Pico Ruivo : en traversée Arrieiro - Ruivo - Encumeada

La rando-phare de l'ile selon les topos (en dehors des fameuses levadas), qui permet de traverser la chaine centrale de l'ile par ses plus hauts sommets dont le Pico Ruivo (1862m), point culminant. Une altitude modeste sauf si on songe que l'ile ne fait que 740 km carrés, moins du 10ème de la Corse par exemple. Paysages à couper le souffle tout du long (les escaliers y contribuent aussi...) avec parois de basaltes gluantes de végétation tropicale, aiguilles rocheuses d'allure imprenable, fleurs partout, mer au loin de chaque coté...

Le "sentier" sic de l'Arrieiro au Ruivo a été créé de toutes pièces il y a 50 ans à grand coups de tunnels, vires taillées dans la paroi, balustrades, ponts...il permet de traverser une longue arête hérissée de tours rocheuses qui vue de loin semble parfaitement infranchissable. Un effort invraisemblable avec les moyens de l'époque : il n'y a pas d'hélico sur l'ile aujourd'hui encore...garder donc en tête qu'en cas de pépin ce sont les pompiers qui viendront vous chercher avec des brancards. Bref quand on voit l'isolement et la topographie de certains itinéraires mieux vaut bien regarder ses pieds pour éviter de se tordre une patte !

Ne pas se fier à l'altitude des sommets : plus de 500 m de D+ pour passer de l'Arrieiro (1818m) au Ruivo (1862m), et encore quasiment autant dans la descente (sic) sur le Col de l'Encumeada (1009m). De façon générale il n'y a quasiment pas un mètre carré de plat sur l'ile, en dehors des fameuses levadas (les bisses locaux) ou de la piste de l'aéroport - et encore elle est construite sur pilotis entre mer et montagne. Pas non plus un mètre de plage digne de ce nom, en outre, ce qui limite pas mal le tourisme de masse.

Pour les amateurs de vélo en montagne sur de petites routes privées de traffic, l'ile est également un paradis...en tous cas sur la carte...sur le terrain c'est plutôt l'enfer avec une des plus fortes concentrations au monde de routes à (très) fort pourcentage. Je n'avais pas pu résister à la tentation d'un raid "sea to summit" de Funchal à l'Arrieiro la veille (+1870m), jamais gravi auparavant un tel dénivelé sur des rampes aussi rebelles !

Itinéraire détaillé : du parking du Pico do Arrieiro (1818m, auberge), emprunter le chemin sécurisé jusqu'au Pico Ruivo (décrit ici) qu'on atteint en environ 3h de marche (+550m). Le parcours oriental semble définitivement abandonné (situation avril 2021). Revenir à la bifurcation 50m sous le sommet, puis s'engager à G sur le sentier balisé PR 1.3. Il ondule fortement (+450m malgré le profil descendant) sur l'épaule W du Ruivo en remontant au voisinage du Pico Jorge avant de descendre brutalement sur le col de l'Encumeada (1009m). 5h de marche supplémentaire, 8h au total. Sauf à disposer de 2 véhicules, dépose taxi obligatoire à l'Arrieiro tôt le matin. Retour possible en bus depuis l'Encumeada vers Funchal mais les bus sont rares...

Conditions du jour : itinéraire parfaitement balisé tout du long, impossible de se perdre (en dehors du chemin c'est soit le maquis soit le vide, parfois les deux...). Tous les (nombreux) endroits aériens sont parfaitement sécurisés. Entre l'Arrieiro et le Ruivo, seul le chemin usuel du flanc W est ouvert, l'autre ne semble plus entretenu. La traversée sur l'Encumeada était officiellement fermée, sans doute en raison du nombre d'arbres couchés suite à la tempête de fin mars - elle était néanmoins praticable avec un peu de bonne volonté. Enormément d'escaliers pavés tout du long, genoux robustes de rigueur (ceux d'Agnès ont modérément apprécié les 1800m de D-...le chirurgien qui l'a opérée hier le lui a gentiment fait remarquer !).

Croisé une quinzaine de personnes jusqu'au refuge sous le Ruivo, un peu plus de monde entre refuge et sommet, par contre juste 2 Allemands en 5h sur la longue traversée sauvage vers l'Encumeada. Grâce (sic) au Covid, la fréquentation touristique était à peu près divisée par 4 selon les locaux. Gros bémol : la magnifique forêt de bruyères arborescentes ne s'est pas encore remise des terribles incendies de 2010, les troncs blancs calcinés et pétrifiés en sont le seul témoin.

Météo : comme la veille, grand beau temps, le matin, nappes de brouillard ponctuelles l'après-midi. Vent faible, températures agréables (8° au départ, 18° maxi en cours de journée).

Accès : nous avons négocié une dépose à l'Arrieiro le matin et une reprise à l'Encumeada l'après-midi avec Daniel, adorable, un puit de science sur la botanique de son ile. Il était également dans ses jeunes années (avant que ses genoux ne le trahissent lui-aussi) un randonneur averti qui nous a donné plein d'idées de levadas praticables avec mes vieux parents. 80 € pour nous trois. On a longuement papoté en portugais, mais il parle aussi un excellent anglais.

Restauration : le refuge sous le Ruivo était ouvert (boissons + snacks) mais on ne peut pas y dormir. L'auberge du sommet de l'Arrieiro est également ouverte tous les jours, ainsi que le bistrôt du col de l'Encumeada, bien pratique pour attendre bus ou taxi.

Horaire : départ 7h45, arrivée 16h30 : 3h net jusqu'au Ruivo puis 5h net jusqu'à l'Encumeada (8h total) + 45mn de pauses.

Participants : La famille au 3/4...Agnès, Arnaud et moi