Autour du Chemin panorama alpin : Sixième étape, d'Amden à Walenstadt

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A la fin de mon dernier rapport, arrivé à Amden, j'ai écrit que la suite de l'itinéraire national No. 3 jusqu'à Lucerne ne m'inspirait vraiment pas, et que je chercherais certainement des alternatives. C'est une collègue de travail, en me demandant de l'accompagner le long du Walensee, qui m'a donné une idée pour la suite. J'ai déjà fait cette randonnée très connue, mais pourquoi pas enchaîner sur un tour complet du lac, puis poursuivre vers le Klöntal et le Muotatal, puis rejoindre Lucerne par la région des Mythen et le Rigi. Ce n'est pas le chemin le plus direct, je vous l'accorde ; l'étape d'aujourd'hui m'éloignera du Léman au lieu de m'y rapprocher, mais je ne suis pas pressé…

Pour gagner un peu de temps et commencer à marcher un peu plus tôt, nous allons de Lucerne à Amden en voiture. Cela nous fait gagner une heure et ma voiture apprécie l'air frais, n'étant sortie du garage que trois ou quatre fois depuis le début de l'année.  Il fait déjà chaud à 9 heures, une nouvelle journée caniculaire est annoncée.

La randonnée du Walensee se fait généralement de Weesen à Walenstadt ou vice versa, mais j'insiste pour que nous démarrons à Amden, où j'ai terminé la belle étape précédente. Cela veut dire que la journée commence par une grosse descente, mais en fin de compte ce n'est pas une si mauvaise idée, car le parcours est très joli et évite la longue montée goudronnée depuis Weesen. Une petite route fait bientôt place à des sentiers herbeux avec, en face, une belle vue vers le Mürchtenstock, par-delà un premier plan fait d'alpages et de forêts. Nous descendons dans une gorge profonde, franchissons le torrent sur une passerelle puis remontons en face sous de hautes falaises grises. De nouveau en plein soleil, la descente se poursuit par un beau sentier muletier entre des murs de pierres sèches, avec de gros pavés arrondis et polis par l'érosion sous nos pieds.  

L'itinéraire se poursuit par une descente raide et assez glissant sur un sentier graillonneux, sous le couvert relativement frais de la forêt. De temps en temps, des trouées dans la forêt nous offrent des vues plongeantes vertigineuses vers le lac, bleu turquoise, quelque 250 mètres plus bas.  Le cri inattendu d'un paon nous signale que la civilisation n'est plus très loin et, en effet, nous émergeons bientôt sur une petite route au restaurant Paradiesli, un nom qui colle très bien à cet endroit idyllique. Il y a effectivement des paons – deux paons pour être précis – dans un enclos en face du restaurant.

Un peu plus loin, nous rejoignons le sentier principal venant depuis Weesen. A partir d'ici, je suis sur territoire connu et je ne décrirai pas la suite de la randonnée en grand détail, l'ayant déjà décrit dans ce rapport d'il y a deux ans. Nous faisons le détour de quinze minutes vers les Seerenbachfälle, très impressionnantes lors de ma visite précédente, mais je suis déçu de voir que la cascade est complètement à sec ; seule une tache humide sur la falaise indique l'endroit où l'eau descend habituellement. Il y a beaucoup d'autres marcheurs sur le sentier ; la plupart ont l'air de transpirer et de souffrir du chaleur tout autant que moi… mais il y en a certains – ou plutôt certains – qui semble être sorties tout droit de leur douche matinale… comment elles arrivent à rester aussi fraîches, je n'en sais rien, mais le monde est injuste !

Etant descendu depuis une altitude de 900 mètres à Amden jusqu'à 499 mètres sous la cascade du Seerenbach, le sentier grimpe à nouveau, par une série de raidillons et de replats, jusqu'à 600 mètres. Suit immédiatement une nouvelle descente, un peu exposée dans des barres rocheuses (mais très bien sécurisée par des chaînes et des câbles), vers le village de Quinten, encore 200 mètres plus bas au bord du lac.

Nous arrivons à Quinten à midi et quart, après un peu moins de trois heures de marche. Le village est admirablement située pour capter un maximum de soleil et a quelque chose d'un mélange Provence – île de Ré avec ses palmiers, ses bananiers et ses roses trémières grimpant le long des murs de pierre. Nous prenons une assiette de viande froide et un panaché à l'un des deux restaurants, avant de nous remettre en marche vers midi et demie. Le panneau jaune indique 3 heures 50 minutes de marche jusqu'à Walenstadt, le serveur du restaurant nous dit trois heures, et c'est lui qui a raison.  Le sentier reste près du bord du lac pendant un petit moment, grimpant parfois pour franchir des ressauts rocheux, puis redescendant jusqu'au niveau de l'eu. Le son de gens se baignant et l'odeur de grillades remonte depuis les petites plages en dessous.

Une demi-heure de marche nous amène à la grosse montée de la journée, 400 mètres à grimper du lac jusqu'à Engen. Je me souviens de cette montée, qui était une descente lors de ma dernière visite, et je préviens ma coéquipière : ça va être chaud et raide, et ça va durer une heure. Elle a tendance à marcher très vite même dans les montées, alors je me mets devant et impose un rythme lent pour ne pas me mettre dans le rouge. Le sentier monte en lacets, heureusement presque toujours à l'ombre. Au bout de 40 minutes nous faisons une pause pour boire copieusement, avant d'enchaîner les lacets restants. Après très exactement une heure de montée, nous atteignons le point culminant à Engen, joli alpage sous les falaises oppressantes des Churfirsten.

Ayant atteint l'altitude de 833 mètres, la suite est inévitable : ça va redescendre.  Cette randonnée est une série sans fin de montées et de descentes, de sorte qu'à la fin, nous avons accumulé plus de 1,000 mètres de dénivelée positive et 1500 de dénivelée négative, sans avoir dépassé 900 mètres d'altitude. Cette dernière descente n'est pas très intéressante ; c'est une longue piste forestière qui n'offre que peu de vues vers le lac et les montagnes. Deux heures et demie après avoir quitté Quinten, nous arrivons à la plage de Walenstadt, où des centaines de gens se baignent, font des grillades et se grillent eux-mêmes au soleil. Il faut vingt minutes de plus pour marcher jusqu'à la gare, où nous nous offrons des glaces en attendant le train.

Un court trajet en train jusqu'à  Ziegelbrücke, une correspondance parfaite pour le bus, et nous voilà 40 minutes plus tard de retour à Amden, où la voiture nous attend (en plein soleil, bien entendu). Nous redescendons dans la vallée et prenons l'autoroute, où le thermomètre nous indique qu'il fait 31.5 degrés. Heureusement, cette randonnée se déroule en très grande partie à l'ombre !

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