Pilatus, par le Heitertannliweg et le Gsässweg
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English version here
Après notre randonnée au Chasseron il y a quelques semaines, cette fois-ci c'est mon amie neuchâteloise qui vient à la découverte de la Suisse centrale. Le choix du Pilatus s'est fait tout naturellement, en raison de l'accès très rapide depuis la gare de Lucerne, et du nombre de variantes possibles pour la montée et la descente.
Nous commençons la journée par un peu de course à pied. Entre l'arrivée du train depuis Olten et le départ du bus pour Eigenthal, il y a juste cinq minutes… et le train en a quatre de retard. Le bus attend forcément au bout le plus éloigné de la gare routière ; nous y arrivons d'extrême justesse, au moment même où le chauffeur démarre le moteur.
Il fait agréablement frais à Eigenthal, où nous descendons du bus à 9h 45. La canicule des dernières semaines a cédé sa place à un temps plus variable et assez venteux, et à des températures idéales pour la marche. Il pleuvra certainement plus tard, mais l'animation satellite suggère que le temps restera sec jusqu'à vers 17h, heure à laquelle nous serons certainement arrivés à destination et serons attablés devant une bière.
La montée commence tout doucement derrière le restaurant Eigenthalerhof. A droite, il y a de belles échappées entre les arbres vers le fond de la vallée alors que devant, encore assez loin, les falaises sombres du Pilatus sont à moitié couvertes de nuages gris. Ma coéquipière s'étonne de la verdure ; à Neuchâtel, me dit-elle, tout est brun, brûlé par la chaleur et la sécheresse. Nous n'avons pourtant pas eu beaucoup de pluie ici non plus.
Après la selle de Chraigütsch, la montée devient plus raide et le sentier, en forêt désormais, grimpe vers la crête du Höchberg, que nous suivons alors pendant un bon moment. A chaque ouverture du rideau des arbres, le Pilatus s'est rapproché un peu plus. Les nuages y sont toujours ; il n'est pas exclu que nous terminerons notre montée dans le brouillard. Nous ne voyons que peu d'autres randonneurs par ici, mais il y a des gens en bordure du sentier, en train de chercher des myrtilles dans les sous-bois. Nous perdons un peu d'altitude, remontons, redescendons et traversons une grande clairière où des linaigrettes poussent dans le sol un peu marécageux. Ce cheminement finit par nous amener à l'alpage d'Ober Lauelen, très joliment situé à une altitude de 1332 mètres.
A partir d'Ober Lauelen, nous rejoignons le Heitertannliweg et le caractère de la randonnée change radicalement. Finie la promenade facile, la prochaine heure sera beaucoup plus raide et techniquement plus difficile. Je connais déjà cette partie de l'itinéraire, l'ayant faite à l'automne il y a trois ans. Le sentier monte vers la base des falaises puis se faufile entre les barres rocheuses, étroit et parfois assez exposé, même si tous les endroits potentiellement délicats sont bien sécurisés par des chaînes. Il y a beaucoup plus d'autres randonneurs sur cette partie du sentier et, pour la plupart, ils vont plus vite que nous. Me sentant encore assez hors de forme, j'apprécie les petites pauses que nous faisons de temps en temps pour laisser passer des randonneurs plus sportifs. Nous parvenons à la selle sous le Klimsenhorn avec sa chapelle blanche. Nous avons évité le brouillard, mais le ciel s'est couvert et un petit vent frais s'est levé. Nous avons fait un peu moins de 900 mètres de dénivelée en un peu plus de deux heures et demie, ce qui n'est pas si mal.
Nous mangeons nos sandwiches, assis sur un banc devant la chapelle, face à un panorama lacustre quelque peu gâché par les nuages bas. Pour la première fois depuis des mois il me semble, j'enfile une polaire. Une guêpe n'arrête pas de me tourner autour et de se poser sur la pomme que j'essaie de manger… je finis par poser la pomme plus loin, mais apparemment c'est moi que la guêpe aime, car elle continue de m'embêter et ignore totalement le fruit que je lui ai laissé. Avec une énergie renouvelée, nous montons rapidement les 200 mètres qui nous séparent de Pilatus Kulm. Plus nous nous rapprochons de notre but, plus nous croisons de touristes en baskets et en sandales, qui ont dû se dire: "On montera en train et descendra à pied, c'est plus facile comme ça". Je me demande combien d'entre eux arriveront jusqu'à la chapelle.
