir le K-Way. On a le choix de rester là ou de continuer encore 30min vers un autre refuge. Mais comme le gardien du premier refuge n’est pas là, on décide d’y rester, profitant du gaz, de la vaisselle et du « confort » de l’intérieur. Le pire est qu’à son retour, il a oublié de venir nous faire payer ! Le temps étant d’un seul coup repassé au beau, nous avons pu planter la tente et nous endormir vers 22h00 après quelques tarots.

10/07/2002
Maryam part directement de mauvaise humeur devant notre ardeur à nous lever. Une fois encore, on profite du gaz du refuge pour nous faire du chocolat chaud avec le pain d’épice. Alors que nous allons quitter la table, le guide pyrénéen qui la veille déjà, devant une certaine mendicité de Max nous avait offert du fromage, vient nous donner quelques raisins secs et un pain entier ! A peine partis (06h40, record de lenteur battu), Maryam nous distance (comme d’habitude). Mais le problème c’est que cette fois ci, nous ne la reverrons pas avant 4h30 de rando alors que nous avions planifié des petit-déjeuners 2h après les départs… Et pour une fois, elle avait le pain… Donc pas de second petit-déjeuner… On a donc directement mangé le paté au refuge suivant avant de se fixer rendez-vous au premier point de baignade possible sur le Golo et de repartir. Arrivés sur place, ne la voyant pas, nous avons laissé passer quelques belles vasques pour finalement nous arrêter, sans elle, quelques centaines de mètres plus loin. Malheureusement, elle nous attendait 5min plus bas et a été obligée de remonter pour nous dire qu’elle ne s’arrêtait pas et finissait seule. Nous avons bien pris le temps de faire trempette, la baignade totale étant restreinte par la température de l’eau à cette altitude, et bronzette avant de repartir tranquillement. La fin d’étape a été très longue et nous nous sommes jetés sur les glaces de l’hôtel en arrivant. Nous nous sommes un peu expliqués avec Maryam et avons profité des douches chaudes justifiant les 5€ du bivouac. Mon mal de gorge ressenti un peu plus tôt dans la journée a commencé à s’empirer, et cela jusqu’au coucher. J’ai passé une nuit exécrable, la fièvre et la chaleur m’empêchant de dormir…

11/07/2002
La première grasse matinée depuis le début du voyage ne fais pas de mal ! On part à 09h45 !… Seul Max souffre des coups de soleil. L’étape est de surcroît facile, quasiment en lignes de niveau jusqu’au lac de Nino où on s’arrête pour manger parmi les chevaux. L’endroit est magnifique donc une fois encore, on prend tout notre temps ! La fin d’étape est sympathique également mais une grosse surprise nous attend à l’arrivée : une cinquantaine de militaires ont rejoint le parcours et squattent le bivouac ! On est obligés de s’installer dans la pente sans pouvoir planter la tente, à 1600m ! Finalement, la nuit n’en sera que d’autant meilleure même si un peu froide pour Maryam et Camille…

12/07/2002
Lever 05h00, on reprend les bonnes habitudes ! Départ par contre seulement à 06h10, uniquement à cause du réveil très difficile puisque nous n’avions même pas à démonter la tente ! L’étape part directement en montée, vers la brèche de Capitello, point culminant du parcours à 2200m qu’on atteint en un peu plus de 2h, petit déjeuner compris au lieu des 2h45 prévues. Mais bon, paraît-il qu’en dehors des mois d’été, de la neige peut subsister sur les 200 derniers mètres ! Si cela avait été le cas, nous n’aurions certainement même pas pu passer ! Le panorama au sommet est superbe avec une vue plongeante sur les deux lacs du Melo et du Capitello, malheureusement pas mis en valeur par le soleil qui, du fait de l’heure matinale, n’avait pas encore dépassé les montagnes… L’étape se poursuit encore plus de 2h à plus de 2000m d’altitude parmi les troupeaux de vaches, chèvres et ânes avant de redescendre paisiblement vers le refuge, point d’arrivée de la dernière grosse étape. Nous arrivons heureusement quelques minutes avant les militaires, tout juste assez pour réserver le dernier emplacement plat, à deux pas du réchaud à gaz.
L’après-midi sera plutôt long, sans rien à faire, le seul fait marquant de la journée restant donc la magnifique chute de Camille peu avant l’arrivée.

