ViaJacobi : Étape 4a, de Gebertingen à Pfäffikon

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Après deux étapes qui, sans être montagnardes, comportaient quand même pas mal de dénivelé, celle-ci marque le retour à la plaine, alors que l’itinéraire descend tout doucement depuis les contreforts de l’Oberland zurichois vers les rives du lac de Zurich. Une bonne partie des 388 mètres de montée vient de mes propres choix, avec quelques variantes pour m’éloigner des routes et des zones urbanisées. 

J’ai terminé l’étape précédente à Gebertingen, après m’être écarté du chemin national No. 4 à Walde. Un puriste remonterait à Walde pour reprendre le chemin au même endroit, mais ce serait monter pour redescendre un kilomètre plus loin et je ne suis pas puriste à ce point. Je décide donc de repartir de Gebertingen, je retrouverai la ViaJacobi un peu avant St. Gallenkappel.

Depuis l’arrêt de bus de Gebertingen (705 m), je traverse la route cantonale très passagère et descends à travers une prairie sans sentier, jusqu’au fond du vallon où une marque jaune sur un arbre indique la bonne direction. Je passe au-dessus d’un ruisseau et remonte pour retrouver une piste agricole qui descend doucement en direction du sud-ouest, à travers un paysage de champs et de bosquets. Vers l’est, des montagnes de forme pyramidale sont encore toutes couvertes de neige : je suppose qu’il s’agit du Speer et du Federispitz au-dessus d’Amden. Plus loin encore, les pics qui composent la crête du Mürtschenstock me sont plus familiers : j’ai fait le tour de ce massif il y a quelques années, par une chaude journée d’été.

Je continue par une alternance de petites routes goudronnées et de pistes forestières jusqu’au hameau de Ranzach (578 m), toujours avec la même belle vue à l’est. Après Ranzach, le chemin plonge abruptement et de manière inattendue dans une gorge, qu’un ruisseau a réussi à creuser jusqu’à une profondeur de quelque 40 mètres au fil des millénaires. La descente jusqu’au fond de la gorge est très raide, avec deux escaliers en bois, deux escaliers métalliques et une rampe inclinée. J’imagine que cette descente doit être glissante par temps humide et qu’il faudrait faire attention, vu que la paroi franchie par les escaliers est presque verticale. La sortie de l’autre côté de la gorge n’est pas assez raide pour mériter des escaliers, mais le sentier en lacets demande quand même un certain effort physique.

A la sortie du bois en haut cde cette montée, ma variante rejoint l’itinéraire officiel de la ViaJacobi, que je suis maintenant entre des champs jusqu’au village de St. Gallenkappel (562 m). Je traverse à nouveau la route cantonale, passe à gauche de l’église et traverse le village par une série de rues résidentielles et de sentiers qui se faufilent entre les jardins des habitations. A la sortie du village, un sentier herbeux descend pour atteindre à nouveau la route principale peu avant Neuhaus. L’itinéraire balisé descend assez inutilement dans le fond de la vallée pour remonter aussitôt : ceux qui veulent éviter ces 30 mètres de descente et de montée peuvent tout simplement rester sur la route, qui enjambe la vallée sur un viaduc. 

Depuis Neuhaus, dont le centre se trouve à tout juste 500 mètres d’altitude, la ViaJacobi continue vers l’ouest jusqu’à Eschenbach, traverse ce village sur la route cantonale, puis continue pendant deux kilomètres encore soit le long de la route, soit à proximité immédiate. Pour ceux qui n’ont aucune raison urgente d’aller à Eschenbach et qui préfèrent les chemins tranquilles au goudron et au bruit de la circulation, je conseillerais la variante par la forêt d’Eggwald, même si cette variante prend 20 minutes de plus et requiert une petite centaine de mètres de montée supplémentaire. A la sortie de Neuhaus, je suis la direction de Delgg et Fatzikon. Un sentier monte à travers champs, puis contourne le joli petit lac de Siessenweier (527 m), caché par la forêt su trois côtés. Je poursuis ma montée, longeant un pré où des moutons broutent l’herbe ; tourne à gauche le long d’une petite route à Delgg, puis quitte celle-ci cent mètres plus loin pour un sentier caillouteux qui monte en travers d’un versant boisé. De nombreux petits cœurs rouges ont été peints sur les cailloux lisses qui jonchent le sol ici.    

