Sur le Chemin panorama alpin : Vingt-cinquième étape, des Paccots à Vevey


Publiziert von stephen , 1. Oktober 2016 um 19:11.

Region: Welt » Schweiz » Waadt
Tour Datum:25 September 2016
Wandern Schwierigkeit: T1 - Wandern
Wegpunkte:
Geo-Tags: CH-FR   CH-VD 
Zeitbedarf: 4:30
Aufstieg: 500 m
Abstieg: 1200 m
Strecke:Les Paccots – Lally – Blonay – St. Légier - Vevey
Zufahrt zum Ausgangspunkt:cff logo Les Paccots, les Rosalys
Zufahrt zum Ankunftspunkt:cff logo Vevey

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Depuis des semaines, j’évite de me lancer dans cette courte étape : avec un très long trajet pour arriver au point de départ et des paysages que j’imagine plutôt urbanisés, je manque sérieusement de motivation.  Il faut pourtant que je la mette derrière moi, sinon je risque de rester bloqué aux Paccots jusqu’à la fin de mes jours et de ne jamais arriver au bout de l’itinéraire national No. 3. Alors je m’oblige à me lever à six heures, me rends à la gare par des rues encore endormies et, un peu plus de trois heures plus tard, je descends du bus à son terminus aux Paccots. 

Il fait très doux en ce matin de fin septembre, l’après-midi promet d’être chaud. L’été ne semble pas encore vouloir dire son dernier mot. Je suis un sentier forestier en montée douce, jute à la limite entre civilisation et montagne, où des chalets de résidence secondaire apparaissent par-ci par-là entre les arbres.  A la sortie de la forêt, je fais un petit détour jusqu’au lac des Joncs, déjà le point culminant de la journée avec son altitude de 1,235 mètres. Le lac est une réserve naturelle mais est beaucoup plus petit que je pensais – à peine plus qu’une mare aux canards – et me déçoit. Il n’y a même pas d’arrière-plan montagneux pour le mettre en valeur.

Je me dirige vers le sud à travers des alpages où le son des cloches des vaches offre un fond sonore musical et très typique. Le sol est assez boueux et glissant sous mes pieds : étonnant vu qu’il ne semble pas avoir plu depuis des mois. En pente douce au début, le sentier se fait ensuite plus raide et descend en forêt, les cloches faisant peu à peu place au bruissement d’un torrent. Dans le fond du vallon, je franchis la Veveyse de Fégire sur une passerelle : c’est probablement le dernier vrai torrent de montagne que je verrai avant d’arriver à Genève. La passerelle me fait quitter le canton de Fribourg que je traverse depuis quatre ou cinq étapes maintenant. Sur la rive opposée je me trouve sur sol vaudois, avant-dernier des cantons traversés par le Chemin panorama alpin.

Une montée courte mais assez raide me fait sortir du vallon : c’est la seule véritable montée de cette étape où la tendance générale est clairement à la descente. Cette montée est suivie d’une demi-heure de marche sur des routes d’alpage goudronnées : certainement un avant-goût de ce qui m’attend, maintenant que je laisse les montagnes derrière. Des fanions portant le nom d’une banque sont plantées au bord de la route : une course pédestre ou cycliste vient de passer par ici, ou va passer d’ici peu de temps. Derrière moi, vers le nord-est, je vois les Préalpes fribourgeoises pour la dernière fois, avec le Teysachaux pointu qui se dresse au-dessus d’un premier plan fait de pâturages et de forêts. Devant, il n’y a plus de montagnes, seulement des collines vertes et douces.

Je passe devant le restaurant campagnard des Mossettes, puis quitte provisoirement la surface goudronnée pour suivre un sentier qui remonte doucement en forêt pour atteindre les Tenasses, à une altitude de 1,221 mètres juste sous la crête des Pléiades. Vient ensuite une zone de hauts-marais que l’on ne s’attendrait pas vraiment à trouver ici, et que le sentier traverse à l’aide d’un cheminement fait avec des planches en bois. Les longues herbes du marais commencent tout juste à se teindre des couleurs d’automne. A l’extrémité sud du marais j’atteins le village de Lally, où je découvre la raison d’être des fanions vues tout à l’heure en bordure de route : ici se trouve la ligne de départ et d’arrivée d’une course cycliste avec ses foules, ses stands servant bière et saucisses et les annonces un peu trop enthousiastes d’un commentateur armé d’un haut-parleur.

Tout change à Lally. En l’espace de cinq cents mètres je quitte brusquement les alpages pour la Riviera vaudoise, haut perchée au-dessus d’un Léman encore caché. Il y a des familles, des couples qui se promènent, des Mercedes à la place des Subaru…  j’ai l’impression d’être un homme es cavernes tombé par accident sur un lieu de villégiature haut de gamme. Pourtant, vers le sud et l’est, il y a toute une nouvelle série de montagnes ; des montagnes qui semblent appartenir à une époque totalement révolue de ma vie. Voici le large sommet des Rochers de Naye et sa voisine pointue la Dent de Jaman, si facile à reconnaître quand on prend l’autoroute depuis Lausanne en direction du Valais. Plus loin, voilà les bosses jumelles des Dents de Morcles. Plus distantes encore, au-delà de la vallée du Rhône, je devine à peine les Dents du Midi emblématiques et merveilleuses… malheureusement perdues dans l’épaisse brume de chaleur de l’après-midi.

