ViaJacobi : Etape 8a, de Werthenstein à Willisau
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English version
Le brouillard est de retour. Pas le joli brouillard automnal qui s’étire en rubans le long des flancs de montagne et ajoute du charme à des paysages qui sinon seraient ordinaires. Le brouillard d’aujourd’hui est tenace, gris et humide, du genre qui peut enfermer la Suisse centrale sous une chape glaciale pendant des jours sans fin à cette époque de l’année. Devant la gare de Lucerne, je me retrouve mêlé à un grand groupe de touristes asiatiques : j’espère pour eux qu’ils vont suffisamment en altitude pour être au-dessus de cette grisaille.
Une demi-heure de train m’amène à Werthenstein (554 m), dont l’ancien monastère franciscain a l’air bien sombre sur son rocher au-dessus de la Kleine Emme, sa toiture encore blanchie par les derniers restes de la neige tombée à Noël, il y a presque un mois, qui n’a toujours pas complètement fondu. La sortie du village est raide, d’abord sur la route, puis sur un sentier étroit qui m’amène après quelques minutes aux maisons de Wiprächtigen (624 m). Après quelques centaines de mètres à nouveau sur la route, un sentier herbeux bifurque à gauche et plonge dans un vallon, où il franchit un ruisseau sur une passerelle près de la scierie de Bielmüli (590 m).
La ViaJacobi monte à nouveau pour sortir du vallon, traverse la route qui va de Wolhusen à Ruswil, passe dans une cour de ferme, puis continue par un chemin caillouteux entre bosquets et champs en direction du village de Buholz. Loin de se dissiper, le brouillard ne fait que s’empirer : il semblerait que j’ai choisi de marcher précisément à l’altitude où il est le plus épais ! C’est un de ces jours où, faute de paysages à regarder, à photographier ou à décrire, on doit chercher l’intérêt dans de petits détails. Justement, du côté de Buholz, on semble vouloir à tout prix séparer les cavaliers des randonneurs, avec un panneau à côté du sentier demandant aux premiers de circuler à gauche et aux seconds de rester à droite. Vu l’état du sentier, qui de toute façon est trop étroit pour permettre à un randonneur et un cavalier de se croiser, tout le monde semble avoir choisi de marcher dans l’ornière du milieu. Un peu plus loin, dans les bois, un autre panneau envoie cavaliers et marcheurs sur des sentiers distincts. Je me demande s’il y a eu des accidents impliquant chevaux et randonneurs qui ont donné lieu à toutes ces instructions, je n’ai jamais vu ça ailleurs.
À la lisière de la forêt au-dessus de Buholz (622 m), je fais une pause déjeuner aussi courte que frigorifiante sur un banc. Je me suis déjà arrêté ici lors d’une randonnée en décembre 2020 : ce jour-là, il y avait une jolie vue sur un petit lac, le Soppisee. Quatre ans plus tard, je ne peux que faire confiance à la carte qui m’indique qu’il existe encore, car je n’en vois pas la moindre trace, tellement le brouillard est épais. Un peu plus loin, trois sièges en plastique sont fixés sur une grosse bûche au bord de chemin, de manière plutôt incongrue. Ils ressemblent à des sièges de stade et m’avaient déjà intrigué il y a quatre ans. Une seule chose a changé : en 2020, ils étaient jaune vif, maintenant ils sont blancs. Ont-ils perdu toute leur couleur en si peu de temps, ou bien quelqu’un a-t-il simplement récupéré d’autres sièges dans un autre stade entre-temps ?
Le sentier serpente à travers de vastes étendues herbeuses sans repères, hormis quelques arbres isolés, et m’amène au village de Geiss, à 614 mètres d’altitude. Je n’y ai pas vu de chèvres : d’ailleurs, je n’ai pas non plus vu de bonnet de bain à la ferme de Badhut, plus loin. À Geiss, la moitié des maisons semblent être en cours de construction ou de rénovation, avec l’enseigne de la même entreprise sur tous les chantiers… espérons qu’ils ne manquent pas de personnel !
