ViaJacobi : Etape 11, de Giswil à Brienzwiler
|
||||||||||||||||||||||||
![]() |
![]() |
English version
Je pense que c’est la première fois que je prends le train qui relie Lucerne à Interlaken à 9h00 un matin de semaine en été, et je suis étonné par le nombre de touristes avec qui je partage le wagon pour le trajet de trente minutes jusqu'à Giswil. Il y a des vieux touristes, des jeunes touristes, des touristes japonais, des touristes indiens, des touristes avec des poussettes et des bébés, des touristes avec d'énormes valises, des touristes qui boivent du Red Bull qui pue, des touristes de toutes les nationalités imaginables.
Deux Américains s'assoient en face de moi, puis se rendent compte que les places qu’ils ont prises sont réservées aux utilisateurs de fauteuils roulants et se lèvent à nouveau. Je leur dis qu’ils peuvent y rester tant que personne ne se présente en fauteuil roulant (peu probable étant donné que le train est sur le point de partir), à quoi l'un d'eux répond "Ah, you must be a local". Je ne sais pas trop quoi en penser : est-ce qu’il me félicite pour mes connaissances d'initié, ou est-il en train d’insinuer que les locaux ne respectent pas les règles ? Derrière moi, deux femmes discutent d'où elles viennent et où elles vont, et j'entends l'une d'elles demander à l'autre : "So what language do you speak in Chile… Latin?".
Les touristes vont tous à Interlaken - que je n'atteindrai que demain après-midi, à pied - et personne d'autre ne descend du train à Giswil (485 m). Le soleil est déjà chaud alors que je commence l’étape, d’abord par un chemin ombragé au bord de la rivière, puis autour du pied de la petite colline sur laquelle est construite l'église du village, et à travers la plaine de la rivière Giswileraa.
La montée de 550 mètres de Giswil au col de Brünig est divisée en deux parties distinctes, séparées par une section centrale plus plate autour du Lungerersee. La première partie de la montée commence au hameau de Buechholz : un chemin en bordure de la forêt monte vers le sud, avec une belle vue en arrière sur la plaine, avec la haute flèche blanche de l'église de Giswil qui s’élève vers le ciel au milieu du paysage, entre des prés au premier plan et des collines boisées au fond.
Le Brünigpass est traversé par une route très fréquentée - c'est l'itinéraire le plus direct entre la Suisse centrale et l'Oberland bernois - et maintenant le sentier de randonnée l’aborde pour la première fois, passant au-dessus d’elle sur une passerelle à côté d'un grand chantier de construction et d'un hôtel qui semble être fermé et laissé à l’abandon. De l'autre côté de la route, je monte par des lacets plus raides, sans que le bruit de la circulation et du chantier ne diminue vraiment. Le sentier longe la voie ferrée pendant un moment, puis monte jusqu'à Sommerweid (708 m), où je fais une première pause pour boire de l'eau : c'est la journée la plus chaude de l'année jusqu'à présent et je suis un peu à la peine.
La première montée est désormais finie. De Sommerweid, je descends doucement vers la gare de Kaiserstuhl (702 m), à l'extrémité nord du lac de Lungern. En traversant la route principale, je manque de me faire écraser par un car de tourisme italien qui se dirige vers Lucerne : bien que je sois sur un passage piéton, quelque chose me dit qu’il ne va pas s'arrêter, alors je me retiens... et heureusement, car le bus passe à toute vitesse, sans la moindre intention de ralentir. En passant, le chauffeur me fait un geste dont la signification ne laisse aucun doute : "La route est à moi, tu peux aller te faire f****".
