Par le Rot Grätli, de Bannalp à Engelberg


Publiziert von stephen , 1. Oktober 2014 um 22:36.

Region: Welt » Schweiz » Obwalden
Tour Datum:28 September 2014
Wandern Schwierigkeit: T3 - anspruchsvolles Bergwandern
Wegpunkte:
Geo-Tags: Ruch- und Walenstockgruppe   CH-OW   CH-UR   Chaiserstuelgruppe   CH-NW 
Zeitbedarf: 5:45
Aufstieg: 1045 m
Abstieg: 1160 m
Strecke:Bannalp – Bannalper Schonegg – Rot Grätli – Rugghubelhütte - Ristis
Zufahrt zum Ausgangspunkt:cff logo Chrüzhütte, téléphérique depuis cff logo Oberrickenbach, Fell
Zufahrt zum Ankunftspunkt:cff logo Ristis, téléphérique pour cff logo Engelberg

English version here

Depuis ma première randonnée à la Bannalp en septembre 2011, l’itinéraire qui permet de rejoindre Engelberg en passant par le col du Rot Grätli figure sur ma liste de choses à faire. Ce jour d’il y a trois ans, nous étions déjà tentés par le sentier partant vers le sud depuis la Bannalper Schonegg, mais ayant déjà fait une longue randonnée la veille, nous nous sommes contentés de l’ascension du Chaiserstuel puis de la descente vers Isenthal. C’est une conversation avec un collègue de bureau autour du thème des lacs de montagne qui m’a refait penser à la Bannalp, et la décision était vite prise d’utiliser ce dernier dimanche de septembre pour tenter le sentier du Rot Grätli.

Selon les rapports que l’on lit, cet itinéraire est coté T3 ou T4, et je suis conscient qu’il risque d’être à la limite de mes capacités, d’autant plus que je serai seul. Je sais qu’il y aura des névés et des passages sécurisés, et que le demi-tour est loin d’être exclu. Pas grave, j’ai déjà fait une randonnée magnifique la veille, je suis prêt à prendre le risque d’être déçu aujourd’hui.

Je me lève à sept heures, avale un petit déjeuner rapide et prends le train de 8h 10 en direction d’Engelberg. Le wagon dans lequel je me trouve est bondé : la moitié des places sont occupées par une grand groupe de Japonais, l’autre moitié par des gens en tenue de randonnée. Juste à côté de moi, une jeune femme sort un peu du lot : pieds nus sur le siège d’en face, une cheville bandée d’un pansement vert vif, casque vissé sur les oreilles, pas de chaussures de rando, elle détonne un peu. Je la reverrai plus tard dans la matinée dans des circonstances qui me surprendront…
 
Presque tout le monde descend à Wolfenschiessen, exception faite des Japonais et de la fille aux pieds nus. Le car postal qui attend devant la petite gare est déjà bien rempli, toutes les places assises sont prises. Par je ne sais quel miracle, tout le monde parvient à monter dans le bus pour un trajet heureusement court, car nous sommes vraiment entassés comme des sardines. Mais j'ai de la chance : dernier à monter dans le bus ou presque, je suis le premier à descendre à Oberrickenbach, ce qui m'évite de trop faire la queue pour le "blaiä Bähnli", le petit téléphérique bleu qui monte à la Chrüzhütte, au-dessus du Bannalpsee Le trajet dure une petite dizaine de minutes et est assez spectaculaire, car la cabine semble monter presque verticalement le long d'une haute paroi, effleurant le cime des arbres accrochés à la pente vertigineuse.
 
Tout ce trajet depuis chez moi ne m'a pris qu'une heure, et à 9h 15 je suis prêt à me mettre en route pour l'étape du jour. La météo n'atteint pas tout à fait la perfection de la veille ; il fait un ou deux degrés de moins, il y a un peu de vent et quelques nuages d'altitude laissent attendre un changement dans les jours à venir. Cela reste une belle journée tout de même, avec la même belle lumière que la veille. Je suis un sentier qui monte doucement dans le pâturage, passant sous les câbles d'un téléski et au-dessus de la Chrüzhütte, d'où vient une odeur de feu de bois et où la cheminée fume : la nuit a dû être fraîche en montagne. Plus bas, le Bannalpsee sommeille encore dans l'ombre des parois des Walenstöcke qui ferment l'alpage par le sud. Le sentier qui monte à la Bannalper Schonegg a été nettement amélioré depuis ma visite précédente : j'ai le souvenir d'un mauvais sentier très boueux et sévèrement érodé, mais il est devenu un vrai boulevard, sans ornières et bien profilé. Je m'efforce d'aller lentement, voulant économiser mon énergie pour la seconde partie de la montée, qui sera certainement plus ardue, mais au bout d'une heure et quart j'arrive déjà à la large selle de la Bannalper Schonegg, à une altitude de 2250 mètres. Cinq cents mètres de montée en un peu plus d'une heure, ce n'est pas mal du tout.
 
