Simplon : Seewen - Wyssbodehorn - Schweifjini #bunker #ruine

Ma dernière visite au dispositif de défense d'Engiloch sur l'axe du Simplon n'était hélas pas complète. Il me fallait encore toucher du regard deux ouvrages fortifiés se trouvant sur le versant orographique droit (W) du torrent de Chrummbach. Une fois de plus, la géolocalisation de ces fortins ne sera pas donnée, non pas pour des raisons de secret militaire (ils sont déclassifiés depuis bien longtemps), mais pour éviter d'éventuels actes de vandalisme que certains aimeraient faire passer pour l'expression d'un art de rue populaire ou la manifestation militante d'un progressisme révolutionnaire de salon. Bref.

Comme à l'accoutumé, ma journée commence par l'abandon de mon véhicule à quelques dizaines mètres de l'alpage de Rossbodustaful, alpage encore actif et habité durant la belle saison. Du jeune bétail vaque à sa principale occupation : paître dans les verts pâturages de Rossbodu. La scène est bucoliquement champêtre. Tout va bien.

C'est donc le coeur serein que je m'engage sur le sentier balisé qui conduit au Wyssbodehorn mais que je quitte néanmoins vers 2130m pour une autre destination : le plateau de Seewen. Du moins, est-ce le nom que j'ai pu trouver sur la carte 1:50'000 de 1947. Car il n'est fait aucunement mention du moindre toponyme dans les versions plus récentes. Ce qui est étonnant car l'alpe en question dispose de deux groupes ruines distincts dont la taille est relativement importante et laisse penser que le lieu devait être partagé par de nombreuses familles du Simplon.

Cette visite effectuée, il me faut maintenant rejoindre le sentier officiel en passant un petit col et en traversant, tant bien que mal, le vaste pierrier de Wysse Bode. Puis, c'est la longue montée le long de l'arrête E du Wyssbodehorn dont j'atteins le sommet après m'être arrêté maintes fois, je l'avoue, pour admirer le panorama. Et souffler un peu. Aussi.

Rapide pic-nic au sommet, sous l'ombrage bienvenu d'un nuage squattant le Schilthorn, pas loin. J'attaque maintenant la descente, fort caillouteuse, sur le Siwoltusee et ses eaux glacialement turquoises. Puis, c'est l'arrivée au vaste plateau de... Wysse Bode... (oui, les indigènes ne semblent pas bénéficier d'une imagination toponymique débordante). 

Vers 1875m, un ancien sentier encore bien visible permet de rejoindre la région de Schweifjini, en passant par le P.1994 et ainsi d'éviter le détour par Chluismatte. C'est dans cette zone que j'atteins le bunker inférieur dont l'entrée est camouflée par un grillage imitant la végétation. Je ne peux hélas accéder à l'extérieur du bloc de combat car la raide pente qui m'en sépare est encombrée par des arbres abattus et une végétation envahissante. Tant pis...

Le second bunker se situe plus haut. Le remblais qui se trouve au pied de son entrée, une ouverture creusée dans le rocher, en dit long sur la quantité de matière qui a été excavée. Une première embrasure se trouve à l'E est couvre la face S du Hübschhorn. A noter la présence d'un orifice qui devait probablement servir de sortie de secours. A l'W, une seconde embrasure couvre la région de Gampisch.

Je poursuis mon chemin le long des pentes de Schweifjini et rejoins le sentier menant à Stelli. Je le quitte deux-cents mètres avant cet alpage pour suivre une vague sente, bénéficiant d'un rare balisage rouge-blanc-rouge fatigué. La sente disparaît en maints endroits et il faut alors enjamber laborieusement d'encombrants buissons de rhododendrons. C'est donc cahin-caha que j'arrive à l'ex P.2170, puis, après une traversée horizontale dans de raides pentes, au passage clé qui permet d'atteindre enfin le bas du Wysse Bode (le premier du nom). De là, une sente facile atteint la crête de Galu et rejoint l'itinéraire officiel qu'il ne reste plus qu'à suivre pour revenir à Rossbodu. Avant la nuit, c'est mieux.

Une bien belle journée ce fut !