Nous arrivons à Pilatus Kulm par une galerie creusée dans la roche, avec de grandes ouvertures qui offrent des vues plongeantes vers les alpages plus bas. La galerie se termine soudainement et de façon un peu surréaliste au milieu des touristes, entre un restaurant self-service et un groupe folklorique qui joue des airs alpestres pour des foules de Chinois. Nous fuyons l'endroit et nous installons à la terrasse de l'hôtel d'à côté. Il y a du vent, on dirait presque qu'il fait froid. Tous les randonneurs sont emmitouflés dans des polaires, et tous les touristes ont l'air de se dire qu'ils auraient dû penser à ça. Je paie 7 CHF pour deux boules de glace, ce qui me paraît bien cher… surtout comparé au stand de glace italienne qui s'est installé devant la cantine de l'entreprise où je travaille, et où ces mêmes deux boules coûtent moins de deux francs. Mais la comparaison est un peu injuste, je l'avoue.
Pour la descente, il y a de nombreuses alternatives. Cela va de l'option zéro effort du train à la descente de 1600 mètres jusqu'à Alpnachstad, que j'ai fait une fois… mes jambes s'en souviennent encore. Mon amie me suggère de choisir un itinéraire que je ne connais pas encore, et nous décidons de descendre vers Fräkmüntegg, puis éventuellement de continuer jusqu'à Eigenthal pour boucler la boucle. Nous redescendons rapidement à la Klimsenkapelle, où un sentier pierreux bifurque vers Fräkmüntegg.
Je ne connais pas du tout ce sentier mais, allez savoir pourquoi, je me dis qu'il doit être facile. Comme quoi, on ne peut pas avoir tout le temps raison… Au début, il n'y a pas de grosses difficultés ; le sentier n'est pas commode mais on peut encore le qualifier de facile. Une traversée descendante sous de hautes falaises fait suite à une longue série de lacets raides dans le fond d'un large couloir pierreux. Les pierres sont trop grosses pour qu'on puisse descendre tout droit en glissade, mais trop petites pour être stables sous nos pieds. La pente est raide et le résultat n'est pas très confortable. Loin au-dessus, toutes les cinq ou six minutes, le nouveau téléphérique passe dans un silence total, descendant vers un pylône dont l'angle par rapport au vertical paraît complètement fou.
Nous atteignons la fin du pierrier et du terrain plus plat. Je vois la suite du sentier qui s'en va tranquillement vers la droite, il a l'air facile comme tout. Sauf que ce n'est pas notre sentier ; celui-ci va à Hergiswil. A la prochaine bifurcation, Fräkmüntegg est indiqué à gauche, à l'opposé du gentil chemin que nous avons vu.
Tout de suite, les choses deviennent plus sérieuses. Suivant désormais le flanc ouest du couloir, l'étroit sentier monte sur une sorte de petite vire rocheuse au-dessus d'un ravin. C'est exposé, même si le "vide" est tout relatif, et il n'y a que des buissons pour s'accrocher. Je fais deux pas, dis "J'aime pas ça" à ma coéquipière et recule jusqu'à la terre ferme. Pendant qu'elle passe sans problème, comme si elle marchait le long de la Pilatusstrasse à Lucerne, je contourne l'obstacle en descendant dans le fond du petit ravin, puis en ressortant de l'autre côté. Deux randonneurs arrivent en sens inverse et je leur demande s'il y a d'autres passages délicats, m'attendant à une réponse rassurante. Réponse que je ne reçois pas… oui, dit l'homme, il y a des passages exposés, faut faire un peu d'escalade, le passage le plus difficile est tout à la fin.
Je regarde mon amie d'au air qui veut clairement dire : "On n'a pas vraiment envie de faire ça, ou bien ?" Ce serait dommage de faire 45 minutes de crapahutage puis, arrivé au "passage le plus difficile qui vient tout à la fin", de devoir faire demi-tour et tout remonter à nouveau. Malheureusement, elle ne semble pas avoir compris mon regard désespéré, me lance un : "Bon, on y va ?" et se met en route. Je ne peux que suivre…
En réalité, la suite est très sympathique, même si je la conseillerais plutôt à la montée qu'à la descente et jamais par temps de pluie. Le sentier remonte par une bande rocheuse (assez exposé mais protégé par un câble), puis, très étroit, descend par une longue série de barres rocheuses vers les pâturages en dessous. Il y a de nombreux passages exposés, mais presque tous sont très bien sécurisés. Il faut souvent désescalader des barres plutôt raides d'une dizaine de mètres de haut, mais les prises sont bonnes et très nombreuses. Plus j'avance, plus je m'habitue au terrain et lorsque, plus tard, nous arrivons à une seconde vire exposée sans câble, je la passe presque sans hésiter. Ma coéquipière, beaucoup plus à l'aise que moi, est restée devant et m'aide dans les parties les plus raides, m'indiquant les meilleures prises pour mes pieds. Mes grandes jambes sont un énorme avantage, il faut l'avouer.
