Autour du Chemin panorama alpin : Septième étape, de Walenstadt à Mühlehorn
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English version here
De retour de deux semaines de randonnée mémorables dans le Tyrol et les Dolomites, je reviens à mon projet de relier à pied le lac de Constance au lac Léman. A ce stade, je me suis nettement écarté de l’itinéraire officiel du Chemin panorama alpin, que je retrouverai plus tard. En attendant, il y aura deux courtes étapes sur le côté sud du Walensee, avant de retrouver des étapes un peu plus "montagne" qui m’emmèneront vers le Wägital et le Sihltal, puis jusqu’à Einsiedeln où je retrouverai l’itinéraire de base.
La météo est parfaite pour la randonnée alors que je prends le train vers Walenstadt, mais on voit bien, en regardant le ciel, que cela ne durera pas. Même si le bleu domine très largement, il y a des bouts de nuages gris un peu partout, déchirés d’une masse nuageuse plus importante par des vents forts en altitude. Le foehn souffle, on annonce de la pluie pour plus tard dans la journée, avant l’arrivée d’une nouvelle vague de chaleur d’ici deux ou trois jours.
Je soupçonne que cette étape ne sera pas la plus intéressante de l’ensemble, et je ne me trompe pas. Cela ne commence pas sous les meilleures auspices : bruit constant de l’autoroute toute proche, chemins goudronnées bordées de fermes délabrées, panneaux m’avertissant que le sentier traverse des terrains militaires. Heureusement, les champs de tir sont fermés en ce dimanche du mois d’août. En bordure de forêt, là où la route fait enfin place à un sentier, cinq ou six veaux broutent l’herbe dans un pré. L’un des veaux a réussi à passer du mauvais côté de la clôture électrique et se tient immobile au milieu du sentier, ne semblant pas savoir quoi faire et meuglant plaintivement. L’un des veaux du bon côté de la clôture lui répond d’un ton qui pourrait être soit encourageant, soit moqueur… quant aux autres, ils s’en fichent complètement du sort de leur copain.
Je monte par bosquets et clairières, maudissant toujours la pollution audible de l’autoroute, à laquelle s’ajoute maintenant la pollution visuelle d’une ligne haute tension. La rive sud du Walensee est clairement perdante par rapport à la rive nord en ce qui concerne la qualité de l’environnement : route, rail et électricité occupent tous la bande étroite de terrain pas trop escarpé entre le lac et les pentes du Flumserberg. Le sentier devient provisoirement plus joli, longeant la lisière de la forêt, alors que l’autoroute a dû s’enfoncer dans un tunnel, car le bruit diminue quelque peu. Un panneau jaune m’indique que le sentier tourne à droite ; 50 mètres plus loin, un second panneau contredit le premier, en m’informant que l’accès est seulement autorisé en tant que déviation lorsque le champ de tir est en activité.
Au bout de deux heures de marche qui ne m’ont guère inspiré, j’arrive au village d’Oberterzen, station intermédiaire des télécabines du Flumserberg. J’en prends note pour un autre week-end : ces télécabines doivent permettre d’accéder à de bien jolis endroits pour la randonnée.
En attendant, pour sortir d’Oberterzen, je suis obligé de marcher sur la route : le sentier marqué sur ma carte au 1:50,000ème n’existe pas sur le terrain. Au bord de la route, un panneau m'informe que je me trouve dans une zone de protection des champignons et que la cueillette est limitée à 2 kilos par personne par jour… ce qui fait un paquet de champignons quand même! La petite route serpente entre les champs ; ce n’est pas laid, mais ça reste de la marche sur route. Je cherche un endroit idéal pour pique-niquer, mais ne le trouve pas et finit par manger assis sur un banc en bordure de route, en face d’une vieille grange déglinguée coiffée d’une cheminée plutôt insolite. Une fois de plus, un sentier marqué sur la carte n’existe pas en réalité, ce qui m’oblige à rester sur la route et à gagner 200 mètres d’altitude… inutilement, car aussitôt gagnés, je les reperds en redescendant vers le village de Quarten par un sentier raide et caillouteux.
Quarten est un joli village, plus petit et moins développé pour le tourisme qu’Oberterzen, avec de belles vues par-delà le lac vers Quinten et les Churfirsten sur la rive opposée. Les noms de Quarten et de Quinten sont-ils liés de quelque manière ou s’agit-il d’un pur hasard, je n’en sais rien.
Les 90 minutes restantes de l’étape se déroulent entièrement sur surface goudronnée et, malheureusement, le niveau d’intérêt (qui n’était déjà pas extraordinaire) baisse de plus en plus. Je suis une petite route en descente douce entre des prés bien verts ; cette route aboutit au village de Murg, au bord même du lac. Mais si Quarten était joli, on ne peut pas en dire autant pour Murg. Avec un passé industriel évident, le village est coupé en deux dans un sens par la voie ferrée, et dans l’autre par un torrent qui coule sur un lit de rochers rougeâtres. Certains parmi les anciens bâtiments industriels ont été convertis en logements (ou plutôt en “lofts”, selon les panneaux), d’autres restent vides en attendant une nouvelle vie. Il y a aussi plusieurs rangées de maisonnettes d'ouvriers, comme dans le nord de la France ou l'Angleterre, et je me demande quelle industrie faisait vivre cet endroit plutôt à l'écart des grands centres urbains.
