Sur le Vitznauerstock pour terminer les vacances


Publiziert von stephen , 17. September 2023 um 16:32.

Region: Welt » Schweiz » Luzern
Tour Datum:13 August 2023
Wandern Schwierigkeit: T3 - anspruchsvolles Bergwandern
Wegpunkte:
Geo-Tags: Rigigebiet   CH-LU   CH-SZ 
Zeitbedarf: 5:00
Aufstieg: 1045 m
Abstieg: 1045 m
Strecke:Vitznau – Wissifluh – Vitznauerstock – Fälmisegg - Vitznau
Zufahrt zum Ausgangspunkt:cff logo Vitznau Station
Zufahrt zum Ankunftspunkt:cff logo Vitznau Station

English version

Le Vitznauerstock se dresse entre les villages de Vitznau et de Gersau au bord du lac des Quatre Cantons et est le sommet le plus au sud du massif du Rigi. Il possède en fait deux sommets situés à quelques mètres l'un de l'autre, et deux noms : sur la carte et sur les panneaux de balisage, il s’appelle aussi Gersauerstock. Vu depuis les quais de Lucerne, il a la forme d'une montagne arrondie couverte de forêt, surmontée d’une petite bosse. Pour certains, ça lui donne l’apparence d’un baba au rhum avec une cerise dessus, alors que d’autres y voient plutôt la forme d’un sein.

Indépendamment de toute attirance pour les viennoiseries alcoolisées ou l’anatomie féminine, je lorgne sur le Vitznauerstock depuis que j’habite à Lucerne. Pourtant je n’ai jamais osé m’y aventurer, rebuté par des comptes rendus en ligne contenant des mots comme exposé, étroit, T3+, glissant, ou encore échelle. Même si je ne souffre pas de vertige au sens médical du terme, je ne suis pas très à l'aise en terrain exposé et je redoute tout particulièrement les traversées aériennes où j’ai le vide sur le côté. Mais nous avons affronté le monstre du T3 à plusieurs reprises cet été, et comme nos vacances touchent à leur fin, nous décidons de tenter l'expérience. J’ai de la chance d’être accompagné de quelqu’un qui ne craint pas du tout le vide et ce sera déterminant. Nous allons de Lucerne à Vitznau en bateau, non seulement pour le romantisme du Dampfschiff Unterwalden datant de 1902, mais aussi parce que c'est la manière la plus rapide d’y aller (même si ça coute trois fois plus cher que la combinaison train/bus). C'est un dimanche chaud et et ensoleillé et le bateau est plein à craquer, aussi bien sur les ponts extérieurs que dans le salon de première classe. 

Presque tous les passagers qui débarquent à Vitznau (436 m) se rue sur le train à crémaillère du Rigi, et nous nous retrouvons bientôt seuls à remonter les rues du le village, passant devant le départ des petites télécabines qui montent à Hinterbergen et à Wissifluh (les randonneurs pressés peuvent éviter une heure et quart de marche en prenant celle de Wissifluh). Une fois au-dessus du village, nous suivons une piste forestière caillouteuse qui monte en pente raide pendant environ 45 minutes, jusqu'à la chapelle de St. Antoni (817 m). 

Quelques mètres après la chapelle, un sentier (direction Wissifluh) bifurque à droite et commence à monter vers la base des falaises qui descendent du Vitznauerstock, encore invisible loin au-dessus. Après cette montée initiale, le sentier étroit devient horizontal et continue en balcon avec une pente raide à droite. Un passage à la base d’une falaise verticale est équipé d’un câble, mais celui-ci est plutôt rassurant que vraiment nécessaire. De temps en temps, la forêt se déchire pour offrir une vue plongeante sur les eaux bleues du lac, avec le Bürgenstock et le Pilatus en toile de fond. Suspendue au milieu du panorama, une minuscule télécabine rouge monte lentement le long de son câble, aussi mince qu’une ficelle vu d’ici. Juste en dessous de la station d’arrivée de la télécabine, le sentier franchit quelques gradins rocheux par une série de grandes marches. Ce tronçon est équipé d’une main courante des deux côtés, ce qui s’avère très utile pour se hisser en haut, même s’il n’y a aucune sensation de vide.