Je fais une première pause ici pour boire et manger un mélange de fruits secs et de noix (Coop Prix Garantie, franchement mauvais). Je demande à une femme venant en sens inverse s'il y a de grosse difficultés sur le sentier ; question un peu bête vue la subjectivité de la chose. Elle me rassure quelque peu en me disant qu'il ne reste qu'un tout petit peu de neige tout en haut, et que celle-ci est en plein soleil et déjà bien ramollie.

Je repars sur un sentier étroit qui descend tout d'abord, puis traverse une pente d'éboulis au-dessus d'un vallon pierreux. Le paysage devient de plus en plus sauvage alors que je descends dans le fond du vallon, où il y a un peu d'herbe dominé par un cirque imposant qui monte jusqu'aux sommets du Ruchstock et du Hasenstock. Il est difficile de savoir où va le sentier par la suite ; il semble se diriger tout droit vers le fond du vallon, vers un ravin entre les sommets. Ce ravin a l'air bien méchant, et je suis très rassuré de voir un peu plus loin que le balisage part vers la gauche et vers des pentes plus douces.
 
Au-delà de ce point, je ne verrai plus un brin d'herbe pendant un certain temps. L'environnement devient entièrement minéral, un désert de rochers et d'éboulis gris foncé. La seule couleur est celle du balisage rouge-blanc. Il n'y a pas de sentier proprement dit et, par conditions de mauvaise visibilité, l'orientation serait problématique ici. Je remonte entre de gros blocs à la base des falaises, contourne un épaulement de la montagne et arrive enfin en terrain plus plat et plus ouvert. A une bifurcation de chemins vers 2400 mètres, un replat me permet de m'asseoir une seconde fois pour me désaltérer et reprendre des forces. Je ne suis d'ailleurs pas le seul, ce replat semble être l'endroit de prédilection pour la dernière pause avant la montée finale au Rot Grätli.
 
Celui-ci devient maintenant visible pour la première fois, tout au fond d'une longue vallée qui s'en va vers le sud. Le paysage a l'air inhospitalier et assez intimidant. La vallée est bordée de falaises faites de dalles plus ou moins inclinées ; son fond remonte en une série de gradins vers les sommets de l'Engelberger Rotstock et du Hasenstock. Le côté gauche de la vallée est encore en partie recouvert par un grand névé, ou peut-être ce qui reste d'un glacier. Tout au fond, au-dessus du dernier gradin, une crête enneigée relie les deux sommets : voilà le but que je devrai atteindre si je compte aller jusqu'à Engelberg.  Intimidé par ce paysage très sauvage, je me rends compte que j'ai ralenti le pas jusqu'au point de ne presque plus avancer du tout, essayant inconsciemment de retarder le moment où je vais devoir affronter une difficulté majeure. L'itinéraire ne doit pourtant pas être si terrible que ça : parmi les nombreuses personnes venant en sens inverse, il y a un bon nombre de familles avec des enfants de dix ans, voire moins. Un premier petit gradin rocheux se franchit sans problème grâce à une corde fixe qui me permet de me hisser jusqu'en haut, il en est de même pour une seconde petite marche un peu plus loin.  
 
Quelqu'un arrive en courant en sens inverse, à une vitesse que j'aurais cru impossible sur un tel terrain, bondissant par-dessus les petits rochers et évitant les grosses. Quand elle se rapproche, je réalise qu'il s'agit de la fille du train, avec des chaussures de trail maintenant, mais toujours clairement identifiable au strapping vert vif à sa cheville. Elle me salue en passant puis elle est partie, accélérant vers le fond de la vallée et vite hors de vue. Elle a dû rester dans le train jusqu'à Engelberg et maintenant, deux heures plus tard, a déjà fait les trois quarts d'un circuit pour lequel je mettrai pas loin de six heures. Je suis impressionné.

La pente se redresse maintenant. Le paysage est entièrement fait de blocs et de dalles, sans échappatoire apparente vers le haut. Les apparences peuvent pourtant être trompeuses, car le sentier reste facile et jamais exposé, se faufilant entre les blocs et utilisant les dalles les moins inclinés pour passer de palier en palier. Me voilà enfin devant le seul vrai obstacle de cette montée, une cheminée haute de trois ou quatre mètres et équipée d'une corde fixe. Je dois prendre une décision : surtout quand je suis seul en montagne, j'évite toujours de monter quelque chose que je pourrais pas redescendre au besoin. Je ne suis pas sûr de vouloir redescendre cette cheminée, pourtant mon but est tout proche maintenant. Ce qui me fait finalement décider de continuer est le fait qu'au-dessus de la cheminée, ça a l'air moins raide ; la dernière pente de neige n'a pas l'air méchant du tout. Je me lance alors, m'aidant de la corde fixe, et passe l'obstacle sans problème. Il ne reste que quelques lacets schisteux et le dernier névé, sur lequel une glissade n'aurait pour conséquence fâcheuse que des fesses mouillées. Plus tôt dans la saison avec davantage de neige, ce passage est peut-être plus difficile.
 
