ViaJacobi : Etape 10, de Kerns à Giswil
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English version
Mon employeur m’ayant gentiment rappelé que j’ai un solde monumental de congés non utilisés, je prends trois jours au milieu de juin, avec l'intention de poursuivre mon parcours du sentier national N°4, sans vraiment savoir jusqu'où j’arriverai. J'avais initialement prévu ces congés à la fin mai mais les ai reportés à la dernière minute, face à une prévision météo qui n’augurait rien de bon. La décision s’est avéré bonne, car maintenant je peux profiter de trois jours de soleil presque constant, une denrée rare en ce début d’été.
Une combinaison de train et de bus me mène en moins d'une heure de Lucerne à Sand (569 m) au-dessus de Kerns, d'où il suffit de dix minutes pour revenir au point où j'ai quitté la ViaJacobi il y a deux jours. L'étape précédente comportait beaucoup de routes d’alpage goudronnées et je m'attends à la même chose aujourd’hui, mais à ma surprise, je me retrouve très vite sur un sentier herbeux étroit entre des prairies : pour les trois premières heures de l'étape, il n'y a presque pas de bitume.
Je ne marche pas habituellement en semaine, et je remarque immédiatement des différences significatives par rapport à mes randonnées habituelles du dimanche. D'une part, je ne vois presque pas d'autres marcheurs ou cyclistes ; d'autre part, l'activité agricole est omniprésente : chaque champ semble en cours de fauchage, avec des tracteurs qui font des allers-retours pour couper l'herbe et des paysans qui rassemblent le foin en lignes bien droites, prêtes à être ramassé et mis en ballots. Le ciel est sans nuages et l'air est limpide : le Stanserhorn, qui était complètement perdu dans la grisaille il y a 48 heures, s'élève maintenant, rocheux et pointu, dans le ciel bleu. Près de la ferme de Gisigen (655 m), le chemin passe à la base d'une falaise surplombante inattendue qui semble être surgie de nulle part au milieu des prairies.
Au-delà de St. Antoni (706 m), où il y a une chapelle avec une tour bulbeuse typique de la région, le chemin monte entre les champs jusqu'à la crête d'une élévation herbeuse entre deux vallons. Je marche depuis une heure et la matinée est devenue chaude, alors je m'assois sur un banc pour boire de l'eau, et j’y reste encore vingt minutes pour faire un croquis du paysage, habitude que j'ai perdue ces 3 ou 4 dernières années. Un milan royal plane au-dessus de moi, cherchant de petits animaux qui pourraient bouger sous l'herbe fraîchement coupée. Au sud, le lac de Sarnen apparaît en contrebas, son eau très bleue sous le soleil du matin.
Cette section agréable avec des vues panoramiques dans toutes les directions continue jusqu'au couvent dominicain de Bethanien (810 m), dont la taille des bâtiments modernes m’interpelle : le nombre de religieuses de nos jours justifie-t-il vraiment une telle construction ? Vient maintenant le seul tronçon goudronné significatif de la journée, d’abord en descente jusqu’au village de St. Niklausen, puis en montée raide jusqu'à l'église située bien au-dessus du centre du village (827 m, point culminant de l’étape). Contrairement à la plupart des églises et chapelles que j'ai vues en chemin, celle-ci a une tour en pierre carrée, séparée du bâtiment blanc de l'église et probablement beaucoup plus ancienne.
Devant moi se trouve la profonde vallée de la Melchaa, la rivière qui descend de la vallée du Melchtal au sud-est. De l'autre côté de la vallée, un grand hôtel dans le village de Flüeli-Ranft pourrait sortir tout droit du film The Shining. Un sentier raide descend depuis l'église, traverse la route cantonale, puis continue à descendre entre les prairies vers le fond de ce qui est en fait plus une gorge qu'une vallée. À deux tiers de la descente, un replat est occupé par une autre chapelle blanche (Müslikapelle, 718 m), à côté de laquelle une table avec deux bancs en bois est un endroit parfait pour la pause déjeuner. Le ciel s'est assombri et une ou deux gouttes de pluie tombent timidement, mais l'interlude nuageux ne dure pas longtemps. Deux jeunes femmes passent pendant que je mange mes sandwiches, les seules autres randonneuses que je vois aujourd'hui.
La dernière partie de la descente vers le pont sur la Melchaa à Ranft (643 m) est très raide, avec des marches en bois qui seraient probablement glissantes par conditions humides. Au 15ème siècle, un homme politique et magistrat local nommé Niklaus von Flüe a décidé de renoncer au monde quotidien et de devenir ermite, laissant sa femme et ses dix enfants pour passer les vingt dernières années de sa vie au fond de cette gorge. Cela lui a valu un statut de célébrité digne d'un influenceur moderne. L'une des deux chapelles au bord de la rivière porte la date de 1501 au-dessus de sa porte d'entrée. Inévitablement, la descente raide vers Ranft est suivie d'une montée tout aussi raide vers le village de Flüeli situé au-dessus (728 m). Je monte les interminables marches et lacets du sentier lentement : lorsque j'arrive enfin en haut, un panneau m'informe que j'ai gravi 303 marches... maintenant je comprends pourquoi je suis en sueur !
