Sur le Benediktusweg, de Niederrickenbach à Engelberg

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Cette randonnée en balcon facile mais très longue relie le couvent bénédictin de Niederrickenbach au monastère d'Engelberg, d'où le nom "Benediktusweg" utilisé sur les panneaux de balisage. L'itinéraire suit également en partie le "Nidwaldner Höhenweg".

Je démarre Niederrickenbach, petit village qu'on ne peut atteindre qu'en téléphérique. La montée depuis la gare située dans le fond de la vallée est spectaculaire ; la cabine bleue passe par-dessus une gorge profonde, puis grimpe lentement au-dessus de pentes très raides recouvertes d'arbres avant d'atteindre enfin la gare supérieure.  Le panneau de balisage devant la gare du téléphérique indique un temps de marche de 8 heures et 40 minutes jusqu'à Engelberg… la journée s'annonce longue ! Niederrickenbach est un très bel endroit, un petit regroupement de maisons autour de l'église et du grand bâtisse blanc du couvent. C'est une magnifique matinée de début d'automne, avec des nappes de brume au fond de la vallée et quelques touffes de cumulus à mi-hauteur, ajoutant un élément supplémentaire au joli paysage.

Pendant une heure environ, l'itinéraire suit une large piste d'alpage, souvent en forêt. De temps en temps, une déchirure laisse apparaître le Stanserhorn, le Buochserhorn ou encore les falaises surplombant Niederrickenbach, avec les quelques chalets de la Musenalp au-dessus. Un minuscule téléphérique semble être suspendu là-haut, au milieu du vide. Après le chalet de Mittlist Hüttli, le caractère de l'itinéraire change radicalement. La piste caillouteuse fait place à un mince sentier boueux – souvent très, très boueux – qui traverse des pentes d'herbe très raides, passant de temps à autre par des bosquets et faisant des crochets pour contourner des ravins. Des nuages de mouches s'élèvent des nombreuses bouses de vaches en bourdonnant, dérangées par mon passage. Loin en dessous, dans la vallée, le klaxon d'un car postal fait écho au long sifflement d'un train. Au-dessus de l'alpage de Brändlen, où le panorama s'ouvre vers le sud, deux parapentistes sont en train de se préparer au décollage sur fond de conifères et de montagnes.

J'amorce ma descente vers Oberrickenbach, le point le plus bas de cette randonnée. Le sentier reste boueux et parfois très glissant, les pentes qu'il traverse sont parfois très raides. Un passage quelque peu exposé demande de la prudence ; ici, le sentier sécurisé par un câble sur quelques mètres contourne un ravin profond dans lequel je ne voudrais pas glisser !  J'arrive à Oberrickenbach, petit village dominé par une jolie église et par un vieil hôtel abandonné, le nombre de clients potentiels n'ayant sans doute pas suffi pour qu'il soit mis aux normes actuelles.
 
A présent, j'ai couvert la moitié de la distance de la randonnée, mais seulement un tiers de la durée. Si la première partie de l'itinéraire a été relativement plate, la suite comportera beaucoup plus de montées et de descentes. Je quitte le village, franchit le torrent du fond de la vallée et entame une raide montée de quelque 400 mètres qui m'amènera sur  l'Eggeligrat, une crête boisée qui descend des Walenstöcke loin au-dessus. A mi-montée, un pâturage ensoleillé est l'endroit parfait pour un pique-nique un peu tardif : soupe aux poireaux et pommes de terre, sandwiches au jambon et au formage et une pomme, le tout mangé face au pyramide du Brisen, avec la longue arête du Haldigrat qui en descend : ce sera normalement mon itinéraire pour demain.
Mais avant cela, il me reste encore quatre heures de marche aujourd'hui. Le sentier longe la crête boisée et presque horizontale de l'Eggeligrat, puis commence de nouveau à monter plus raide, toujours en forêt. Avant de quitter le couvert des arbres juste sous les parois et tours impressionnantes des Walenstöcke. Des lacets raides me font grimper jusqu'à Walenalp, où le sentier que je suis rejoint celui descendant de la Bannalp.

A partir d'ici, le panorama est un vrai régal. Plus rien n'obstrue la vue vers le sud et le sud-ouest ; toute la chaîne de montagnes qui ferme la vallée d'Engelberg s'étend devant mes yeux dans toute sa splendeur. Vers la droite, la silhouette du Graustock est une masse noire imposante, devant laquelle des nappes de brume et de petits nuages flottent dans l'air de fin d'après-midi. Plus au sud, devant moi, les tours enneigées des Wendenstöcke ferment l'horizon derrière des rangées de forêt et des pâturages verts, très verts encore pour la saison. Et voilà le Titlis, impressionnant et bien reconnaissable au milieu du panorama.

Le sentier atteint son point culminant à Rosenbold (1870 m), puis commence sa descente vers Engelberg. Je descends par des pâturages où des vaches broutent tranquillement, ignorant complètement l'arrière-plan grandiose. Puis, après la station du téléphérique de Ristis, le sentier plonge, raide, vers la forêt et la vallée en dessous. La grosse cloche du Kloster d'Engelberg sonne cinq heures. A 17h 30 je me trouve dans la rue principale du village, déjà désert et à l'ombre. Il reste une demi-heure avant le départ du train : la terrasse du bar en face de la gare est animée et encore en plein soleil, l'occasion n'est pas à manquer. Puis le soleil passe derrière la montagne et la température chute brusquement. En l'espace de quelques minutes, des dizaines de polaires et de vestes sont enfilées…  on est bel et bien vers la fin du mois de septembre ; à mille mètres d'altitude ce n'est plus tout à fait l'été.