Au bout de trois heures de marche depuis la Chrüzhütte, j'arrive enfin au Rot Grätli, à 2559 mètres. La neige disparaît dès que j'atteins la crête, restant confinée dans la combe au nord, là où le soleil ne pénètre jamais. La crête elle-même et tout le versant sud sont entièrement libres de neige. Je remonte un peu au-dessus du point le plus bas de la crête, trouve un rocher plat, construis un mini-cairn en guise de dossier et m'installe pour manger et profiter d'un panorama superbe qui va du Sustenhorn au Schreckhorn, en passant bien entendu par le Titlis. 
 
Le versant sud du col est très différent du versant nord. Différent tout d'abord par la couleur brun-rouge du rocher, d'où vient sans doute le nom de l'endroit. La vallée qui s'étend vers l'ouest et vers Engelberg est aussi très différente de celle par laquelle je suis montée : plus large et plus plate avec, sue son flanc opposé, d'énormes dalles schisteuses qui lui donnent un peu l'air d'une carrière naturelle à une échelle gigantesque. Au-dessus, une longue ligne de petites falaises est dominée par des crêtes enneigées. Vers l'est, la vallée remonte jusqu'au glacier très blanc du Griessenfirn glacier, puis encore plus haut vers l'Engelberger Rotstock et le Wissigstock, ce dernier bien saupoudré de neige.

Après une petite heure de pause, il est temps de commencer la descente vers Engelberg. Le sentier descend en lacets caillouteux, raide mais facile, puis se dirige vers l'ouest par des dalles plates et des zones karstiques. Avant la Rugghubelhütte, cet univers minéral fait très soudainement place à l'herbe ; la transition est inattendue et immédiate. La vue est superbe dans toutes les directions : difficile de dire si elle est plus belle vers l'ouest avec le Titlis, ou vers l'est et la sauvage Griessental.

Après 45 minutes j'arrive à la Rugghubelhütte, qui marque un deuxième changement de décor. A partir d'ici, la vue en arrière vers l'est est coupé par la colline sur laquelle se dresse la cabane. Mes yeux se tourne maintenant vers l'ouest, où le sentier plonge vers la vallée d'Engelberg loin en dessous et le Rigidalstock en face. Raide mais facile, ce sentier descend tout d'abord jusqu'à l'alpage de Planggenstafel à 1964 mètres, où je franchis un petit torrent sur une passerelle en bois. Un peu au-dessus, les deux ou trois chalets de l'alpage sont presque cachés sous de gros blocs, ceux-ci offrant sans doute une protection précieuse contre les avalanches et les éboulements. Continuant vers l'ouest, je poursuis mon chemin en balcon, presque horizontalement, au-dessus de pentes et de falaises très raides qui descendent vers la valle d'End der Welt. J'étais là-bas il y a deux mois et je me souviens de m'être dit qu'il ne pouvait y avoir aucune sortie de la vallée, tellement les falaises étaient hautes et verticales. Vue d'au-dessus, cette impression est pleinement confirmée. Même si ce sentier est assez large, il est aérien et doit demander un peu de prudence par temps humide : il y a des endroits où il ne faut pas glisser, car il serait difficile d'arrêter une chute dans les pentes raides bordant le chemin. 
 
Un dernier raidillon et me voici à l'alpage de Rigidalstafel avec son restaurant de montagne. A partir d'ici, les vingt dernières minutes de marche jusqu'à Ristis se font sur la surface goudronnée d'une petite route d'alpage. En une heure de plus je pourrais descendre à pied jusqu'à Engelberg, mais je connais déjà le chemin et me sens donc justifié dans ma décision de prendre le téléphérique. Loin des "Bähnli" typiques de la Suisse centrale, ce téléphérique est un véritable monstre, avec des cabines géantes pouvant sans doute contenir une soixantaine de personnes, pour la plupart des touristes et des promeneurs montés pour admirer la vue somptueuse depuis Ristis. Cinq minutes plus tard je suis en bas ; encore un quart d'heure et je suis installé à la terrasse ensoleillée de l'hôtel Bellevue, une bière posée devant moi, à attendre le train de 17 heures. Les deux randonnées du week-end ont été superbes, cette fin d'été est un régal.  

Tourengänger: stephen


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Kommentare (1)


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Runner hat gesagt: merci pour cette reportage...
Gesendet am 23. März 2015 um 10:02
c'est fixé dans mon "Laufkalender" pour l'été 2015 :-)


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