13/07/2002
Maryam est malade, je lui ai surement refilé mon rhume parce que moi je vais beaucoup mieux ! L’étape du jour est annoncée comme la plus facile du parcours, on prend notre temps : on déjeune dans la tente et on part à 06h30. On rejoint vite le Manganellu, torrent parsemé de magnifiques vasques et cascades aux abords desquels on s’accorde quelques pauses. J’ai même réussi à m’immerger totalement (involontairement, par une glissade) là où les militaires avaient directement plongé… Nous nous arrêtons aussi aux bergeries où les propriétaires possèdent une super épicerie dans une vieille maison en pierre qui sent bon la charcuterie et le fromage ! Nous pouvons même y acheter du pain, seule denrée qui nous manquait ! La remontée vers le refuge a ensuite été un peu plus longue que prévue mais nous avons profité d’être arrivés dans les premiers pour utiliser le gaz et nous installer à une table. Le bivouac est pas mal : nous campons dans un enclos grillagé autour duquel tournent cochons sauvages, chiens, ânes et chevaux ! (enfin, les chevaux sont plus dans l’enclos qu’à l’extérieur puisqu’ils n’hésitent pas à forcer le grillage pour venir chercher l’herbe fraîche !). Les militaires arrivent peu après nous pour nous annoncer des nouvelles peu rassurantes : la pluie attendue sur cette étape et qui ne s’est pas montrée est désormais prévue en gros orages pour la nuit !
Les derniers souvenirs que nous aurons de cette journée seront les énormes éclairs incessants à l’horizon aux alentours de minuit !

14/07/2002    Fête Nationale - St Camille - Journée de galère
Lever : 05h45 sous une pluie énorme.
Deuxième tentative : 07h20. Cette fois-ci, c’est la bonne, la pluie est finie, on va pouvoir se lever. Mais les nuages restent présents et le plafond est à peine 100m au dessus de nous. Les militaires nous apprennent que personne n’est encore parti sur l’étape rendue dangereuse par la pluie de la nuit et celle prévue dans la journée… Ceux qui avaient doublé l’étape de la veille avaient eu raison en fait ! Etant le seul à souhaiter faire la vraie étape du vrai GR20, nous suivrons finalement les militaires (et les autres randonneurs restants) sur le chemin d’exploitation descendant vers Tatonne : 3h de marche sous la pluie sur un large chemin sans intérêt (dont une partie avait été faite la veille en sens inverse). A Tatonne, nous n’avons heureusement que 45min à attendre le train pour Vizzavona de 11h56 : 4kms, 5min, 2,4€ !
A Vizzavona, la pluie s’est enfin arrêtée. Nous y retrouvons nos amis Versaillais qui avaient doublé la veille mais qui avaient pris une journée de repos sous le mauvais temps. Leur choix est fait, seul Nico et Léo continuent. Ils repartent d’ailleurs dès l’après-midi. Les quatre autres abandonnent. Maryam, dégoutée par la pluie, malade et dont l’intégration à notre groupe n’avait pas forcément été la meilleure possible décide également de rentrer à Bastia le lendemain matin. (Nous apprendrons également plus tard qu’elle avait une côte cassée depuis plusieurs jours suite à une chute mal réceptionnée !)
Enervé de ne pas avoir fait l’étape, j’essaie de motiver les autres pour repartir 1h heure en arrière sur l’étape pour aller voir la Cascade des Anglais. Décidé à y aller seul, ils finissent quand même par tous venir vers 15h00 après un café au restaurant-bar-épicerie-gare. Personne ne regrettera la promenade car l’enchaînement de toutes ces cascades est plutôt joli. En plus nous étions partis avec un verre de Nutella à finir avant de rentrer donc on s’est fait plaisir !!! On redescend vers 17h30 au bivouac pour faire les courses de la fin de parcours et prendre une bonne douche chaude (1€ la douche en échange du bivouac gratuit) mais que les propriétaires ont oublié de nous faire payer !
Puis nous sommes partis au restaurant…
Entrée : Charcuterie. Rien que l’entrée vaut l’équivalent d’une journée de nourriture de d’habitude ! Plat principal : Entrecôte ou Omelette au Brocciu, excellent. Dessert : Ile flottante, énorme. Le repas était tellement copieux et nos estomacs déreglés par nos maigres repas de la semaine précédente que nous avons tous du quitter la table pour nous rendre aux toilettes avant de payer.
Coucher : 22h30