Entouré de montagnes, le Lungerersee fait environ trois kilomètres et demi de long et est un lac naturel, même si on pourrait penser qu’il s’agit d’une lac de barrage artificiel. Il est connu pour la pêche (une affiche à la gare de Lungern vante la pêche et de la chasse comme activités touristiques principales ici), et aussi pour sa couleur turquoise particulièrement remarquable vue depuis le train, qui passe au-dessus de sa rive orientale. La route longe également le bord est du lac : heureusement, l'itinéraire de la ViaJacobi suit le côté ouest beaucoup plus calme. Je longe l'extrémité nord du lac, où des touristes ont garé leurs voitures et prennent des photos devant l'eau bleue et le fond de montagnes enneigées : c'est le paradis des selfies et cela se comprend.
Sur le côté ouest du lac, je suis une petite route qui passe devant une église et une zone de baignade à Bürglen, puis s’enfonce dans une petite vallée séparée du lac par une colline boisée. Le calme est total et est d'autant plus appréciable après le bruit de la route en dessous de Kaiserstuhl. Le seul bruit ici est celui du chant des oiseaux ; la colline occulte complètement le vacarme de la route sur l’autre rive du lac. Je croise pas mal de cyclistes, par groupes de deux ou trois, dont plusieurs transportent des sacoches chargées et des sacs de couchage, manifestement partis pour un tour de plusieurs jours... très tentant. La route se transforme en piste gravillonnée qui continue vers le sud avec le lac en contrebas, agréablement ombragée sous les arbres. Il y a quelques petites montées et descentes mineures, mais pendant une heure entre Kaiserstuhl et Obsee à l'extrémité sud du lac, on marche essentiellement à plat. J’arrive à Obsee au moment où les écoles libèrent leurs élèves pour la pause déjeuner, et je croise de nombreux enfants des vélos et de trottinettes de toutes les tailles et couleurs, rentrant chez eux pour manger.
Obsee marque le début de la deuxième grosse montée de la journée, vers le Brünigpass situé 300 mètres plus haut. Le début de la montée est raide, heureusement en forêt et à l'abri du soleil devenu très chaud. Malheureusement, le sentier n’est jamais très loin de la route qui serpente tantôt en dessous, tantôt au-dessus : bien qu’invisible la plupart du temps, le bruit de la route est constant. Le terrain est escarpé et rocheux par endroits ; à un endroit, l’itinéraire passe à la base d'une falaise verticale. Par endroits, des pavés anciens rappellent un passé important : ce chemin servait comme voie commerciale bien avant la construction de la route du coi et de l’invention de la randonnée pédestre comme activité de loisir. Un peu plus loin, le sentier est fermé en raison de chutes de pierres : sur environ 400 mètres, il n'y a pas d'autre alternative que de marcher le long de la route elle-même, tandis que des camions et des bus passent à des vitesses qui semblent excessives pour une route aussi sinueuse. Ce n'est pas très agréable, mais au moins c’est un mardi et les motards du week-end sont absents.
À un carrefour de plusieurs chemins (Letzi, 948 m), la ViaJacobi s'éloigne enfin de la route, descendant brusquement et de manière inattendue dans une belle vallée. Le fond de la vallée est parsemé de chalets, tandis que ses versants sont densément boisés. De l'autre côté, un petit train rouge et blanc monte lentement vers le col, tandis que des tracteurs vont et viennent, fauchant l'herbe verte pour faire du foin. Je m'arrête ici pour déjeuner, assis sur une grande racine à l'ombre d’un grand arbre face à cette jolie vue. Il faut encore environ une demi-heure pour atteindre le Brünigpass. La montée se fait par un joli sentier qui reste à l'ombre au-dessus des champs, juste à la lisière des bois sur le côté nord de la vallée. Ce n'est que pour les 200 derniers mètres avant le col que la ViaJacobi longe à nouveau la route.
Conseil n° 1: il y a d’autres chemins qui permettent de monter au Brünigpass depuis Obsee et Lungern. Les concepteurs de la ViaJacobi ont choisi de suivre la voie historique – ce qui se comprend - mais il pourrait être préférable de suivre l'un des autres sentiers, qui restent plus éloignés de la grande route. Les différents itinéraires convergent tous dans la vallée où j'ai pique-niqué.