Après une bonne demi-heure de concentration mentale et musculaire intense, mes jambes se sont mises à trembler. Je sais que nous sommes presque en bas, mais je ne peux pas m'empêcher de penser au terrible "passage le plus difficile qui vient tout à la fin", que nous devrons encore affronter. Le sentier devient plat et disparaît derrière un coin de la montagne, le fameux passage doit être juste derrière… mais en fait, nous l'avons déjà passé sans nous en rendre compte. Derrière le coin de la montagne, il y a un banc, une place de grillade… puis le sentier quitte ce terrain vertical pour un paysage fait d'alpages, de chalets et du son d'un concert de cors des Alpes venant du restaurant de Fräkmüntegg. Je remercie mon amie de sa patience et de son encouragement : tout seul j'aurais fait demi-tour, c'est certain. En tant que randonneur le plus souvent seul, je n'ai que rarement la possibilité de me confronter à ce type de situation, et je suis bien content de l'avoir fait aujourd'hui.
Nous arrivons à Fräkmüntegg à 15 heures 45 et décidons de ne pas poursuivre jusqu'à Eigenthal. Il y aurait le risque de louper le bus de 17h 15, ce qui aurait pour conséquence un retour très tardif à Neuchâtel pour mon amie. En plus, il se met à pleuvoir ; nous faisons donc la queue avec les centaines de randonneurs, de familles et de touristes qui attendent de monter dans les "oeufs" qui descendent d'ici à Kriens. Le bus No. 1 nous ramène alors en ville, nous déposant à la gare de Lucerne huit minutes avant le départ du train d'Olten, un timing parfait. Avec de la bonne compagnie et des défis que j'ai pu relever, cette journée sur le Pilatus a été plus que satisfaisante.
Après notre randonnée au Chasseron il y a quelques semaines, cette fois-ci c'est mon amie neuchâteloise qui vient à la découverte de la Suisse centrale. Le choix du Pilatus s'est fait tout naturellement, en raison de l'accès très rapide depuis la gare de Lucerne, et du nombre de variantes possibles pour la montée et la descente.
Nous commençons la journée par un peu de course à pied. Entre l'arrivée du train depuis Olten et le départ du bus pour Eigenthal, il y a juste cinq minutes… et le train en a quatre de retard. Le bus attend forcément au bout le plus éloigné de la gare routière ; nous y arrivons d'extrême justesse, au moment même où le chauffeur démarre le moteur.
Il fait agréablement frais à Eigenthal, où nous descendons du bus à 9h 45. La canicule des dernières semaines a cédé sa place à un temps plus variable et assez venteux, et à des températures idéales pour la marche. Il pleuvra certainement plus tard, mais l'animation satellite suggère que le temps restera sec jusqu'à vers 17h, heure à laquelle nous serons certainement arrivés à destination et serons attablés devant une bière.
La montée commence tout doucement derrière le restaurant Eigenthalerhof. A droite, il y a de belles échappées entre les arbres vers le fond de la vallée alors que devant, encore assez loin, les falaises sombres du Pilatus sont à moitié couvertes de nuages gris. Ma coéquipière s'étonne de la verdure ; à Neuchâtel, me dit-elle, tout est brun, brûlé par la chaleur et la sécheresse. Nous n'avons pourtant pas eu beaucoup de pluie ici non plus.
Après la selle de Chraigütsch, la montée devient plus raide et le sentier, en forêt désormais, grimpe vers la crête du Höchberg, que nous suivons alors pendant un bon moment. A chaque ouverture du rideau des arbres, le Pilatus s'est rapproché un peu plus. Les nuages y sont toujours ; il n'est pas exclu que nous terminerons notre montée dans le brouillard. Nous ne voyons que peu d'autres randonneurs par ici, mais il y a des gens en bordure du sentier, en train de chercher des myrtilles dans les sous-bois. Nous perdons un peu d'altitude, remontons, redescendons et traversons une grande clairière où des linaigrettes poussent dans le sol un peu marécageux. Ce cheminement finit par nous amener à l'alpage d'Ober Lauelen, très joliment situé à une altitude de 1332 mètres.