15/07/2002
La nuit a été très agitée, surement à cause de la digestion difficile plus que de la fête dans le village. Nous prenons le temps de nous préparer, le train de Maryam n’est qu’à 08h10. Une fois partie, on finit de faire la vaisselle de la veille et de ranger la tente. Jusque là, le ciel est bleu. Mais au départ à 09h30, les montagnes commencent déjà à se charger de nuages. Les sacs sont très lourds des courses de la veille et de la pluie de la nuit qui a détrempé tentes et serviettes. La rando se déroule bien et vite jusqu’à midi mais les nuages sont de plus en plus menaçants. On commence à peine à manger le cassoulet sur la crête qu’il se met à pleuvoir. On se dépêche de finir, de tout jeter dans mon sacs et d’enfiler les K-Way pour déguerpir au plus vite. Mais la pluie redouble d’intensité et nous avons beau marcher le plus vite possible, nous n’arrivons au refuge qu’à 14h40 sans avoir vu un coin de ciel bleu ! Le minuscule refuge est plein à craquer. C’est pourquoi nous poursuivons jusqu’à la route et le café en contrebas. Nous nous y installons, tentant de nous réchuffer et de nous sécher tant bien que mal autour d’un bol de chocolat chaud. Nous y passerons plus de 2h30, buvant un autre bol de chocolat que la maison oubliera gracieusement de nous facturer. Nous profitons ensuite d’une courte éclaircie pour planter la tente et nous changer.
Camille et Maxime sont totalement démotivés. Camille ne cesse de répéter que Maryam a fait le bon choix tandis que Max cherche déjà les moyens de se rendre à Porto-Vecchio plus tôt que prévu. Je suis le seul à vouloir aller au bout. Tout va dépendre de la météo. Je suis prêt à finir seul si le temps le permet… Ce serait dommage et difficile à gérer. On verra…

16/07/2002
Le ciel est légérement nuageux mais le soleil brille. On démarre à 08h00, bien décidés à suivre les gens devant nous. Mais nous n’avons pas fait 100m (de rude montée) que nous nous rendons compte de l’absence anormale de marques. Nous voilà obligés de couper n’importe où pour retrouver le sentier… L’étape est relativement facile et le rythme élevé, Max étant pressé d’en finir… On prévoit notre pause déjeuner à la passerelle suspendue sur le Marmanu. C’est une nouvelle grosse déception en arrivant puisque la passerelle a disparu (emportée peut-être ?) ne restant que quelques planches au pied d’un rocher. Le nouveau pont n’étant qu’en construction, on doit traverser sur deux malheureuses planches à la surface de l’eau… On s’arrête pour manger sur l’autre rive. Ce sera le seul moment de la journée où on verra quelques rayons de soleil. Les autres paraissent de moins en moins motivés, on ne redémarre qu’à 12h30. Nous arrivons trois quarts d’heure plus tard au Col de Verde (Bocca di Verde) où nous faisons une nouvelle pause d’une heure le temps de boire un café et d’acheter du pain. On y entend aussi dire que la météo du lendemain sera la même… On repart prêts à attaquer la montée vers le refuge de Prati. Mais ce qui devait arriver arriva : l’altitude aidant, nous avons fini par nous retrouver en plein nuage, au milieu des rafales de vent et des goutellettes. Nous n’avons même pas fini l’étape ensemble, Max et Camille choisissant de s’arrêter au col, en plein vent pour manger une barre de céréales. Le refuge n’étant qu’à vingt minutes de là, j’ai préféré finir le plus vite possible pour me mettre à l’abri. Le refuge est très mal situé, au sommet, en plein courant d’air. Nous nous dépêchons donc de mettre la tente en l’arrimant le mieux possible.
Il est temps de prendre une décision. Pour Camille et Max, c’est déjà fait, ils redescendent dès le lendemain matin à Isolacciu di FiumOrbu puis font du stop jusqu’à Porto-Vecchio. Je leur annonce que je suis toujours chaud pour continuer, même seul, en refuge. La soirée sera donc utilisée pour répartir le contenu des sacs : je ne prend que mes vêtements, juste ce qu’il faut à manger, une assiette, un verre, une fourchette, une cuillère et mon couteau. Je trouverai gaz et vaisselle dans les refuges. Nous faisons encore quelques dernières parties de cartes avant de nous endormir.

