Tour du Mont Rose (deuxième partie)


Publiziert von stephen , 5. Juli 2006 um 19:47.

Region: Welt » Schweiz » Wallis » Oberwallis
Tour Datum: 1 August 2004
Wandern Schwierigkeit: T3 - anspruchsvolles Bergwandern
Wegpunkte:
Geo-Tags: CH-VS   I 
Zeitbedarf: 7 Tage
Strecke:1:50,000, 274, 284 et 294
Zufahrt zum Ausgangspunkt:Grächen est accessible en car postal depuis St. Niklaus, sur la ligne de chemin de fer Visp-Zermatt
Zufahrt zum Ankunftspunkt:Train pour Visp depuis Zermatt
Unterkunftmöglichkeiten:Nombreuses, voir le descriptif.
Kartennummer:1:50,000, 274, 284 et 294

Suite de la randonnée décrite dans http://www.hikr.org/tour/post1024.html

Cinquième jour : de Gressoney à Saint-Jacques. 820 m de descente, plus 400 m de descente et de montée "hors circuit" entre le refuge et St Jacques

"Petite" étape, certainement la moins intéressante de la semaine, avant d'attaquer le gros morceau que constitue la montée au col Teodulo le lendemain.

La petite averse de pluie continue toute la nuit et, malgré une accalmie à l’aube, il pleut toujours quand nous nous levons. Pas question de faire un itinéraire hors sentier dans de telles conditions, donc Arielle nous propose plutôt d'utiliser les remontées mécaniques pour raccourcir l'étape. Cela nous permettra d'arriver tôt au prochain refuge et de nous balader un peu dans les alentours cet après-midi, car une amélioration progressive de la météo est annoncée.

La journée commence par une descente de 400 mètres jusqu'au fond de la vallée de Gresssoney. Mon vêtement de pluie, acheté trois mois auparavant mais pas encore testé sous la pluie, tient parfaitement le choc. La descente le long d'un torrent est un peu glissante mais pas désagréable ; la pluie diminue progressivement en intensité et, quand nous arrivons en bas, on voit même du ciel bleu qui arrive par le sud. L'amélioration annoncée n'est pas loin.

Pour monter au col de Bettaforca, nous prenons successivement un téléphérique et un télésiège. Le télésiège est un engin "high-tech" équipé d'une bulle plastique qui protège les passagers des éléments mais, en même temps, bouche complètement la vue ! A mi-chemin, on découvre qu'on peut relever la bulle…   tout de suite ça va mieux, le paysage réapparaît et, sur notre droite, nous pouvons admirer le Mont Rose qui s'est transformé en Mont Blanc : visiblement il a neigé en altitude pendant la nuit !

Au col (2,672 m) il y a du vent mais il ne pleut plus. Ce n'est pas le plus sauvage des cols que nous avons franchis ; il y a un café-hôtel-restaurant et plusieurs arrivées de remontées mécaniques. Après une pause café à la buvette, nous décidons enfin de faire un peu de randonnée et descendons à pied (eh oui…) la pente douce du versant ouest, vers le Val d'Ayas. Deux chiens sont en train d'amener un troupeau de vaches vers la vallée ; j'avais déjà vu des chiens travailler avec des moutons en Grande-Bretagne, mais c'est la première fois que je les vois conduire des vaches. L'une des vaches s'est écartée du troupeau et se trouve sur le chemin de randonnée, du mauvais côté de la clôture électrique. Pas de problème : un chien se détache, vient chercher la vache égarée et la ramène du bon côté de la clôture... ça paraît très simple !

Un peu au-dessus d'un hameau et d'un petit étang, nous nous asseyons sur une pente herbeuse pour manger. Il fait chaud désormais ; nous étalons nos vêtements de pluie par terre et en quelques minutes ils sont secs. Sachant que nous ne sommes pas très loin du refuge, nous ne nous précipitons pas et le déjeuner se transforme en séance de bronzage général. On est bien à cet endroit ; seul Jacques se plaint… il a réussi à s'installer sur une fourmilière !

En fait, le rifugio Ferraro (2,012 m), au hameau de Résy, est encore plus près que ce que nous le pensions. Nous marchons pendant à peine cent mètres avant de réaliser que le hameau à côté duquel nous avons déjeuné est en fait notre destination de la journée ! Il est 14 heures 30 et nous sommes déjà arrivés !

