Du nord au sud : Vingt-sixième étape, de Lugano à Morcote


Publiziert von stephen , 9. November 2021 um 18:45.

Region: Welt » Schweiz » Tessin » Sottoceneri
Tour Datum: 7 November 2021
Wandern Schwierigkeit: T2 - Bergwandern
Wegpunkte:
Geo-Tags: Gruppo Lago Ceresio   CH-TI 
Zeitbedarf: 4:30
Aufstieg: 870 m
Abstieg: 900 m
Strecke:Lugano-Paradiso – Monte San Salvatore – Ciona – Carona – Morcote
Zufahrt zum Ausgangspunkt:cff logo Lugano Paradiso
Zufahrt zum Ankunftspunkt:[Morcote, Piazza Grande]

English version

Le 23 février 2020, ma traversée nord-sud de la Suisse m’a amené à Lugano. Il ne me restait que deux étapes pour terminer le Trans Swiss Trail, j’étais certain de terminer avant Pâques. Deux jours plus tard – à Lugano justement – le premier cas de Covid en Suisse a été confirmé… et nous connaissons tous la suite de l’histoire.

C’est donc presque deux ans plus tard que je me retrouve à nouveau à Lugano, pour essayer de finir mon périple commencé à Porrentruy au printemps 2018. Il fait grand beau, mais il a gelé à Lucerne et, même au Tessin, il fait assez frais à l’ombre pour que la polaire soit nécessaire. A la gare de Paradiso, je suis surpris de voir un panneau jaune indiquant 5 heures 55 minutes jusqu’à Morcote, alors que le descriptif de l’itinéraire sur wanderland.ch ne parle que de 4 heures 35. Heureusement, c’est le site web qui voit juste : je ne suis pas connu pour mes exploits de vitesse en montagne, mais je mettrai très exactement quatre heures et demie pour faire l’étape. 

La montée au Monte San Salvatore (913 m) depuis Paradiso est raide et sans répit, sauf quelques bancs placés dans les virages du sentier. La partie la plus raide vient au début, où le chemin monte droit dans la pente, en escalier, le long du tracé du funiculaire. C’est le genre de sentier qui permet de gagner vite de l’altitude : au bout de la première heure, je suis déjà monté d’un peu plus de 450 mètres, ce qui est bien au-dessus de ma moyenne.

Il n’y a pas grand-chose à voir pendant la montée. Le sentier est toujours en forêt, et Lugano et son lac ne sont aperçus que furtivement, à travers un rideau de verdure. Ce sont donc les autres personnes que je dépasse ou que je croise qui ajoutent un peu d’intérêt à l’itinéraire. Je dépasse deux femmes alémaniques qui discutent en marchant : comme souvent dans cette configuration, l’une d’elles fournit l’essentiel du contenu verbal, pendant que l’autre se contente de répondre par  des ja ja peu enthousiastes. Je me fais dépasser à mon tour par deux étudiants américains qui parlent de leur thèse. Un peu plus haut, c’est un coureur de trail qui me double, vêtu d’un short rouge qui a manifestement bien vécu, par-dessus des leggings rayés bleu et blanc. Plus haut encore, un deuxième coureur me dépasse : celui-ci porte un jogging vert fluo brillant, tendance disco 1979. Je m’arrête pour grignoter un chocolate chip cookie, ce qui permet aux femmes ja ja de me rattraper. Enfin, peu avant le sommet, je croise à nouveau Leggings rayés et John Travolta, qui ont fini leur montée et entament la descente.

Le site wanderland.ch décrit le parcours entre le Monte San Salvatore et Morcote comme étant en "pente douce constante". Celui ou celle qui a écrit le petit topo n’a manifestement jamais pris le sentier qui descend vers le sud depuis le sommet, qui est à la fois plus raide et plus rugueux que celui qui monte depuis Lugano. On a souvent du rocher sous les pieds et, à cette saison, le rocher est souvent à moitié caché sous un tapis de feuilles mortes… baskets déconseillés. Je rattrape un homme tout vêtu de noir qui semble crier sur lui-même… quoique, vu le petit câble qui pend de son oreille, il est peut-être au téléphone. Son discours est particulièrement animé et le mot polenta revient régulièrement : peut-être qu’il passe commande pour le repas du midi…  Mais les italophones sont minoritaires : la plupart des randonneurs que je croise répondent à mon bongiorno par un grüezi très peu tessinois. Ils pourraient au moins essayer de répondre à mon mauvais italien par du mauvais italien.  Je croise une femme plutôt jeune mais complètement essoufflée, qui répond à mon Salve ! par ce qui ressemble fortement à Merde… mais je lui donnerai le bénéfice du doute, j’ai peut-être mal compris.

