Spiggegrund et Hohkien

English version here: Waterfalls and Alpine pastures in the Kiental

Au départ, mon objectif du jour était le Chilchfluepass, qui permet de relier le Kiental et le Lauterbrunnental en passant par le Spiggegrund et le Soustal, deux vallées latérales restées complètement à l'écart du développement touristique.
 
A Kiental, le panneau de balisage indique cinq heures jusqu'au col et 7h 45 jusqu'à Grütschalp… la journée va être longue ! La première montée commence dès la sortie du village, sur un sentier étroit qui monte d'abord en lisière de forêt, puis par des lacets raides et équipés de chaînes au-dessus des falaises qui gardent l'entrée de la vallée de Spiggegrund. Cette montée initiale est suivie d'une longue section plus ou moins à plat, sur un sentier qui suit la rive nord du torrent, entre bosquets et pâturages.
 
Après la bifurcation pour Schwand, la seconde grosse montée de la matinée commence – une nouvelle série de lacets raides en forêt (heureusement, car il fait chaud) me fait gagner 250 mètres d'altitude en peu de temps. Au-dessus de la forêt le sentier se perd dans un pâturage pentu et je tourne un peu en rond pour retrouver le chemin. En fait, il faut monter tout droit en longeant le bord du ravin, jusqu'à ce que l'on tombe sur une petite route d'alpage et un panneau de balisage.
 
Cette route m'offre de nouveau un peu de répit après la montée rude que je viens de faire. Elle descend légèrement jusqu'à Gruenerli puis, en forêt, monte en pente douce jusqu'à Glütschnessli. Commence alors la troisième – et plus raide – montée de la journée. Le sentier, caillouteux et en plein soleil, grimpe au pied d'une haute barre rocheuse, franchissant plusieurs torrents dans lesquels je n'hésite pas à plonger mes bras et mon visage pour me rafraîchir.  Le sentier passe près du chalet isolé de Bärefeld, monte au pied d'une belle cascade puis, après avoir franchi le torrent une dernière fois, mène à Hohkien, l'alpage le plus élevé de cette vallée.
 
Hohkien est un bel endroit, un vaste plateau d'altitude traversé par un torrent, parsemé de quelques chalets et entouré de barres rocheuses. L'endroit me fait immédiatement penser à l'Engstligenalp au-dessus d'Adelboden. Des chèvres viennent me dire bonjour derrière le chalet principal ; un peu plus loin, c'est un grand troupeau de vaches qui occupe le centre du plateau.
 
Je commence la dernière montée vers le col. Le sentier est très peu marqué ; il y a des balises peintes sur les rochers mais, par mauvaise visibilité, l'itinéraire ne serait pas évidente à trouver. Je passe le torrent et commence à monter à flanc de montagne vers une sorte de petit cirque rocheux qui, visiblement, constitue la seule brèche dans le mur de falaises qui entoure l'alpage. Le col ne doit plus être très loin – encore 200 mètres de montée environ. Mais je n'y arriverai pas. Arrivé au pied du petit cirque, je monte au début d'une vire étroite sous un grand surplomb et au-dessus d'une barre rocheuse.  Le sentier emprunte cette vire, très étroite et exposée sur une vingtaine de mètres, pour accéder au terrain moins raide qui se trouve au-dessus. Le passage est sécurisé par un câble et en groupe je serais sans doute passé, mais tout seul je n'ose pas y aller.
 
Il est toujours frustrant de faire demi-tour mais je sais que c'est la seule décision raisonnable. Je redescends alors par le même chemin jusqu'à Gruenerli puis, pour varier un peu, je prends la petite route qui suit la rive sud du torrent jusqu'à Spiggegrund, où je retrouve mon itinéraire de la matinée pour la dernière heure de marche jusqu'à Kiental.