Ce refuge est encore différent des autres ; un joli groupement de bâtiments un peu déglingués à flanc de colline. Nos chambres sont réparties entre le deuxième et le troisième étage. On accède au deuxième par un escalier tortueux et très étroit… puis au troisième par un autre escalier deux fois plus étroit encore que le premier !  Le dortoir est en fait un grand grenier, assez long mais très bas de plafond ; il faut ramper par terre pour avancer. Il y a une vingtaine de couchages. Nous nous installons à l'autre bout par rapport à l'escaler d'accès, près d'une fenêtre ouverte car il fait chaud dans ce grenier. Les couchages sont de simples matelas posés par terre, très confortables pourtant. On est bien, la vue depuis la petite fenêtre est sympa, cet endroit me plaît énormément.

Après un café de plus (c'est un jour à café aujourd'hui), nous décidons de descendre à pied au village de Champoluc, dans la vallée. C'est une jolie descente de 400 mètres à travers bois jusqu'à Saint-Jacques, d'où nous continuons à Champoluc en minibus.

Champoluc est un gros village sans charme, coupé en deux par un torrent boueux après la pluie et par une route assez passagère. Une forte averse nous tombe dessus et nous nous réfugions dans une exposition de peinture et de céramique ; il y a des choses pas mal surtout dans la partie céramiques. Mais il n'y a pas grand-chose d'autre à voir dans ce village et finalement, nous nous retrouvons tous dans un bistrot à attendre le retour du minibus.

Il refait beau quand le bus nous dépose à Saint-Jacques (il ne peut pas nous ramener jusqu'au refuge, la route qui y monte n'étant accessible qu'aux 4x4). Il fait chaud même, la montée est assez raide et j'ai un peu de mal à la terminer en cette fin d'après-midi. Mais arrivé au refuge, la récompense n'est pas loin : la meilleure douche de la semaine, de l'eau bien chaude avec un débit fort, du shampooing et des serviettes mis à disposition par les gardiens…   on est tout près du paradis ici.

Nous commençons à nous dire que nous allons avoir ce grand dortoir pour nous tout seuls quand un grand groupe bruyant de jeunes Belges arrive, parlant flamamd plus fort les uns que les autres. Ils ont l'air bien excités et nous nous demandons ce que ça va donner cette nuit…

Le repas du soir est sans aucun doute le meilleur de la semaine, en grande partie en raison de l'ambiance chaleureuse qui règne dans la salle à manger, une pièce chaude toute boisée. La patronne des lieux est une dame adorable qu'on a envie d'appeler maman ; elle veille à ce que nous mangions suffisamment, insiste pour que tout le monde reprenne de tout, a l'air sincèrement inquiète lorsque Karin ne veut ni soupe, ni pâtes (pourtant cette pasta à l'aubergine est bonne, bonne…). Je me rappelle plus quel était le plat principal ; ce qui est certain, c'est que tout était excellent et copieusement servi, nous n'avons pas pu finir nos assiettes.  Chacun reçoit un petit livret sur l'histoire des Walsers dans la région et les chemins qu'ils ont construit ici, à la frontière de l'Italie et du Valais. Nous faisons passer nos livrets autour de la table pour que chacun puisse donner ses coordonnées aux autres, histoire de rester en contact et de s'envoyer des photos de vacances plus tard, après le retour à la vie réelle...

Après le dessert, nos guides nous offrent une surprise originale ; il s'agit d'une "grolle", un grand récipient en terre contenant un mélange bouillant de café, grappa, jus d'orange, girofle et je ne sais plus quoi d'autre. C'est une "boisson de l'amitié" ; il faut passer la grolle de main en main autour de la table, chacun doit boire une goulée dedans avant de la passer à son voisin, surtout sans poser le récipient sur la table, car cela aurait pour résultat de rompre le lien d'amitié. La tradition dit que la personne qui boit la dernière goulée doit poser le couvercle de la grolle sur sa tête…  L'alcool, que la patronne fait flamber devant nous, est bouillant et très fort de goût. Les grolles (il y en a deux, aussi bien remplies l'une que l'autre) tournent, puis tournent de nouveau et encore de nouveau. On les fait également passer à la table voisine où sont installés les Jurassiens que nous croisons régulièrement depuis le début de la semaine. Au bout d'une bonne dizaine de tours de table, la première grolle est enfin vide…   la dernière goulée est pour moi ; conformément à la règle du jeu, je mets le couvercle sur ma tête devant les rires et applaudissements de toute la tablée. Quelle belle soirée !

