De l'hiver vers le printemps, entre Nidwalden et Obwalden
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English version here
Un air de printemps flotte sur Lucerne. Les bistrots ont ouvert leurs terrasses, les bords du lac sont noirs de monde et les gens ont réinvesti leur balcon pour prendre l'apéro. Mais en montagne, l'hiver n'a pas encore dit son dernier mot. Les derniers jours de février et les premiers jours de mars ont apporté de la neige fraîche en bonne quantité et, malgré les températures qui grimpent vers les 20 degrés, la saison des randonnées a raquettes est encore là.
J'ai décidé de faire le Schlierengrat, au-dessus de Langis et de Sarnen, en redescendant vers Gfellen dans la vallée de l'Entlebuch. J'ai tout bien préparé et ai imprimé tout ce qu'il me faut comme cartes. Mais la journée commence plutôt mal. A la gare de Lucerne, les trains pour Interlaken et Engelberg attendent côte à côte au même quai. Un café acheté en vitesse à la boulangerie, une petite course pour ne pas louper le départ, un instant de déconcentration… et me voila dans le mauvais train, au milieu des touristes chinois qui vont au Titlis, alors que je voulais être avec ceux qui allaient à Interlaken…
Il faut donc improviser une alternative. L'option évidente est Wirzweli, où il y a tout un réseau d'itinéraires balisés où le fait de ne pas avoir la bonne carte ne sera pas un problème. Peut-être que je pourrai même redescendre vers Sarnen ou Alpnach par la suite, histoire de ne pas refaire la même boucle qu'en novembre de l'année dernière. Je quitte donc le train à Dallenwil et monte en télécabine à Wirzweli, surpris et content de voir que le trajet est gratuit avec mon abonnement général acquis depuis peu. Je chausse mes raquettes et quitte rapidement la musique alpestre de l'arrivée des pistes de ski.
Je remonte rapidement sur le versant sud de la cuvette de Wirzweli, vers le Horn, petit sommet situé à l'extrémité est de la crête que je prévois de suivre ensuite vers l'ouest. Il reste encore une bonne couche de neige sur ces pentes orientées au nord, même si les températures printanières et les randonneurs de la veille ont sérieusement entamé la qualité de la neige. Sur le versant opposé, les pentes exposées su soleil du Stanserhorn sont libres de neige presque jusqu'au sommet.
Au début, je suis à l'ombre. Mais, peu avant le chalet situé à 1370 mètres, je me trouve en plein soleil et la suite de la montée se fait sous le signe de la transpiration. Je suis bien content d'arriver au bout de 45 minutes en haut du Horn, malheureusement coiffé d'un pylône électrique.
La vue s'ouvre vers le sud et devient spectaculaire. D'innombrables sommets attendent d'être identifiés ; je n'en connais que très peu, comme par exemple le Chaiserstuel au-dessus de la cuvette de la Bannalp, ou le Titlis facilement identifiable au sud. Mais ce qui retient l'attention, ce sont surtout les Walenstöcke, immenses parois de rocher et de neige juste en face, au-delà de l'entaille de la vallée d'Engelberg.
Maintenant je suis la crête vers l'ouest, toujours en montée, un peu en dessous de la crête sur son versant nord. Je quitte définitivement le couvert de la forêt vers 1550 mètres, au pied des pentes sommitales du Vorder Gummen, point culminant de cet itinéraire à 1613 mètres. L'itinéraire balisé évite le sommet par son côté nord, ce qui me semble dommage… pourquoi se priver d'un sommet facile et d'une place de pique-nique avec vue parfaite ?
Je ne suis pas seul en haut, évidemment. Randonneurs et parapentistes se partagent le sommet, ces derniers attendant impatiemment le petit souffle de vent qui leur permettra de décoller. L'attente est interminable, puis enfin une brise se lève et ils se lancent, l'un après l'autre, disparaissant tout d'abord vers le bas puis refaisant surface au-dessus de la vallée, faisant de jolis ronds devant un arrière-plan fantastique.