Nous quittons la forêt à Wissifluh (946 m), où se trouvent quelques bâtiments agricoles et un restaurant qui semble être fermé. Dans un petit abri au bord du sentier, des snacks et des boissons peuvent être pris dans un frigo en libre-service : il y a même des bouteilles de vin pour ceux qui auraient comme projet de se saouler au sommet. Plus intéressante pour nous est la fontaine depuis laquelle jaillit de l'eau de montagne délicieusement froide : nos gourdes sont déjà à moitié vides et nous profitons pour les remplir.

Au-dessus de Wissifluh, nous montons jusqu’à la lisière de la forêt par une piste qui serpente au milieu d’alpages où ça sent bon le foin fraîchement fauché, puis qui remonte droit dans la pente à travers un vaste entendu herbeux jusqu'à la base du Vitznauerstock, à Ober Urmi (1154 m). Deux jeunes francophones sont en train d’installer toute une batterie de matériel photographique : cela se comprend, car la vue depuis ici est superbe. Ils nous demandent si nous allons au sommet et nous disent qu’ils en viennent. Je leur demande s’il y a des difficultés ; l’un d’eux répond que c’est extrêmement raide et fatigant. Je lui demande si le sentier est exposé, mais il comprend mal ma question et me répond que non, c’est à l’ombre tout le temps. Son coéquipier dit qu’il faut quand même faire très attention par endroits : c'est exactement ce qu'il ne fallait pas pour me mettre en confiance !

En réalité, mise à part la raideur du sentier, il n’y a aucune difficulté entre Ober Urmi et le sommet du Vitznauerstock, 300 mètres plus haut. Surtout dans la première partie de la montée, la pente est vraiment très raide, et à plusieurs endroits des cordes ou des câbles ont été installés pour faciliter la montée (ou peut-être encore plus la descente). Mais ce sentier n’est nullement exposé, il n’y a aucun endroit où un faux pas entraînerait la chute dans l’abîme. À deux ou trois reprises, le sentier devient presque horizontal et je pense que nous sommes arrivés en haut, puis un nouveau ressaut rocheux surgit devant et la montée raide reprend. Cependant, le chemin parvient toujours à contourner ces obstacles rocheux soit par la gauche, soit par la droite, on n’a jamais vraiment besoin de mettre les mains sur le rocher. Un peu en dessous du sommet, une petite sente sur la gauche donne accès à un magnifique belvédère aérien avec vue plongeante sur Vitznau et toute la Riviera lucernoise. Avec l'eau bleue, les palmiers au bord du lac et les montagnes qui semblent plonger directement dans l’eau, on a l'impression d’arriver au-dessus de la Méditerranée : cela nous rappelle la descente sur Menton, à la fin de la Grande Traversée des Alpes.

Encore quelques lacets raides équipés de câbles et nous voilà devant l’immense croix sommitale, posée sur un éperon rocheux. Ce n’est pourtant pas le vrai point culminant : celui-ci (1452 m) se trouve cinq minutes plus loin, sur une bosse boisée insignifiante depuis laquelle il n’y a pas du tout de vue. Il y a déjà trop de monde sur la petite plate-forme autour de la croix, alors nous décidons de descendre jusqu’à Fälmisegg avant de pique-niquer : comme ça, les difficultés seront derrière nous.

Dès que nous débutons la descente, une petite peur commence à s’installer dans ma tête. Pourtant, objectivement il n’y a rien à craindre : le sentier n'est pas du tout difficile, il est même moins raide que celui par lequel nous venons de monter en transpirant. Mais la descente en terrain escarpé est toujours plus délicate que la montée : je vois le sentier qui se dirige vers le trou, ce qui me permet de m’inventer toutes sortes de scénarios catastrophes sur ce qui pourrait se trouver après le prochain virage. Je sais qu'il y aura une échelle, mais ce n’est pas ce qui me dérange le plus : j’en ai vu des images en ligne et je sais que je suis capable de la descendre. Ce qui me préoccupe, c’est l’inconnu de ce qui pourrait se trouver avant et après l'échelle...