Au dortoir, nos jeunes voisins flamands sont remarquables : autant ils ont été bruyants en arrivant puis dans la salle à manger où ils jouaient aux cartes, autant ils sont calmes ici. Ils montent peu après nous, s'installent rapidement sur leurs matelas et se taisent aussitôt, nous permettant de dormir. La soirée a été magnifique, la nuit est parfaite aussi.

 

Sixième jour : de Saint-Jacques au col de Théodule. 300 m de descente, 2000 m de montée

C'est le grand jour ;  le programme que nous avons reçu avant le début du séjour annonce 1,800 mètres de dénivelée positive avec, au bout du chemin, une nuit que nous passerons à 3,300 mètres d'altitude. Je n'ai jamais été si haut et je n'ai jamais fait autant de montée en une journée ; depuis le mois de mai je m'entraîne pour toute cette semaine mais en particulier pour cette journée, que j'imagine à la limite de mes capacités physiques. Pour acquérir une endurance suffisante, j'enchaîne depuis trois mois des randonnées de plus en plus difficiles, en commençant par de petites balades jurassiennes avec 500 mètres de dénivelée pour arriver enfin à des sorties plus sérieuses dépassant mille mètres de montée. Mais jamais encore je n'avais fait 1,800 mètres en une fois ; mon "record" précédent étant de 1,500 mètres l'été précédent, entre Bourg St-Pierre et la cabane de Valsorey. En plus, comme le seul moyen d'accéder au refuge Teodulo est à pied, nos bagages seront acheminés directement à Zermatt, nous obligeant à porter une charge plus lourde que les autres jours puisqu'il faut prendre les affaires pour la nuit et le lendemain.

Il fait un temps magnifique. Dans la salle à manger, la patronne chante en remplissant cafetières et carafes de jus de fruits. La journée commence sous les meilleurs auspices. Pourtant je ne me sens pas en forme. Déjà la veille, les 400 mètres de montée depuis Saint-Jacques m'avaient paru difficiles et ce matin, je suis fatigué. Malgré la bonne nuit que je viens de passer, la fatigue accumulée après une semaine d'effort physique et de nuits perturbées commence à être dure à gérer. Mon sac me paraît lourd pour la première fois de la semaine ; pourtant, par rapport aux autres jours, il ne contient pas grand-chose de plus : un T-shirt, un slip, un drap et un minimum d'affaires de toilette (en gros, un tube de dentifrice à moitié vide et une brosse à dents). Robert, qui depuis le début du tour porte un sac énorme qui en plus a l'air plein, a ajouté un impressionnant piolet pour cette excursion au-dessus de 3,000 mètres.

Notre montée commence par… une petite descente de 200 mètres à travers bois, pour rejoindre le chemin venant du fond de la vallée. Il fait bon sous les arbres. On commence à monter assez doucement jusqu'à un hameau tout déserté où il y a une bifurcation de plusieurs chemins, puis la pente s'accentue. Après quelque 300 mètres de montée pas trop difficile en sous-bois, nous débouchons dans une magnifique vallée qui se termine par un cirque majestueux de falaises, de montagnes et de glaciers. C'est à couper le souffle tellement c'est beau. Pourtant, en consultant sa carte, Arielle se rend compte que nous nous sommes trompés de chemin ; cette vallée est un cul-de-sac, elle monte vers les sommets de Castor et Pollux, il n'y a pas de sortie à la portée de simples marcheurs comme nous. Nous sommes obligés de redescendre les 300 mètres que nous venons de monter depuis le hameau abandonné. Cela va porter la dénivelée totale de la journée à 2,000 mètres… pas mal quand même ! Certains râlent un peu contre notre jeune accompagnatrice ; personnellement je trouve que cette superbe vallée méritait largement l'effort supplémentaire qu'elle nous a coûté.

