Rheinwaldhorn → Zapportpass : pélerinage aux sources du Rhin


Publiziert von Bertrand , 17. April 2013 um 10:32.

Region: Welt » Schweiz » Graubünden » Hinterrhein
Tour Datum: 7 April 2013
Hochtouren Schwierigkeit: WS+
Wegpunkte:
Geo-Tags: Gruppo Zapporthorn   CH-GR   Gruppo Cima Rossa   Gruppo Rheinwaldhorn   CH-TI 
Zeitbedarf: 2 Tage
Aufstieg: 1700 m
Abstieg: 1700 m

Il ne s'agit pas d'une audacieuse traversée comme le titre pourrait le laisser penser, mais simplement d'un repli stratégique suite à une météo pas assez coopératrice à notre goût...Nous avions 9 jours de liberté devant nous avec comme seul objectif d'aller se promener "loin à l'est" au gré des conditions. Il ne fallait évidemment pas rêver, à la veille du départ les prévisions annoncées vont du moyen au pourri en passant par l'humide. Le projet initial d'un raid dans l'Ötztal s'en fut donc rapidement rejoindre son petit cousin du Tour du Viso dans le (gros) tiroir des projets remis d'année en année. Plan B usuel : une itinérance spontanée au jour le jour et au gré de l'humeur du ciel. Ingrédients : une voiture remplie de skis, vélos, chaussures de trail & tutti quanti. Des cartons de cartes et topos couvrant une bonne partie de l'Arc Alpin oriental de l'Ötztal aux Dolomites en passant par le Vorarlberg et le Lac de Garde. Un Ipad déjà préprogrammé pour zyeuter tous les sites nivo-météo sur un triangle Lac de Constance - Vérone - Salzburg. Et un robuste sens de l'improvisation !

Un petit espoir de temps convenable nous a convaincu d'entamer notre pélerinage du coté du Rheinwaldhorn (3400m) , sommet phare aux confins des Grisons et du Tessin, via les sources du Rhin et la cabane Zapport. Les vacances commencent donc par un réveil à 5h puisque la fin de la montée à ladite cabane est une jolie souricière, encaissée à souhait au fond d'une gorge avec d'immenses pentes de chaque coté - prêtes à dégueuler leur trop plein de neige sur les retardataires. La sortie de la gorge est d'ailleurs assez acrobatique (cf images) avec quelques ponts bien ramollis au dessus d'un torrent déjà bien vigoureux. Bref la cabane de Zapport se mérite.

Les risques objectifs ne se limitent d'ailleurs pas là puisque les 4 premiers kms (à plat) se font à travers le champ de tir d'Hinterrhein où - même si l'armée ne travaille pas le WE - on peut toujours imaginer sauter sur un obus pas explosé planqué sous la neige. Le coin est par ailleurs truffé de blockhaus, bunkers, rampes pour chars, galeries souterraines et autres trucs bizzarres à la fonction mystérieuse, comme si l'armée italienne s'apprêtait à surgir. Et tout ça avec nos impôts. Enfin je m'égare.

La Zapporthütte fait partie des dernières cabanes "à l'ancienne"  que le CAS n'a pas encore transformé en hotel d'altitude : 30 places, 1 salle commune en bas (12°), 1 dortoir en haut, 1 toilette spartiate à l'extérieur, le tout en bois patiné à souhait, aucun signal de portable, rien n'a dû beaucoup changer depuis sa construction. Le vieux gardien (75 ans +++) est adorable et connait parfaitement sa région, les deux chiens s'ennuient sans doute un peu et viennent donc vous lécher le visage avec assiduité. Le projet d'une balade l'après-midi est vite remplacé par une longue sieste au vu de la fournaise ambiante dans cette grande face sud et de la consistance polentesque de la neige aux alentours.

Le lendemain matin à 6h, pas de miracle : 10m de visibilité et du grésil. Au bout d'1 h d'attente, les 7 candidats au sommet décident quand même "d'aller voir", en couteaux pour la plupart, en crampons pour les plus peureux (nous bien sûr) : les 500 premiers mètres pour rejoindre le fond de vallon plat se déroulent en effet à l'horizontale sur une pente sud à 30/35° vitrifiée à souhait et dominant directement la gorge du Rhin, plongée dans le brouillard à cet instant précis. Bref un départ qui réveille.On rechausse quand même skis et couteaux un peu plus loin, mais la vague trace de nos prédécesseurs, loin de rejoindre sagement le fond du vallon (supposé plat selon Garmin) repart de plus belle à droite au dessus d'une barre rocheuse. De 2 mètres ou 20 mètres de haut, impossible à déterminer. Ce sera donc 20 mètres. Donc on prend peur.

