Tour du lac de Zurich : Deuxième étape, d’Esslingen à Rapperswil

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La deuxième étape de ma randonnée autour du lac de Zurich commence à Esslingen, où j'ai terminé la première étape il y a un mois et demi. La neige qui tapissait le sol ce jour-là a disparu, faisant place à une belle matinée ensoleillée, qui serait printanière si ce n'était ce petit vent du nord frisquet qui empêche le mercure de monter au-dessus de cinq ou six degrés : heureusement que je me suis équipé de gants et de vêtements adaptés à l’hiver.

Esslingen (477 m) est un mélange hétéroclite de vieilles fermes et d'immeubles d'habitation modernes, ces derniers semblant avoir été déposés dans le paysage de façon aléatoire, sans ligne directrice. Zurich n'est pas loin, et le village est clairement en train d’abandonner sa vocation essentiellement agricole pour devenir une petite ville dortoir. Je quitte le village en passant devant un pré où trois lamas m'observent, la tête pivotant sur leur long cou pour suivre mon passage.  Derrière moi, le Pfannenstiel a perdu toute la neige qui faisait le bonheur des enfants du coin lorsque j’y suis passé en janvier. Malgré le soleil, la lumière est blafarde, enlevant le peu de couleur que le paysage hivernal aurait pu avoir. Les collines et les montagnes lointaines, qui constitueraient une toile de fond spectaculaire par temps clair, sont presque entièrement perdues dans une brume épaisse et blanchâtre.

Une succession de petites routes me fait traverser une campagne légèrement vallonnée. À Summerau, un garage vendant des tracteurs et divers accessoires à accrocher dessus indique que l'agriculture est encore bien présente ici. L'air est chargé des parfums de la campagne, et dans le champ à ma droite, un tracteur avance au pas, pulvérisant du fumier juste devant moi histoire de stimuler mes narines encore un peu plus. À Schoren, des sculptures constituées de morceaux de matériel agricole rouillé sont alignées au bord de la route.

Le chemin fait place à une piste caillouteuse qui contourne la base d'une butte plantée de vignes, avant de me conduire au grand village de Grüningen. L'endroit manque de charme : le balisage me fait passer par des rues résidentielles sans caractère puis à côté d’une zone industrielle, avant de traverser un vallon abrupt qui surgit de nulle part sur un pont. De l'autre côté se trouve ce qui devait être le centre du village d’origine, où se trouve un château et quelques jolies maisons à pans de bois. Le chemin descend, contourne le bout d’un petit lac, puis remonte à Itzikon, village endormi sous le soleil du samedi midi. Le paysage redevient moins urbain, et je continue jusqu'à Hueb (532 m), le point culminant de cette randonnée.

De là, l’itinéraire descend doucement vers une large vallée marécageuse, dont le fond est partiellement occupé par le Lützelsee, un lac de taille assez conséquente entouré de roselières et d’herbe. C'est le passage le plus intéressant de la randonnée : la vallée est une réserve naturelle, et il y a de nombreuses oies et mouettes autour du lac et sur la surface de l’eau. Les branches supérieures d'un grand arbre à l'angle nord-est du lac ont été squattées par une colonie de cigognes : c'est la première fois que je vois ces oiseaux ailleurs que sur des photos. Je m'assieds sur un banc un peu en retrait du bord du lac pour manger mes sandwichs : malheureusement, le banc est à l'ombre d'un autre grand arbre, et il devient vite évident que le vent du nord est vraiment froid dès qu’on quitte le soleil.

Au-delà du lac, le paysage redevient plus urbain alors que j'atteins le village étendu de Hombrechtikon. La partie supérieure du village est ostensiblement riche, avec des immeubles assez m’as-tu-vu, dont l'architecture est parfois assez radicale dans sa modernité. C'est l'une de ces villes de banlieue qui ne semble pas avoir de centre clairement défini : il me faut vingt minutes pour traverser Hombrechtikon de bout en bout, mais je ne vois ni magasins, ni restaurants ou bars.

Alors que je continue à descendre vers Feldbach, le lac de Zurich apparaît en contrebas devant moi : c’est la première fois que je vois ce lac dont je fais le tour depuis mon départ de Rehalp lors de l'étape précédente. Les sommets de l'autre côté du lac sont à peine visibles, perdus dans la brume, leur présence n'étant signalée que par quelques éclats de neige là où le soleil la touche. Au milieu du panorama, la péninsule sur laquelle se dresse le château de Rapperswil s'avance dans le lac, prolongée par la digue qui permet aux trains et aux voitures de relier le canton de Schwyz de l’autre côté.

La dernière heure de l’étape manque d’intérêt. Je descends jusqu’à la gare de Feldbach, puis dois remonter aussitôt de 50 mètres : c'est la seule (petite) montée d’une étape essentiellement plate. Je suis une petite route, puis une piste vers l'ouest, avec des vignobles à ma gauche et la voie ferrée à ma droite, au-dessus du lac. L’urbanisation se fait de plus en plus présente, et à partir de la gare de Kempraten, la fin de la randonnée se déroule entièrement en ville. La banlieue de Rapperswil semble interminable, et ce n'est que dix minutes avant d’arriver au bout de l’étape que le parcours rejoint enfin le bord du lac, juste en dessous du château. 

Je m'attendais à une étape plus rurale, mais en regardant la carte, je me rends compte qu'il n'y a guère de possibilité de traverser les environs Rapperswil sans se faire happer par la ville. Après une première étape essentiellement sur des chemins forestiers, celle-ci s'est déroulée presque entièrement sur des routes goudronnées, avec peu de points d'intérêt à part le Lützelsee, et peu de panoramas à cause du temps brumeux. Demain, je reviendrai pour faire le tour de l'extrémité sud-est du lac de Zurich, en espérant que l’étape sera plus intéressante que celle-ci.

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