Je redescends un peu vers la selle de Hinter Gummen, où il y a une arrivée de téléski et un bar improvisé en plein air. D'ici, le sentier se divise en deux pour contourner le Ronengrat par le nord ou par le sud. Je choisis la route du sud ; j'aurai moins de neige mais davantage de vue que de l'autre côté. En effet, la neige commence à manquer dans ces pentes raides exposées au soleil. Il y a parfois des sections de 20 mètres totalement dépourvues de neige mais bien fournies en racines d'arbres… ce n'est pas un terrain idéal pour la raquette. Mais au bout d'une demi-heure pendant laquelle je ne vois personne, le sentier étroit fait place à un grand plateau bien enneigé, face à l'imposant Arvigrat qui se dresse devant, ses pentes raides plongeant vers la vallée devant.
Je descends dans de bonnes pentes de neige presque vierge et encore bien poudreuse, perdant rapidement 80 mètres d'altitude avant de traverser en faux-plat descendant juste sous les pentes de l'Arvigrat. A deux endroits, des coulées toutes fraîches me font accélérer le pas ; elles se sont arrêtées au-dessus de la piste balisée, mais pas très loin au-dessus Puis je remonte en pente douce vers l'Ächerlipass, à la frontière cantonale (ou faudrait-il dire demi-cantonale ?) entre Nidwalden et Obwalden, à 1400 metres.
Depuis ici, plusieurs options sont possibles pour la suite. Le plus rapide serait de redescendre sur Wirzweli, mais je n'ai pas envie de refaire le même itinéraire qu'en novembre, d'autant plus que la neige n'a pas l'air bonne. Autant continuer vers l'ouest et descendre le côté obwaldien du col : il n'y aura sans doute pas de neige, mais je ferai de la randonnée "d'été" à la place. De ce côté ouest il y a deux options : vers Kerns en deux heures de temps, ou vers Alpnach en trois heures. Je choisis le plus court, qui en plus a l'air de rester plus longtemps en altitude et d'offrir donc de meilleurs garanties de neige.
En effet, il y a de la neige en abondance, je suis surpris et réussis à garder mes raquettes aux pieds bien plus longtemps que j'aurais pensé. L'itinéraire suit une route d'alpage non dégagée qui passe sous les pentes nord de l'Arvigrat, le plus souvent bien à l'ombre. Pendant une demi-heure, jusqu'à la ferme isolée Schwendiflue, à 1340 mètres, je ne perds quasiment pas d'altitude. Loin en dessous, aux trois quarts perdu dans la brume, le Sarnersee m'indique toute la descente que j'ai encore à faire. Maintenant la descente commence pour de vrai ; la route décrit de longs zigzags dans la pente raide, que je peux parfois couper en plongeant tout droit vers l'aval, là où il reste encore assez de neige.
A 1150 mètres, la neige fait enfin défaut et je suis obligé de déchausser mes raquettes. La suite est désagréable car, même si la route est en grande partie dégagée, il y a des passages à l'ombre encore bien verglacés. Mais l'hiver finit par lâcher prise, et après les chalets de Schwändi il n'y a plus que de l'herbe. Je me perds ici dans un pâturage sans chemin, ma seule carte 1:50,000 ne m'indiquant rien de très utile… si ce n'est que la direction à suivre est en bas plutôt qu'en haut. Derrière moi, une lune pâle se lève au-dessus des tours encore blanches de l'Arvigrat, alors que devant, dans le hameau de St. Antoni avec sa chapelle blanche, les habitants profitent du soleil et de leurs lunettes de soleil, assis sur leurs balcons.
Au centre de Kerns, l'horaire m'indique que le bus est parti il y a cinq minutes et qu'il faut attendre 40 minutes pour le suivant. La gare de Sarnen est à 30 minutes… je me résigne à repartir à pied alors que par miracle, un car postal arrive, entièrement vide. C'est une fin très satisfaisante à une journée qui a commencé par un imprévu mais qui, en fin de compte, a très bien fait la transition entre hiver et printemps.
