Petite boucle sur le Farnere depuis Schüpfheim

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Enfin une vraie météo de septembre même si, après un samedi merveilleusement ensoleillé, les prévisions pour dimanche sont un peu moins optimistes, au moins en ce qui concerne la région lucernoise. J'ai donc prévu une randonnée relativement courte, ce qui me permettra de la faire même si la pluie nocturne ne s'évacue qu'en fin de matinée. Mais en me levant, je suis ravi de voir que le mauvais temps est déjà parti ailleurs et que le ciel semble comporter autant de bleu que de gris. Je prends le train un peu avant dix heures et, une demi-heure plus tard, suis prêt à démarrer la randonnée du jour à la gare de Schüpfheim, à l'endroit où l'Entlebuch se prépare à basculer vers l'Emmental.

Le Farnere s'élève à une altitude modeste de 1572 mètres juste au-dessus de Schüpfheim. Son sommet boisé est immanquable, il se trouve juste en face lorsqu'on sort de la gare. La température est agréable, je peux même me mettre en T-shirt dès le démarrage : il va certainement faire plus chaud que les 17 degrés annoncés. Je traverse le village jusqu'à son église de taille quelque peu démesurée, où le Stationenweg vers Heiligkreuz démarre en plein milieu du cimetière. Le nom du chemin pourrait suggérer un thème ferroviaire (au moins pour l'Anglophone que je suis), mais désigne en réalité un chemin de croix. En effet, l'itinéraire qui mène de Schüpfheim au lieu de pèlerinage d'Heiligkreuz est ponctué de 14 petites chapelles blanches. Je croise la première de ces chapelles  presque tout de suite, située de manière un peu incongrue sous le câble d'un téléski. A la dernière maison du village, un chien sort et m'aboie dessus, semant la zizanie parmi cinq ou six chatons multicolores qui partent dans tous les sens.

La première partie du sentier est plutôt raide, attaquant la pente de face sans faire de lacets… les pèlerins sont censés souffrir après tout. Je remonte le long d'une lisière de forêt, admirant la belle vue vers l'est, le long de la vallée, au-delà de laquelle se dressent les collines de la région du Napf. La lumière est toute douce, un peu tamisée et brumeuse : les nuages de la nuit dernière ne se sont pas encore suffisamment dégagés pour permettre la limpidité dans l'air automnal que l'on voit parfois.

A l'alpage de Schnabel (987 m), le paysage change subitement. Ici je quitte la forêt et les vallons encaissés et me trouve devant de grands espaces agricoles sous un ciel immense. Ce beau paysage vert est parsemé de petits regroupements de maisons et de bosquets, alors que les petites chapelles blanches conduisent l'œil vers le sud-est, le long d'une pente devenue maintenant beaucoup plus douce. Encore un court passage en forêt, puis me voilà déjà devant l'église d'Heiligkreuz (1128 m), où j'arrive après environ une heure et quart de marche. Il se passe quelque chose ici, peut-être une désalpe : il y a des voitures partout et une grande foule s'amasse devant l'entrée d'une grange au centre du village.

Quittant Heiligkreuz, je remonte par une piste qui fait un grand crochet vers le nord, avant de revenir vers le sud et de gagner la crête large et herbeuse qui mène au sommet du First (1467 m). Depuis la crête, la vue s'ouvre vers le sud et l'est pour la première fois : les nuages plus tenaces dans cette direction empêchent de voir le massif du Pilatus, mais le Schimbrig (tiens, voilà une future destination de rando) est bien en vue. Deux téléskis arrivent sur le First, où se trouve également un restaurant dont l'architecture de style blockhaus de béton est discutable à cet endroit, mais dont la terrasse est bien remplie de randonneurs et de cyclistes. Devant moi, un homme aux cheveux argentés qui doit avoir plus de 70 ans s'amuse avec un grand avion radioguidé, qu'il lance en l'air pour le faire voler ensuite au-dessus de la tête de quelques enfants qui regardent, émerveillés.

Depuis First, je prends la crête herbeuse qui se dirige vers le sud-ouest, en passant par plusieurs petits creux et élévations. Il y a peu de monde sur le sentier, je ne vois que deux VTTistes et un groupe de randonneurs qui portent tous des T-shirts orange identiques. La crête finit par buter contre les pentes sommitales du Farnere : j'ai fait demi-tour à cet endroit au Jour de l'an 2015 lors d'une randonnée à raquettes, ces pentes me paraissaient un peu trop intimidantes dans la neige poudreuse profonde.  

Au-dessus du raidillon, le plateau sommital est vaste et herbeux, le point culminant orné d'une grande croix. Trois autres personnes s'y trouvent déjà, alors je m'éloigne un peu et trouve un coin ensoleillé pour déjeuner. Le casse-croûte du jour est assez minimaliste, juste des sandwiches au jambon et au fromage et une poire. Après manger, je m'accorde une sieste de 45 minutes sous le soleil devenu chaud : après tout, ce sera peut-être la dernière occasion de la saison.  

A deux heures je me remets en route, visant le train de 16:30 à Schüpfheim. Je redescend par des pentes raides jusqu'au chalet d'Ober Farnere (1420 m), puis continue par un joli chemin herbeux et peu marqué qui effectue une traversée descendante jusqu'à Unter Farnere (1320 m). Ce sentier est indiqué sur map.geo.ch, mais ne figure pas sur la carte au 1:50,000… en tout cas pas sur mon exemplaire un peu ancien. A Unter Farnere, un chien sort et vient sauter et courir autour de mes pieds en aboyant. Il n'est cependant pas agressif et se contente de m'escorter jusqu'à la sortie de son territoire. Le sentier continue dans le même style : herbeux, parfois encombré de ronces et de branches basses, parfois très boueux. La vue devant moi est magnifique : au premier plan, la forêt commence à revêtir ses habits d'automne alors qu'en toile de fond, les tours et falaises rocheuses de la chaîne Schafmatt - Grönflue - Schwändliflue impressionnent.

Après une courte descente un peu plus raide en forêt j'atteins Fruttegg (1110 m). A partir d'ici, l'itinéraire emprunte un vieux et très beau chemin muletier qui descend tout doucement sous des falaises, au milieu de la forêt aux couleurs vertes et jaunes. Je quitte enfin la forêt au-dessus de Chlusbode, où j'émerge devant un paysage bucolique et tout simple de champs, de fermes, de bosquets et de collines. Il ne me reste plus qu'à suivre la rive de la Waldemme jusqu'à Schüpfheim, où j'arrive un quart d'heure avant le départ du train. Septembre a tenu ses promesses.