Petit circuit à raquettes entre Eigenthal et Trochematt

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Cela faisait trois ans que nos raquettes étaient restées à la cave. Pandémie, manque de neige, mauvaise météo, manque de motivation lorsque la météo était favorable, les excuses ont été nombreuses. Mais ce week-end, les conditions étaient enfin réunies avec de la neige fraîche et du soleil. 

Le circuit de Trochematt fait partie des itinéraires balisés au départ d’Eigenthal, que nous atteignons en 40 minutes en car postal depuis la gare de Lucerne. Sur les versants qui ont été exposées au soleil toute la semaine il y a davantage d’herbe que de neige, mais le fond de la vallée a retenu le froid et les conditions sont excellentes. 

Eigenthal est connu dans la région pour le ski de fond, et pendant la première partie de cette randonnée, l’itinéraire raquettes avoisine les pistes de fond. Il y a beaucoup de monde : skieurs évidemment, mais aussi de nombreux de promeneurs et familles. Au début, nous marchons plus ou moins à plat ; ce n’est qu’après la ferme de Buchsteg que ça commence à monter. De ce point jusqu’à l’alpage de Gumm, la montée est constante et nous fait rapidement gagner 320 mètres d’altitude. L’itinéraire est commun avec celui qui mène au Rägeflüeli et la large piste forestière est bien damée par le passage de nombreuses paires de raquettes. Derrière nous, le téléphérique du Pilatus traverse lentement le ciel avant de disparaître derrière le Klimsenhorn.

A Gumm (1404 m), nous faisons une première pause. Il est encore un peu tôt pour manger et nous décidons de continuer vers Trochematt avant de casser la croûte. Notre itinéraire quitte maintenant celui du Rägeflüeli et il y a tout de suite moins de monde. La piste fait place à une trace étroite qui descend légèrement dans un premier temps, avant de remonter à la selle (1443 m) entre le Studberg et la Wandflue. Il s’agit de la partie la plus raide du circuit, mais la montée n’est pas très longue. Bien que la quantité de neige ne soit pas très importante, elle est d’excellente qualité, une belle poudreuse qui permet de bien glisser dans les descentes.

Nous descendons à Ober Pfifferswald (1372 m), où un panneau étrange semble indiquer que l’endroit est interdit aux mouches… nous nous demandons quelle en est la réelle signification. Une nouvelle montée nous fait parvenir à Hirzbode (1401 m), où nous décidons de faire notre pause midi, adossés au mur en bois du chalet. Nous mangeons notre soupe aux courgettes et au romanesco suivie des restes d’une quiche que nous avons faite pour le souper de la veille, profitant du soleil qui apporte une vraie chaleur pour la première fois depuis plusieurs semaines. 

Le soleil finit par se cacher derrière un nuage et nous poursuivons notre chemin, traversant à flanc de colline au-dessus d’un vallon dans lequel un petit cabanon pose joliment pour la photo sur fond des falaises du Pilatus. La ferme de Trochematt (1377 m) apparaît devant : nous avons bien fait de manger avant, car l’alpage est complètement à l’ombre et il y fait froid. 

Nous avons atteint le point le plus éloigné du circuit, l’itinéraire revient maintenant vers Eigenthal, en suivant ce qui en été est la petite route d’alpage qui longe le fond de la vallée. Nous croisons un randonneur allemand qui indique la crête du Mittaggüpfi au-dessus de nous et me demande si je sais comment y accéder. En été j’aurais su lui dire : en hiver, je n’ai aucune idée si c’est faisable. Il ne semble avoir aucun équipement spécifique – même pas de raquettes ni de bâtons – juste un gros sac à dos. Il nous dit qu’il va poursuivre jusqu’à Gfellen. Je lui dis qu’il en a pour au moins trois heures et que l’itinéraire n’est pas tracé au-delà de Trochematt, à quoi il nous répond qu’il n’est pas pressé et qu’il a cinq jours de vacances devant lui. Nous nous demandons s’il arrivera à Gfellen avant la tombée de la nuit.

Un peu plus bas (point 1330 sur la carte), l’itinéraire balisé pour raquettes bifurque à gauche et remonte à nouveau vers Hirzbode. Ne voyant pas trop l’intérêt de repasser au même endroit (et de refaire 70 mètres de dénivelée positive), nous continuons par la route du fond de la vallée qui, au-delà de la courbe de niveau des 1300 mètres, a été dégagée par le chasse-neige. La route s’enfonce dans une vallée encaissée, où nous coupons quelques lacets dans la neige poudreuse.

Nous quittons la forêt quelques centaines de mètres avant Rotstock (1110 m), où nous retrouvons les pistes de ski de fond. A partir d’ici nous déchaussons nos raquettes, la quantité de neige n’étant plus suffisante pour recouvrir totalement le goudron de la route.  Plutôt que de longer les pistes de fond, nous terminons notre randonnée en suivant le chemin d’été qui passe par Unterlauelen avant de nous ramener à notre point de départ.