ViaJacobi : Étape 8, de Schwyz à Buochs
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English version
En quittant Schwyz, la ViaJacobi se trouve vite confrontée à un obstacle aussi grand qu’humide : le lac des Quatre Cantons. Même si ce n’est pas le plus grand des lacs suisses, ses nombreux bras en font un obstacle difficile à contourner à pied. Il n’y a qu’un kilomètre et demi entre Brunnen sur la rive orientale du lac et Treib sur la rive occidentale à vol d'oiseau, mais il faudrait une très longue journée de marche pour relier les deux endroits par voie terrestre, même en prenant le chemin le plus court. J’imagine que les pèlerins d’antan devaient louer les services d’un batelier pout les faire traverser : de nos jours, il y a une liaison toutes les heures grâce aux bateaux qui relient Lucerne à Flüelen, ce qui rend les choses plus simples.
Mais avant de prendre l’air lacustre, je dois marcher de Schwyz à Brunnen, en essayant de faire coïncider mon arrivée avec celle du bateau de 10 heures 49. J’ai calculé qu’il me faudra une heure et dix minutes, et j’ai ajouté une demi-heure de marge pour ne pas devoir me presser. Les 15 premières minutes de l’étape sont sans intérêt, le long d’une route cantonale bordée de zones industrielles et de centres commerciaux. Ce n’est qu’après le pont sur la Muota à Ibach (454 m) que le chemin pédestre s’éloigne enfin de la route principale, même si la surface de la petite route qui traverse la plaine entre Schwyz et Brunnen est quand même goudronnée. Je dépasse deux marcheurs qui parlent néerlandais : ils ont de gros sacs à dos ornés de coquilles Saint Jacques, et je me demande s’ils vont jusqu’à Compostelle. S’ils ont commencé à Konstanz ou à Rorschach, ils n’ont pas eu de chance avec la météo : aujourd’hui est le premier jour sans pluie depuis plus d’une semaine.
Après une demi-heure de marche, je suis surpris de voir un panneau qui indique encore 1 heure et 10 minutes jusqu’à Brunnen. Si c’est vraiment le cas, je n’aurai probablement pas mon bateau. Mon rythme a été plutôt relax jusqu’ici mais maintenant j’accélère le pas, ne voulant pas attendre une heure au bord du lac. L’itinéraire quitte la petite route pour un sentier herbeux qui passe devant une petite chapelle, puis monte d’une cinquantaine de mètres jusqu’à la grande chapelle de St. Wendelin, construite en 1708 et impeccablement entretenue. Dans un registre moins spirituel, la maison avoisinant la chapelle se proclame Zwergparadies, ou paradis des nains de jardin : il y a effectivement de nombreux représentants de l’espèce autour de la maison.
Je passe sous un pont autoroutier, puis remonte jusqu’à l’abbaye d’Ingenbohl, installée sur une colline qui surplombe la ville de Brunnen. Le bâtiment d’origine du 19ème siècle est imposant, mais l’harmonie de l’ensemble est quelque peu gâchée par des agrandissements modernes d’un goût architectural plus que discutable. Une longue volée de marches descend devant l’abbaye jusqu’à Brunnen : il ne reste qu’une dizaine de minutes de marche le long d’une rue tranquille à côté d’un ruisseau pour arriver au bord du lac et à l’embarcadère. J’ai mis une heure et dix minutes comme prévu et dois attendre le bateau pendant une demi-heure.
La traversée en bateau de Brunnen à Treib ne dure que six minutes. Depuis l’arrière du bateau, je regarde les Mythen et le canton de Schwyz s’éloigner derrière. A Treib, je me trouve sur sol uranais et peu de temps après, j’entrerai dans le canton de Nidwald. Trois cantons suisses en une heure, ce n’est pas mal ! Beaucoup de personnes débarquent avec moi à Treib, mais la plupart se dirigent vers le funiculaire de Seelisberg.
Les deux ou trois kilomètres qui suivent comptent sans doute parmi les plus beaux du chemin national No. 4 au niveau du paysage. Après une courte montée sur route depuis l’embarcadère de Treib jusqu’au hameau de Volligen (507 m), l’itinéraire traverse des prés sur une terrasse ensoleillée, une centaine de mètres au-dessus du lac. Devant moi, au-delà des prairies et des bosquets d’arbres du premier plan, la crête du Bürgenstock se dresse de l’autre côté du lac. Plus loin encore, le Pilatus est encore partiellement enneigée, mais il suffira maintenant de quelques jours de soleil pour achever la fonte. Derrière moi, la chaîne des Mythen est déjà loin, alors que juste en face, c’est la Hohflue, sommet le plus alpin du massif du Rigi, qui domine la vue.