Marquant la frontière entre les cantons d'Obwald et de Berne, le Brünigpass (1008 m) est un endroit très fréquenté. En plus de l’intersection de la route Lucerne-Interlaken avec celle du Hasliberg, il y a une gare plusieurs départs de lignes de bus. Mon intention initiale était de m’arrêter ici et de rentrer en train, mais il est seulement une heure et demie et il semble dommage de ne pas profiter de l'après-midi, d'autant plus que m'arrêter ici rendrait quasiment impossible d'atteindre Interlaken - la destination logique de la prochaine étape - demain. Le prochain endroit avec accès aux transports publics est le village de Brienzwiler, à deux heures de marche d'ici, et je décide de continuer, mais pas avant d’avoir rempli ma gourde dans les toilettes de la gare : avec cette chaleur, j'ai déjà bu un litre et demi et elle est vide.
Je pensais que la suite de l’étape serait en descente : j’avais même prévu d'écrire que le Brünigpass marque la dernière incursion de la ViaJacobi au-dessus de la courbe de niveau des 1 000 mètres. Mais après avoir longé la route en descente pendant une vingtaine de minutes, l’itinéraire part sur la droite, loin de la route du col (que je ne reverrai heureusement plus), et commence à monter à nouveau. À ma gauche, il y a un nouveau paysage avec les premières montagnes de l'Oberland bernois, malheureusement terni par la brume de chaleur qui a estompé les couleurs. Au-dessus de la ferme de Brääch (1018 m), le sentier plonge dans la forêt, montant toujours et me faisant vérifier la carte au cas où je me serais trompé quelque part. La montée se termine enfin à un carrefour de chemins (Uochwald, 1080 m) : cette fois, je peux dire avec certitude qu'entre ici et Genève, je n'atteindrai plus cette altitude.
Jusqu’ici, presque toute l’étape s’est déroulée en montée : maintenant viennent 500 mètres de descente raide jusqu'à la gare de Brienzwiler. Se faufilant entre des barres rocheuses et sous de hautes falaises, le sentier serpente, souvent difficile à voir car tout est couvert d'une couche de feuilles mortes. Il serait assez facile de s'égarer ici, il faut faire attention aux marques de balisage jaunes sur les troncs d'arbres. Je me demande si c'est vraiment le chemin historique de Compostelle, ou si la ViaJacobi moderne a été tracée de cette manière pour éviter la route… à certains endroits pourtant, le chemin est bordé d'un vieux mur de soutènement en pierres sèches, ce qui suggère au moins qu'il s'agit d'une voie ancienne. En sortant de la forêt au-dessus de Brienzwiler, l'eau bleue du lac de Brienz apparaît pour la première fois, en dessous des pentes abruptes du Brienzergrat qui s'étend d'ici jusqu'à Interlaken, offrant une alternative bien plus sérieuse que la ViaJacobi.
Depuis le centre de Brienzwiler (679 m), un joli village aux rues étroites et aux vieilles maisons en bois, il reste encore 40 minutes de marche jusqu'à la gare, en contrebas dans la vallée. La ViaJacobi continue vers l'ouest à partir d'ici, la gare se trouve hors itinéraire et le tronçon entre le village et la gare est dénué d'intérêt, entièrement sur des routes.
Conseil n°2 : N’allez pas jusqu'à la gare de Brienzwiler. Depuis le centre du village, il y a des bus toutes les heures vers les gares de Brünig (pour ceux qui continuent vers Lucerne ou Zurich) et de Brienz (pour ceux qui vont à Berne). Je ne commettrai pas la même erreur demain matin…
En attendant, ayant ignoré mon propre conseil n°2, je marche le long d'une route chaude et poussiéreuse, au milieu d’un chantier, atteignant la gare avec trois minutes d'avance avant le départ du train pour Meiringen, où heureusement j'ai le temps d'acheter une canette de bière bien méritée en attendant la correspondance pour Lucerne.
