Sur le Chemin panorama alpin : Vingtième étape, de Guggisberg à Schwarzsee


Publiziert von stephen , 30. Mai 2016 um 18:52.

Region: Welt » Schweiz » Freiburg
Tour Datum:25 Mai 2016
Wandern Schwierigkeit: T1 - Wandern
Wegpunkte:
Geo-Tags: CH-FR   CH-BE 
Zeitbedarf: 4:15
Aufstieg: 730 m
Abstieg: 800 m
Strecke:Guggisberg – Zollhaus - Schwarzsee
Zufahrt zum Ausgangspunkt:cff logo Guggisberg, Post, bus depuis cff logo Schwarzenburg
Zufahrt zum Ankunftspunkt:cff logo Schwarzsee

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Les deux prochaines étapes du Chemin panorama alpin, de Guggisberg à Schwarzsee et de Schwarzsee à Jaun sont courtes. Je décide pourtant de passer une nuit au bord du Lac noir : le retour de Juan à Lucerne à la fin de la deuxième journée demande trois heures et demie de trajet et je dois chercher une amie à l'aéroport de Bâle en milieu de soirée. En enchaînant les deux étapes et en partant tôt le deuxième matin, je ne serai sous aucune pression du point de vue de l'horaire.

Après deux jours de fortes précipitations et de températures fraîches, le dernier mercredi de mai débute sous une chape de nuages gris ; Météosuisse prévoit pourtant un après-midi ensoleillé et chaud avant l'arrivée de nouvelles pluies en soirée. Je prends le train pour Berne à 8 heures en me demandant tout de même si les nuages vont se déchirer et suis soulagé de voir le soleil percer peu avant d'arriver dans la capitale. Le train a trois minutes de retard à l'arrivée, j'en ai six pour avoir la correspondance vers Schwarzenburg. J'attrape le S6 d'extrême justesse… et heureusement, car si je l'avais loupé, j'aurais dû attendre deux heures à Schwarzenburg  avant le prochain bus pour Guggisberg. Ce train est très lent et complètement vide, le car postal de Schwarzenburg à Guggisberg est tout aussi vide, c'est assez miraculeux que ces lignes rurales subsistent.

Le profil de l'étape du jour est une série de montées et de descentes. L'étape commence par 250 mètres de descente dans la vallée du Laubbach ; il faut ensuite remonter pour passer la crête herbeuse qui sépare cette vallée de celle de la Singine chaude, avant de descendre vers Zollhaus et de remonter jusqu'à Schwarzsee au bord du lac du même nom. Je descends du bus à côté de l'église de aux murs blancs de Guggisberg et suis le petit chemin qui longe le cimetière du village, étonnamment grand. Quelques jeunes bovins paissent à côté du chemin et, curieux, courent vers la clôture électrique pour voir passer le randonneur solitaire de plus près. Les nuages se sont presque entièrement dissipés et, devant moi, les Préalpes fribourgeoises se distinguent beaucoup plus clairement qu'à la fin de l'étape précédente il y a trois jours.

Je descends vers le sud par des sentiers herbeux et de petites routes de desserte des chalets isolés. Une voiture jaune de la Poste me dépasse, son toit chargé de paquets de toutes les tailles et formes imaginables. Après la forte pluie des deux derniers jours les herbes longues sont encore détrempées, mouillant le bas de mon pantalon et offrant un nettoyage gratuit à mes chaussures de marche. Un chien sort d'une cour de maison pour m'observer, mais n'aboie pas et n'esquisse aucun mouvement agressif. Un peu plus bas, c'est un chat tricolore qui me fait sursauter en sortant d'une haie juste devant moi, miaulant plaintivement, à la recherche soit de caresses, soit du contenu comestible de mon sac à dos. Il me suit pendant quelques minutes, puis disparaît dans un jardin. Il y a des ruisseaux dans tous les creux du terrain et le bruit de l'eau est omniprésent.

Au bout d'une demi-heure de marche, j'atteins le fond de la première vallée du jour, aux quelques maisons du hameau de Laubbach, 861 m. Ici, le balisage sur le terrain ne correspond pas du tout à celui marqué sur la vieille carte "Gantrisch" au 1:50,000ème. Alors que la carte me suggère de tourner à droite, le balisage me fait franchir le ruisseau, puis partir tout droit à travers champs, en montée douce vers la crête boisée qui ferme le côté sud de la vallée. Je suis une large piste caillouteuse, glissante après la pluie de la veille. Je croise une dame blonde qui promène un très grand cheval à la longe et qui est également accompagnée de deux gros chiens qu'elle tient à la laisse.  Elle écarte tous ses animaux du sentier pour me laisser passer, puis poursuit son chemin vers la vallée. Longtemps après, je peux encore suivre sa progression à l'aboiement furieux des chiens des fermes devant lesquelles elle passe. Derrière mois vers le nord, la flèche de l'église de Guggisberg dépasse de l'horizon, flanquée du Guggershorn et du Schwendelberg vus lors de l'étape précédente.

