Simplon : Feerberg - Furggu #bunker #ivs #ruine

Lors de la Seconde Guerre, une des premières lignes du Réduit National était constituée par la crête partant du Weissmies jusqu'au fort de Gondo. L'un des points faibles de cette ligne est évidemment le col de Furggu qu'emprunte le Stockalperweg, utilisé depuis le Moyen-Age. En 1940, il n'existait pas encore de route carrossable, celle-ci s'arrêtait pas loin de Bord, au fond de la vallée. Néanmoins, un ennemi décidé aurait pu franchir à pied le passage de Furggu afin de contourner la position fortifiée de Gondo. La Confédération a donc réalisé un dispositif militaire assurant la défense de ce col.

A ma connaissance, on ne trouve aucune référence à ce sujet sur le WEB. J'ai toutefois trouvé quelques indices grâce à des photographies aériennes de l'époque et ainsi pu orienter les recherches sur le terrain, objectif de la randonnée de ce jour.

Celle-ci commence, comme à l'accoutumée, depuis le Wechselkehrbrücke en dessous duquel j'abandonne mon véhicule. Partir et revenir par le même chemin aurait été ennuyeux et j'emprunte donc un itinéraire alternatif pour la montée. Sur la CNS 1972, on peut apercevoir un ancien sentier qui part du lit de la Laggina, vers 1260m, et traverse la région de Schilt avant de rejoindre le pont du Stockalperweg sur le torrent du Feergrabu.

De là, part également un ancien sentier entretenu et balisé (coupes) par les chasseurs menant à l'alpage abandonné de Dristul. Je l'emprunte jusqu'au ravin qui dévale de Tschugmatta, vers 1510m. J'arrête ma montée à cet endroit et part à l'horizontale en direction de l'alpage supérieur d'Hubulti. Une faible sente traverse la forêt et franchit facilement une barrière rocheuse, puis, de nouveau, le torrent du Feergrabu. L'alpage supérieur d'Hubulti est constitué de trois bâtiments dans un état encore relativement correct. 

Encore quelques lacets dans la forêt et je retrouve le Stockalperweg (VS 1.3.1) juste en-dessous de la chapelle datant de 1880. Je le quitte rapidement pour rejoindre le pâturage de Sale, puis l'émetteur Swisscom d'où l'on bénéficie d'une vue plongeante sur la vallée du Simplon. Je passe ensuite à proximité des alpages en dessous d'Elsa, puis des ruines de Jordiguhuis, Mittluhuis, Alphitte, des anciens casernements militaires de Mafulbodi et finalement me voilà à Furggu.

J'attaque la descente en direction de Bord et quitte le Stockalperweg pour gagner la première position fortifiée de la journée : un modeste bunker équipé de deux embrasures. La facture de l'ouvrage laisse à penser qu'il a été réalisé rapidement, au début du conflit, en attendant l'achèvement des autres positions qui se situent plus en avant.

Quelques mètres plus loin, j'arrive à un casernement d'infanterie, constitué de trois blockhaus aux portes et volets blindés, reliés par des escaliers à côté desquels coule un modeste ruisseau. Ce casernement est le frère jumeau de celui se trouvant sur le versant opposé, visité lors d'une précédente randonnée. 

Deux-cents mètre plus loin, après avoir franchi le ruisseau provenant du Seetole à l'aide d'une passerelle en béton armée, j'arrive à l'entrée de l'ouvrage NE, dûment protégée par son camouflage aux teintes minérales. La porte blindée est verrouillée par un robuste cadenas. Une petite échelle sur le côté permet d'accéder à une trappe dans le haut du camouflage afin d'y faire transiter probablement des câbles téléphoniques ou de faire dépasser une antenne radio.

Il faut franchir un raide terrain recouvert de genévriers afin d'atteindre les embrasures, construites l'une sur l'autre : celle d'observation en haut, celle de tir en bas. Dans la pente ont encore été réalisées des tranchées pour abriter les tirailleurs.

Après cette nouvelle découverte, je retourne au Stockalperweg et rejoins par Stuba l'ancien sentier (VS 290) arrivant de Junge Staful. Je le remonte quelque peu et pars sur la gauche afin de gagner l'entrée du dernier bunker, celui du flanc SW. Celui-ci peut être atteint facilement par un chemin presque carrossable. La construction est similaire à celle du précédent, à la différence que les embrasures sont construites l'une à côté de l'autre, le rocher n'étant pas assez haut.

Je pourrais éventuellement rejoindre le casernement d'Escherbalma mais l'ayant déjà visité il y a trois ans, je me contente de regagner Furggu. Puis de redescendre à moi point de départ, par le magnifique Stockalperweg baigné des derniers rayons de soleil.

Une bien belle journée ce fut !

Dernière chose : j'ai volontairement effacé les traces GPS menant aux bunkers ainsi que la géolocalisation des photographies. Ces ouvrages sont en excellent état et il serait malheureux qu'ils soient dégradés ou maculés de tags par les habituels vandales au QI limité. Il sera néanmoins aisé pour des personnes motivées de les retrouver.