Le sentier monte en direction de la base de barres rocheuses, puis débouche sur une route qui, de manière un peu frustrante, redescend pendant un kilomètre, perdant 65 des mètres d’altitude que j’ai gagnés depuis Treib. Au point où la route entre en forêt, une piste bifurque à gauche et commence tout de suite à monter en pente assez raide, avant de faire place à un sentier étroit qui traverse le versant escarpé. Ce sentier semble être très parcouru et je croise beaucoup de monde : depuis le début de la ViaJacobi, c’est probablement l’endroit où j’en ai vu le plus. Les chemins nationaux 2 et 4 partagent le même itinéraire pendant quelques kilomètres, ce qui, en plus du paysage, pourrait expliquer la fréquentation du lieu. Le sentier, balisé rouge et blanc et exposé par endroits, se faufile entre des barres rocheuses : c’est probablement le tronçon le plus technique de la ViaJacobi, à une échelle toute relative. La plupart du temps, une solide rambarde en bois protège les marcheurs du vide, mais il y a quand même des endroits où il serait déconseillé de s’encoubler sur une racine d’arbre ou de glisser sur une pierre humide. A mi-parcours, le sentier grimpe vers un promontoire qui dispose d’une belle vue vers l’est le long du lac : ce serait l’endroit parfait pour s’arrêter et pique-niquer, mais les deux bancs sont déjà occupés.
Quelques minutes plus tard, à une bifurcation en forêt, la ViaJacobi tourne à gauche, alors que le chemin No. 2 descend à droite vers Risleten et le bord du lac. Tous les autres randonneurs ont dû privilégier l’option de droite, car je ne vois pratiquement plus personne après ce point. Moins aérien maintenant, le sentier monte en lacets avant de quitter la forêt juste en dessous de la courbe de niveau des 800 mètres : c’est le point culminant de l’étape. Devant moi le paysage a changé : à la place du lac, il y a maintenant une vallée verte, au-dessus de laquelle les montagnes qui surplombent la Klewenalp sont encore blanches de neige. Je mange mes sandwiches assis sur un rocher à quelques mètres du chemin, à l’ombre d’un arbre. Je me remets en marche après une vingtaine de minutes, en descente raide jusqu’à Sonnwil (775 m), où le sentier de montagne laisse sa place à une petite route. D’ici jusqu’à la fin de l’étape, je ne quitterai presque plus le goudron : la partie la plus intéressante de la journée est terminée.
Suivant la route sinueuse, je descends dans la vallée, passant devant une autre chapelle peinte en blanc, avant de traverser la route cantonale à l’entrée du village de Sagendorf (726 m). Dans la rue du village, il y a des décorations florales d’une genre assez inhabituel. Des espèces d’épouvantails amputés au niveau de la taille ont été installés devant les maisons : à la place de leur buste et de leur tête il y a des pots de fleurs, alors que sous la taille, leurs jambes (empaillées je suppose) ont été habillés de pantalons, de bas et de chaussures. C’est à la fois original et un peu déroutant.
A la sortie de Sagendorf, il n’y a d’autre option que de marcher le long de la route cantonale qui, heureusement, dispose d’un trottoir. Je monte en direction d’Emmetten (755 m), pendant que voitures, cars postaux et motos passent à vive allure. Selon un article que je me souviens d’avoir lu l’année dernière dans un journal gratuit, Emmetten est le village le plus heureux de Suisse. Je ne sais plus quelle était la base scientifique de cette analyse et personnellement, le fait de traverser le village sur toute sa longueur sur la route ne me rend pas spécialement heureux ! Emmetten a un peu l’allure d’une station de sports d’hiver, avec des départs de télécabine et des immeubles d’appartements construits dans le style chalet le long de la rue principale. Ce n’est ni laid, ni spécialement beau, mais peut-être qu’on n’a pas besoin d’être beau pour être heureux…
A l’extrémité ouest d’Emmetten, là où la route plonge en épingles à cheveux vers le lac, un sentier descend vers le nord. Coupant d’abord les lacets de la route, ce sentier entre ensuite en forêt et devient très raide, descendant de presque 300 mètres en moins d’un kilomètre horizontal. Équipé de nombreuses marches en bois et couvert de gravillons, le sentier est assez glissant, même si le balisage rouge et blanc me paraît un peu excessif. Juste en dessous se trouve l’autoroute du Gotthard et, même si elle reste invisible pendant presque toute la descente, le bruit de la circulation devient de plus en plus invasif. Passant sous le viaduc autoroutier, j’arrive bientôt au bord du lac à Rütenen (437 m).