Etape suivante
Etape précédente
Je pense que c’est la première fois que je prends le train qui relie Lucerne à Interlaken à 9h00 un matin de semaine en été, et je suis étonné par le nombre de touristes avec qui je partage le wagon pour le trajet de trente minutes jusqu'à Giswil. Il y a des vieux touristes, des jeunes touristes, des touristes japonais, des touristes indiens, des touristes avec des poussettes et des bébés, des touristes avec d'énormes valises, des touristes qui boivent du Red Bull qui pue, des touristes de toutes les nationalités imaginables.
Deux Américains s'assoient en face de moi, puis se rendent compte que les places qu’ils ont prises sont réservées aux utilisateurs de fauteuils roulants et se lèvent à nouveau. Je leur dis qu’ils peuvent y rester tant que personne ne se présente en fauteuil roulant (peu probable étant donné que le train est sur le point de partir), à quoi l'un d'eux répond "Ah, you must be a local". Je ne sais pas trop quoi en penser : est-ce qu’il me félicite pour mes connaissances d'initié, ou est-il en train d’insinuer que les locaux ne respectent pas les règles ? Derrière moi, deux femmes discutent d'où elles viennent et où elles vont, et j'entends l'une d'elles demander à l'autre : "So what language do you speak in Chile… Latin?".
Les touristes vont tous à Interlaken - que je n'atteindrai que demain après-midi, à pied - et personne d'autre ne descend du train à Giswil (485 m). Le soleil est déjà chaud alors que je commence l’étape, d’abord par un chemin ombragé au bord de la rivière, puis autour du pied de la petite colline sur laquelle est construite l'église du village, et à travers la plaine de la rivière Giswileraa.
La montée de 550 mètres de Giswil au col de Brünig est divisée en deux parties distinctes, séparées par une section centrale plus plate autour du Lungerersee. La première partie de la montée commence au hameau de Buechholz : un chemin en bordure de la forêt monte vers le sud, avec une belle vue en arrière sur la plaine, avec la haute flèche blanche de l'église de Giswil qui s’élève vers le ciel au milieu du paysage, entre des prés au premier plan et des collines boisées au fond.
Le Brünigpass est traversé par une route très fréquentée - c'est l'itinéraire le plus direct entre la Suisse centrale et l'Oberland bernois - et maintenant le sentier de randonnée l’aborde pour la première fois, passant au-dessus d’elle sur une passerelle à côté d'un grand chantier de construction et d'un hôtel qui semble être fermé et laissé à l’abandon. De l'autre côté de la route, je monte par des lacets plus raides, sans que le bruit de la circulation et du chantier ne diminue vraiment. Le sentier longe la voie ferrée pendant un moment, puis monte jusqu'à Sommerweid (708 m), où je fais une première pause pour boire de l'eau : c'est la journée la plus chaude de l'année jusqu'à présent et je suis un peu à la peine.
La première montée est désormais finie. De Sommerweid, je descends doucement vers la gare de Kaiserstuhl (702 m), à l'extrémité nord du lac de Lungern. En traversant la route principale, je manque de me faire écraser par un car de tourisme italien qui se dirige vers Lucerne : bien que je sois sur un passage piéton, quelque chose me dit qu’il ne va pas s'arrêter, alors je me retiens... et heureusement, car le bus passe à toute vitesse, sans la moindre intention de ralentir. En passant, le chauffeur me fait un geste dont la signification ne laisse aucun doute : "La route est à moi, tu peux aller te faire f****".
Entouré de montagnes, le Lungerersee fait environ trois kilomètres et demi de long et est un lac naturel, même si on pourrait penser qu’il s’agit d’une lac de barrage artificiel. Il est connu pour la pêche (une affiche à la gare de Lungern vante la pêche et de la chasse comme activités touristiques principales ici), et aussi pour sa couleur turquoise particulièrement remarquable vue depuis le train, qui passe au-dessus de sa rive orientale. La route longe également le bord est du lac : heureusement, l'itinéraire de la ViaJacobi suit le côté ouest beaucoup plus calme. Je longe l'extrémité nord du lac, où des touristes ont garé leurs voitures et prennent des photos devant l'eau bleue et le fond de montagnes enneigées : c'est le paradis des selfies et cela se comprend.