Le passage suivant est, pour moi, le plus dur de la semaine. Le paysage est pourtant magnifique : nous montons en lacets raides sur le flanc d'une belle vallée qui débouche dans une autre vallée, puis dans une autre. Bientôt nous sommes au-dessus des arbres ; il n'y a que de l'herbe, du rocher et, au milieu de la vallée, un joli ruisseau que le chemin traverse et retraverse sur de grosses pierres. En toile de fond, des sommets de rocher déchiqueté…  on semble être loin de tout ici, seules quelques vaches noires regroupées autour d'une bergerie à 2,400 mètres empêchent le paysage d'être totalement désert. Mais je ne parviens pas à trouver mon deuxième souffle : dans les passages raides je suis réduit à avancer un pas à la fois, le nez collé sur les chaussures, et même dans les replats, j'ai du mal à recoller au peloton. La grande consolation, c'est que je ne suis pas le seul à être à la peine, il y a trois ou quatre personnes derrière moi. C'est rassurant… Lors de ma seule autre randonnée qui s'est approchée de cette altitude, l'été précédent, j'avais éprouvé la même peine à avancer – en "moins pire" toutefois – au-dessus de 2,800 mètres. Cela me permet de me rassurer en me disant que n'est donc pas moi qui suis "foutu", mais simplement un mélange de fatigue et d'altitude qui rend la vie un peu plus difficile que les autres jours… Loin derrière, au sud, de gros nuages obscurcissent les montagnes de la veille : là-bas d'où nous venons, il y aura de l'orage ce soir.

Je sais que nous allons déjeuner au bord d'un lac, sous le Col Supérieur des Cimes Blanches (un joli nom pour un col bien laid…). Pendant une bonne heure, chaque fois qu'on s'approche d'une crête, je suis convaincu que c'est la bonne, que nous allons trouver le lac dans une cuvette juste derrière. Mais il y en aura, des crêtes, avant qu'enfin apparaît un petit lac d'un bleu-vert  profond, entouré de falaises et d'arêtes. La pause déjeuner est la bienvenue !

Nous mangeons assez rapidement car le soleil s'est caché et le vent est assez froid au bord du lac. Puis nous repartons par un chemin en lacets qui monte, raide, à flanc de montagne pour atteindre le col.

Jusqu'à là, tout ce que nous avons vu depuis le début de la journée a été superbe. Mais au Col des Cimes Blanches (2,981 m), le changement de décor est radical ; c'est un paysage désertique, lunaire qui nous attend sur ce large col plat…   un désert de cailloux à perte de vue ; pas un brin d'herbe et pas une cime blanche, vu que les cimes blanches, jaunes, oranges ou autres sont toutes perdues dans les nuages…  Ce serait de toute manière un paysage dépourvu de beauté, mais en plus, le col est traversé par des remontées mécaniques qui enlaidissent encore plus l'endroit. Après les trois heures de montée que nous venons d'effectuer dans des paysages entièrement naturels, cette invasion des installations de sports d'hiver est un choc difficilement supportable.

Nous traversons rapidement le col et descendons de quelques centaines de mètres de l'autre côté. Loin en dessous, on peut voir la station italienne de Breuil-Cervinia et un lac artificiel d'un vert "menthe à l'eau" pas très ragoûtant. Au premier plan, un paysage dévasté : pylônes de téléskis, bâtiments en béton plus laids les uns que les autres, engins de chantier, tuyaux traversant le flanc de la montagne…    Existe-t-il quelque chose de plus laid à la montagne qu'un domaine skiable en été ?   En face de nous, tout près, le Cervin s'est caché dans les nuages pour ne pas voir cette horreur.

Nous descendons des pentes de cailloux gris mouvants jusqu'à un départ de téléphérique où la moitié du groupe fait une pause café/toilettes. Ayant enfin trouvé mon deuxième souffle, je décide de ne pas couper mon élan et je continue, en discutant avec Arielle et Karin.  Nous contournons un petit lac glaciaire gris sur une mauvaise piste carrossable puis, toujours dans ce désert de caillasse, nous attaquons la dernière montée vers le col de Théodule.  

C'est dans ce décor dévasté que notre seul vrai orage de la semaine décide de nous attaquer, subitement. Un coup de tonnerre pas très loin derrière nous, au-dessus du Col des Cimes Blanches ; quelques premières gouttes de pluie… nous avons tout juste le temps d'enfiler veste de pluie et surpantalon et de mettre la housse imperméable des sacs à dos, puis c'est le déluge. Pendant cinq minutes, nous sommes bombardés par une averse violente de gros grêlons qui transforment le désert gris en désert blanc. Pas très à l'aise vu la proximité de l'orage, je m'accroupis derrière un rocher pour me faire le plus petit possible, mais les autres (qui, il faut dire, ont plus d'expérience de la montagne que moi) ne semblent pas être inquiets et continuent d'avancer. La grêle s'arrête mais il continue de pleuvoir fort. Toute la montagne ruisselle, nous marchons dans deux ou trois centimètres d'eau.

