Du nord au sud : Vingtième étape, d'Airolo à Faido

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De retour de deux semaines de randonnée dans les Alpes françaises, je reprends ma traversée nord-sud de la Suisse en ce dernier dimanche d'août. Bien qu'ayant terminé l'étape précédente au col du Gothard, j'ai décidé de reprendre mon chemin plus bas, à Airolo. Je triche donc une fois de plus, mais le choix n'a pas été difficile : les deux heures de marche entre le Gothard et Airolo ne m'inspirent pas, le sentier ne fait que couper les lacets de la route. En plus, Airolo est plus facile d'accès que le col. De toute façon, j'ai renoncé depuis longtemps à faire cet itinéraire national No. 2 dans son intégralité : il y a simplement trop de tronçons où le sentier suit des routes de près.

A vrai dire, je n'ai que peu de choses à raconter sur cette étape entre Airolo et Faido, qui constitue également la première partie de l'Alta strada leventina. Je m'attendais à des chemins bucoliques, à de jolis hameaux isolés à flanc de montagne, à des sentiers construits en vieilles dalles ou en vieux pavés… bref, je m'attendais au Tessin. Au lieu de cela, l'étape se déroule en grande partie sur des routes goudronnées malgré le balisage blanc-rouge-blanc ; et le panorama englobe trop souvent la voie ferrée, l’autoroute et de l’aérodrome au fond de la vallée, sans parler de la ligne haute tension parallèle au sentier. Bref, le versant sud du Gotthard est une déception. 

Je quitte la gare d'Airolo (1141 m) par la route principale, puis continue le long d'une série de petites routes jusqu'au village de Madrano (1156 m). Un chemin agréable, boueux par endroits, remonte assez raide à travers bois, mais rejoint trop rapidement la route goudronnée que je dois alors suivre pendant plus d'une heure, en passant par les villages de Brugnasco (1380 m), d'Altanca (1390 m), de Ronco (1368 m) et de Deggio (1246 m).

Au-delà de Deggio, ça s’améliore enfin un peu. Je quitte la route pour une piste d'alpage caillouteuse, qui à son tour fait place à un large chemin herbeux. Les bruits de la civilisation moderne s'estompent enfin et je parviens à trouver un endroit pour casser la croûte sans route, ni chemin de fer, ni pylônes électriques en ligne de mire. Au-delà de Lurengo (1324 m), le balisage "sentier de montagne" se justifie même pendant une demi-heure, avec une descente raide et glissante au milieu d'une belle forêt. De là à baliser l'intégralité de ce parcours de 6 heures en rouge et blanc, il y a une étape que personnellement je n'aurais pas franchie. A la sortie de la forêt à Freggio (1037 m), il faut remonter sous un soleil devenu chaud jusqu'à Osco (1157 m), où se déroule une fête villageoise.

L'étape devrait se terminer à Osco, car le Trans Swiss Trailpoursuit sa route le long de l'Alta stradajusqu'à Biasca. Mais il y a peu de bus entre Osco et la gare de Faido, et je tombe en plein milieu d'un trou de trois heures dans l'horaire. Je n'ai pas d'autre choix que de descendre à pied jusqu'à la gare : une demi-heure de descente raide sur un sentier plutôt agréable qui coupe les lacets de la petite route qui dessert les villages au-dessus de Faido.

J'arrive à la gare de Faido (755 m) une demi-heure avant le départ de mon train. La gare est assez éloignée de la ville, il y règne une ambiance d'abandon. Depuis l'ouverture du tunnel de base du Gothard en 2016, la plupart des trains n'y passent plus et l'hôtel-restaurant en face de la gare est fermé définitivement… il n'y aura pas de bière pour finir cette étape ! Il ne me reste plus que quatre étapes pour terminer ma traversée nord-sud : espérons qu'elles seront un peu plus intéressantes que celle d'aujourd'hui. 

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