Maintenant, le paysage change, et le reste de l’étape est dominé par l’eau bleue du lac de Sarnen. Le sentier est d'abord plus ou moins horizontal, puis entame la descente vers le lac. Le soleil est revenu et le début d'après-midi est chaud, on a vraiment l'impression d'être en été pour la première fois cette année. Entre les fermes de Lanzenbüel et Niederried, je passe une demi-heure assis sur l'herbe à dessiner une vue qui s'étend vers le Giswilerstock, où quelques plaques de neige subsistent encore.
En descente raide, j'arrive bientôt au village de Sachseln (479 m), au bord du lac. C’est un petit coin de paradis : à seulement 20 minutes de Lucerne en train, c'est l'un de ces villages prisés où les autochtones ont du mal à trouver un logement, évincés du marché par des cadres à la recherche d’un peu de paix après le stress du bureau. En haut du village, des immeubles modernes avec de grands balcons profitent au maximum de la vue, tandis que la place principale a des fontaines, des restaurants et une boulangerie. Je remplis ma gourde avec de l'eau délicieusement froide à l'une des fontaines, attirant des regards incompréhensifs d'un groupe de vieux hommes jouant à la pétanque lorsque je plonge aussi ma casquette dans la fontaine avant de la remettre sur ma tête... dans une demi-heure, le soleil l'aura déjà séchée.
Pour la dernière heure et demie de cette étape de la ViaJacobi, le chemin est complètement plat et suit le sentier du bord du lac, entre la voie ferrée sur la gauche et le lac sur la droite. D'abord tout près de l'eau, le chemin est ensuite séparé de la berge par des maisons. L'une d'elles, qui porte une plaque indiquant Mon Repos, est peinte d'une teinte orange criarde qui doit sûrement être la couleur la moins reposante imaginable ! Ces itinéraires de bord de lac peuvent devenir monotones après un certain temps, et la dernière demi-heure de l’étape est moins intéressante, surtout une fois dépassée l'extrémité sud du lac. Je franchis un torrent presque à sec sur un pont : c'est la première fois cette année que je vois autre chose que des cours d’eau en crue. Enfin, la piste poussiéreuse rejoint la route principale à quelques centaines de mètres au nord de la gare de Giswil.
Dans l'ensemble, cette jolie étape campagnarde a dépassé mes attentes. Demain, je reviendrai pour continuer en direction du Brünigpass et des grands lacs de l'Oberland bernois.
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Mon employeur m’ayant gentiment rappelé que j’ai un solde monumental de congés non utilisés, je prends trois jours au milieu de juin, avec l'intention de poursuivre mon parcours du sentier national N°4, sans vraiment savoir jusqu'où j’arriverai. J'avais initialement prévu ces congés à la fin mai mais les ai reportés à la dernière minute, face à une prévision météo qui n’augurait rien de bon. La décision s’est avéré bonne, car maintenant je peux profiter de trois jours de soleil presque constant, une denrée rare en ce début d’été.
Une combinaison de train et de bus me mène en moins d'une heure de Lucerne à Sand (569 m) au-dessus de Kerns, d'où il suffit de dix minutes pour revenir au point où j'ai quitté la ViaJacobi il y a deux jours. L'étape précédente comportait beaucoup de routes d’alpage goudronnées et je m'attends à la même chose aujourd’hui, mais à ma surprise, je me retrouve très vite sur un sentier herbeux étroit entre des prairies : pour les trois premières heures de l'étape, il n'y a presque pas de bitume.
Je ne marche pas habituellement en semaine, et je remarque immédiatement des différences significatives par rapport à mes randonnées habituelles du dimanche. D'une part, je ne vois presque pas d'autres marcheurs ou cyclistes ; d'autre part, l'activité agricole est omniprésente : chaque champ semble en cours de fauchage, avec des tracteurs qui font des allers-retours pour couper l'herbe et des paysans qui rassemblent le foin en lignes bien droites, prêtes à être ramassé et mis en ballots. Le ciel est sans nuages et l'air est limpide : le Stanserhorn, qui était complètement perdu dans la grisaille il y a 48 heures, s'élève maintenant, rocheux et pointu, dans le ciel bleu. Près de la ferme de Gisigen (655 m), le chemin passe à la base d'une falaise surplombante inattendue qui semble être surgie de nulle part au milieu des prairies.
Au-delà de St. Antoni (706 m), où il y a une chapelle avec une tour bulbeuse typique de la région, le chemin monte entre les champs jusqu'à la crête d'une élévation herbeuse entre deux vallons. Je marche depuis une heure et la matinée est devenue chaude, alors je m'assois sur un banc pour boire de l'eau, et j’y reste encore vingt minutes pour faire un croquis du paysage, habitude que j'ai perdue ces 3 ou 4 dernières années. Un milan royal plane au-dessus de moi, cherchant de petits animaux qui pourraient bouger sous l'herbe fraîchement coupée. Au sud, le lac de Sarnen apparaît en contrebas, son eau très bleue sous le soleil du matin.