A partir d'Ober Lauelen, nous rejoignons le Heitertannliweg et le caractère de la randonnée change radicalement. Finie la promenade facile, la prochaine heure sera beaucoup plus raide et techniquement plus difficile. Je connais déjà cette partie de l'itinéraire, l'ayant faite à l'automne il y a trois ans. Le sentier monte vers la base des falaises puis se faufile entre les barres rocheuses, étroit et parfois assez exposé, même si tous les endroits potentiellement délicats sont bien sécurisés par des chaînes. Il y a beaucoup plus d'autres randonneurs sur cette partie du sentier et, pour la plupart, ils vont plus vite que nous. Me sentant encore assez hors de forme, j'apprécie les petites pauses que nous faisons de temps en temps pour laisser passer des randonneurs plus sportifs. Nous parvenons à la selle sous le Klimsenhorn avec sa chapelle blanche. Nous avons évité le brouillard, mais le ciel s'est couvert et un petit vent frais s'est levé. Nous avons fait un peu moins de 900 mètres de dénivelée en un peu plus de deux heures et demie, ce qui n'est pas si mal.
Nous mangeons nos sandwiches, assis sur un banc devant la chapelle, face à un panorama lacustre quelque peu gâché par les nuages bas. Pour la première fois depuis des mois il me semble, j'enfile une polaire. Une guêpe n'arrête pas de me tourner autour et de se poser sur la pomme que j'essaie de manger… je finis par poser la pomme plus loin, mais apparemment c'est moi que la guêpe aime, car elle continue de m'embêter et ignore totalement le fruit que je lui ai laissé. Avec une énergie renouvelée, nous montons rapidement les 200 mètres qui nous séparent de Pilatus Kulm. Plus nous nous rapprochons de notre but, plus nous croisons de touristes en baskets et en sandales, qui ont dû se dire: "On montera en train et descendra à pied, c'est plus facile comme ça". Je me demande combien d'entre eux arriveront jusqu'à la chapelle.
Nous arrivons à Pilatus Kulm par une galerie creusée dans la roche, avec de grandes ouvertures qui offrent des vues plongeantes vers les alpages plus bas. La galerie se termine soudainement et de façon un peu surréaliste au milieu des touristes, entre un restaurant self-service et un groupe folklorique qui joue des airs alpestres pour des foules de Chinois. Nous fuyons l'endroit et nous installons à la terrasse de l'hôtel d'à côté. Il y a du vent, on dirait presque qu'il fait froid. Tous les randonneurs sont emmitouflés dans des polaires, et tous les touristes ont l'air de se dire qu'ils auraient dû penser à ça. Je paie 7 CHF pour deux boules de glace, ce qui me paraît bien cher… surtout comparé au stand de glace italienne qui s'est installé devant la cantine de l'entreprise où je travaille, et où ces mêmes deux boules coûtent moins de deux francs. Mais la comparaison est un peu injuste, je l'avoue.
Pour la descente, il y a de nombreuses alternatives. Cela va de l'option zéro effort du train à la descente de 1600 mètres jusqu'à Alpnachstad, que j'ai fait une fois… mes jambes s'en souviennent encore. Mon amie me suggère de choisir un itinéraire que je ne connais pas encore, et nous décidons de descendre vers Fräkmüntegg, puis éventuellement de continuer jusqu'à Eigenthal pour boucler la boucle. Nous redescendons rapidement à la Klimsenkapelle, où un sentier pierreux bifurque vers Fräkmüntegg.
Je ne connais pas du tout ce sentier mais, allez savoir pourquoi, je me dis qu'il doit être facile. Comme quoi, on ne peut pas avoir tout le temps raison… Au début, il n'y a pas de grosses difficultés ; le sentier n'est pas commode mais on peut encore le qualifier de facile. Une traversée descendante sous de hautes falaises fait suite à une longue série de lacets raides dans le fond d'un large couloir pierreux. Les pierres sont trop grosses pour qu'on puisse descendre tout droit en glissade, mais trop petites pour être stables sous nos pieds. La pente est raide et le résultat n'est pas très confortable. Loin au-dessus, toutes les cinq ou six minutes, le nouveau téléphérique passe dans un silence total, descendant vers un pylône dont l'angle par rapport au vertical paraît complètement fou.