Re-crampons, Garmin me dit qu'on est juste au dessus du fond de vallon (plat et débonnaire), je descend voir, un petite dalle verglacée apparait rapidement, et cette foutue purée de poix qui m'empêche de savoir s'il reste 5 mètres ou 15 et s'il est raisonnable ou pas de se laisser glisser sur les fesses. Caca nerveux général, ras le bol de ce coin de chiottes dans un temps de chiotte, même si on imagine peut-être le soleil 300m au dessus de nos têtes le 1/2 tour est décidé à l'unanimité des deux rescapés.

Retour penauds à la cabane, "eh oui, les autres ont été plus courageux" comme seule explication à la gardienne qui - en bonne Suisse-allemande occupée à putzer - ne semble pas outre mesure enchantée de notre retour prématuré. 2 heures de lecture + podcasts (toujours par 12°) plus tard, on aperçoit furtivement le soleil. On décide donc d'aller quand même sauver la journée en montant de l''autre coté au Piz de Stabi. Evidemment tout cela n'était qu'un leurre : en retraversant le Rhin 80m sous la cabane, on n'y voit de nouveau plus rien. Et le légendaire Stabi n'est évidemment pas tracé. Mais cette fois-ci la révolte a sonné, ras le bol de buter à chaque fois. Les fesses serrées, l'oeil rivé sur le GPS, je m'entête donc à tracer dans cette grande pente nord dont les 30° me semblent étonnamment anxiogènes. Il est peut-être temps d'arrêter la montagne me direz-vous. Qui sait ?

Bon tout à une fin et nous finissons par crever le brouillard vers 2500m. Cap sur le Stabi à Mach 2 par une chaleur soudain étouffante, on fera cadeau des 90 derniers mètres caillouteux aux bonnes oeuvres pour entamer la descente depuis le Zapportpass (3045m). Descente par ailleurs magnifique sur ce joli glacier en pente douce, poudreuse sur fond dur sur 600m de haut avant de retrouver croute au fromage et polenta trop cuite un peu au dessus de la gorge. Qui n'inspire d'ailleurs pas plus confiance à la descente qu'à la montée.

Météosuisse est formel : le mauvais remonte du sud le soir même, seul les Préalpes Orientales laissent espérer qques éclaircies le lendemain matin. Cap donc sur le Bregenzerwald (à l'est du Lac de Constance) qui regorge de sommets préalpins faciles encore exceptionnellement enneigés cette année. Avant de rebasculer vers le Dolomites qui promettent une semaine acceptable dès le surlendemain...

Conditions du jour : 50cm de neige dès Hinterrhein, mais il est plus rapide de porter les skis sur les 2.5 premiers kms de route militaire goudronnée (interdite au trafic). La gorge du Höll ("enfer") est bien fournie en neige ce qui en facilite la praticabilité, mais les pentes qui la domine le sont tout autant ce qui ne rassure qu'à moitié. Neige de printemps tout le long sous la cabane et jusqu'au replat qui fait suite, plus hivernale > 2500m en versant N du Piz di Stabi / Zapportpass.

Météo : Brouillard < 1900m le samedi (donc beau dans l'ensemble), limite vers 2500-2700m le dimanche, se dissipant l'après-midi. Iso 0° vers 2000m, mais en avril ça cogne donc déjà fort au soleil dès la mi-journée.

Participants : Agnès et moi. 15 personnes à la cabane dont 7 candidats au Rwhorn.

Itinéraire détaillé ici

Tourengänger: Bertrand


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Kommentare (2)


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Tony. hat gesagt: Hostile
Gesendet am 18. April 2013 um 16:11
Quand c'est pas des sentiers tortueux et verglacés, vous partez vous égarer dans des gorges hostiles...

"L'aspect devient encore plus terrible...Le gouffre hideux et splendide jette avec rage une pluie de perles au visage de ceux qui osent le regarder de si près. "
Victor Hugo (description des chutes du Rhin)

Bertrand hat gesagt: RE:Hostile
Gesendet am 18. April 2013 um 16:35
C'est juste qu'on est de + en + trouillards...en repassant là-bas par grand beau on rigolerait surement de voir là où on a fait 1/2 tour !


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