ViaJacobi : étape 1, de Konstanz à Märstetten
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English version
Ce n’est plus vraiment un secret : j’aime bien les grandes traversées et j’aimerais bien compléter les sept itinéraires nationaux suisses avant de quitter le pays (ce qui arrivera sans doute quand je prendrai ma retraite, chose qui n’est plus si loin que ça). J'ai déjà fait le 2 et le 3 dans leur intégralité, presque tout le 5 et la moitié du 1 et du 6. Le sentier n° 4, qui forme la partie suisse du chemin de Compostelle, m'était encore largement inconnu, mais semble être un bon projet pour l'automne et le printemps, étant donné qu'il reste presque toujours à basse altitude.
D’un point de vue logistique, la ViaJacobi n’est pas un modèle de simplicité : il a deux points de départ à Konstanz et à Rorschach (les deux itinéraires convergent à Rapperswil), et plusieurs autres variantes à intégrer avant d’arriver à la frontière française près de Genève. Je ne sais pas encore laquelle des multiples options je vais choisir (peut-être que je les ferai toutes) : toujours est-il que nous décidons de commencer à Konstanz, essentiellement parce que c'est moins loin que Rorschach. Dans le train, nous sommes assis en face d'un jeune couple qui va probablement en Allemagne pour faire du shopping. Ils passent tout le trajet entre Zürich et Konstanz à calculer leur fortune collective, qui se compose essentiellement de petites pièces de monnaie et d’un vieux billet de banque serbe. Nous nous demandons ce qu'ils achèteront avec leur grand total de 190 euros et 16 centimes.
Dans la ville allemande de Konstanz (397 m), qui se fond sans interruption dans la ville suisse de Kreuzlingen, nous commençons par aller voir le lac, calme sous un ciel d'un bleu-gris pastel. Il a plu ces deux derniers jours et, bien que le temps s'améliore rapidement, le ciel est encore assez chargé de nuages. Un panneau indicateur « Kreuzlingen 1,2 Km » nous incite à suivre le bord du lac, mais c’est un mauvais choix : le chemin se perd rapidement dans des zones industrielles et résidentielles, il aurait certainement été plus intéressant de passer par le centre-ville de Konstanz.
Depuis la gare Kreuzlingen, point de départ officiel du chemin national No. 4, l’itinéraire se poursuit le long d’une suite de rues résidentielles, jusqu'au viaduc ferroviaire et à l'ancien moulin de Bernegg (450 m), qui marquent la fin de la ville. Depuis ici, un sentier part en direction du sud dans une vallée étroite et boisée, en suivant un ruisseau qui passe par quelques petites cascades. Nous quittons la vallée par un long escalier - il doit y avoir près de 100 marches – pour arriver sur le plat juste en face d'un cimetière juif, à l’entrée duquel les plus grands, en se mettant sur la pointe des pieds, peuvent admirer la une jolie vue sur le lac par-dessus les pierres tombales. C'est le seul point de vue sur le lac de Constance de toute l’étape, si on excepte celle depuis les quais au départ.
Nous traversons une route principale près de la chapelle de Bernrain (504 m), puis continuons sur un chemin qui traverse plus ou moins horizontalement la forêt jusqu'à rejoindre la route à l'extrémité nord de Schwaderloh. Isabelle m'a parlé d'un article qu'elle a lu en ligne sur le 50e anniversaire de Waterloo, la chanson d'Abba qui a remporté l'Eurovision, et nous entrons dans le village en chantant Schwaderloh sur l'air du tube de 1973.
Les prochains kilomètres se déroulent sur des routes asphaltées, bien qu’il s’agisse principalement de chemins tranquilles avec peu de circulation. Nous descendons dans une vallée peu profonde, au fond de laquelle s'étend une série d’étangs. Nous pique-niquons au bord de l’étang le plus à l'ouest, accompagnés par le bruit des poissons qui remontent à la surface pour gober des insectes. Sous la surface, de nombreux petits poissons vont et viennent dans l'eau brune éclairée par le soleil. Il faut ensuite supporter quelques centaines de mètres le long d’une route nettement plus passagère, jusqu'au village d'Ellighausen (517 m). Il n'y a pas de trottoir et les voitures roulent vite : pendant dix minutes, ce n’est pas très agréable. À Ellighausen, nous bifurquons à droite sur une petite route de campagne plus calme qui monte et descend en serpentant entre des champs direction de Lippoldswiler. A notre droite, le terrain monte légèrement vers une petite crête sur laquelle des maisons blanches et des arbres verts se succèdent, sous un grand ciel bleu où quelques cumulus se promènent. C’est l’un des paysages les plus belges que j’ai jamais vus, dans ce coin de Thurgovie à plus de 600 kilomètres du pays des moules-frites et de la version originale de Waterloo.