17/07/2002
Réveil à 05h00. Les autres ne l’entendent pas, je le recule d’une heure.
Lever : 5h50. Dernier chocolat chaud avec du pain et du Nutella. Après quelques derniers préparatifs, c’est l’heure de se séparer. Je démarre à 06h55 tandis Max et Camille finissent de ranger leurs sacs et de démonter la tente. Le ciel bleu du réveil n’est plus qu’un vague souvenir. J’ai à peine commencé à marcher que j’entre dans le nuage. Visiblité maximum : 20m. Je ne tarde pas à tomber sur le groupe de Mme Persil. L’un d’eux étant malade, ils ont décidé de rebrousser chemin jusqu’au refuge. Je rattrape peu après le reste du groupe à Adrien (les étudiants en médecine de Paris). Ils ne sont plus que trois. Je les dépasse alors qu’ils prennent une pause. Le temps passe vite; j’arrive après deux heures au col de Laparo ou je décide de m’arrêter un peu. A peine reparti, j’arrive à un bâtiment autour duquel sont attroupés pas mal de gens. Devant leur curiosité, je leur raconte un peu de mon aventure. Une des dames (agées), admirative, m’offre même des gateaux secs. Je repars peu après eux, le temps de remplir ma gourde. Dix minutes plus tard, une nouvelle pause s’impose : il commence à faire chaud et le pantalon s’avère gênant pour grimper, il faut l’enlever… Le temps paraît s’éclaircir au fur et à mesure de la montée. A 10h15, j’apercois enfin la côte orientale. Mais ce n’est qu’une joie de courte durée. Le parcours continue sa montée et s’enfonce de plus en plus dans les nuages. J’arriverai finalement au refuge d’Usciolu à 11h30, sans être sorti du nuage une seule fois…
Je peux m’y choisir un matelas et installer mes affaires avant d’aller manger ma purée à la soupe et mon morceau de pâté (sans pain, le gardien étant provisoirement absent) dans la cuisine. Le gardien ne revient qu’à 13h30 et ne tarde d’ailleurs pas à faire payer les occupants du refuge et à faire sortir les campeurs des bâtiments. Le ciel est toujours aussi couvert… La boutique du gardien est assez complète. Le pain, certes pas très frais, est vendu 2€ ce qui reste raisonnable par rapport à certaines épiceries de villages. Je profite également de ne rien avoir à faire pour faire plus ample connaissance avec les autres groupes de randonneurs, dormir et jouer au tarot avec les étudiants en médecine. La chance est avec moi d’ailleurs !
Je retourne à la cuisine vers 18h00 pour me préparer le même repas qu’au midi. Mais comme j’ai entamé le sachet de purée, je ne me rend pas compte des doses… La purée est délayée. Ca va qu’il y avait du pain avec le pâté ! Je retourne ensuite au dortoir où je ne tarde pas à m’endormir, toujours dans les nuages.