Sur le côté ouest du lac, je suis une petite route qui passe devant une église et une zone de baignade à Bürglen, puis s’enfonce dans une petite vallée séparée du lac par une colline boisée. Le calme est total et est d'autant plus appréciable après le bruit de la route en dessous de Kaiserstuhl. Le seul bruit ici est celui du chant des oiseaux ; la colline occulte complètement le vacarme de la route sur l’autre rive du lac. Je croise pas mal de cyclistes, par groupes de deux ou trois, dont plusieurs transportent des sacoches chargées et des sacs de couchage, manifestement partis pour un tour de plusieurs jours... très tentant. La route se transforme en piste gravillonnée qui continue vers le sud avec le lac en contrebas, agréablement ombragée sous les arbres. Il y a quelques petites montées et descentes mineures, mais pendant une heure entre Kaiserstuhl et Obsee à l'extrémité sud du lac, on marche essentiellement à plat. J’arrive à Obsee au moment où les écoles libèrent leurs élèves pour la pause déjeuner, et je croise de nombreux enfants des vélos et de trottinettes de toutes les tailles et couleurs, rentrant chez eux pour manger.
Obsee marque le début de la deuxième grosse montée de la journée, vers le Brünigpass situé 300 mètres plus haut. Le début de la montée est raide, heureusement en forêt et à l'abri du soleil devenu très chaud. Malheureusement, le sentier n’est jamais très loin de la route qui serpente tantôt en dessous, tantôt au-dessus : bien qu’invisible la plupart du temps, le bruit de la route est constant. Le terrain est escarpé et rocheux par endroits ; à un endroit, l’itinéraire passe à la base d'une falaise verticale. Par endroits, des pavés anciens rappellent un passé important : ce chemin servait comme voie commerciale bien avant la construction de la route du coi et de l’invention de la randonnée pédestre comme activité de loisir. Un peu plus loin, le sentier est fermé en raison de chutes de pierres : sur environ 400 mètres, il n'y a pas d'autre alternative que de marcher le long de la route elle-même, tandis que des camions et des bus passent à des vitesses qui semblent excessives pour une route aussi sinueuse. Ce n'est pas très agréable, mais au moins c’est un mardi et les motards du week-end sont absents.
À un carrefour de plusieurs chemins (Letzi, 948 m), la ViaJacobi s'éloigne enfin de la route, descendant brusquement et de manière inattendue dans une belle vallée. Le fond de la vallée est parsemé de chalets, tandis que ses versants sont densément boisés. De l'autre côté, un petit train rouge et blanc monte lentement vers le col, tandis que des tracteurs vont et viennent, fauchant l'herbe verte pour faire du foin. Je m'arrête ici pour déjeuner, assis sur une grande racine à l'ombre d’un grand arbre face à cette jolie vue. Il faut encore environ une demi-heure pour atteindre le Brünigpass. La montée se fait par un joli sentier qui reste à l'ombre au-dessus des champs, juste à la lisière des bois sur le côté nord de la vallée. Ce n'est que pour les 200 derniers mètres avant le col que la ViaJacobi longe à nouveau la route.
Conseil n° 1: il y a d’autres chemins qui permettent de monter au Brünigpass depuis Obsee et Lungern. Les concepteurs de la ViaJacobi ont choisi de suivre la voie historique – ce qui se comprend - mais il pourrait être préférable de suivre l'un des autres sentiers, qui restent plus éloignés de la grande route. Les différents itinéraires convergent tous dans la vallée où j'ai pique-niqué.