Nous atteignons une buvette qui, même si elle est fermée, nous permet de nous abriter sous son porche d'entrée et de finir d'enfiler correctement les vêtements de pluie que nous avons mis un peu en catastrophe. Quelques membres du groupe sont très loin derrière ; l'orage nous a pris à un moment où nous étions dispersés sur plus d'un kilomètre. Arielle nous suggère de repartir, elle attendra les retardataires. De toute façon, cela ne sert à rien de rester là où nous sommes, visiblement la pluie va continuer pendant un bon moment.

Les trois cents derners mètres de montée sont un cauchemar. Même si physiquement j'ai retrouvé tous mes moyens, je n'avais jamais marché sur un chemin aussi désagréable. C'est  assez raide pour que je sois obligé de zigzaguer, c'est mouillé, c'est glissant et c'est franchement moche comme endroit. Mais le but n'est pas loin ; trois quarts d'heure plus tard, nous atteignons le col et le rifugio Teodulo (3,317 m). C'est le point le plus haut que j'ai jamais atteint en randonnée, j'y suis arrivé !

Le refuge est davantage fonctionnel que beau. Il semble avoir été agrandi récemment ; la partie abritant les chambres est ancienne et tout en bois, mais la salle à manger et les sanitaires paraissent tout neufs. Il n'y a pas de douche, mais nous le savions.  Il y a quand même de l'eau courante (froide) et des lavabos, ce qui constitue presque une bonne surprise. Nous installons nos affaires dans une chambre à six lits ; avec moi il y a Karin, Marie, Isabelle, Robert et Jacques. Puis, en attendant de souper, nous nous asseyons en compagnie des Jurassiens et de quelques bières dans la salle à manger, une grande pièce moderne un peu froide mais disposant d'une vue panoramique sur tout le massif du Cervin à travers des baies vitrées. Petit à petit, l'orage qui nous a tant fait souffrir s'éloigne, laissant derrière un magnifique ciel de nuages qui s'accrochent aux sommets. Le Cervin commence à se dégager ; on a l'impression qu'il fume, tellement les nuages restent accrochés malgré le vent. Mais enfin, vers 19 heures 30 alors que nous dînons, son sommet devient visible. Il y a une ruée générale vers les appareils photo ; des dizaines de photos intitulées "Coucher de soleil sur le Cervin" ont dû été prises ce soir-là…  C'est vraiment superbe, et le panorama justifie amplement l'horrible montée de l'après-midi. Je suis réconcilié avec St Théodule…

Pour cette dernière nuit du tour, nous avons le privilège de compter l'équipe de France championne olympique de ronflement synchronisé parmi nous. Ce n'est pas tous les jours que l'on a cet honneur…  Impossible de faire taire notre duo mélodieux, impossible de dormir. Isabelle et Karin finissent par sortir regarder les étoiles au lieu d'essayer de se reposer.  En plus, vers six heures du matin, l'un de nos champions (je ne le nommerai pas) décide d'aller regarder le lever du soleil sur le Cervin. Pire, il ne se contente pas de s'habiller vite fait sans faire de bruit (ce serait trop simple), en « bon » montagnard il décide de ranger son sac à dos, de faire son lit et je ne sais pas quoi d'autre avant de quitter enfin la chambre… 

 

Septième jour : du col de Théodule à Zermatt. 1430 m de descente

Le petit déjeuner est assez sommaire dans ce refuge d'altitude approvisionné par hélicoptère : pain dur, biscuits et café en poudre. Nous mangeons rapidement, remballons nos affaires puis sortons pour admirer la belle vue matinale du Cervin.

Le mauvais temps de la veille n'est plus qu'un souvenir ; en ce samedi matin il fait beau et froid. Quelques minuscules nuages se baladent sur la paroi du Cervin, sinon le ciel est d'un bleu uniforme. Nous avons rendez-vous à 8h 30 avec les guides de haute montagne qui nous feront traverser le Theodulgletscher jusqu'à Trockener Steg. Je n'ai jamais fait de marche sur glacier, ce sera une expérience nouvelle de plus.  Pendant que nous attendons les guides, l'hélicoptère de ravitaillement arrive ; il n'atterrit même pas, les provisions sont descendues au bout d'une corde.

Les guides arrivent. Ils jouent leur rôle de montagnards italiens à fond : lunettes de soleil enveloppantes, bronzage impeccable, sourire charmeur pour les dames du groupe. Nous sommes 14, ils font donc deux cordées de sept. Les précautions qu'ils prennent semblent un peu excessives ; à côté de nous, le groupe de randonneurs jurassiens que nous voyons ici pour la dernière fois part sans guide et sans s'encorder, mais ce sont des indépendants. Nous sommes un groupe "organisé" et Arielle n'a pas le droit de nous emmener sur le glacier sans guide, normes de sécurité obligent.

