Plan de la loose au Glockner

On va pas me reprendre à croire aveuglement un bulletin météo ensoleillé alors que tous les autres sites annoncent l’arrivée d’un front froid et d’une baisse notable de la limite pluie / neige. Mais bon c’est encore et toujours un projet qui m’obsède depuis une année qui nous vaut une belle déculottée. Alors autant raconter humblement l’histoire de cette amère déception
 
Jour 1 :
 
Départ à 6 :00 c’est pire qu’en semaine pour aller bosser. Direction Innsbruck, puis on prolonge l’autoroute jusqu’à Wörgl où emprunte une vallée perpendiculaire à la vallée de l’Inn en direction de Kitzbühel. Hé oui, Kitzbühel, son célèbre domaine skiable, sa jet set et bien sûr la Streif… Nous on en verra rien puisque toute la région est dans des nuages bas et une bruine sinistre plombe l’atmosphère. Enfin on oblique vers le Sud sans trop de conviction en espérant que le temps sera meilleur de l’autre côté du tunnel du Felbertauern. Pas vraiment beau une fois sortie du Tunnel, mais le point de départ de la sortie n’est plus très loin, alors haut les cœurs. Plus que quelques km et nous voilà à Kals am Grossglockner. L’objectif le Studlgrad, son arête Sud-ouest ! On s’équipe sous les premières gouttes de pluie et nous nous mettons rapidement en marche. L’équipement est de circonstance pour tous les trois, parapluie de rigueur.
Deux heures nous suffisent pour avaler les 1000 m qui mènent vers le refuge de la Studlhütte qui s’avère être quasi déserte à notre arrivée. Seul un groupe de Russe nous apprend qu’il a beaucoup neigé et que le sommet est recouvert de 40 cm de neige fraîche. Mais comment ils peuvent savoir ça je me demande, ben pas compliquer. « We’ve made the summit this morning » qu’ils me racontent les yeux pleins d’étincelles. Vu le gabarit des cinq gars je me dis qu’ils ont dû faire le sommet comme une simple ballade du dimanche matin. Pour nous l’objectif initial tombe définitivement à l’eau. L’arête en 3b, 4a tranquille risque de devenir plus délicate recouverte de neige et de gel. On se rabat sur le sommet par la voie classique. Le défaitisme ambiant est tout de même sauvé par le souper gargantuesque auquel nous avons droit. Il n’y a rien à redire l’accueil des refuges autrichien c’est vraiment quelque chose.
 
Jour 2 :
 
Réveil et petit déjeuner. Dehors le temps est couvert, mais sec. Tout autour de nous est recouvert d’une fine pellicule de givre. On part en direction du glacier, il fait froid et je ne regrette pas le collant que je porte sous mon pantalon, on est en août, tout est normal. Tout est normal et je me ramasse au bout de 10 mètres après avoir posé le pied sur une surface plus sombre que le reste du chemin recouvert d’une fine pellicule de givre. Pas de chance, c’était une plaque de glace collée sur le rocher. Vivement le glacier et les crampons…Enfin nous prenons pied sur le Ködnitzkeeses – c’est le nom du glacier – et nous prenons la direction de la Luisenscharte une brèche qui nous permet d’accéder au plateau supérieur du glacier. De là une pente de neige mène au départ du Murztalersteig, une via ferrata qui conduit à la Adlersruhe, le repos de l’aigle (sic !). Le temps s’est lentement couvert et il neige à présent un petit grésil assez désagréable. Depuis le départ nous marchons dans 20 à 30 cm de neige fraîche et cette via ferrate qui est une simple balade par condition sèche et beau temps risque de devenir la première véritable difficultée. Crampons aux pieds on s’engage sur les terrasses enneigées et remontons les petits resceaux en cramponnant au hasard les paquets de neige collée sur le rocher ou à l’aide des tiges d’acier enfoncer ça et là. On perd pas mal de temps dans cette section et atteignons le refuge Herzherzog Johann, posée comme une sentinelle au sommet de la Adlersruhe. La météo commence à se dégrader et on décide d’une petite pause dans le refuge pour évaluer la situation au calme. Le plafond nuageux est très bas et la visibilité varie entre 15 et 20 mètres aux meilleurs moments. C’est ici que je prends la tête de la cordée, et marche d’un pas décidé vers la base du couloir qui se dévoile parfois entre deux bourrasques de neige. Comme on s’est battu jusqu’ici on décide de continuer et de voir une fois arrivé au Bahnhof, un replat avant le couloir de neige verrouillant l’accès à l’antécîme du Grossglockner. La marche se passe dans ce qui se transforme petit à petit en une tempête de neige. La visibilité se dégrade rapidement et la mort dans l’âme on se décide à rebrousser chemin…
 
On repart avec de gros regrets, mais surtout la certitude de ne plus se prendre au jeu d’un bulletin météo trop optimiste.
 
 
Horaire : montée de Kals à la Stüdlhütte en 2 heures. Stüdlhütte tentative de sommet et retour dans la vallée en 7h30.
 
Participants : Dominik et Martin et moi !
 
Conditions : Pluie et neige le premier jours ; pire le second !
 
 
Engagement : Murztalersteig pas évident recouvert de 20 à 30 cm de neige fraiche.