Marquant la frontière entre les cantons d'Obwald et de Berne, le Brünigpass (1008 m) est un endroit très fréquenté. En plus de l’intersection de la route Lucerne-Interlaken avec celle du Hasliberg, il y a une gare plusieurs départs de lignes de bus. Mon intention initiale était de m’arrêter ici et de rentrer en train, mais il est seulement une heure et demie et il semble dommage de ne pas profiter de l'après-midi, d'autant plus que m'arrêter ici rendrait quasiment impossible d'atteindre Interlaken - la destination logique de la prochaine étape - demain. Le prochain endroit avec accès aux transports publics est le village de Brienzwiler, à deux heures de marche d'ici, et je décide de continuer, mais pas avant d’avoir rempli ma gourde dans les toilettes de la gare : avec cette chaleur, j'ai déjà bu un litre et demi et elle est vide.
Je pensais que la suite de l’étape serait en descente : j’avais même prévu d'écrire que le Brünigpass marque la dernière incursion de la ViaJacobi au-dessus de la courbe de niveau des 1 000 mètres. Mais après avoir longé la route en descente pendant une vingtaine de minutes, l’itinéraire part sur la droite, loin de la route du col (que je ne reverrai heureusement plus), et commence à monter à nouveau. À ma gauche, il y a un nouveau paysage avec les premières montagnes de l'Oberland bernois, malheureusement terni par la brume de chaleur qui a estompé les couleurs. Au-dessus de la ferme de Brääch (1018 m), le sentier plonge dans la forêt, montant toujours et me faisant vérifier la carte au cas où je me serais trompé quelque part. La montée se termine enfin à un carrefour de chemins (Uochwald, 1080 m) : cette fois, je peux dire avec certitude qu'entre ici et Genève, je n'atteindrai plus cette altitude.
Jusqu’ici, presque toute l’étape s’est déroulée en montée : maintenant viennent 500 mètres de descente raide jusqu'à la gare de Brienzwiler. Se faufilant entre des barres rocheuses et sous de hautes falaises, le sentier serpente, souvent difficile à voir car tout est couvert d'une couche de feuilles mortes. Il serait assez facile de s'égarer ici, il faut faire attention aux marques de balisage jaunes sur les troncs d'arbres. Je me demande si c'est vraiment le chemin historique de Compostelle, ou si la ViaJacobi moderne a été tracée de cette manière pour éviter la route… à certains endroits pourtant, le chemin est bordé d'un vieux mur de soutènement en pierres sèches, ce qui suggère au moins qu'il s'agit d'une voie ancienne. En sortant de la forêt au-dessus de Brienzwiler, l'eau bleue du lac de Brienz apparaît pour la première fois, en dessous des pentes abruptes du Brienzergrat qui s'étend d'ici jusqu'à Interlaken, offrant une alternative bien plus sérieuse que la ViaJacobi.
Depuis le centre de Brienzwiler (679 m), un joli village aux rues étroites et aux vieilles maisons en bois, il reste encore 40 minutes de marche jusqu'à la gare, en contrebas dans la vallée. La ViaJacobi continue vers l'ouest à partir d'ici, la gare se trouve hors itinéraire et le tronçon entre le village et la gare est dénué d'intérêt, entièrement sur des routes.
Conseil n°2 : N’allez pas jusqu'à la gare de Brienzwiler. Depuis le centre du village, il y a des bus toutes les heures vers les gares de Brünig (pour ceux qui continuent vers Lucerne ou Zurich) et de Brienz (pour ceux qui vont à Berne). Je ne commettrai pas la même erreur demain matin…
En attendant, ayant ignoré mon propre conseil n°2, je marche le long d'une route chaude et poussiéreuse, au milieu d’un chantier, atteignant la gare avec trois minutes d'avance avant le départ du train pour Meiringen, où heureusement j'ai le temps d'acheter une canette de bière bien méritée en attendant la correspondance pour Lucerne.
Etape suivante
Etape précédente
Tourengänger:
stephen

Communities: Randonneur
Minimap
0Km
Klicke um zu zeichnen. Klicke auf den letzten Punkt um das Zeichnen zu beenden
Kommentare