ViaJacobi : quatrième étape, de Fischingen à Fischenthal

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Malgré leurs noms similaires et leurs emblèmes presque identiques (tous deux représentant des poissons, ce qui ne fait pas preuve de beaucoup d’imagination), les villages de Fischingen et de Fischenthal se trouvent dans deux vallées différentes, séparées par des collines sur lesquelles il faut passer au cours de cette étape. Après trois étapes essentiellement horizontales, celle-ci demande nettement plus d’effort.

Je prends le train jusqu'à Wil, puis un bus jusqu'au terminus de la ligne devant l’ancien monastère de Fischingen (624 m). Il fait plutôt gris et frais, et je regrette de ne pas avoir pris de gants avec moi. Ça monte dès le début, par une petite route qui gagne rapidement 60 mètres de hauteur avant de devenir moins raide, avec une vue sur le monastère et le village derrière en contrebas. La première demi-heure de marche se fait sur revêtement dur, avant que celui-ci ne cède la place à une piste forestière qui m'amène bientôt au hameau d'Au (691 m), où il n'y a pas grand-chose à part une église surdimensionnée par rapport aux quelques maisons qui l'entourent.

De nouveau en montée assez raide, un sentier grimpe entre des fermes, dont l'une annonce sa spécialité d’élevage d’une race d'agneau rare, tandis que plus haut, des dindes blanches gargouillent devant un bâtiment qui se targue d'être le Trutenparadies, "Paradis des dindes". On peut se demander si les volatiles sont d'accord avec cette revendication pendant qu’ils attendent patiemment le prochain Noël. Je poursuis ma montée par pâturages et forêts, avant de redescendre vers Allenwinden (913 m), où le sentier rejoint brièvement une route principale. Je ne saurais pas dire si tous les vents soufflent à Allenwinden, mais celui du sud-est y souffle, je peux l’affirmer !

J’ai vu peu d’autres randonneurs jusqu'à présent, mais il y a plusieurs parkings à Allenwinden et je vois beaucoup plus de monde à partir d'ici, surtout des familles qui montent au Hörnli, petit sommet panoramique non loin au-dessus. Le soleil, qui n'était jusqu'à présent qu'un rond blanc pâle derrière un voile de nuages, tente une percée, mais ne réussit qu’à éclairer l'endroit d'où je viens plutôt que celui où je me trouve. Je pique-nique sur un banc à la lisière d'une zone boisée, d'où il y a une vue étendue vers le nord et l'ouest. Je suis à l'abri du vent, mais je l’entends hurler dans les cimes des arbres au-dessus et je me demande quelles conditions m’attendent au sommet du Hörnli, près de 200 mètres plus haut.

Je continue par une piste forestière qui monte en pente douce, tandis que le vent continue de faire plier et craquer les arbres au-dessus de moi. J’arrive à une grande clairière (Silberbüel, 985 m), où plusieurs sentiers convergent juste en dessous des falaises sommitales du Hörnli, et d'où il y a une belle vue vers le massif des Churfirsten, série de pics pointus blanchis par la neige fraîche. La piste fait place à un sentier plus étroit et la pente augmente considérablement. Les 50 derniers mètres avant le sommet sont vraiment raides, avec de nombreux lacets et des marches en bois. Une odeur de frites se répand dans l'air pour annoncer mon arrivé en haut.

Alors que je m'attendais à être emporté par la tempête, je suis surpris de découvrir qu’il n'y a pas de vent sur le plateau sommital herbeux du Hörnli (1133 m), avec son restaurant et son antenne de télécommunication. C'est un point de vue superbe, en particulier vers le sud, où le panorama s'étend au-delà du Tösstal en contrebas, à travers les collines de l'Oberland zurichois jusqu'aux montagnes de l'autre côté du lac de Zurich. Plus à l'est, une autre antenne coiffe une montagne beaucoup plus haute et enneigée : je suppose qu’il s’agit du Säntis, sans en être certain.

Maintenant il faut descendre, d'abord sur une route d’alpage qui sert de piste de luge par temps de neige, puis par un sentier raide et caillouteux qui évite les virages de la route avant de la rejoindre juste au-dessus de la ferme de Tanzplatz (969 m). Le chemin continue à descendre en pente raide par une alternance de pâturages et de forêt, avant d'atteindre le fond du Tösstal juste à côté de la gare de Steg (705 m).

Cela fait un peu plus de trois heures que je marche. Je pourrais m’arrêter ici et prendre le train, mais je sais que la prochaine étape sera longue, et que mes pieds seront reconnaissants si je la raccourcis en continuant un peu plus loin aujourd’hui. Je décide donc de faire les 3 kilomètres qui me séparent encore de Fischenthal. Le sentier reste dans le fond de la vallée et je crains qu’il ne soit pas très intéressant, ce que confirment les 20 prochaines minutes de marche, le long de la route, entre des bâtiments résidentiels, industriels et agricoles.

Après Schmittenbach pourtant, ça devient plus sympathique. Je quitte la route pour un sentier agréable qui serpente le long de la vallée, traversant la rivière et la ligne de chemin de fer à plusieurs reprises. Après un peu plus de quatre heures de marche depuis le début de la journée, j'arrive à Fischenthal (741 m) avec un quart d'heure d'avance sur le prochain train. Le week-end prochain, je serai de retour pour continuer jusqu'à Rapperswil en compagnie d'une amie.
 
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