A la sortie de Geiss, il faut subir un long tronçon de bitume, un peu plus d’un kilomètre, avant de retrouver un sentier qui monte doucement à travers champs jusqu’au point culminant de l’étape à 670 mètres. Enfin, alors que je commence la descente vers Willisau, le brouillard se dissipe : il était temps, mais au moins, j’aurai du soleil pour la dernière heure de marche.
Je passe devant plusieurs fermes, dont l’une arbore un panneau particulièrement sympathique avec le dessin d’un chien qui aboie et un texte franchement menaçant : Ma maison, mon jardin, ma famille, entrez à vos risques et périls. Un simple Attention au chien n’aurait-il pas suffi ? Les habitants du coin ne semblent pas vouloir que les randonneurs traversent leur terrain : un peu plus loin, à Schattfeld, je dois faire un détour très raide pour contourner une ferme par au-dessus, alors qu’il y a un chemin qui permettrait pourtant de traverser tout droit.
L’arrivée du soleil transforme complètement le paysage alors que j’amorce la descente dans la vallée d’Ostergau. Le fond de la vallée, plat et marécageux, est occupé par un réseau de lacs bleu-gris sous la lumière hivernale, tandis que les arbres projettent de longues ombres sur les pentes herbeuses au-dessus. Willisau n’est plus très loin : la petite ville possède a un joli centre, mais en arrivant par le ViaJacobi, on ne le voit pas. La vue est dominée par une zone industrielle démesurée pour la taille de la ville, où une entreprise de vente par correspondance bien connue affiche fièrement son nom sur la façade d’un entrepôt aussi immense que laid. Peu importe, je verrai le côté plus joli de Willisau au début de la prochaine étape : pour l’instant, je prends la direction la gare et du train qui me ramène à la maison, à la fin d’une étape pas très satisfaisante.
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Le brouillard est de retour. Pas le joli brouillard automnal qui s’étire en rubans le long des flancs de montagne et ajoute du charme à des paysages qui sinon seraient ordinaires. Le brouillard d’aujourd’hui est tenace, gris et humide, du genre qui peut enfermer la Suisse centrale sous une chape glaciale pendant des jours sans fin à cette époque de l’année. Devant la gare de Lucerne, je me retrouve mêlé à un grand groupe de touristes asiatiques : j’espère pour eux qu’ils vont suffisamment en altitude pour être au-dessus de cette grisaille.
Une demi-heure de train m’amène à Werthenstein (554 m), dont l’ancien monastère franciscain a l’air bien sombre sur son rocher au-dessus de la Kleine Emme, sa toiture encore blanchie par les derniers restes de la neige tombée à Noël, il y a presque un mois, qui n’a toujours pas complètement fondu. La sortie du village est raide, d’abord sur la route, puis sur un sentier étroit qui m’amène après quelques minutes aux maisons de Wiprächtigen (624 m). Après quelques centaines de mètres à nouveau sur la route, un sentier herbeux bifurque à gauche et plonge dans un vallon, où il franchit un ruisseau sur une passerelle près de la scierie de Bielmüli (590 m).
La ViaJacobi monte à nouveau pour sortir du vallon, traverse la route qui va de Wolhusen à Ruswil, passe dans une cour de ferme, puis continue par un chemin caillouteux entre bosquets et champs en direction du village de Buholz. Loin de se dissiper, le brouillard ne fait que s’empirer : il semblerait que j’ai choisi de marcher précisément à l’altitude où il est le plus épais ! C’est un de ces jours où, faute de paysages à regarder, à photographier ou à décrire, on doit chercher l’intérêt dans de petits détails. Justement, du côté de Buholz, on semble vouloir à tout prix séparer les cavaliers des randonneurs, avec un panneau à côté du sentier demandant aux premiers de circuler à gauche et aux seconds de rester à droite. Vu l’état du sentier, qui de toute façon est trop étroit pour permettre à un randonneur et un cavalier de se croiser, tout le monde semble avoir choisi de marcher dans l’ornière du milieu. Un peu plus loin, dans les bois, un autre panneau envoie cavaliers et marcheurs sur des sentiers distincts. Je me demande s’il y a eu des accidents impliquant chevaux et randonneurs qui ont donné lieu à toutes ces instructions, je n’ai jamais vu ça ailleurs.