18/07/2002
J’avais prévu de me lever à 06h00 mais les autres gens étaient plus matinaux que moi et c’est difficile de rester endormi quand tout le monde sort des dortoirs ! Le déjeuner est rapide, je démarre à 06h20. C’est également à cette heure là que je me rend enfin compte qu’il n’y a pas un nuage ! La journée promet d’être belle… enfin ! Je démarre à peu près en même temps que les collègues étudiants mais me perd quelque peu dans les premières escalades, pas assez réveillé et sans personne pour me prévenir quand je rate une marque ! Les vues sont splendides, ça fait plaisir de voir le paysage. Le décor varie énormément en plus. Il passe d’une crête escarpée à un vaste plateau zébré de ruisseaux bordés de pozzines en passant par une forêt d’aulnes. Je profite d’un de ces ruisseaux pour faire une première vraie pause vers 08h00. La passerelle suspendue en bois que j’attend depuis le début du GR se trouve enfin quelques centaines de mètres plus loin ! Une fois celle-ci passée, il faut entamer la montée vers l’Alcudina, plus haut sommet de Corse du Sud. Les premiers nuages commencent à arriver. Au plus le temps passe au plus ils paraissent menaçants… Le chemin passe à coté d’un cadavre de vache. Ce n’est pas dérangeant en soi, mais les mouches qui en sortent et qui ne nous lâchent plus avant la fin de la montée le sont beaucoup plus. Une fois au sommet, j’ai à peine le temps d’apercevoir les aiguilles de Bavella qu’elles sont absorbées par un épais brouillard ! Une petite pause, et c’est reparti pour la dernière descente. Elle est terrible, les genoux ont du mal à supporter. J’arrive encore une fois à me perdre, retrouvant mon chemin uniquement grâce aux gens que j’aperçois sur le sentier. Je ne suis pas mécontent d’atteindre le refuge, aux environs de 13h00. Là, aucune pancarte pour interdire l’accès au refuge aux campeurs, mais forcément, il n’y a aucune vaisselle… Ca ne sert donc à rien de dormir au refuge, je vais tenter de dormir à la belle étoile. Le ciel est de pire en pire, on ne voit même plus le sommet d’où je viens d’arriver. Une autre menace pèse : des cochons rôdent autour du refuge. Je m’installe puis part à la quête d’une casserole qui me sera prêtée par l’un des six qui m’avaient proposé de randonner avec eux, qui était parti tout seul devant sur cette étape, afin de se dégourdir les jambes, les autres marchant trop lentement pour lui. Ne souhaitant pas le déranger de nouveau le soir, je me prépare une dose de riz suffisante pour deux repas, j’entame la boîte de sardines et vide celle de concentré de tomates.
Le soleil faisant de la résistance juste au-dessus du refuge et le vent soufflant un peu, je me décide ensuite à faire un peu de lessive, laissant mes affaires à mon emplacement.
ERREUR FATALE ! J’avais à peine commencé depuis une demi-heure quand j’entends qu’on m’appelle : un cochon est en train de vider mon sac… Le temps que je réagisse, les autres l’avaient fait fuir, mais il devait se trouver là depuis quelques temps déjà. Bilan : Mon repas du soir (riz à la sauce tomate / sardines) ainsi que mon reste de pain disparus, la majorité des sacs plastiques, le sac de fringues et le sachet de purée éventrés… J’essaie de l’éloigner à coups de cailloux, mais rien à faire, il a la peau dure. J’emmène donc toute la nourriture restante avec moi auprès du lavabo pour finir la lessive, tandis que le cochon revient vérifier qu’il ne reste rien… Les dégâts auraient pu être plus importants. J’apprend également que contrairement à ce qu’on m’avait dit, le refuge ne vend pas de pain. Je vais donc devoir tenir jusqu’au col de Bavella le lendemain sans pain, uniquement avec les barres de céréales et les fruits secs.
Il y a de moins en moins de soleil. Je vais peut-être devoir porter des habits mouillés demain... Heureusement qu’il n’y a pas eu de pluie en plus, ça aurait été la totale !
La gardienne remonte enfin à 17h45. Elle n’a effectivement pas de pain. Je décide de lui acheter quand même quelques bricoles pour le soir, j’ai la flemme de refaire cuire du riz. Je ne le regratterai pas : elle m’offre une tomate et ne me fait payer que 3€ pour deux tablettes de chocolat et une belle part de tomme de brebis. Ca suffira à me rassasier pour le soir. Je devrai même pouvoir garder une tablette de chocolat pour le lendemain. La dame du refuge est en fait très gentille avec tout le monde, elle offre oranges et tomates à la pelle. Je commence à boucler mon sac pour la nuit vers 18h25 de sorte que je puisse le rentrer au refuge pour la nuit puis je m’enfouis dans mon sac de couchage. Dès 19h00. La dernière activité de la journée sera la prise de photos de Bavella, enfin à découvert, les nuages étant descendus dans le fond de la vallée.