Un air de printemps flotte sur Lucerne. Les bistrots ont ouvert leurs terrasses, les bords du lac sont noirs de monde et les gens ont réinvesti leur balcon pour prendre l'apéro. Mais en montagne, l'hiver n'a pas encore dit son dernier mot. Les derniers jours de février et les premiers jours de mars ont apporté de la neige fraîche en bonne quantité et, malgré les températures qui grimpent vers les 20 degrés, la saison des randonnées a raquettes est encore là.
J'ai décidé de faire le Schlierengrat, au-dessus de Langis et de Sarnen, en redescendant vers Gfellen dans la vallée de l'Entlebuch. J'ai tout bien préparé et ai imprimé tout ce qu'il me faut comme cartes. Mais la journée commence plutôt mal. A la gare de Lucerne, les trains pour Interlaken et Engelberg attendent côte à côte au même quai. Un café acheté en vitesse à la boulangerie, une petite course pour ne pas louper le départ, un instant de déconcentration… et me voila dans le mauvais train, au milieu des touristes chinois qui vont au Titlis, alors que je voulais être avec ceux qui allaient à Interlaken…
Il faut donc improviser une alternative. L'option évidente est Wirzweli, où il y a tout un réseau d'itinéraires balisés où le fait de ne pas avoir la bonne carte ne sera pas un problème. Peut-être que je pourrai même redescendre vers Sarnen ou Alpnach par la suite, histoire de ne pas refaire la même boucle qu'en novembre de l'année dernière. Je quitte donc le train à Dallenwil et monte en télécabine à Wirzweli, surpris et content de voir que le trajet est gratuit avec mon abonnement général acquis depuis peu. Je chausse mes raquettes et quitte rapidement la musique alpestre de l'arrivée des pistes de ski.
Je remonte rapidement sur le versant sud de la cuvette de Wirzweli, vers le Horn, petit sommet situé à l'extrémité est de la crête que je prévois de suivre ensuite vers l'ouest. Il reste encore une bonne couche de neige sur ces pentes orientées au nord, même si les températures printanières et les randonneurs de la veille ont sérieusement entamé la qualité de la neige. Sur le versant opposé, les pentes exposées su soleil du Stanserhorn sont libres de neige presque jusqu'au sommet.
Au début, je suis à l'ombre. Mais, peu avant le chalet situé à 1370 mètres, je me trouve en plein soleil et la suite de la montée se fait sous le signe de la transpiration. Je suis bien content d'arriver au bout de 45 minutes en haut du Horn, malheureusement coiffé d'un pylône électrique.
La vue s'ouvre vers le sud et devient spectaculaire. D'innombrables sommets attendent d'être identifiés ; je n'en connais que très peu, comme par exemple le Chaiserstuel au-dessus de la cuvette de la Bannalp, ou le Titlis facilement identifiable au sud. Mais ce qui retient l'attention, ce sont surtout les Walenstöcke, immenses parois de rocher et de neige juste en face, au-delà de l'entaille de la vallée d'Engelberg.
Maintenant je suis la crête vers l'ouest, toujours en montée, un peu en dessous de la crête sur son versant nord. Je quitte définitivement le couvert de la forêt vers 1550 mètres, au pied des pentes sommitales du Vorder Gummen, point culminant de cet itinéraire à 1613 mètres. L'itinéraire balisé évite le sommet par son côté nord, ce qui me semble dommage… pourquoi se priver d'un sommet facile et d'une place de pique-nique avec vue parfaite ?
Je ne suis pas seul en haut, évidemment. Randonneurs et parapentistes se partagent le sommet, ces derniers attendant impatiemment le petit souffle de vent qui leur permettra de décoller. L'attente est interminable, puis enfin une brise se lève et ils se lancent, l'un après l'autre, disparaissant tout d'abord vers le bas puis refaisant surface au-dessus de la vallée, faisant de jolis ronds devant un arrière-plan fantastique.
