Tour du lac des Quatre Cantons : neuvième étape, de Stansstad à Ennetbürgen


Publiziert von stephen , 10. Juli 2012 um 19:47.

Region: Welt » Schweiz » Nidwalden
Tour Datum: 8 Juli 2012
Wandern Schwierigkeit: T2 - Bergwandern
Wegpunkte:
Geo-Tags: Bauen - Brisen - Bürgenstock   CH-LU   CH-NW 
Zeitbedarf: 6:00
Aufstieg: 1125 m
Abstieg: 1125 m
Strecke:Stansstad - Obbürgen - Bürgenstock - Hametschwand - Chänzli - St Jost - Unter Nas - Ennetbürgen
Zufahrt zum Ausgangspunkt:cff logo Stansstad
Zufahrt zum Ankunftspunkt:cff logo Ennetbürgen, Post
Kartennummer:Zusammensetzung 2510 Luzern-Pilatus-Rigi, ou 245T Stans

English version here

School's out

Cette avant-dernière étape du tour du lac des Quatre Cantons me fera passer par le Bürgenstock, l'une des montagnes les plus en vue lors des étapes précédentes. Avec des falaises verticales côté nord et des pentes douces au sud, le Bürgenstock forme un long presqu'île qui sépare l'étendue principale du lac des la baie au bout de laquelle se trouvent les petites villes d'Ennetbürgen et de Buochs. Selon le guide Rother, il s'agit de l'étape la plus spectaculaire du tour.

Les prévisions météo pour ce dimanche suggèrent une assez forte probabilité de pluie en première partie de journée. Ne voulant pas gâcher le plaisir de cette étape reine en la faisant par mauvaises conditions, je me lève tôt pour regarder le temps qu'il fait, prêt à me recoucher aussitôt si le ciel est gris. Contre toute attente il fait beau, avec juste assez de nuages dans le ciel bleu pour qu'il ne soit pas monotone. A huit heures je suis en route pour la gare. Une demi-heure plus tard, j'arrive à Lucerne sous un ciel gris uniforme et la pluie. Un second train et un quart d'heure plus tard à Stansstad, il ne pleut presque plus et le ciel se dégage à nouveau depuis l'ouest. Visiblement la météo du jour va être variable... en tout cas, la veste de pluie reste – et restera – dans le sac à dos.

Devant la gare de Stansstad, il y a au moins cinq itinéraires pour le Bürgenstock. Je choisis le plus direct. Dès le début, la montée est raide. Je remonte le côté nord d'un vallon par un sentier forestier qui coupe la route de temps à autre, jamais très loin de la civilisation. Vers l'ouest, le Pilatus a momentanément perdu sa couronne de nuages et son sommet est visible. Au village d'Obbürgen, je m'arrête devant l'église pour boire et mettre de la crème solaire. La messe est en cours à l'intérieur, et je me tartine de facteur 50+ sur fond sonore de musique d'orgue entrecoupée des paroles du prêtre et des réponses des fidèles invisibles. Un peu plus loin, une grande bannière multicolore accrochée au-dessus de l'entrée de l'école annonce "Juhui Ferien!" (Youpi ! Vacances !).

Un sentier étroit monte en travers d'un pâturage pentu, entre deux troupeaux de vaches séparés l'un de l'autre par des clôtures, le sentier passant entre les deux. Les vaches de gauche me voient arriver et s'avancent pour voir ce que je suis. Cela attire l'attention des vaches de droite, qui s'accourent en meuglant sur les vaches de gauche. Il s'ensuit un tournoi de meuglements entre les deux équipes de vaches… moi, je continue mon chemin, oublié par tout ce petit monde.

J'arrive à la station de vacances de Bürgenstock, superbement située sur la crête à deux cents mètres sous le sommet de la montagne du même nom. C'était sans doute autrefois un lieu de villégiature plutôt classe, à voir les trois ou quatre vieux hôtels élégants. Mais Bürgenstock est devenu un endroit triste et désert : les vieux hôtels sont à l'abandon, entourés d'un immense chantier où, selon les grands panneaux publicitaires, un "Bürgenstock Resort" flambant neuf va sortir de terre.  Pour l'instant, rien ne suggère que la renaissance est imminente : les nouveaux immeubles ne sont que des trous béants et la rénovation des anciens hôtels ne semble pas très avancée. Au milieu de ce chantier, une résidence très huppée semble être habitée (au vu des panneaux PRIVAT et des caméras de sécurité), mais je ne vois personne.
Une promenade panoramique conduit le long de la falaise derrière le plus grand des vieux hôtels, offrant de magnifiques vues sur toute la moitié nord du lac des Quatre Cantons et vers le Zugersee et le Sempachersee au-delà. J'imagine qu'il s'agissait autrefois des jardins de l'hôtel, mais eux aussi sont en train de tomber en ruine. Les bancs ont perdu leur peinture, le sentier s'effrite, les palmiers et les plantes fleuries ont perdu la bataille contre les herbes folles. Dans son état actuel, Bürgenstocjk est un endroit bien déprimant.