19/07/2002
Les cochons ne sont pas venus m’embêter. J’ai même très bien dormi, mais tout est trempé. Il y a une rosée impressionnante. Je déjeune comme prévu sans pain mais avec une tablette de chocolat entière ! Départ à 06h20. Je me perd déjà au bout d’une demi-heure. J’ai décidément du mal à me réveiller. Je retrouve difficilement mon chemin en attendant les gens que je venais de doubler. Je m’arrête pour la première fois au niveau de la pancarte « Variante Alpine ». Il faut faire un choix. Après tout, la variante n’est pas beaucoup plus dure que le GR et ce n’est pas grand chose comparé à tout ce qui a été fait avant. Je m’y jette. La montée débouche au pied des deux plus grosses aiguilles de Bavella. La vue est superbe. Malgré une attention partculière, je n’apercois ni mouflons ni gypaètes barbus. Tant pis, je continue ma route. Malheureusement, celle-ci s’enfonce droit dans les nuages. Apparement l’amélioration ne sera toujours pas pour aujourd’hui. Toutes les petites aiguilles de la suite du parcours sont noyées dans la brume. Il faudra quasiment attendre le col de Bavella pour passer définitivement sous les nuages. La descente vers le village est des plus désagréables. Des dizaines de touristes empruntent le même chemin, gênant parfois la progression. Au village, je retrouve le collègue qui la veille m’avait prêté la casserole. J’apprends qu’en fait il ne fait pas partie comme je le soupçonnais du groupe de six, mais qu’il s’était joint à eux depuis que les sept autres personnes de son groupe initial avaient abandonné à Tatonne. Il faudra attendre jusqu’à 10h15 pour que la boulangère arrive (avec ses croissants !) pour pouvoir repartir. La dernière vraie montée de ce GR est assez longue, et la pause à Foce Finosa bien méritée. C’est là que me rattrape le gars retrouvé au col. Je le suis (difficlement) jusqu’au refuge. Arrivée à 11h30.
Le gardien a l’air super sympa. Il a mis plein de panneaux expliquant la nature Corse autour du refuge et accueille les gens en jouant des airs de flûte qui résonnent dans toute la vallée. Mais il est encore tôt, j’hésite à repartir, je ne sais pas s’il y aura encore des navettes à Conca. Finalement après avoir avalé quelques tranches de pain au lait concentré, je me décide à partir. S’il n’y a plus de navettes, j’irais au camping. L’étape est plutôt tranquille et jolie, dommage que le ciel soit autant chargé en nuages. Soudain au détour d’un ruisseau j’apercois Anne-Lise, Cédric et Stéphane (les étudiants) en train de faire une pause. Je m’arrête également. J’apprends que la veille, alors qu’ils avaient prévu de dormir à Bavella, ils ont été obligés de descendre en stop au camping de Zonza à 9kms, le seul gîte auquel ils s’étaient adressés étant complet. Ils ont donc du remonter le matin même une nouvelle fois en stop avant de pouvoir partir, doucement car les chevilles à Cédric commençaient à souffrir.
Ayant proposé de me descendre à Porto-Vecchio, je finis la journée avec eux. Arrivée définitive à 16h30, après une longue descente. Nous sommes décus, il n’y a même pas un panneau pour marquer la fin du GR ou l’entrée dans Conca. Il n’y a aucune boutique de souvenir non plus. On se pose dans un bar en attendant Flo et Mag, leurs deux camarades du départ qui ont arrêté à Vizzavona et qui font office de taxi. Heureusement que Cédric a une assez grande voiture, parce que même dans une Classe A on est un peu serrés à 4 derrière. M’ayant ramené jusqu'au camping A Matonara, ils décident de s’installer là aussi.
Je retrouve enfin Max et Camille tout juste rentrés de la plage de Santa Giulia, leur pèlerinage quotidien. Le temps d’enlever les chaussures, de prendre une bonne douche chaude et je décide de payer ma pizza pour fêter mon anniversaire et la fin de cette aventure attendue depuis si longtemps ! On retourne donc à la pizzeria du camping où les pizzas sont toujours aussi bonnes et le service rapide. Et puis comme on ne finit pas le GR20 tous les jours, je me permet aussi une crèpe à la glace vanille, nutella et chantilly : excellent après 15 jours de régime forcé !!! Mais, il se fait tard, je n’ai plus l’habitude de me coucher à des heures aussi tardives et nous rentrons donc directement pour ranger la tente avant de nous endormir.

[...]

 


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