Tour du lac de Zurich : Quatrième étape, de Lachen à Samstagern

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Une semaine après avoir fait la troisième étape de ma randonnée autour du lac de Zurich, je suis de retour à Lachen pour une quatrième journée de marche, après laquelle il m’en restera encore deux. Dans le train, une femme s'efforce d'expliquer à quelqu'un au téléphone qu'elle est dans un train à Zug. "Ich bin im Zug in Zug", dit-elle, puis, face à l'incompréhension évidente de son interlocuteur, elle recommence à expliquer, toujours sans succès, jusqu'à ce ça se termine en fou rire.  

Le temps ensoleillé s'est poursuivi tout au long de la semaine, accompagné d'une hausse progressive de la température. Cinq minutes après avoir quitté la gare de Lachen, je suis déjà prêt à enlever une couche, d'autant plus que la montée commence immédiatement et dure deux heures. Il s'agit de l'étape "de montagne" du tour du lac, avec plus de 700 mètres de dénivelée et, pour la seule fois de tout le tour, une incursion au-dessus de la barre des 1,000 mètres. La montée initiale est raide, de Lachen jusqu'à la chapelle de St. Johann qui est clairement visible depuis le train et l'autoroute, quand on descend vers les Grisons.  Parlons-en, de cette autoroute... je m'attendais à être assailli par son bruit pendant les deux premières heures de l’étape, et le vacarme des voitures qui roulent à toute allure est effectivement gênant au début. Mais rapidement, l'autoroute disparaît dans un tunnel sous le village d'Altendorf, et lorsqu'elle ressort à l'air libre, je suis suffisamment loin pour ne plus être gêné.

En fait, l'aspect le moins agréable de cette montée est la surface dure sous mes pieds. De Lachen jusqu'à Chlos, 500 mètres et une heure et demie plus haut, c’est du goudron en continu : l’étape pourrait se faire presque entièrement à vélo, même s’il faudrait beaucoup d'endurance ! Heureusement, la vue sur l'extrémité orientale du lac et les montagnes au-delà est superbe. La brume qui tamisait la vue le week-end dernier a disparu, et les sommets enneigés au-delà du bout du lac sont enfin visibles, avec le massif impressionnant du Säntis au loin, derrière le Speer et le Federispitz. 

La route d’alpage serpente lentement jusqu’au hameau de Bilsten (698 m). La route la plus directe d'ici à l'Etzelpass et St. Meinrad part sur la droite, mais je préfère continuer tout droit : c’est un peu plus long, mais je serai plus vite au-dessus de la forêt et profiterai davantage de la vue. Après un dernier kilomètre monotone sur la route, je quitte enfin le goudron au-dessus de la ferme de Chlos (913 m) pour un sentier étroit qui remonte une pente raide et herbeuse. Quelques plaques de neige persistent aux endroits restés à l'abri du soleil. Le sentier serpente jusqu’en haut d’une butte coiffée d’une grande croix en bois, devant laquelle se trouve un banc qui offre un panorama magnifique sur le lac. Toute la longue étape de Rapperswil à Lachen que j’ai faite le week-end dernier est étalée devant moi, presque comme si je la regardais sur une carte. Il n'y a pas de vent, c'est un endroit parfait pour le déjeuner... et c’est à ce moment précis que je réalise que ce n'est pas la peine de faire une salade de coquillettes et de jambon quand on n'a pas pensé à emmener une fourchette ou une cuillère... Heureusement, j'ai un paquet de Compeed dans mon sac à dos, et l’espèce de pelle miniature que j’improvise avec son emballage en plastique bleu fait l’affaire !

Je continue à monter par un sentier qui devient de plus en plus recouvert de neige, donnant une vraie impression d’être entre deux saisons, jusqu'à ce que j’arrive à une grange isolée à Schönboden. À 1071 mètres d'altitude, c'est le point le plus élevé de mon tour du lac de Zurich. La vue s'ouvre maintenant vers le sud, en plus du nord et de l'est. Au loin, les pointes jumelles des Mythen sont bien visibles, tandis que dans le ciel, un banc de nuages épais avance progressivement depuis le nord-ouest : je me demande si le soleil persistera jusqu’à la fin de l’étape. Je traverse une vaste étendue de pâturages, me faufilant entre des plaques de neige et quelques zones marécageuses où la neige vient de fondre. Une grange isolée flanquée d’un arbre fait écho à une autre grange et un autre arbre à l’horizon.

J'atteins l'Etzelpass (949 m) avec son restaurant, sa route visiblement (et audiblement) appréciée des motards et sa chapelle de St Meinrad. Devant moi se trouve le sommet boisé de l'Etzel (1097 m) : je pourrais y monter et redescendre de l'autre côté vers Schindellegi, mais je l'ai fait il y a un an et je me souviens encore de la raideur de la piste caillouteuse et glissante qui y mène, alors je décide de contourner la montagne par le sud sur un sentier que je ne connais pas encore. De ce chemin, la vue sur les montagnes du Hoch-Ybrig est magnifique, et je suis étonné de voir que le Sihlsee – un lac de taille plutôt conséquente - est encore largement gelé et couvert de neige malgré les températures printanières de la semaine qui se termine. Les nuits ont dû être très froides dans les vallées par ici ! Le chemin flirte brièvement avec la courbe de niveau des 1 000 mètres, puis descend en pente raide à travers des prairies où des familles font griller des saucisses, regroupées autour du feu. La dernière descente jusqu'à la route de Büel (880) est très raide : de jeunes enfants courent dans l'autre sens, loin devant leurs parents essoufflés qui essaient de les suivre, en vain.

La partie intéressante de la randonnée est derrière moi : les 90 minutes qu’il me reste à marcher se font presque entièrement sur des routes, dans un environnement beaucoup plus urbain. Je descends lentement vers Schindellegi (763 m), où j'avais initialement prévu de m’arrêter et de rentrer en train. Mais voyant qu’il ne faut que 45 minutes de marche supplémentaires jusqu'à la gare de Samstagern, je décide de continuer : cela me fera économiser un peu de temps et d’effort au début de la prochaine étape, plus longue. Exposé au nord-est et coupé en deux par une route bruyante qui passe dans une tranchée juste en contrebas de l’église, Schindellegi manque de charme et je n’y tarde pas. En bas du village, je retrouve un paysage un peu plus rural, bien qu'il soit impossible d'éviter de voir les villas en terrasse de Wollerau, sans doute coûteuses mais très laides, qui ont envahi les flancs de la vallée en contrebas.

Un sentier plat me conduit maintenant jusqu'au Freyenweiher (647 m - indiqué comme Itlimoosweiher sur les panneaux de balisage), un petit lac situé dans un creux marécageux du terrain. Je suis souvent passé par ici en train, regardant le lac depuis au-dessus et me disant que c'était un endroit agréablement bucolique. Mes illusions sont quelque peu brisées lorsque je le vois de plus près : bien qu'il soit situé dans une réserve naturelle, en cet après-midi ensoleillé, les rives du lac ont été envahies par des groupes de jeunes avec leurs trottinettes, canettes de bière et musique à fond. Une ligne de pylônes électriques, que je n'avais jamais remarquée depuis le train, constitue une toile de fond peu pittoresque à l’autre bout du lac.

La fin de l’étape n'est pas loin et heureusement, le dernier quart d'heure offre de belles vues en arrière vers l'Etzel et en contrebas vers le lac de Zurich. J'arrive à la gare de Samstagern quelques minutes avant l'arrivée de mon train, au terme d’une étape qui, pour la plupart, a été très agréable.
 
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