À la lisière de la forêt au-dessus de Buholz (622 m), je fais une pause déjeuner aussi courte que frigorifiante sur un banc. Je me suis déjà arrêté ici lors d’une randonnée en décembre 2020 : ce jour-là, il y avait une jolie vue sur un petit lac, le Soppisee. Quatre ans plus tard, je ne peux que faire confiance à la carte qui m’indique qu’il existe encore, car je n’en vois pas la moindre trace, tellement le brouillard est épais. Un peu plus loin, trois sièges en plastique sont fixés sur une grosse bûche au bord de chemin, de manière plutôt incongrue. Ils ressemblent à des sièges de stade et m’avaient déjà intrigué il y a quatre ans. Une seule chose a changé : en 2020, ils étaient jaune vif, maintenant ils sont blancs. Ont-ils perdu toute leur couleur en si peu de temps, ou bien quelqu’un a-t-il simplement récupéré d’autres sièges dans un autre stade entre-temps ?
Le sentier serpente à travers de vastes étendues herbeuses sans repères, hormis quelques arbres isolés, et m’amène au village de Geiss, à 614 mètres d’altitude. Je n’y ai pas vu de chèvres : d’ailleurs, je n’ai pas non plus vu de bonnet de bain à la ferme de Badhut, plus loin. À Geiss, la moitié des maisons semblent être en cours de construction ou de rénovation, avec l’enseigne de la même entreprise sur tous les chantiers… espérons qu’ils ne manquent pas de personnel !
A la sortie de Geiss, il faut subir un long tronçon de bitume, un peu plus d’un kilomètre, avant de retrouver un sentier qui monte doucement à travers champs jusqu’au point culminant de l’étape à 670 mètres. Enfin, alors que je commence la descente vers Willisau, le brouillard se dissipe : il était temps, mais au moins, j’aurai du soleil pour la dernière heure de marche.
Je passe devant plusieurs fermes, dont l’une arbore un panneau particulièrement sympathique avec le dessin d’un chien qui aboie et un texte franchement menaçant : Ma maison, mon jardin, ma famille, entrez à vos risques et périls. Un simple Attention au chien n’aurait-il pas suffi ? Les habitants du coin ne semblent pas vouloir que les randonneurs traversent leur terrain : un peu plus loin, à Schattfeld, je dois faire un détour très raide pour contourner une ferme par au-dessus, alors qu’il y a un chemin qui permettrait pourtant de traverser tout droit.
L’arrivée du soleil transforme complètement le paysage alors que j’amorce la descente dans la vallée d’Ostergau. Le fond de la vallée, plat et marécageux, est occupé par un réseau de lacs bleu-gris sous la lumière hivernale, tandis que les arbres projettent de longues ombres sur les pentes herbeuses au-dessus. Willisau n’est plus très loin : la petite ville possède a un joli centre, mais en arrivant par le ViaJacobi, on ne le voit pas. La vue est dominée par une zone industrielle démesurée pour la taille de la ville, où une entreprise de vente par correspondance bien connue affiche fièrement son nom sur la façade d’un entrepôt aussi immense que laid. Peu importe, je verrai le côté plus joli de Willisau au début de la prochaine étape : pour l’instant, je prends la direction la gare et du train qui me ramène à la maison, à la fin d’une étape pas très satisfaisante.
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Tourengänger:
stephen

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