Le sentier se raidit et le précipice se fait plus évident sur notre gauche. Nous arrivons à un point où le sentier arrive à un virage, sans qu’on voie ce qui se trouve derrière : en fait, on ne voit que du vide.  Ici, ma peur prend le dessus et j’annonce que je ne veux pas aller plus loin. Seul, j’aurais certainement fait demi-tour. Isabelle propose d’aller voir ce qui se trouve après le virage, et me dit de m’asseoir en l’attendant. Elle revient quelques secondes plus tard et m'annonce que l’échelle est à quelques mètres seulement et que le passage qui y mène est certes étroit et exposé, mais que le sol est plan et qu’il y a un câble tout le long. Très lentement et prudemment, en m'accrochant fermement au câble, je descends quelques marches rocheuses dans le virage, après quoi je suis quelque peu rassuré par ce que je vois : c’est étroit et très aérien, mais le sentier est bon et ça passe sans difficulté.

L'échelle elle-même est facile : elle n’est pas verticale, l'accès au premier échelon ne pose aucun problème et il y du rocher des deux côtés, ce qui réduit l'impression de vide. Je descends les 25 ou 26 marches sans aucune difficulté, même pas peur. En dessous de l'échelle, ça redevient plus délicat : il faut encore descendre quelques pas rocheux qui ont tendance à déverser dans le vide, je ne voudrais pas tenter ce passage par temps humide. Il reste encore une traversée horizontale aérienne, plus longue que celle au-dessus de l’échelle, mais ma confiance est revenue et je maîtrise la situation. Peu après, le sentier devient moins exposé et les falaises au-dessus et au-dessous font place à des pentes boisées moins intimidantes. Cela reste bien raide jusqu'à la lisière de la forêt au-dessus de Fälmisegg, mais il n'y a plus de difficultés plus importantes que les nombreuses racines qui encombrent le chemin. Isabelle est convaincue - et elle a peut-être raison - que l'itinéraire serait plus difficile dans l'autre sens : ce côté-ci de la montagne est plus dur d’un point de vue technique, mais les passages délicats sont concentrés sur une distance très courte, alors que la descente sur Ober Urmi est très raide sur une distance nettement plus longue. 

De retour aux pâturages qui résonnent de la musique des cloches de vaches, nous nous installons sur l'herbe au-dessus de Fälmisegg (1178 m) pour un pique-nique tardif, ce qui permet à mon niveau d'adrénaline de revenir enfin à la normale. Nous serions volontiers restés ici pour faire une longue sieste, mais le temps presse désormais : nous avons des billets pour un concert à 18h30, et nous devrons absolument passer par la maison et nous doucher avant de nous mêler au public élégant du Lucerne Festival. Il m’est déjà arrivé d’aller à un concert du festival de Salzbourg en tenue de randonnée et mes voisins m’ont regardé d’un œil franchement hostile… mes vêtements et moi-même étaient pourtant propres !  Je regarde les horaires : il n'y a pas de liaison bateau pour le retour depuis Vitznau, et le dernier bus qui nous permettra de nous décrasser à l’arrivée part dans 90 minutes. C’est exactement le temps annoncé sur le panneau de balisage à Fälmisegg. Nous pressons le pas - nos cuisses nous en remercieront demain matin - mais le sentier est facile et nous arrivons à Vitznau avec un quart d'heure d'avance. Deux heures plus tard, nous sommes dans un autre monde, installés au dernier balcon du KKL en train d’écouter la première symphonie de Brahms, à la fin d’une journée particulièrement satisfaisante.

Tourengänger: stephen
Communities: Randonneur


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