Cette section agréable avec des vues panoramiques dans toutes les directions continue jusqu'au couvent dominicain de Bethanien (810 m), dont la taille des bâtiments modernes m’interpelle : le nombre de religieuses de nos jours justifie-t-il vraiment une telle construction ? Vient maintenant le seul tronçon goudronné significatif de la journée, d’abord en descente jusqu’au village de St. Niklausen, puis en montée raide jusqu'à l'église située bien au-dessus du centre du village (827 m, point culminant de l’étape). Contrairement à la plupart des églises et chapelles que j'ai vues en chemin, celle-ci a une tour en pierre carrée, séparée du bâtiment blanc de l'église et probablement beaucoup plus ancienne.
Devant moi se trouve la profonde vallée de la Melchaa, la rivière qui descend de la vallée du Melchtal au sud-est. De l'autre côté de la vallée, un grand hôtel dans le village de Flüeli-Ranft pourrait sortir tout droit du film The Shining. Un sentier raide descend depuis l'église, traverse la route cantonale, puis continue à descendre entre les prairies vers le fond de ce qui est en fait plus une gorge qu'une vallée. À deux tiers de la descente, un replat est occupé par une autre chapelle blanche (Müslikapelle, 718 m), à côté de laquelle une table avec deux bancs en bois est un endroit parfait pour la pause déjeuner. Le ciel s'est assombri et une ou deux gouttes de pluie tombent timidement, mais l'interlude nuageux ne dure pas longtemps. Deux jeunes femmes passent pendant que je mange mes sandwiches, les seules autres randonneuses que je vois aujourd'hui.
La dernière partie de la descente vers le pont sur la Melchaa à Ranft (643 m) est très raide, avec des marches en bois qui seraient probablement glissantes par conditions humides. Au 15ème siècle, un homme politique et magistrat local nommé Niklaus von Flüe a décidé de renoncer au monde quotidien et de devenir ermite, laissant sa femme et ses dix enfants pour passer les vingt dernières années de sa vie au fond de cette gorge. Cela lui a valu un statut de célébrité digne d'un influenceur moderne. L'une des deux chapelles au bord de la rivière porte la date de 1501 au-dessus de sa porte d'entrée. Inévitablement, la descente raide vers Ranft est suivie d'une montée tout aussi raide vers le village de Flüeli situé au-dessus (728 m). Je monte les interminables marches et lacets du sentier lentement : lorsque j'arrive enfin en haut, un panneau m'informe que j'ai gravi 303 marches... maintenant je comprends pourquoi je suis en sueur !
Maintenant, le paysage change, et le reste de l’étape est dominé par l’eau bleue du lac de Sarnen. Le sentier est d'abord plus ou moins horizontal, puis entame la descente vers le lac. Le soleil est revenu et le début d'après-midi est chaud, on a vraiment l'impression d'être en été pour la première fois cette année. Entre les fermes de Lanzenbüel et Niederried, je passe une demi-heure assis sur l'herbe à dessiner une vue qui s'étend vers le Giswilerstock, où quelques plaques de neige subsistent encore.
En descente raide, j'arrive bientôt au village de Sachseln (479 m), au bord du lac. C’est un petit coin de paradis : à seulement 20 minutes de Lucerne en train, c'est l'un de ces villages prisés où les autochtones ont du mal à trouver un logement, évincés du marché par des cadres à la recherche d’un peu de paix après le stress du bureau. En haut du village, des immeubles modernes avec de grands balcons profitent au maximum de la vue, tandis que la place principale a des fontaines, des restaurants et une boulangerie. Je remplis ma gourde avec de l'eau délicieusement froide à l'une des fontaines, attirant des regards incompréhensifs d'un groupe de vieux hommes jouant à la pétanque lorsque je plonge aussi ma casquette dans la fontaine avant de la remettre sur ma tête... dans une demi-heure, le soleil l'aura déjà séchée.
Pour la dernière heure et demie de cette étape de la ViaJacobi, le chemin est complètement plat et suit le sentier du bord du lac, entre la voie ferrée sur la gauche et le lac sur la droite. D'abord tout près de l'eau, le chemin est ensuite séparé de la berge par des maisons. L'une d'elles, qui porte une plaque indiquant Mon Repos, est peinte d'une teinte orange criarde qui doit sûrement être la couleur la moins reposante imaginable ! Ces itinéraires de bord de lac peuvent devenir monotones après un certain temps, et la dernière demi-heure de l’étape est moins intéressante, surtout une fois dépassée l'extrémité sud du lac. Je franchis un torrent presque à sec sur un pont : c'est la première fois cette année que je vois autre chose que des cours d’eau en crue. Enfin, la piste poussiéreuse rejoint la route principale à quelques centaines de mètres au nord de la gare de Giswil.
Dans l'ensemble, cette jolie étape campagnarde a dépassé mes attentes. Demain, je reviendrai pour continuer en direction du Brünigpass et des grands lacs de l'Oberland bernois.
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Tourengänger:
stephen

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