Du nord au sud : Seizième étape, d'Engelberg à Brüsti


Publiziert von stephen , 2. Oktober 2018 um 20:33.

Region: Welt » Schweiz » Obwalden
Tour Datum:29 September 2018
Wandern Schwierigkeit: T2 - Bergwandern
Wegpunkte:
Geo-Tags: CH-UR   CH-OW 
Zeitbedarf: 6:00
Aufstieg: 1345 m
Abstieg: 810 m
Strecke:Engelberg - Blackenalp - Surenenpass - Brüsti
Zufahrt zum Ausgangspunkt:cff logo Engelberg
Zufahrt zum Ankunftspunkt:cff logo Brüsti

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Pour cette nouvelle étape de ma traversée nord-sud de la Suisse je suis accompagné par Isabelle, qui était déjà présente lors des trois premières journées de marche, le week-end de Pâques dans le Jura. Debout de bonne heure car l'étape est assez longue, nous sommes prêts à démarrer à neuf heures devant la gare d'Engelberg. Il fait gris et le ciel est bas : c'était prévu, mais nous savons qu'au-dessus des stratus il fera beau. Jusqu'à quelle altitude exactement nous devrons monter pour trouver le soleil, nous ne le découvrirons que plus tard.

Depuis la gare (999 m), nous traversons l'Engelberger Aa, puis suivons la rivière vers le sud-est et longeons un parcours de golf où quelques joueurs tapent dans la petite balle blanche malgré la grisaille humide. La météo semble avoir découragé les randonneurs et nous ne verrons que peu de monde sur les sentiers.

Par une succession de longs faux-plats montants, nous gagnons de l'altitude presque imperceptiblement. Au-dessus de Herrenrüti, nous nous enfonçons dans la couche la plus épaisse des stratus et la visibilité diminue. J'ai déjà traversé le Surenenpass dans le brouillard  en 2010 et n'ai pas spécialement envie de le refaire. J'espérais que nous pourrions profiter de la vue dès le départ aujourd'hui, mais de toute évidence ce ne sera pas le cas. Nous aurions peut-être dû choisir une autre région pour ce samedi, mais je veux absolument passer ce col avant que l'automne s'installe pour de bon, sinon mon projet nord-sud risque de rester en rade jusqu'au mois de juin prochain. L'absence de panorama focalise mon attention sur le sentier lui-même qui, avouons-le, n'a rien d'exceptionnel : d'Engelberg presque jusqu'au col, c'est de la piste.

Nous passons devant les restaurants d'alpage d'Alpenrösli (1258 m) et de Stäfeli (1392 m), tous deux déjà fermés pour la fin de saison. L'été a été tellement chaud et tellement long qu'on a de la peine à imaginer qu'après-demain, ce sera octobre.

Au-dessus de Stäfeli, la vallée rétrécit et le sentier devient un peu plus raide, remontant vers une cascade de taille assez importante. Nous voyons enfin quelques signes encourageants qui laissent croire que la limite supérieure des stratus n'est plus très loin : le gris ambiant est un peu moins uniforme, quelques rayons de soleil timides éclairent l'herbe d'une lumière pâle, la forme des montagnes environnantes se dessine un peu plus à travers le brouillard. Vers 1500 mètres, nous apercevons du ciel bleu et les nuages s'en vont complètement, laissant brièvement apparaître un paysage dont nous ne pouvions deviner l'existence… mais deux minutes plus tard la brume revient et, lorsque nous arrivons au carrefour de chemins en haut de la cascade (1633 m), nous nous trouvons dans une vraie purée de pois.

La pente s'atténue et nous poursuivons à nouveau en faux-plat ascendant, au-dessus d'un torrent entendu mais pas vu en raison du brouillard devenu vraiment épais : on voit à peine au-delà de 20 mètres. Je commence à me dire que nous allons faire la randonnée entière sans rien voir et que cette journée sera une perte de temps.
Puis le miracle survient, de manière inattendue et très rapidement. La forme blanche de la chapelle de Blackenalp (1769 m) apparaît juste au-dessus de nous à travers la brume puis, subitement, l'arrière-plan gris est remplacé par un cirque montagneux et un ciel bleu parfait. Derrière nous, le triangle rocheux du Titlis surgit de la mer de stratus alors que devant, au-delà des chalets d'alpage de Blackenalp, tout le chemin qu'il nous reste à parcourir jusqu'au col est visible. Tout d'un coup il y a des randonneurs partout, comme s'ils s'étaient tous cachés pour attendre l'arrivée du soleil.

Nous marchons depuis trois heures et demie et nous avons enfin un beau paysage à regarder, alors profitons-en ! Juste au-dessus des chalets il y a une butte herbeuse surmontée d'une grande croix et nous nous y installons pour manger, adossés à cette dernière. J'ai préparé une soupe de carottes et de courgettes ainsi qu'une salade à base de coquillettes, champignons et saucisses. Pour sa part, Isabelle nous fournit en chocolat tout fraîchement importé depuis l'autre pays du chocolat, celui où on trempe aussi parfois les frites dans la mayonnaise…  Pendant que nous mangeons devant le panorama splendide, le brouillard s'en va et revient comme une chanson populaire… remontant depuis la vallée, il engloutit d'abord la chapelle (nous avons bien fait de monter plus haut pour manger), puis les chalets, puis il vient flirter avec notre butte, nous plongeant encore une fois dans la grisaille. Mais celle-ci est moins tenace qu'avant et le soleil reprend vite le dessus.  