Depuis ici, la ViaJacobi suit la route du bord du lac jusqu’à Beckenried, deux kilomètres et demi qui en paraissent beaucoup plus dans la chaleur de l’après-midi. Quelque part dans Beckenried je loupe une bifurcation et dois faire une bonne partie du chemin restant jusqu’à Buochs le long d’une route cantonale très passagère. Un peu avant Buochs, une route plus calme part sur la droite et suit le bord du lac, où des familles prennent l’un des premiers bains de soleil de la saison, même si le ciel devient de plus en plus chargé de nuages. En regardant le long du lac vers l’est, la chaîne complète du Rigi est visible maintenant, du Kulm coiffé de son mât de télécommunication au nord jusqu’au Vitznauerstock et à la Hohflue pointus à son extrémité sud. Les Mythen ont disparu complètement, cachés derrière le Rigi, mais le Fronalpstock reste visible au-dessus de Brunnen, là où le lac tourne vers le sud.
L’itinéraire revient sur la route principale pour le dernier kilomètre avant Buochs. Après avoir vérifié les horaires de bus, je descends jusqu’au bord du lac pour boire une bière à la terrasse de l’hôtel Rigiblick am See. L’endroit est calme, Buochs semble être un peu laissé de côté, sans l’animation touristique de Weggis, Vitznau, Gersau ou Brunnen. Quelques gouttes de pluie se mettent à tomber alors que je termine ma bière : après une semaine pluvieuse, le petit interlude de beau temps touche déjà à sa fin, la semaine qui vient sera encore plus pluvieuse que la précédente. Mes pieds me font mal : j’ai marché un peu plus de 23 kilomètres, dont une bonne quinzaine sur des routes. Malgré les belles vues au-dessus de Treib, cette overdose de goudron a gâché le plaisir sur la fin, il y a eu mieux depuis le début de la ViaJacobi.
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En quittant Schwyz, la ViaJacobi se trouve vite confrontée à un obstacle aussi grand qu’humide : le lac des Quatre Cantons. Même si ce n’est pas le plus grand des lacs suisses, ses nombreux bras en font un obstacle difficile à contourner à pied. Il n’y a qu’un kilomètre et demi entre Brunnen sur la rive orientale du lac et Treib sur la rive occidentale à vol d'oiseau, mais il faudrait une très longue journée de marche pour relier les deux endroits par voie terrestre, même en prenant le chemin le plus court. J’imagine que les pèlerins d’antan devaient louer les services d’un batelier pout les faire traverser : de nos jours, il y a une liaison toutes les heures grâce aux bateaux qui relient Lucerne à Flüelen, ce qui rend les choses plus simples.
Mais avant de prendre l’air lacustre, je dois marcher de Schwyz à Brunnen, en essayant de faire coïncider mon arrivée avec celle du bateau de 10 heures 49. J’ai calculé qu’il me faudra une heure et dix minutes, et j’ai ajouté une demi-heure de marge pour ne pas devoir me presser. Les 15 premières minutes de l’étape sont sans intérêt, le long d’une route cantonale bordée de zones industrielles et de centres commerciaux. Ce n’est qu’après le pont sur la Muota à Ibach (454 m) que le chemin pédestre s’éloigne enfin de la route principale, même si la surface de la petite route qui traverse la plaine entre Schwyz et Brunnen est quand même goudronnée. Je dépasse deux marcheurs qui parlent néerlandais : ils ont de gros sacs à dos ornés de coquilles Saint Jacques, et je me demande s’ils vont jusqu’à Compostelle. S’ils ont commencé à Konstanz ou à Rorschach, ils n’ont pas eu de chance avec la météo : aujourd’hui est le premier jour sans pluie depuis plus d’une semaine.