Nous atteignons la fin du pierrier et du terrain plus plat. Je vois la suite du sentier qui s'en va tranquillement vers la droite, il a l'air facile comme tout. Sauf que ce n'est pas notre sentier ; celui-ci va à Hergiswil. A la prochaine bifurcation, Fräkmüntegg est indiqué à gauche, à l'opposé du gentil chemin que nous avons vu.
Tout de suite, les choses deviennent plus sérieuses. Suivant désormais le flanc ouest du couloir, l'étroit sentier monte sur une sorte de petite vire rocheuse au-dessus d'un ravin. C'est exposé, même si le "vide" est tout relatif, et il n'y a que des buissons pour s'accrocher. Je fais deux pas, dis "J'aime pas ça" à ma coéquipière et recule jusqu'à la terre ferme. Pendant qu'elle passe sans problème, comme si elle marchait le long de la Pilatusstrasse à Lucerne, je contourne l'obstacle en descendant dans le fond du petit ravin, puis en ressortant de l'autre côté. Deux randonneurs arrivent en sens inverse et je leur demande s'il y a d'autres passages délicats, m'attendant à une réponse rassurante. Réponse que je ne reçois pas… oui, dit l'homme, il y a des passages exposés, faut faire un peu d'escalade, le passage le plus difficile est tout à la fin.
Je regarde mon amie d'au air qui veut clairement dire : "On n'a pas vraiment envie de faire ça, ou bien ?" Ce serait dommage de faire 45 minutes de crapahutage puis, arrivé au "passage le plus difficile qui vient tout à la fin", de devoir faire demi-tour et tout remonter à nouveau. Malheureusement, elle ne semble pas avoir compris mon regard désespéré, me lance un : "Bon, on y va ?" et se met en route. Je ne peux que suivre…
En réalité, la suite est très sympathique, même si je la conseillerais plutôt à la montée qu'à la descente et jamais par temps de pluie. Le sentier remonte par une bande rocheuse (assez exposé mais protégé par un câble), puis, très étroit, descend par une longue série de barres rocheuses vers les pâturages en dessous. Il y a de nombreux passages exposés, mais presque tous sont très bien sécurisés. Il faut souvent désescalader des barres plutôt raides d'une dizaine de mètres de haut, mais les prises sont bonnes et très nombreuses. Plus j'avance, plus je m'habitue au terrain et lorsque, plus tard, nous arrivons à une seconde vire exposée sans câble, je la passe presque sans hésiter. Ma coéquipière, beaucoup plus à l'aise que moi, est restée devant et m'aide dans les parties les plus raides, m'indiquant les meilleures prises pour mes pieds. Mes grandes jambes sont un énorme avantage, il faut l'avouer.
Après une bonne demi-heure de concentration mentale et musculaire intense, mes jambes se sont mises à trembler. Je sais que nous sommes presque en bas, mais je ne peux pas m'empêcher de penser au terrible "passage le plus difficile qui vient tout à la fin", que nous devrons encore affronter. Le sentier devient plat et disparaît derrière un coin de la montagne, le fameux passage doit être juste derrière… mais en fait, nous l'avons déjà passé sans nous en rendre compte. Derrière le coin de la montagne, il y a un banc, une place de grillade… puis le sentier quitte ce terrain vertical pour un paysage fait d'alpages, de chalets et du son d'un concert de cors des Alpes venant du restaurant de Fräkmüntegg. Je remercie mon amie de sa patience et de son encouragement : tout seul j'aurais fait demi-tour, c'est certain. En tant que randonneur le plus souvent seul, je n'ai que rarement la possibilité de me confronter à ce type de situation, et je suis bien content de l'avoir fait aujourd'hui.
Nous arrivons à Fräkmüntegg à 15 heures 45 et décidons de ne pas poursuivre jusqu'à Eigenthal. Il y aurait le risque de louper le bus de 17h 15, ce qui aurait pour conséquence un retour très tardif à Neuchâtel pour mon amie. En plus, il se met à pleuvoir ; nous faisons donc la queue avec les centaines de randonneurs, de familles et de touristes qui attendent de monter dans les "oeufs" qui descendent d'ici à Kriens. Le bus No. 1 nous ramène alors en ville, nous déposant à la gare de Lucerne huit minutes avant le départ du train d'Olten, un timing parfait. Avec de la bonne compagnie et des défis que j'ai pu relever, cette journée sur le Pilatus a été plus que satisfaisante.
Tourengänger:
stephen

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