Je redescends un peu vers la selle de Hinter Gummen, où il y a une arrivée de téléski et un bar improvisé en plein air. D'ici, le sentier se divise en deux pour contourner le Ronengrat par le nord ou par le sud. Je choisis la route du sud ; j'aurai moins de neige mais davantage de vue que de l'autre côté. En effet, la neige commence à manquer dans ces pentes raides exposées au soleil. Il y a parfois des sections de 20 mètres totalement dépourvues de neige mais bien fournies en racines d'arbres… ce n'est pas un terrain idéal pour la raquette. Mais au bout d'une demi-heure pendant laquelle je ne vois personne, le sentier étroit fait place à un grand plateau bien enneigé, face à l'imposant Arvigrat qui se dresse devant, ses pentes raides plongeant vers la vallée devant.
Je descends dans de bonnes pentes de neige presque vierge et encore bien poudreuse, perdant rapidement 80 mètres d'altitude avant de traverser en faux-plat descendant juste sous les pentes de l'Arvigrat. A deux endroits, des coulées toutes fraîches me font accélérer le pas ; elles se sont arrêtées au-dessus de la piste balisée, mais pas très loin au-dessus Puis je remonte en pente douce vers l'Ächerlipass, à la frontière cantonale (ou faudrait-il dire demi-cantonale ?) entre Nidwalden et Obwalden, à 1400 metres.
Depuis ici, plusieurs options sont possibles pour la suite. Le plus rapide serait de redescendre sur Wirzweli, mais je n'ai pas envie de refaire le même itinéraire qu'en novembre, d'autant plus que la neige n'a pas l'air bonne. Autant continuer vers l'ouest et descendre le côté obwaldien du col : il n'y aura sans doute pas de neige, mais je ferai de la randonnée "d'été" à la place. De ce côté ouest il y a deux options : vers Kerns en deux heures de temps, ou vers Alpnach en trois heures. Je choisis le plus court, qui en plus a l'air de rester plus longtemps en altitude et d'offrir donc de meilleurs garanties de neige.
En effet, il y a de la neige en abondance, je suis surpris et réussis à garder mes raquettes aux pieds bien plus longtemps que j'aurais pensé. L'itinéraire suit une route d'alpage non dégagée qui passe sous les pentes nord de l'Arvigrat, le plus souvent bien à l'ombre. Pendant une demi-heure, jusqu'à la ferme isolée Schwendiflue, à 1340 mètres, je ne perds quasiment pas d'altitude. Loin en dessous, aux trois quarts perdu dans la brume, le Sarnersee m'indique toute la descente que j'ai encore à faire. Maintenant la descente commence pour de vrai ; la route décrit de longs zigzags dans la pente raide, que je peux parfois couper en plongeant tout droit vers l'aval, là où il reste encore assez de neige.
A 1150 mètres, la neige fait enfin défaut et je suis obligé de déchausser mes raquettes. La suite est désagréable car, même si la route est en grande partie dégagée, il y a des passages à l'ombre encore bien verglacés. Mais l'hiver finit par lâcher prise, et après les chalets de Schwändi il n'y a plus que de l'herbe. Je me perds ici dans un pâturage sans chemin, ma seule carte 1:50,000 ne m'indiquant rien de très utile… si ce n'est que la direction à suivre est en bas plutôt qu'en haut. Derrière moi, une lune pâle se lève au-dessus des tours encore blanches de l'Arvigrat, alors que devant, dans le hameau de St. Antoni avec sa chapelle blanche, les habitants profitent du soleil et de leurs lunettes de soleil, assis sur leurs balcons.
Au centre de Kerns, l'horaire m'indique que le bus est parti il y a cinq minutes et qu'il faut attendre 40 minutes pour le suivant. La gare de Sarnen est à 30 minutes… je me résigne à repartir à pied alors que par miracle, un car postal arrive, entièrement vide. C'est une fin très satisfaisante à une journée qui a commencé par un imprévu mais qui, en fin de compte, a très bien fait la transition entre hiver et printemps.
Tourengänger:
stephen

Communities: Randonneur, Schneeschuhtouren
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