Bien que la montée au Surenenpass depuis Engelberg ne soit jamais vraiment raide, la partie la plus raide vient juste après manger, ce qui n'est pas idéal. De la Blackenalp jusqu'au col il y a 500 mètres de dénivelée et, l'estomac rempli de pâtes et de chocolat Neuhaus, je suis un peu à la peine et n'arrive pas à trouver le bon rythme. Nous avançons tout de même assez bien et, vers deux heures de l'après-midi, nous arrivons au Surenenpass (2292 m). Le temps indiqué jusqu'au col à la gare d'Engelberg était de 5 heures 35 minutes, nous avons presque trois quarts d'heure d'avance.

Depuis le col, la vue est magnifique dans toutes les directions. Vers l'ouest, là d'où nous venons, nous dominons un paysage de monticules herbeux et de creux remplis par quelques petits lacs. Derrière, la vallée d'Engelberg sombre encore dans le brouillard, avec le Titlis qui en sort. A l'est, au-delà de vastes pierriers, un océan de nuages remplit la vallée qui remonte vers le Klausenpass ainsi que celle de la Reuss : c'est celle-ci que je suivrai lors des prochaines étapes, vers le col du Gotthard et le Tessin, pays enchanté qui se cache de l'autre côté.

Mais revenons à l'étape du jour : il nous reste maintenant deux heures de descente jusqu'à la station de téléphérique de Brüsti. Le versant est du Surenenpass est complètement différent de celui par lequel nous sommes montés : beaucoup plus raide et plus minéral, avec un vrai sentier de montagne é la place des pistes d'alpage. Nous descendons rapidement jusqu'à un carrefour de chemins à 2003 mètres, où Brüsti est indiqué des deux côtés. Le chemin de droite est un peu plus court mais plonge directement vers le brouillard ; nous choisissons donc celui de gauche, plus long, qui nous permettra de rester au-dessus des nuages presque jusqu'au bout. Nous traversons sous les pierriers que nous avons vus depuis le col, où des névés ont survécu même à cet été long et caniculaire… ce n'est pas pour rien que l'endroit est marqué Lang Schnee sur la carte. Vers 1900 mètres, un joli petit lac se trouve juste en bordure du chemin : son eau peu profonde est encore tiède à cette saison, et le bleu du ciel et le gris des montagnes se reflètent sur sa surface.

Nous restons à environ 1900 mètres d'altitude pendant un bon moment, suivant une crête herbeuse dont les deux versants plongent vers la mer nuageuse en dessous. Une courte descente plus raide nous mène à l'alpage de Grat (1809 m)… puis c'est le brouillard qui nous attend. Le soleil devient pâlot, le bleu du ciel devient laiteux, puis nous sommes de nouveau engloutis par ces stratus qui ont persisté toute la journée jusqu'à une altitude de 1750 mètres environ.

La fin de l'étape n'est plus très loin, mais il reste un obstacle à franchir. La crête devient plus rocheuse et plus étroite, à notre droite ça descend à pic. De solides câbles facilitent la descente jusqu'à une petite selle où le vide se trouve des deux côtés. Vient ensuite une courte montée exposée avec l'abîme à gauche cette fois-ci : ce passage est lui aussi bien sécurisé, mais le rocher est gras et glissant et, par mauvaises conditions et dans le sens de la descente, ce court tronçon demanderait de la prudence. Au-delà de ce passage, qui constitue la seule petite difficulté technique de l'étape, la crête s'élargit de nouveau et nous descendons en sous-bois au milieu des champignons jusqu'au hameau d'alpage de Brüsti (1554 m), départ d'un téléphérique qui descend vers Attinghausen dans la vallée de la Reuss. Par beau temps nous serions sans doute descendus à pied, mais nous n'avons pas vraiment envie de marcher encore pendant une heure et demie dans le brouillard.

Le petit téléphérique bleu m'a déjà paru vieux en 2010 et rien n'a changé depuis. Une plaque dans la cabine indique que celle-ci a été construite en 1975 : je me demande quelle peut être la durée de vie de ces engins ? La capacité est de 8 personnes maximum : nous sommes 9 à attendre puis à y embarquer, ce qui ne semble déranger personne, y compris l'employé qui nous fait sortir à la station intermédiaire. La descente se poursuit dans une cabine orange encore plus petite qui a dû servir à transporter soit du bétail, soit du purin… l'odeur de vache à l'intérieur est aussi saisissante qu'inattendue ! A quatre heures et demie nous sommes de retour sur terre ferme dans la vallée, avec sa voie ferrée et son autoroute du Gotthard. Juste avant de passer sous l'autoroute, un panneau jaune nous indique que nous avons retrouvé le Trans Swiss Trail, que j'ai abandonné à Giswil. Cette petite infidélité de trois étapes a été une excellente idée : maintenant il faut mettre définitivement le cap sur le sud. 

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Tourengänger: stephen
Communities: Randonneur


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