Pra de Cray : Traversée Lessoc - Grandvillard par le couloir des Arches

Une des plus belles traversées à ski de la Gruyère à mon avis avec un vallon très sauvage mais ensoleillée à la montée et un couloir spectaculaire plein N à la descente. Seul bémol : pas de TP, les villages de départ et d'arrivée étant un peu loin des gares, il faut donc une manip à 2 véhicules. De Lessoc au Chalet des Fonds, après un départ un peu laboorieux à travers des prés striés de barbelés, on utilise en bonne partie une route d'alpage non déneigée surplombant le ravin de Mury. Route ne veut pas dire absence de danger d'ailleurs, nous avons dû traverser de grandes coulées issues des pentes raides et ensoleillées de Chaudzeria, donc attention si ce n'est pas encore purgé.

On peut en général compter sur une trace jusqu'au chalet de Saugerua (classique des Millets), ensuite il a fallu tout tracer nous-même jusqu'au vallon sous le Col de Lity ou on retrouve parfois la trace de ceux montant au Pra de Cray par Grandvillard, mais on ne peut plus vraiment parler de classique, nous avons croisé 3 personnes durant toute cette belle journée avec des conditions nivologiques parfaites. Au dessous du vallon de la Combette,  on peut éviter un goulet raide et verneux par la droite, mais cela oblige à retraverser une pente bien malsaine sour le Pt 2084m, je n'y serais jamais allé le 1er mais la trace était suffisamment marquée pour se rassurer. La fin est alors sans souci, le panorama du sommet est grandiose sur le skyline de l''Oberland, le Weisshorn, le Massif du MB.

Le couloir NNW dit de l'Arche de la Tornette est décrit de façon assez alarmante dans le topo CAS (cotation D, "impressionnant", "passage à 47°"), mais Céline qui l'avait déjà parcouru nous avait rassuré, par bon enneigement et neige molle pas grand risque de finir à Mach2 la tête la première en cas de virage raté. Grande ambiance quand même au pied de ces grandes parois, les 200m les plus raides sont environ à 40° avec juste un passage plus étroit et raide en haut qui se franchit en dérapage. Bon je dis ça mais on n'était quand même pas fâchés d'avoir 5-6 traces du matin pour déminer ce grand dévaloir ou le soleil est pas entré de l'hiver.

Ne reste alors plus qu'à laisser glisser avec bonheur dans la poudreuse à travers les clairières de Liery Odet puis la route damée par les passages. Elle est fraisée sous le chalet de Gros Pas (1077m) mais pas au noir, on peut donc encore skier jusqu'à la Chapelle du Pt 936m voire un peu plus bas (nous avons retiré les skis à 880m pour emprunter le chemin d'été descendant directement à Grandvillard) soit 120m de portage en descente seulement - l'enneigement est vraiment très bon en gruyère pour une mi-mars ! Inespéré quand on pense à la situation 2 semaines plus tôt...

J'étais une nouvelle fois en fort bonne compagnie avec 3 charmantes compagnes - "Frauenpower" diraient les Suisse-allemands... Qui ose encore dire que la montagne manque de femmes ? Tout le monde avait fait un effort vestimentaire (style perroquet - pas le plus petit morceau de tenue croque-mort à nous 4) ce qui a permis de belles photos. Fin d'étape incontournable à l'Auberge du Pic Vert avec ses légendaires meringues à la double crème, la petite boutique adjacente permet de restocker du gruyère ou vacherin d'alpage avant le retour au bercail. Nos coéquipières nous ont redéposé gentiment à la gare de Bulle (à équidistance de nos 3 domiciles) après nous y a voir récupéré le matin - merci !

Météo : grand beau à la montée, puis arrivée sournoise du stratus jusqu'à 1800m pour la descente mais il était assez léger et la visi est restée excellente. Assez frais, pas trace de la bise annoncée par MS.

Conditions : risque 2 annoncé, manteau d'allure stable, aucun signe suspect. Neige cartonnée sur le haut du couloir, pas facile à skier, puis magnifique poudreuse sous les 1900m et ce quasiment jusqu'à 1000m. Piste damée plus bas.

Participants : Pauline, Céline, Agnès & moi

Auberge : Pic Vert à Grandvillard avec ses fameuses meringues, il serait quand même indigne de finir une virée à ski en Gruyère sans recharger les batteries à coup de spécialités locales !