Ici commence le Felsenweg, théoriquement l'apothéose de l'étape, un sentier taillé dans la falaise qui monte au point culminant de la montagne. Je sais que le Felsenweg a souvent été fermé à cause d'éboulements, mais j'avais cru comprendre qu'il était de nouveau ouvert. Un panneau à l'entrée m'informe que le sentier est fermé à partir de l'ascenseur de Hametschwand pour cause d'éboulement… sauf que la mention "pour cause d'éboulement" a été biffée. Je décide quand même d'aller voir ; après tout, l'endroit semble tellement abandonné qu'ils ont peut-être simplement oublié d'enlever le panneau. Mais le Felsenweg est une immense déception : tout d'abord, dès que je m'y engage, des nuages arrivent à toute vitesse et au bout de cinq minutes je me trouve dans le brouillard. Le sentier lui-même est beaucoup moins impressionnant que j'aurais cru : certes, il est taillé dans la roche, mais il est large de trois ou quatre mètres, équipé de rambardes et accessible aux poussettes et aux fauteuils roulants (je sais, car je croise un promeneur en fauteuil roulant). J'arrive à l'ascenseur : à partir d'ici, le chemin est effectivement barré. Evidemment, je pourrais monter au sommet par l'ascenseur extérieur le plus haut du monde, mais l'idée de payer 10 CHF pour passer trente secondes dans un ascenseur vitré de trois côtés dans un brouillard épais ne me tente guère.

Alors je reviens sur mes pas jusqu'aux hôtels. Comme pour souligner ma stupidité, les nuages se dissipent et le soleil revient au moment même où je quitte le Felsenweg. Je monte au sommet par le sentier facile (mais glissant) du versant sud, puis je continue le long de la crête vers l'est jusqu'au Chänzli, éperon rocheux qui plonge en bas à la verticale sur trois côtés. La vue est surtout remarquable vers l'est ; je vois tout le parcours de crête qu'il me reste à faire, une longue crête boisée qui descend pour mourir enfin dans l'eau juste en face de Vitznau. Au nord, le Rigi refuse de jouer le jeu et garde sa tête dans les nuages. Il y a deux bancs sur le Chänzli, je m'y arrête une demi-heure pour casser la croûte avant d'entamer la descente raide dans la forêt vers l'est.

L'arête est du Bürgenstock est large et plate par endroits, étroite et raide ailleurs. Le seul facteur constant est le vide à gauche, où les falaises descendent tout droit vers le lac. Le sentier n'est jamais difficile mais souvent glissant, avec un ou deux endroits où il faut faire un peu attention : il y a des rambardes, mais un faux pas et une glissade sous celles-ci entraînerait une chute longue et permanente. Je quitte provisoirement la forêt à St Jost, où la petite chapelle blanche serait très photogénique si elle n'était pas entourée de grosses BMW et Audi.

St Jost marque la fin du monde civilisé sur le Bürgenstock. Au-delà se trouve l'Unter Nas, l'extrémité le plus à l'est du presqu'île. Inhabité, boisé, inaccessible en voiture, l'Unter Nas constitue probablement le territoire le plus "sauvage" que l'on peut trouver sur les rives du lac des Quatre Cantons. Je remonte par un pâturage jusqu'à la lisière de la forêt : un tourniquet en métal comme il y en a des milliers dans les alpages suisses marque le passage d'un monde à l'autre. Je pousse le tourniquet…  et prends une bonne décharge de 240 volts dans mon bras droit !  D'accord, il n'est pas inconnu de prendre de petites décharges électriques en passant d'un pré à l'autre, mais c'est la première fois que je vois une clôture électrique reliée au secteur… y compris la barrière où on est censé passer ! Qu'est-ce qui pourrait expliquer cela ?  Un paysan sadique, peut-être ? Une simple erreur de branchement ?  Ou alors, quelque chose se cacherait-il dans l'Unter Nas… quelque chose d'assez grand et méchant pour que les vaches méritent une telle protection ? Des loups, des léopards, des grands requins blancs terrestres, qui sait… ?
Un peu secoué par le choc électrique, j'entre dans cette forêt épaisse. Je me demande dans quel état sera le sentier dans cet endroit du bout du monde, mais il est très bien entretenu, même si le seul signe de vie humaine est une trace solitaire de pneu de VTT. Marcher seul en forêt est une expérience complètement différente de la marche sur une crête dénudée ou dans une large vallée, une expérience que je trouve plutôt intimidante. Chaque bruit non identifiable me fait demander qu'est-ce que ça pourrait être ? Tous les bruits semblent être amplifiées, faits par quelque chose de très grand. Un troupeau d'éléphants dans les arbres au-dessus de ma tête se révèle être un écureuil, le bruit menaçant de quelque chose d'immense sur le sentier devant moi n'est qu'un randonneur solitaire venant en sens inverse. Le sentier remonte sur le Schartigrat puis, au bout d'une heure dans cette forêt belle mais inquiétante, se met à descendre vers le bout du nez du Bürgenstock. A travers les arbres, je peux maintenant voir les eaux bleu-vert du lac de trois côtés : devant, à gauche et à droite.

Juste avant l'extrémité de l'Unter Nas, le sentier que je suis rejoint celui venant d'Ennetbürgen par la rive du lac. Tout de suite l'ambiance devient plus habituelle : il y a des familles en train de griller des saucisses au bord du lac… mais il y a quand même, tout au bout du chemin, cette grande et sinistre statue en bois représentant une femme qui regarde vers l'est.  Peut-être qu'elle admire simplement les bateaux qui passent, avec femmes topless qui bronzent sur le toit de la cabine. Juste en face se trouve l'hôtel à Vitznau où, à la fin de la quatrième étape du tour, j'ai bu une bière avec des amis tout en regardant ce Bürgenstock sortant de l'eau tel un immense iceberg noir.

Maintenant je me tourne vers l'ouest, le long du sentier lacustre vers Ennetbürgen. Le sentier est facile, il reste un peu au-dessus du lac et ses petites plages où d'autres familles grillent d'autres saucisses. Le sentier se fait route, les premières maisons apparaissent, Ennetbürgen n'est plus très loin. L'étape a été longue – six heures de marche sans le détour du Felsenweg. Je m'attendais à quelque chose de spectaculairement beau, j'ai eu quelque chose d'assez bizarre. Encore une longue étape et la boucle sera bouclée.

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Tourengänger: stephen
Communities: Randonneur


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