A la sortie de Lippoldswiler, l'asphalte cède enfin sa place à un chemin qui descend doucement à travers champs vers une vallée boisée, dans laquelle nous pénétrons ensuite sur un sentier plus étroit aménagé avec quelques marches en bois. Une rambarde a été bizarrement installée au milieu du sentier plutôt que sur le côté, comme pour séparer les marcheurs qui descendent de ceux qui montent… utile à l’heure de pointe du matin peut-être ? Cette descente courte mais raide se termine dans le fond du vallon à la confluence de deux ruisseaux, et est suivie d'une montée tout aussi courte mais raide pour en sortir de l’autre côté.
De retour sur le plat, nous continuons par des pistes et des petites routes en direction du hameau de Wald (489 m). Les champs à droite du chemin semblent avoir été laissés en friche pendant un certain temps : il y pousse un joyeux mélange anarchique de tournesols, de colza en pleine floraison (étonnant à cette saison) et d’autres fleurs sauvages de toutes les formes, tailles et couleurs. Le paysage commence à changer : les collines à l’horizon sont un peu plus hautes maintenant, ça commence à ressembler moins à la Belgique et plus à la Suisse. À Hinter Rüberbaum (490 m), deux vieilles fermes nous permettent d’admirer l'architecture locale, très différente de celle de la Suisse centrale, se rapprochant davantage des maisons des villages alsaciens.
Après une courte descente pour atteindre le fond de la vallée de la Thur, il nous reste un kilomètre et demi de marche à plat jusqu'à la gare de Märstetten, qui se trouve elle-même à plus d'un kilomètre du village du même nom. Pour ne pas louper le prochain train, nous forçons un peu trop le pas et mon pied gauche commence à me faire mal sous le talon. Ce n’est pas la première fois que je me fais mal en marchant trop vite sur le plat, mais je ne semble pas apprendre de mes erreurs. La fin de l’étape est désagréable, le long d’une route sans trottoir entre des bâtiments industriels : nous arrivons à la gare avec plus de cinq minutes d’avance, nous aurions pu marcher plus lentement et je n'aurais pas toujours mal au talon une semaine plus tard !
Etape suivante
Ce n’est plus vraiment un secret : j’aime bien les grandes traversées et j’aimerais bien compléter les sept itinéraires nationaux suisses avant de quitter le pays (ce qui arrivera sans doute quand je prendrai ma retraite, chose qui n’est plus si loin que ça). J'ai déjà fait le 2 et le 3 dans leur intégralité, presque tout le 5 et la moitié du 1 et du 6. Le sentier n° 4, qui forme la partie suisse du chemin de Compostelle, m'était encore largement inconnu, mais semble être un bon projet pour l'automne et le printemps, étant donné qu'il reste presque toujours à basse altitude.
D’un point de vue logistique, la ViaJacobi n’est pas un modèle de simplicité : il a deux points de départ à Konstanz et à Rorschach (les deux itinéraires convergent à Rapperswil), et plusieurs autres variantes à intégrer avant d’arriver à la frontière française près de Genève. Je ne sais pas encore laquelle des multiples options je vais choisir (peut-être que je les ferai toutes) : toujours est-il que nous décidons de commencer à Konstanz, essentiellement parce que c'est moins loin que Rorschach. Dans le train, nous sommes assis en face d'un jeune couple qui va probablement en Allemagne pour faire du shopping. Ils passent tout le trajet entre Zürich et Konstanz à calculer leur fortune collective, qui se compose essentiellement de petites pièces de monnaie et d’un vieux billet de banque serbe. Nous nous demandons ce qu'ils achèteront avec leur grand total de 190 euros et 16 centimes.
Dans la ville allemande de Konstanz (397 m), qui se fond sans interruption dans la ville suisse de Kreuzlingen, nous commençons par aller voir le lac, calme sous un ciel d'un bleu-gris pastel. Il a plu ces deux derniers jours et, bien que le temps s'améliore rapidement, le ciel est encore assez chargé de nuages. Un panneau indicateur « Kreuzlingen 1,2 Km » nous incite à suivre le bord du lac, mais c’est un mauvais choix : le chemin se perd rapidement dans des zones industrielles et résidentielles, il aurait certainement été plus intéressant de passer par le centre-ville de Konstanz.