Après une demi-heure de marche, je suis surpris de voir un panneau qui indique encore 1 heure et 10 minutes jusqu’à Brunnen. Si c’est vraiment le cas, je n’aurai probablement pas mon bateau. Mon rythme a été plutôt relax jusqu’ici mais maintenant j’accélère le pas, ne voulant pas attendre une heure au bord du lac. L’itinéraire quitte la petite route pour un sentier herbeux qui passe devant une petite chapelle, puis monte d’une cinquantaine de mètres jusqu’à la grande chapelle de St. Wendelin, construite en 1708 et impeccablement entretenue. Dans un registre moins spirituel, la maison avoisinant la chapelle se proclame Zwergparadies, ou paradis des nains de jardin : il y a effectivement de nombreux représentants de l’espèce autour de la maison.
Je passe sous un pont autoroutier, puis remonte jusqu’à l’abbaye d’Ingenbohl, installée sur une colline qui surplombe la ville de Brunnen. Le bâtiment d’origine du 19ème siècle est imposant, mais l’harmonie de l’ensemble est quelque peu gâchée par des agrandissements modernes d’un goût architectural plus que discutable. Une longue volée de marches descend devant l’abbaye jusqu’à Brunnen : il ne reste qu’une dizaine de minutes de marche le long d’une rue tranquille à côté d’un ruisseau pour arriver au bord du lac et à l’embarcadère. J’ai mis une heure et dix minutes comme prévu et dois attendre le bateau pendant une demi-heure.
La traversée en bateau de Brunnen à Treib ne dure que six minutes. Depuis l’arrière du bateau, je regarde les Mythen et le canton de Schwyz s’éloigner derrière. A Treib, je me trouve sur sol uranais et peu de temps après, j’entrerai dans le canton de Nidwald. Trois cantons suisses en une heure, ce n’est pas mal ! Beaucoup de personnes débarquent avec moi à Treib, mais la plupart se dirigent vers le funiculaire de Seelisberg.
Les deux ou trois kilomètres qui suivent comptent sans doute parmi les plus beaux du chemin national No. 4 au niveau du paysage. Après une courte montée sur route depuis l’embarcadère de Treib jusqu’au hameau de Volligen (507 m), l’itinéraire traverse des prés sur une terrasse ensoleillée, une centaine de mètres au-dessus du lac. Devant moi, au-delà des prairies et des bosquets d’arbres du premier plan, la crête du Bürgenstock se dresse de l’autre côté du lac. Plus loin encore, le Pilatus est encore partiellement enneigée, mais il suffira maintenant de quelques jours de soleil pour achever la fonte. Derrière moi, la chaîne des Mythen est déjà loin, alors que juste en face, c’est la Hohflue, sommet le plus alpin du massif du Rigi, qui domine la vue.
Le sentier monte en direction de la base de barres rocheuses, puis débouche sur une route qui, de manière un peu frustrante, redescend pendant un kilomètre, perdant 65 des mètres d’altitude que j’ai gagnés depuis Treib. Au point où la route entre en forêt, une piste bifurque à gauche et commence tout de suite à monter en pente assez raide, avant de faire place à un sentier étroit qui traverse le versant escarpé. Ce sentier semble être très parcouru et je croise beaucoup de monde : depuis le début de la ViaJacobi, c’est probablement l’endroit où j’en ai vu le plus. Les chemins nationaux 2 et 4 partagent le même itinéraire pendant quelques kilomètres, ce qui, en plus du paysage, pourrait expliquer la fréquentation du lieu. Le sentier, balisé rouge et blanc et exposé par endroits, se faufile entre des barres rocheuses : c’est probablement le tronçon le plus technique de la ViaJacobi, à une échelle toute relative. La plupart du temps, une solide rambarde en bois protège les marcheurs du vide, mais il y a quand même des endroits où il serait déconseillé de s’encoubler sur une racine d’arbre ou de glisser sur une pierre humide. A mi-parcours, le sentier grimpe vers un promontoire qui dispose d’une belle vue vers l’est le long du lac : ce serait l’endroit parfait pour s’arrêter et pique-niquer, mais les deux bancs sont déjà occupés.
Quelques minutes plus tard, à une bifurcation en forêt, la ViaJacobi tourne à gauche, alors que le chemin No. 2 descend à droite vers Risleten et le bord du lac. Tous les autres randonneurs ont dû privilégier l’option de droite, car je ne vois pratiquement plus personne après ce point. Moins aérien maintenant, le sentier monte en lacets avant de quitter la forêt juste en dessous de la courbe de niveau des 800 mètres : c’est le point culminant de l’étape. Devant moi le paysage a changé : à la place du lac, il y a maintenant une vallée verte, au-dessus de laquelle les montagnes qui surplombent la Klewenalp sont encore blanches de neige. Je mange mes sandwiches assis sur un rocher à quelques mètres du chemin, à l’ombre d’un arbre. Je me remets en marche après une vingtaine de minutes, en descente raide jusqu’à Sonnwil (775 m), où le sentier de montagne laisse sa place à une petite route. D’ici jusqu’à la fin de l’étape, je ne quitterai presque plus le goudron : la partie la plus intéressante de la journée est terminée.
