Zehner / Sass dei Diec - depuis le Rifugio Lavarella

La météo trop instable pour se lancer dans notre projet de raid en Ötztal nous a une nouvelle fois poussé vers ces Dolomites que nous aimons tant et où il est toujours possible de tirer son épingle du jeu quelque soit le temps prévu. Une semaine de vacances entamée dans des conditions pas faciles dans la région du Rheinwaldhorn, poursuivie par un bref intermède préalpin dans le Bregenzerwald  avant d'installer notre camp de base pour 5 jours entre Bruneck et Brixen.

Après avoir rayonné dans la région de Cortina et de Dobbiaco il y a 4 ans, nous sommes partis découvrir le Val Badia en passant 3 jours entre les refuges de Fanes / Lavarella et de Sennes, chaucun aisément accessible depuis l'auberge de Pederü (12km de St Vigilio in Marebbe) par des pistes d'alpage damées. Pas eu le courage de se lever encore aux aurores ce mardi après 4h de podfok (et presque autant de voiture) la veille, finalement malgré les prévisions maussades il faisait déjà grand beau dès mardi au dessus de 2000m. On s'est donc contentés - après avoir décimé le buffet du P-dèj - de shopping bullatoire dans la (magnifique) vieille cité de Bruneck / Brunico dont la château renferme d'ailleurs l'un des 5 MMM (Messner Mountain Museum) initié par le grand Rheinhold lui-même. Avant de monter au Rifugio Lavarella tranquillement l'après-midi

La petite route d'accès de Pederü est déjà un joli spectacle en soi, la piste de ski de fond (12km one way !) qui serpente dans le fond de vallée donne à elle seule l'envie de revenir un peu plus tôt en saison. La montée de Pederü au Rifugio (+550m, 5-6km) prend environ 2 heures, elle est sans risque même par mauvais temps puisqu'il suffit de suivre la piste d'alpage damée par la moto-neige du gardien dont on peut couper quelques lacets. 2 refuges voisins se font concurrence, celui de Fanes et celui de Lavarella, on avait opté pour le second en imaginant qu'un Rifugio serait un peu plus rustique qu'une Hütte mais le standard de confort reste bien de nature italo-autrichienne : petites chambres douillettes avec couettes et lavabo, WC-douches immaculés à l'étage, local à skis avec sèchoir pour chaussures, gastronomie "de plaine" & tutti quanti. Il y avait même une guitare ce qui m'a permis de me dérouiller les doigts sans risque de géner grand monde puisqu'on était moins d'une vingtaine ce soir là.

Montée sans souci dans un cadre magique, la pente se redresse bien sur les 300 derniers mètres (> 30°) que nous avons retracé. L'arrivée au replat sous le sommet est assez étonnante : versant E, les belles pentes akiables qui invitent au ski, versant W 1500m de plongeon vers le Val Badia. Rencontre adorable avec une équipe de Basques (!) de Pampelune venus découvrir les Dolomites et évidemment émerveillés comme tout un chacun. Non, je ne parle pas un mot de basque, mais ils ont accepté de parler espagnol avec nous...Rien à dire, la chaleur humaine des gens du sud aura toujours une longueur d'avance avec celle de nos latitudes !

Retour à la cabane vers midi, picnic et dernier expresso, nous sommes ensuite redescendus à Pederü pour remonter l'après-midi même au Rifugio Sennes, juste de l'autre coté de la vallée (+600m, 2h) soit au final un mercredi bien rempli. Il y avait bien sur de quoi remplir un séjour entier depuis Lavarella, mais comme d'habitude on avait les yeux plus gros que le ventre et une envie compulsive de tout découvrir...

Conditions : gros enneigement dès Pederü (> 50cm), piste d'accès sans souci. 2m de neige à la cabane. Au delà, neige de printemps en voie de tassement mais qui ramollit fort l'après-midi. Ski de rêve en attaquant la descente vers 11h, 900m de moquette. La Via Ferrata du sommet (25 derniers mètres) n'est pas encore praticable (cable enfoui). Toutes les classiques étaient tracées (Bechei, Castello, Neuner, Ciaval, Lavarella par le sud...) sauf le couloir NE de Lavarella, mais les pentes sont immenses et ce n'est jamais un souci (tout au plus une aide dans ce relief paumatoire bien mal rendu par les cartes locales...). Risque 2 annoncé pas de signe suspect, étonnamment peu de coulées de fond. enneigement exceptionnel sur les Dolomites cette année, alors que le massif est souvent plutôt sec l'hiver.

Météo : grand beau frais le matin, cumulus et courte giboulée l'après-midi.

Participants : Agnès et moi. 8 autres personnes sur la course ce jour là.

Itinéraire détaillé ici