Depuis la gare Kreuzlingen, point de départ officiel du chemin national No. 4, l’itinéraire se poursuit le long d’une suite de rues résidentielles, jusqu'au viaduc ferroviaire et à l'ancien moulin de Bernegg (450 m), qui marquent la fin de la ville. Depuis ici, un sentier part en direction du sud dans une vallée étroite et boisée, en suivant un ruisseau qui passe par quelques petites cascades. Nous quittons la vallée par un long escalier - il doit y avoir près de 100 marches – pour arriver sur le plat juste en face d'un cimetière juif, à l’entrée duquel les plus grands, en se mettant sur la pointe des pieds, peuvent admirer la une jolie vue sur le lac par-dessus les pierres tombales. C'est le seul point de vue sur le lac de Constance de toute l’étape, si on excepte celle depuis les quais au départ.
Nous traversons une route principale près de la chapelle de Bernrain (504 m), puis continuons sur un chemin qui traverse plus ou moins horizontalement la forêt jusqu'à rejoindre la route à l'extrémité nord de Schwaderloh. Isabelle m'a parlé d'un article qu'elle a lu en ligne sur le 50e anniversaire de Waterloo, la chanson d'Abba qui a remporté l'Eurovision, et nous entrons dans le village en chantant Schwaderloh sur l'air du tube de 1973.
Les prochains kilomètres se déroulent sur des routes asphaltées, bien qu’il s’agisse principalement de chemins tranquilles avec peu de circulation. Nous descendons dans une vallée peu profonde, au fond de laquelle s'étend une série d’étangs. Nous pique-niquons au bord de l’étang le plus à l'ouest, accompagnés par le bruit des poissons qui remontent à la surface pour gober des insectes. Sous la surface, de nombreux petits poissons vont et viennent dans l'eau brune éclairée par le soleil. Il faut ensuite supporter quelques centaines de mètres le long d’une route nettement plus passagère, jusqu'au village d'Ellighausen (517 m). Il n'y a pas de trottoir et les voitures roulent vite : pendant dix minutes, ce n’est pas très agréable. À Ellighausen, nous bifurquons à droite sur une petite route de campagne plus calme qui monte et descend en serpentant entre des champs direction de Lippoldswiler. A notre droite, le terrain monte légèrement vers une petite crête sur laquelle des maisons blanches et des arbres verts se succèdent, sous un grand ciel bleu où quelques cumulus se promènent. C’est l’un des paysages les plus belges que j’ai jamais vus, dans ce coin de Thurgovie à plus de 600 kilomètres du pays des moules-frites et de la version originale de Waterloo.
A la sortie de Lippoldswiler, l'asphalte cède enfin sa place à un chemin qui descend doucement à travers champs vers une vallée boisée, dans laquelle nous pénétrons ensuite sur un sentier plus étroit aménagé avec quelques marches en bois. Une rambarde a été bizarrement installée au milieu du sentier plutôt que sur le côté, comme pour séparer les marcheurs qui descendent de ceux qui montent… utile à l’heure de pointe du matin peut-être ? Cette descente courte mais raide se termine dans le fond du vallon à la confluence de deux ruisseaux, et est suivie d'une montée tout aussi courte mais raide pour en sortir de l’autre côté.
De retour sur le plat, nous continuons par des pistes et des petites routes en direction du hameau de Wald (489 m). Les champs à droite du chemin semblent avoir été laissés en friche pendant un certain temps : il y pousse un joyeux mélange anarchique de tournesols, de colza en pleine floraison (étonnant à cette saison) et d’autres fleurs sauvages de toutes les formes, tailles et couleurs. Le paysage commence à changer : les collines à l’horizon sont un peu plus hautes maintenant, ça commence à ressembler moins à la Belgique et plus à la Suisse. À Hinter Rüberbaum (490 m), deux vieilles fermes nous permettent d’admirer l'architecture locale, très différente de celle de la Suisse centrale, se rapprochant davantage des maisons des villages alsaciens.
Après une courte descente pour atteindre le fond de la vallée de la Thur, il nous reste un kilomètre et demi de marche à plat jusqu'à la gare de Märstetten, qui se trouve elle-même à plus d'un kilomètre du village du même nom. Pour ne pas louper le prochain train, nous forçons un peu trop le pas et mon pied gauche commence à me faire mal sous le talon. Ce n’est pas la première fois que je me fais mal en marchant trop vite sur le plat, mais je ne semble pas apprendre de mes erreurs. La fin de l’étape est désagréable, le long d’une route sans trottoir entre des bâtiments industriels : nous arrivons à la gare avec plus de cinq minutes d’avance, nous aurions pu marcher plus lentement et je n'aurais pas toujours mal au talon une semaine plus tard !
Etape suivante
Tourengänger:
stephen

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