La pente, très douce jusqu'à présent, s'accentue lorsque j'atteins la lisière de la forêt. Je me sens en pleine forme aujourd'hui et monte sans aucun sens de fatigue, tant mieux. Mon sac est plus gros et plus lourd que d'habitude, avec de la nourriture et des vêtements pour deux jours, mais c'est un excellent modèle qui semble répartir la charge d'une telle manière que je ne la sens pas. Souvent boueux, le sentier remonte le flanc sud de la vallée, croisant parfois des pistes caillouteuses ou les empruntant sur quelques mètres. Le balisage me fait ensuite suivre une piste vers l'ouest, presque horizontalement pendant une demi-heure, sans vue à l'exception de rares clairières où des vaches broutent l'herbe autour de chalets isolés. Le sol est gorgé d'eau et très, très boueux par endroits : heureusement que je n'ai pas suivi mon idée initiale d'enchaîner quatre ou cinq étapes cette semaine, car j'aurais sûrement fini dans un état de saleté à défier toute concurrence !

J'atteins la limite de la forêt et le point culminant de l'étape à Gustere, 1210 m. Vers le sud, les montagnes fribourgeoises se sont nettement rapprochées maintenant, mais je constate que des nuages ont déjà recommencé à bourgeonner autour des sommets les plus élevés. J'amorce la descente courte mais raide vers la vallée de la Singine, 450 mètres en contrebas. Vers midi et quart, alors que je commence à me dire qu'il serait temps de manger, je tombe sur la combinaison miraculeuse d'une belle vue et d'une pente d'herbe courte que le soleil a déjà complètement séché : l'endroit est parfait. Un couple de randonneurs passe en me saluant ; ce sont les seuls que je verrai aujourd'hui. En face de moi, au-delà de la vallée de la Singine, ce sont le Kaiseregg, les Recardets et le Schwyberg qui dominent la vue, tous avec un saupoudrage de neige fraîche. Leurs pentes raides plongent vers la vallée avec ses petites routes à flanc de colline, minces rubans blancs entre le vert des prés et celui plus sombre des bois. Je passe une demi-heure à faire un croquis de ce joli panorama avant de manger la salade de pâtes que je me suis fait la veille, que j'accompagne de salami et d'une pomme. Le chant d'un coucou m'accompagne tout au long de cette pause midi.

Après avoir mangé, je continue vers la vallée par des sentiers raides et glissants, réussissant par je ne sais quel miracle à ne pas m'étaler sur le dos. J'arrive dans un pâturage où une demi-douzaine de jeunes vaches se dirigent vers moi, en empruntant le sentier comme un groupe de randonneurs disciplinés. En me voyant, toutes les vaches font demi-tour et repartent dans l'autre sens… sauf une, qui reste plantée là, au milieu du sentier, à m'attendre. Je la dépasse, lui dis bonjour et poursuis mon chemin… tout en ayant l'impression distincte qu'on m'observe et qu'on me suit. Chaque fois que je me retourne pour regarder l'animal, il s'arrête… mais dès que je détourne mon regard il se met à avancer derrière moi, avec des mouvements un peu saccadés.   Je m'écarte du sentier, remontant sur le talus qui le borde pour que la vache puisse aller rejoindre les autres…  mais je suis apparemment plus intéressant que ses copines et elle me suit sur le talus, en se rapprochant toujours plus, jusqu'à ce que nous soyons vraiment nez à nez. Je lui caresse le museau, lui dit qu'elle est une vache magnifique… et ce geste d'amitié semble faire de l'effet. La vache continue de m'accompagner, m'escortant jusqu'à la barrière qui marque la fin de son domaine, mais en gardant maintenant ses distances.

J'atteins le fond de la vallée à Zollhaus, juste à la confluence de la Singine froide qui vient du massif du Gantrisch et de la Singine chaude, qui vient du Lac noir et qui a l'air tout aussi glaciale que l'autre. D'où viennent ces noms, je n'en sais rien. Peut-être qu'en été, l'eau de la Singine chaude prend un ou deux degrés de plus lors de son passage dans le lac, avant de descendre vers le Plateau ? En traversant le petit pont sur la Singine froide, je change de canton : après quatre jours et demi de randonnée sur le territoire bernois, me voici sur sol fribourgeois, huitième des dix cantons que traverse le Chemin panorama alpin. Après, il ne restera plus que Vaud et Genève…

La dernière partie de la randonnée entre Zollhaus et Schwarzsee n'est guère intéressante et je recommanderais une variante par le Schwyberg, en descendant d'abord de Guggisberg vers Plaffeien : cela ajouterait quelques centaines de mètres de dénivelée et deux ou trois heures de marche au total du jour, mais constituerait un itinéraire plus intéressante et plus panoramique.  Ayant déjà traversé le Schwyberg deux fois (et les deux fois dans un brouillard à couper au couteau), j'opte cette fois pour l'itinéraire balisé du chemin national No. 3, qui se contente de remonter la vallée de la Singine chaude en restant toujours à côté du torrent.