Suivant la route sinueuse, je descends dans la vallée, passant devant une autre chapelle peinte en blanc, avant de traverser la route cantonale à l’entrée du village de Sagendorf (726 m). Dans la rue du village, il y a des décorations florales d’une genre assez inhabituel. Des espèces d’épouvantails amputés au niveau de la taille ont été installés devant les maisons : à la place de leur buste et de leur tête il y a des pots de fleurs, alors que sous la taille, leurs jambes (empaillées je suppose) ont été habillés de pantalons, de bas et de chaussures. C’est à la fois original et un peu déroutant.
A la sortie de Sagendorf, il n’y a d’autre option que de marcher le long de la route cantonale qui, heureusement, dispose d’un trottoir. Je monte en direction d’Emmetten (755 m), pendant que voitures, cars postaux et motos passent à vive allure. Selon un article que je me souviens d’avoir lu l’année dernière dans un journal gratuit, Emmetten est le village le plus heureux de Suisse. Je ne sais plus quelle était la base scientifique de cette analyse et personnellement, le fait de traverser le village sur toute sa longueur sur la route ne me rend pas spécialement heureux ! Emmetten a un peu l’allure d’une station de sports d’hiver, avec des départs de télécabine et des immeubles d’appartements construits dans le style chalet le long de la rue principale. Ce n’est ni laid, ni spécialement beau, mais peut-être qu’on n’a pas besoin d’être beau pour être heureux…
A l’extrémité ouest d’Emmetten, là où la route plonge en épingles à cheveux vers le lac, un sentier descend vers le nord. Coupant d’abord les lacets de la route, ce sentier entre ensuite en forêt et devient très raide, descendant de presque 300 mètres en moins d’un kilomètre horizontal. Équipé de nombreuses marches en bois et couvert de gravillons, le sentier est assez glissant, même si le balisage rouge et blanc me paraît un peu excessif. Juste en dessous se trouve l’autoroute du Gotthard et, même si elle reste invisible pendant presque toute la descente, le bruit de la circulation devient de plus en plus invasif. Passant sous le viaduc autoroutier, j’arrive bientôt au bord du lac à Rütenen (437 m).
Depuis ici, la ViaJacobi suit la route du bord du lac jusqu’à Beckenried, deux kilomètres et demi qui en paraissent beaucoup plus dans la chaleur de l’après-midi. Quelque part dans Beckenried je loupe une bifurcation et dois faire une bonne partie du chemin restant jusqu’à Buochs le long d’une route cantonale très passagère. Un peu avant Buochs, une route plus calme part sur la droite et suit le bord du lac, où des familles prennent l’un des premiers bains de soleil de la saison, même si le ciel devient de plus en plus chargé de nuages. En regardant le long du lac vers l’est, la chaîne complète du Rigi est visible maintenant, du Kulm coiffé de son mât de télécommunication au nord jusqu’au Vitznauerstock et à la Hohflue pointus à son extrémité sud. Les Mythen ont disparu complètement, cachés derrière le Rigi, mais le Fronalpstock reste visible au-dessus de Brunnen, là où le lac tourne vers le sud.
L’itinéraire revient sur la route principale pour le dernier kilomètre avant Buochs. Après avoir vérifié les horaires de bus, je descends jusqu’au bord du lac pour boire une bière à la terrasse de l’hôtel Rigiblick am See. L’endroit est calme, Buochs semble être un peu laissé de côté, sans l’animation touristique de Weggis, Vitznau, Gersau ou Brunnen. Quelques gouttes de pluie se mettent à tomber alors que je termine ma bière : après une semaine pluvieuse, le petit interlude de beau temps touche déjà à sa fin, la semaine qui vient sera encore plus pluvieuse que la précédente. Mes pieds me font mal : j’ai marché un peu plus de 23 kilomètres, dont une bonne quinzaine sur des routes. Malgré les belles vues au-dessus de Treib, cette overdose de goudron a gâché le plaisir sur la fin, il y a eu mieux depuis le début de la ViaJacobi.
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stephen

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