Entre Murg et Mühlehorn, l’itinéraire suit la piste cyclable du bord du lac. De nombreux cyclistes me doublent… d’ailleurs, cela n’aurait pas été une mauvaise idée de faire moi-même cette étape à vélo. Il faudra que j’y pense s’il y a d’autres étapes du même genre plus tard. Le bord du lac pourrait être idyllique, si seulement il n’y avait pas le bruit constant de l’autoroute et celui, plus ponctuel, des trains qui passent à dix mètres de moi. Malgré tout cela, il y a quelques maisons coincées entre la voie ferrée, la route, la piste cyclable et le lac ; de grandes maisons sans doute assez chères en raison de l’accès direct à la rive et de la vue sur les montagnes d'en face. Le premier prix va quand même à une maison qui, en plus de toute la pollution audible et visuelle, se trouve immédiatement à côté d’une station d’épuration des eaux et doit donc compter avec des odeurs d'égout. Cela ne semble pas déranger la famille assise en terrasse, en train de manger des grillades. Je me demande quand même comment on peut vivre dans un tel endroit… mais étant donné que je vis moi-même à côté d’une ligne de chemin de fer où passent une quarantaine de trains par heure, je devrais peut-être ne rien dire !
Le dernier kilomètre est le pire. La piste du bord du lac est en travaux, impossible d’y passer. Une déviation a été mise en place pour les cyclistes et, accessoirement, pour les piétons, même si elle ne convient pas du tout à ces derniers. Je dois monter au-dessus de la voie ferrée, puis terminer ma randonnée sur une route principale sans trottoir, entre la montagne d’un côté et une glissière de sécurité de l’autre. Je me sens très loin des Dolomites et du Tyrol…
De toute évidence, l’itinéraire national No. 3 se trouve confronté à un problème : comment faire la jonction entre les Préalpes de la Suisse orientale et celles de la Suisse centrale, tout en évitant au mieux la région plate et industrialisée qui se trouve entre deux. J'ai essayé de contourner le problème, mais ma variante n'est pas recommandable. J'espère que l'étape suivante, qui me fera passer par le Kerenzerberg vers la vallée du Glarnerland, sera un peu plus intéressante.
A Lucerne, où j'arrive vers cinq heures, la pluie annoncée est bel et bien arrivée. Pour le deuxième week-end de suite, je suis obligé de sortir ma veste de pluie, qui n'a pas du tout servi pendant mes randonnées, uniquement pour rentrer chez moi depuis la gare.
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De retour de deux semaines de randonnée mémorables dans le Tyrol et les Dolomites, je reviens à mon projet de relier à pied le lac de Constance au lac Léman. A ce stade, je me suis nettement écarté de l’itinéraire officiel du Chemin panorama alpin, que je retrouverai plus tard. En attendant, il y aura deux courtes étapes sur le côté sud du Walensee, avant de retrouver des étapes un peu plus "montagne" qui m’emmèneront vers le Wägital et le Sihltal, puis jusqu’à Einsiedeln où je retrouverai l’itinéraire de base.
La météo est parfaite pour la randonnée alors que je prends le train vers Walenstadt, mais on voit bien, en regardant le ciel, que cela ne durera pas. Même si le bleu domine très largement, il y a des bouts de nuages gris un peu partout, déchirés d’une masse nuageuse plus importante par des vents forts en altitude. Le foehn souffle, on annonce de la pluie pour plus tard dans la journée, avant l’arrivée d’une nouvelle vague de chaleur d’ici deux ou trois jours.
Je soupçonne que cette étape ne sera pas la plus intéressante de l’ensemble, et je ne me trompe pas. Cela ne commence pas sous les meilleures auspices : bruit constant de l’autoroute toute proche, chemins goudronnées bordées de fermes délabrées, panneaux m’avertissant que le sentier traverse des terrains militaires. Heureusement, les champs de tir sont fermés en ce dimanche du mois d’août. En bordure de forêt, là où la route fait enfin place à un sentier, cinq ou six veaux broutent l’herbe dans un pré. L’un des veaux a réussi à passer du mauvais côté de la clôture électrique et se tient immobile au milieu du sentier, ne semblant pas savoir quoi faire et meuglant plaintivement. L’un des veaux du bon côté de la clôture lui répond d’un ton qui pourrait être soit encourageant, soit moqueur… quant aux autres, ils s’en fichent complètement du sort de leur copain.