En fait, cette traversée de glacier est un peu décevante, car elle se déroule entièrement sur des pistes de ski presque plates (efin on descend quand même de 300 mètres, mais la pente semble faible). Nous devons avoir l'air un peu ridicules à marcher encordés le long du tire-fesse…   Mais c'est quand même une expérience intéressante. Par endroits, il y a une bonne épaisseur de neige très molle qui remouille rapidement nos chaussures à peine séchées de la veille. A d'autres endroits dépourvus de neige, on marche sur la glace, à travers laquelle on voit le rocher. Parfois on voit de l'eau ruisseler sous la couche de glace.  Plus on descend, plus ça devient mou et la dernière centaine de mètres est boueuse plus que glaciaire.  La traversée aura duré une grosse demi-heure et les guides empochent 140 euros chacun. Pas mal pour un début de journée, mais on est tous d'accord que ça ne doit pas être très gratifiant comme travail de faire des aller-retour avec des groupes de touristes sur ce petit bout de glacier…

A Trockener Steg (2,939 m, encore un endroit ruiné par les installations de ski), nous nous déséquipons et nous nous déshabillons, car la matinée est devenue chaude déjà. Nous entamons la descente vers Zermatt et la fin de notre tour.  Descente agréable ; rocheuse dans sa première partie, puis un joli chemin à flanc de colline au-dessus du Furggbach. En très peu de temps nous quittons la haute montagne pour un paysage verdoyant d'alpages, de chalets et de sapins.  C'est une jolie manière de terminer la randonnée, même si cette toute petite demi-journée de marche nous ramène un peu trop brusquement au monde "civilisé".  Vers midi, nous arrivons à Furi (1,887 m), où nous buvons une dernière bière ensemble sur une belle terrasse ombragée, avant de descendre au centre de Zermatt en télécabine.

C'est la première fois depuis quatre jours que nous descendons en dessous de 2,000 mètres. La chaleur dans la vallée est étouffante, et la cohue de Zermatt avec ses touristes et ses magasins de souvenirs semble un peu irréelle.  Après un dernier pique-nique pris ensemble dans le jardin d'un hôtel, nous descendons en minibus jusqu'à Täsch, où nous récupérons nos bagages et nous dispersons vers les trains et voitures qui nous ramèneront chez nous.

 

Conclusion

Ce tour du Mont Rose aura été très largement à la hauteur de mes espoirs. Les paysages sont magnifiques (exception fate de la montée au Théodule) ; les refuges, convivaux et tous différents (Pastore le plus beau cadre, Gabiet le plus confortable, Ferraro le plus chaleureux, Teodulo le plus spectaculaire).

Il s'agit quand même d'une randonnée éprouvante sur le plan physique, que je n'aurais pas pu accomplir sans entraînement préalable. Et nous avons quand mêne "triché" un peu en effectuant quelque 2500 mètres de montée et 2000 de descente en télécabine… Faire l'intégralité du parcours à pied serait un défi autrement plus difficile.

Ce tour était ma première expérience d'une grande randonnée itinérante sur plusieurs jours, expérience que je répéterai certainement à l'avenir. Il m'a aussi donné un goût pour les refuges… on dort mal (à moins d'être le genre de personne qui peut s'endormir n'importe où, ce qui ets très loin d'être mon cas), mais quelle convivalité !

En conclusion : une semaine tout simpement magnifique  :-)  


Logistique

Les bagages ont été transportés d'étape en étape par les organisateurs (société française Cairn), nous avons donc pu marcher avec un petit sac à dos seulement. En ce qui me concernait, sac de 26 litres contenant deux polaires, veste imperméable/coupe-vent, surpantalon imperméable, 2 litres et demi d'eau, appareil photo et bâtons de marche). Les repas du midi (salade de riz/pâtes, saucisson, pain, fromage, fruits) étaient répartis entre les membres du groupe au départ de chaque étape. Sur la plupart des étapes, il y a des sources et fontaines pour le ravitaillement en eau.

 


Tourengänger: stephen


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Kommentare (1)


Kommentar hinzufügen

syrah hat gesagt:
Gesendet am 6. Februar 2010 um 21:24
Magnifique description !


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