Un pied en Italie à la Monte-Leone-Hütte

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Quand il fait aussi chaud que le week-end dernier, il n'y a que deux solutions : se baigner ou prendre le plus possible d'altitude.  La baignade étant déjà prévue au menu dominical, pour samedi nous optons pour une randonnée où le point de départ se situe déjà à 2,000 mètres, bien au-dessus de la chaleur des vallées.

Le car postal nous dépose à Simplon Hospiz à dix heures. Il fait une température agréable et il y a même une petite couverture nuageuse pour éviter que cela ne devienne trop rapidement une fournaise. Une borne devant l'hospice nous informe que la frontière se trouve à 20 kilomètres… surprenante, la quantité de "Suisse" qui reste encore à parcourir une fois qu'on est passé du côté "italien" du col du Simplon !
Le sentier monte d'abord en pente assez douce le long d'un bisse au milieu de champs de rhododendrons. La pente s'accentue ensuite et petit à petit, la végétation fait place à la caillasse. Nous franchissons quatre ou cinq torrents sur des passerelles en bois bien solides ; les deux premières de ces passerelles sont équipées de câbles mais ceux-ci se trouvent au niveau de mes genoux et il y a tellement de "mou" qu'ils ne servent pas à grand-chose !

Les deux derniers torrents se franchissent dans une zone de pierres plates, polies par l'action glaciaire. Action sans doute assez recente en termes géologiques, car la langue du Chaltwassergletscher n'est pas très loin au-dessus.

Le sentier contourne une haute moraine, puis remonte le long d'un vallon herbeuse avant de poursuivre une nouvelle fois dans un paysage minéral. Nous franchissons une crête et là, devant nous, c'est l'Italie, juste derrière un petit lac glaciaire sans nom qui se trouve à nos pieds. Au-dessus, la cabane est visible devant le Wasenhorn, alors qu'à droite c'est la face nord du Monte Leone et le Chaltwassergletscher bien crevassé qui attirent le regard.

Vingt minutes plus tard nous sommes à la cabane. Celle-ci se trouve vraiment tout près de la frontière ; il y a une borne à trois ou quatre mètres seulement de la cabane. Je m'amuse à en faire le tour, histoire de dire que je suis allé en Italie…   Ah, l'Italie... le soleil méditerranéen, les glaces, les footballeurs qui tombent si élégamment au moindre contact...  Mais il faut revenir à la réalité, alors je reviens rapidement en Suisse.  Une pancarte dans l'entrée de la cabane nous tente avec des spaghettis à la bolognaise, mais nous avons amené nos sandwiches que nous mangeons assis sur l'un des grands rochers plats qui entourent la cabane.

La descente vers Schallbett commence par une courte montée jusqu'à la Mäderlücke. Le sentier traverse des pentes d'éboulis depuis la cabane en faux-plat ascendant, puis grimpe jusqu'au col, depuis lequel la vue s'ouvre vers le nord avec le Bietschhorn en toile de fond et la ville de Brig loin dessous.
La descente du côté ouest de la Mäderlücke est caillouteuse et extrêmement raide au début, au point où il est plus difficile de maîtriser la descente sur le sentier que dans la caillasse à côté (ce passage mérite la cotation T3, le reste de la randonnée étant plutôt du T2). Nous descendons très rapidement de 200 mètres dans cet environnement austère et minéral avant que la pente s'adoucisse enfin. Au lieu de suivre le fond du vallon, le sentier reste un peu en altitude sur son flanc nord, au-dessus d'un autre petit lac sans nom.

Un peu plus bas à Bodme, dans la verdure retrouvée des alpages, la bifurcation pour Schallbett est si bien cachée que nous la manquons complètement. Alors que nous pensions avoir largement assez de temps avant le bus de 17 heures, nous perdons une demi-heure à retrouver notre chemin et, subitement, il faut presser le pas.  Nous descendons le plus vite possible à travers de jolies pentes couvertes de rhododendrons et parsemées de gros blocs, mais ce n'est pas le genre de terrain dans lequel on arrive à avancer vite ; le sentier est étroit et souvent à peine visible à cause de la végétation.  La chaleur s'accentue et j'ai le visage en feu, mais il faut avancer… si nous manquons ce bus, il faudra attendre deux heures à un endroit où il n'y a ni bistrot, ni ombre !

Heureusement le sentier devient plus facile et nous parvenons à accélérer le pas. La route et les quelques bâtiments de Schallbett apparaissent en contrebas et nous y arrivons dix minutes avant l'heure prévue du bus… qui, lui, arrive avec dix bonnes minutes de retard, nous aurions pu prendre notre temps !
Dans la vallée, à Brig, la chaleur est insupportable…   heureusement que nous avons décidé de prendre de la hauteur !