La suite de l’itinéraire se fait en descente raide, par une suite de routes goudronnées et de sentiers de lisière, souvent aménagés avec de nombreuses marches. Un adolescent vient en sens inverse, poussant un VTT presque aussi grand que lui. Il me demande si c’est bien la direction des Pléiades, en indiquant les marches raides que je descends depuis vingt minutes. En effet c’est la bonne direction… mais je crains que le garçon va passer plus de temps à pousser son vélo qu’à s’asseoir sur la selle. Au début de cette descente il y a encore un semblant de campagne, même s’il y a plus de chalets cossus que de granges, et davantage de jardins artistiquement négligés que de pâturages.

Et enfin, juste en dessous du hameau du Signal, le voilà : le grand lac vers lequel j’avance au pas depuis un an et demi, depuis que j’ai quitté le lac de Constance. Immense, se perdant au lointain dans la brume, surplombé par les sommets du Chablais sur sa rive française, le Léman ressemble à un océan.  Cela ne fait aucun doute, c’est l’un des moments à couper le souffle du Chemin panorama alpin : la beauté du paysage me permet même d’oublier la ligne haute tension du premier plan.

Les dernières traces de la campagne disparaissent aux abords du village-banlieue de Blonay. Je suis des rues résidentielles calmes et presque désertes jusqu’à la gare, où une petite foule admire une locomotive à vapeur qui vient d’arriver, tirant un train de wagons historiques. Le mécanicien hisse de jeunes enfants à bord de la locomotive, histoire de leur montrer à quoi ressemble un vrai train, le genre de train qui donne aux garçons l’envie de jouer aux trains...

Depuis Blonay, la seule option raisonnable serait de terminer l'étape en train, car les 90 minutes de marche restantes seront de toute évidence entièrement urbaines. Entêté, je continue à pied : c'est une décision que je regretterai par la suite. Entre Blonay et Saint-Légier, les environs restent plutôt agréables. Le sentier suit la petite voie ferrée qui monte aux Pléiades, entre jardins et villas bien entretenues. Sur le sentier, deux jeunes enfants très blonds sont en train de se disputer en anglais, alors que leur maman tente en vain de jouer le rôle des Nations unies face à une impasse de "C'était pas moi, c'était lui". Ils parlent tous les trois dans un accent du Yorkshire à couper au couteau, ce qui me paraît totalement incongru au milieu des palmiers et des maisons de luxe de la Riviera vaudoise. Papa a dû faire fortune dans le secteur financier, ou alors il est cadre supérieur chez Nestlé, dont le siège se trouve juste en dessous à Vevey.…

Au-delà de St-Légier, les choses se dégradent sérieusement. Le bruit de la circulation augmente rapidement à mesure que je me rapproche de l'échangeur de la Veyre, où les autoroutes venant de Genève et de Berne se rejoignent avant de filer vers le Valais. L'heure qui suit doit sûrement être la plus désagréable de tout le Chemin panorama alpin, peut-être même de l'ensemble des itinéraires nationaux suisses ? Finies les villas cossues et les vieilles maisons de pierre ; ici l'itinéraire longe des routes principales, passe au-dessus et en dessous de bretelles d'autoroute, côtoie de magnifiques zones industrielles. Il y a un bref moment de répit où, descendant à côté d'un pont métallique très élégant, le sentier gagne le fond encaissé et relativement paisible de la vallée de la Veveyse, mais c'est de courte durée et j'émerge bientôt en marge d'une autre zone d'activités. Il y a un an et demi, au cours de la seconde étape, j'ai pesté contre l'itinéraire entre Appenzell et Gontenbad… ici c'est dix fois pire.  A tous ceux qui auraient envie de faire le Chemin panorama alpin je n'ai qu'un conseil : prenez le train entre Saint-Légier et Vevey ! Juste avant d'entrer dans la ville de Vevey, je vois les premières vignes : un avant-goût d'une prochaine étape que j'espère plus belle, qui me fera traverser les vignobles en terrasses du Lavaux, entre Vevey et Lausanne.

Je prends le train de Vevey à Lausanne, où j'attrape la correspondance pour Lucerne de justesse. Le train est bondé, avec beaucoup de grands groupes qui ont réservé des wagons entiers. L'étage supérieur du wagon où je réussis à dénicher une place assise est rempli d'une cinquantaine de personnes qui rentrent apparemment d'une sortie d'entreprise. Il règne une ambiance de fête : l'organisateur du voyage a fait venir deux animateurs professionnels qui font toute une série de tours de magie et d'acrobatie, plutôt réussis dans l'espace confiné du train.  Les joyeux collègues ne font pas que regarder, ils doivent aussi participer : il y a un tournoi de tennis, un concours musical avec des cloches à vache miniatures et même une compétition de tir à l'arc avec des sièges de WC pour cibles et des déboucheurs de WC à la place des flèches. Lorsque le groupe descend à Berne, ils laissent derrière eux un wagon dont le sol est bien garni de confettis et de ballons gonflables… on se croirait le lendemain de la Fête des vendanges de Neuchâtel ! En tout cas, cela réussit à me remettre de bonne humeur après la fin en demi-teinte de l'étape de randonnée.

En arrivant à Vevey, j'étais tenté de dire que j'avais réussi à relier le lac de Constance au Léman, et que je n'avais pas envie de faire les cinq étapes restantes jusqu'à Genève. Mais après réflexion, je continuerai, car ce sont des régions et des paysages que je ne connais pas. Prochaine étape donc : le Lavaux et son chasselas ! 

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Tourengänger: stephen
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