La descente raide finit par s’adoucir au-dessus du village de Ciona (617 m), d’où on jouit enfin d’une vue panoramique sur quelques-uns des bras du lac de Lugano. Le soleil commence à chauffer, bien qu’il fasse encore frais à l’ombre. Trouver en endroit ensoleillé avec vue sur le lac pour la pause déjeuner s’avère problématique : le sentier est presque toujours en forêt, et les rares clairières sont clôturées et privées. Je finis par me poser sur un banc à l’entrée de Carona, en face d’un pré où broutent plusieurs vaches miniatures : sans doute une race naine, car elles ont des cornes et des pis d’adultes malgré leur taille réduite. 

Il faut subir un kilomètre de bitume pour contourner Carona (600 m), avant de retrouver un sentier qui monte en pente douce vers le jardin botanique du Parco San Grato. C’est la partie la plus panoramique de l’étape, avec quelques jolies échappées entre les arbres vers le lac et une belle vue en arrière vers le Monte San Salvatore. Le plus impressionnant est cependant le Monte Generoso, de l’autre côté du lac ; rocheux et légèrement saupoudré de neige, une “vraie” montagne malgré son altitude modeste de 1700 mètres. Le sentier continue de monter à travers le parc jusqu’à 795 mètres, puis amorce la descente vers Morcote et la rive du lac. Jusqu’à l’Alpe Vicania (659 m), la descente se fait en douceur, justifiant presque le descriptif sur le site Wanderland. Au-dessus de l’alpage, la vue s’ouvre pour la première fois vers l’ouest, où des sommets enneigés sont visibles au loin : serait-ce les Alpes valaisannes, au-delà de Domodossola ? Mais le plus surprenant est la vue vers le sud : au-delà du Monte San Giorgio que je traverserai lors de la dernière étape, il n’y a plus du tout de montagnes ;  juste une bosse incongrue qui ressemble plus à un terril qu’autre chose, puis c’est la plaine qui s’étend dans la brume vers Milan et le Pô.

Si la descente sur l’Alpe Vicania était douce, la suite est brutale : 400 mètres raides, presque entièrement en escaliers. Ça promet de belles courbatures au niveau des cuisses : heureusement, la vue est superbe, avec des pentes boisées qui plongent vers le lac, sur la rive duquel s’accrochent quelques villages. Le soleil est déjà bas et les ombres s’allongent, créant de beaux contrastes entre les couleurs automnales flamboyantes des versants encore ensoleillés et les ombres presque noires des ravins déjà délaissés par le soleil. Morcote n’est plus très loin : la tour de l’église de Santa Maria del Sasso apparaît subitement, presqu’à la verticale en dessous du sentier, très blanche contre le fond bleu de l’eau. Un dernier escalier qui serpente entre les palmiers, puis je me trouve au bord du lac, où les maisons en arcades ne sont pas sans rappeler celles de Locarno.

Je viens de manquer un bus et le suivant ne part que dans une heure. Ce n’est pas bien grave, je m’installe au soleil d’une terrasse, où la serveuse paraît fatiguée par le monde en général et par le fait que je veux seulement commander une bière sans rien manger en particulier. Les touristes défilent, à pied ou en voiture : les voitures sont souvent des cabriolets vintage. A la table d’à côté il est question de corporate tax …  made a lot of money … really cool Lamborghini, puis la conversation s’oriente sur l’agriculture bio et les récoltes. De l’autre côté, deux dames élégantes d’un certain âge débattent d’une question essentielle : est-il trop tôt ou pas pour commander des Aperol spritz. Question pas trop compliquée en fin de compte : après tout, il est déjà quatre heures…

Plus qu’une étape et ma traversée nord-sud sera enfin finie. 

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Tourengänger: stephen
Communities: Randonneur


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