Zollhaus n'est même pas un village, il n'y a qu'un restaurant à l'allure vétuste d'un côté de la route et une grande scierie de l'autre. Le sentier suit le torrent, mais la route cantonale a eu la même idée, ce qui veut dire que les 90 dernières minutes de l'étape se déroulent à proximité très rapprochée de cette route passagère.  Comme le topo-guide dit très justement, on n'entend pas la route en raison du bruit de l'eau et on ne la voit que de temps en temps, mais je reste conscient de sa présence, généralement juste au-dessus de moi en haut du talus. A un endroit, le sentier passe sous un pont routier en béton ; ici, à l'abri du pont, on a installé des bancs et des tables de pique-nique, signe que cette région est quand même plutôt bien arrosée. Le ciel s'est d'ailleurs couvert depuis ma pause déjeuner : la pluie que l'animation satellite annonçait vers 18 h 30 pourrait bien arriver avec un peu d'avance. Le long du sentier, les noms des hameaux sonnent comme nulle part ailleurs, influencés par le dialecte local très particulier.

J'arrive à Schwarzsee (1047 m) vers trois heures de l'après-midi. Le soleil s'est définitivement caché et le lac boude sous de gros nuages gris, portant bien son nom.  L'arête des Recardets se reflète dans les eaux calmes et sombres, ses sommets à moitié cachés dans les nuages. Je m'assois sur un banc et commence un croquis, mais je n'en suis pas satisfait et l'abandonne : je le terminerai demain dans le train, de mémoire.  Je reçois un SMS de l'amie que je dois aller chercher à Bâle : elle regarde le webcam du Lac noir pour voir quelle météo j'avais et pense m'avoir repéré, assis sur mon banc au bord de l'eau.

Je suis souvent venu à Schwarzsee lorsque j'habitais encore en Suisse romande : avec un groupe de collègues de bureau pour monter au Kaiseregg et redescendre dans le Simmental ; en touriste avec mes parents lors de l'une de leurs visites en Suisse ; tout seul sous une pluie torrentielle quand j'ai fait la Route des préalpes fribourgeoises en mai 2010 ; une autre fois par un jour d'automne magnifique, où des rubans de nuages gris-mauve décoraient les versants ocre des montagnes. La dernière fois était en octobre il y a quatre ans et demi ; j'y suis arrivé au terme d'une longue, longue randonnée à travers la Berra, l'une des toutes dernières randonnées que j'ai faites avant que des raisons professionnelles m'aient contraint à quitter la région. Cela fait un peu étrange de m'y trouver à nouveau.

J'ai réservé à l'Hostellerie am Schwarzsee, un grand hôtel à l'extrémité nord du lac. J'ai réservé une chambre individuelle mais on me donne une suite, je ne vais certainement pas me plaindre ! Je fais la sieste pendant une heure, puis prend un bain long et chaud. L'hôtel dispose d'une piscine et d'un spa, mais j'ai oublié de prendre mon maillot de bain.

Lorsque je redescends vers cinq heures et quart, il s'est mis à pleuvoir. Comme pour mieux me faire comprendre ce phénomène, la radio est en train de passer It's raining again de Supertramp. J'emmène mes cartes et mon carnet de notes dans la vaste véranda fermée, qui doit pouvoir contenir au moins cent personnes mais où nous ne sommes que quatre à occuper des tables. Dehors, au-delà du lac devenu encore plus noir, le flanc ouest raide du Kaiseregg est saupoudré de neige jusqu'à une altitude étonnamment basse : je me demande si j'aurai de la neige à l'Euschelspass demain, comme c'était le cas en mai 2010. Je commande une bière blanche et prends des notes sur l'étape du jour pour mon blog ; c'est une chose que je ne fais pas habituellement, mais je sais que je ne pourrai pas poster mon compte rendu avant cinq jours minimum et qu'entre deux, un long week-end au Tessin m'aura certainement fait oublier les aléas du Chemin panorama alpin. La pluie s'intensifie alors que la radio continue de passer des tubes mélancoliques des années 80 et 90.

Je soupe à 19 h 30 à la pizzeria de l'hôtel. La soupe à l'ail des ours que je prends en entrée est excellente, la pizza qui suit n'est malheureusement pas l'une des meilleures que j'ai mangées. Le temps de manger, la pluie s'est arrêtée et il fait même plus clair dehors. Un rayon du soleil couchant a réussi à se faufiler entre le bas des nuages et la crête du Schwyberg, et éclaire les sommets des Recardets et du Kaiseregg d'une faible lueur jaune. Puis les nuages l'étouffent, la nuit tombe sur le Lac noir et je vais me coucher.

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Tourengänger: stephen
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