Le sentier débouche sur un carrefour de chemins forestiers à 636 mètres d’altitude. A ce point, la montée somme tout modeste de l’étape est terminée : d’ici au bord du lac, l’itinéraire est soit horizontal, soit en descente. Pendant les quatre kilomètres suivants, le chemin traverse la forêt d’Eggwald.  Les “Egg” suisses sont souvent des crêtes, et c’est le cas ici : l’Eggwald occupe les pentes et le dessus d’une longe crête, avec quelques belles vues entre les arbres vers le lac de Zurich à gauche et les pentes herbeuses du Bachtel à droite. A la ferme d’Oberegg (549 m), juste avant de retrouver l’itinéraire de la ViaJacobi, des cochons à longs poils et d’autres espèces rares occupent des enclos de part et d’autre du sentier. Un peu plus loin, à la lisière de la forêt au-dessus d’une autre Egg (513 m), il y a un panorama magnifique le long du lac de Zurich, qui s’est considérablement rapproché à présent. Le bruit d’une autoroute qui passe sous la crête dans un tunnel fait irruption pendant quelques minutes, puis le sentier entre à nouveau dans la forêt et le calme revient. Dans le Jonerwald, l’itinéraire suit un vallon marécageux puis, à la sortie de la forêt, fait place aux premiers quartiers résidentiels de Jona. La fête du printemps bat son plein dans le centre-ville, les rues sont pleines de familles, de carrousels, de stands de bière et de l’odeur de saucisses grillées.  

Mises ensemble, les villes de Jona et de Rapperswil constituent une agglomération assez étendue : il faut trois bons quarts d’heure de marche entre les premières maisons de Jona et le bord du lac près de la gare de Rapperswil (409 m). Je pourrais m’arrêter ici, d’autant plus que le ciel s’est assombri sous de gros nuages noirs, mais j’enfile ma polaire et décide de continuer jusqu’à Pfäffikon, cela raccourcira la prochaine étape d’une heure.

Entre Rapperswil et Pfäffikon se trouve le lac de Zurich. Une presqu’île s’étend loin dans le lac au départ de Pfäffikon sur l’autre rive, la traversée étant complétée par une digue sur laquelle passent le chemin de fer et la route, et par une passerelle en bois pour les piétons. Construite au-dessus des eaux, cette passerelle offre une vue étendue vers l’extrémité orientale du lac et les montagnes derrière, même si celles-ci sont quelque peu cachées par les nuages aujourd’hui. Sur ma droite, à côté de la route, les drapeaux de Schwyz, Zürich et Saint-Gall flottent au vent, marquant le point où ces trois cantons se rejoignent au milieu du lac. Après le village de Hurden (414 m), où la digue rejoint la presqu’île, le chemin de randonnée traverse la route et la voie ferrée, puis longe la réserve naturelle du Frauenwinkel, avec le panorama désormais vers l’ouest. Des panneaux demandent aux promeneurs d’observer la faune sans se faire entendre, mais il n’y a pas grand-chose à voir sous les nuages de cet après-midi. Une fois passé le bout du lac, il ne reste plus qu’une dizaine de minutes de marche jusqu’à la gare de Pfäffikon, au terme d’une étape que j’ai trouvé bien plus intéressante et bien moins urbanisée que prévu, grâce à mes variantes.

Le lac de Zurich marque une sorte de frontière naturelle entre la Suisse orientale et la Suisse centrale. J’ai définitivement tourné le dos aux terres saint-galloises : les prochaines étapes me feront traverser le canton de Schwyz jusqu’au lac des Quatre Cantons.

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