Je monte par bosquets et clairières, maudissant toujours la pollution audible de l’autoroute, à laquelle s’ajoute maintenant la pollution visuelle d’une ligne haute tension. La rive sud du Walensee est clairement perdante par rapport à la rive nord en ce qui concerne la qualité de l’environnement : route, rail et électricité occupent tous la bande étroite de terrain pas trop escarpé entre le lac et les pentes du Flumserberg. Le sentier devient provisoirement plus joli, longeant la lisière de la forêt, alors que l’autoroute a dû s’enfoncer dans un tunnel, car le bruit diminue quelque peu. Un panneau jaune m’indique que le sentier tourne à droite ; 50 mètres plus loin, un second panneau contredit le premier, en m’informant que l’accès est seulement autorisé en tant que déviation lorsque le champ de tir est en activité.
Au bout de deux heures de marche qui ne m’ont guère inspiré, j’arrive au village d’Oberterzen, station intermédiaire des télécabines du Flumserberg. J’en prends note pour un autre week-end : ces télécabines doivent permettre d’accéder à de bien jolis endroits pour la randonnée.
En attendant, pour sortir d’Oberterzen, je suis obligé de marcher sur la route : le sentier marqué sur ma carte au 1:50,000ème n’existe pas sur le terrain. Au bord de la route, un panneau m'informe que je me trouve dans une zone de protection des champignons et que la cueillette est limitée à 2 kilos par personne par jour… ce qui fait un paquet de champignons quand même! La petite route serpente entre les champs ; ce n’est pas laid, mais ça reste de la marche sur route. Je cherche un endroit idéal pour pique-niquer, mais ne le trouve pas et finit par manger assis sur un banc en bordure de route, en face d’une vieille grange déglinguée coiffée d’une cheminée plutôt insolite. Une fois de plus, un sentier marqué sur la carte n’existe pas en réalité, ce qui m’oblige à rester sur la route et à gagner 200 mètres d’altitude… inutilement, car aussitôt gagnés, je les reperds en redescendant vers le village de Quarten par un sentier raide et caillouteux.
Quarten est un joli village, plus petit et moins développé pour le tourisme qu’Oberterzen, avec de belles vues par-delà le lac vers Quinten et les Churfirsten sur la rive opposée. Les noms de Quarten et de Quinten sont-ils liés de quelque manière ou s’agit-il d’un pur hasard, je n’en sais rien.
Les 90 minutes restantes de l’étape se déroulent entièrement sur surface goudronnée et, malheureusement, le niveau d’intérêt (qui n’était déjà pas extraordinaire) baisse de plus en plus. Je suis une petite route en descente douce entre des prés bien verts ; cette route aboutit au village de Murg, au bord même du lac. Mais si Quarten était joli, on ne peut pas en dire autant pour Murg. Avec un passé industriel évident, le village est coupé en deux dans un sens par la voie ferrée, et dans l’autre par un torrent qui coule sur un lit de rochers rougeâtres. Certains parmi les anciens bâtiments industriels ont été convertis en logements (ou plutôt en “lofts”, selon les panneaux), d’autres restent vides en attendant une nouvelle vie. Il y a aussi plusieurs rangées de maisonnettes d'ouvriers, comme dans le nord de la France ou l'Angleterre, et je me demande quelle industrie faisait vivre cet endroit plutôt à l'écart des grands centres urbains.
Entre Murg et Mühlehorn, l’itinéraire suit la piste cyclable du bord du lac. De nombreux cyclistes me doublent… d’ailleurs, cela n’aurait pas été une mauvaise idée de faire moi-même cette étape à vélo. Il faudra que j’y pense s’il y a d’autres étapes du même genre plus tard. Le bord du lac pourrait être idyllique, si seulement il n’y avait pas le bruit constant de l’autoroute et celui, plus ponctuel, des trains qui passent à dix mètres de moi. Malgré tout cela, il y a quelques maisons coincées entre la voie ferrée, la route, la piste cyclable et le lac ; de grandes maisons sans doute assez chères en raison de l’accès direct à la rive et de la vue sur les montagnes d'en face. Le premier prix va quand même à une maison qui, en plus de toute la pollution audible et visuelle, se trouve immédiatement à côté d’une station d’épuration des eaux et doit donc compter avec des odeurs d'égout. Cela ne semble pas déranger la famille assise en terrasse, en train de manger des grillades. Je me demande quand même comment on peut vivre dans un tel endroit… mais étant donné que je vis moi-même à côté d’une ligne de chemin de fer où passent une quarantaine de trains par heure, je devrais peut-être ne rien dire !
Le dernier kilomètre est le pire. La piste du bord du lac est en travaux, impossible d’y passer. Une déviation a été mise en place pour les cyclistes et, accessoirement, pour les piétons, même si elle ne convient pas du tout à ces derniers. Je dois monter au-dessus de la voie ferrée, puis terminer ma randonnée sur une route principale sans trottoir, entre la montagne d’un côté et une glissière de sécurité de l’autre. Je me sens très loin des Dolomites et du Tyrol…
A Lucerne, où j'arrive vers cinq heures, la pluie annoncée est bel et bien arrivée. Pour le deuxième week-end de suite, je suis obligé de sortir ma veste de pluie, qui n'a pas du tout servi pendant mes randonnées, uniquement pour rentrer chez moi depuis la gare.
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Tourengänger:
stephen

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