De la Maurienne à la Méditerranée, sur l'itinéraire de la Grande Traversée des Alpes : 3ème partie


Publiziert von stephen , 1. September 2019 um 11:31.

Region: Welt » Frankreich » Alpes-Maritimes
Tour Datum: 8 August 2019
Wandern Schwierigkeit: T2 - Bergwandern
Wegpunkte:
Geo-Tags: F 

J8, de Larche à Bousiéyas : 978 m de montée, 1039 m de descente, 6 heures 45 de marche

Avec cette huitième étape, nous arrivons à mi-chemin de notre randonnée de Modane à la Méditerranée et, en même temps, nous entrons dans le parc national du Mercantour, qui s’étend d’ici presque jusqu’à la mer. Devant nous, la belle vallée du Lauzanier remonte vers le sud, avec de beaux contrastes de soleil et d’ombres sous la lumière matinale. Les nuages de la veille se sont évacués, il va faire chaud aujourd’hui.

En entrant dans le parc, nous voyons tout de suite plus de monde sur le sentier que les jours précédents. Plusieurs groupes semblent être partis pour des "safaris aux marmottes" : celles-ci se font entendre mais restent invisibles.  Nous croisons et recroisons des randonneurs déjà vus aux gîtes de Fouillouse et de Larche : un couple de la région grenobloise, un autre de Bulle, le retraité solitaire parti de Luxembourg (et qui restera pour nous "le Luxembourgeois" jusqu'à ce que nous apprenions enfin son prénom) ; une Valaisanne habitant Yverdon qui marche seule depuis St-Gingolph et à qui il arrive toutes sortes de mésaventures (fausses directions, sentiers déviés, une chaussure qui perd sa semelle). Après une entrée en matière tout en douceur, une montée plus raide nous amène au joli lac du Lauzanier (2284 m), où nous faisons une première pause. Au sud, au-delà du lac, un mur de pierriers et de falaises nous attend pour la suite de la montée.

Nous passons au-dessus d’un deuxième lac qui semble être en voie d’assèchement. A partir d’ici, les 250 derniers mètres jusqu’au Pas de la Cavale sont vraiment raides. Dans des pentes herbeuses d’abord, puis dans un terrain de plus en plus caillouteux, le sentier grimpe vers le col à l’ombre d’une falaise sombre et surplombante. C’est par une alternance de gros pierriers et de passages schisteux et glissants que nous arrivons enfin au Pas de la Cavale (2671 m) : cela restera la montée la plus ardue de toute la quinzaine. 

Le début de la descente, par des lacets serrés sur un sentier étroit recouvert de gravillons glissants, est tout aussi raide que la fin de la montée. Bien qu’il n’y ait aucune sensation de vide, il y a des barres rocheuses en dessous du sentier, comme nous pourrons constater une fois en bas. A quelque 320 mètres sous le col, là où le terrain devient moins raide, il y a deux ou trois petits lacs : nous nous installons sur l’herbe juste au-dessus pour manger notre pique-nique. Depuis ici, nous nous demandons comment nous avons pu descendre depuis le col, on ne voit qu’une ligne de barres rocheuses apparemment infranchissables… et pourtant, le sentier qui s’y faufile n’a rien d’effrayant. Pendant que nous faisons la sieste, une brebis seule erre autour des lacs. Elle semble avoir perdu son troupeau, et on se demande comment elle fera une fois la nuit tombée : il y a des loups dans le coin.

L’effort physique de la journée n’est pas encore terminé, il y a un deuxième col à franchir. Nous descendons dans le fond d’un vallon et remontons jusqu’à une petite cabane : c’est ici que commence la montée au col des Fourches (2261 m). Ni vraiment longue, ni excessivement raide, cette montée est pourtant très pénible, en raison de la chaleur et de la fatigue qui travaillent de pair contre nous. Un peu après le col, au niveau d’un village militaire en ruines, nous traversons la route de la Bonette, dont le nom est omniprésente dans le coin : illustrée sur les sets de table des gîtes, commentée par les motards à la terrasse des restaurants, empruntée par les chauffeurs comme raccourci entre la Tinée et l’Ubaye, c’est la route "intervallées" la plus haute d’Europe et la route goudronnée la plus haute de France avec son altitude maximale de 2802 mètres.

La descente jusqu’au hameau de Bousiéyas n’est pas très longue : heureusement, car je suis à bout de force ; fatigué, mal aux pieds, les intestins détraqués en plus. Les parasols rouges de la terrasse du gîte apparaissent enfin, il ne reste plus qu’à descendre un escalier dont chaque marche est une petite torture. A la terrasse, devant une grande bière, je me rends compte que je ne souffre pas seul : tout le monde semble être d’accord que ce deuxième col était de trop, et qu'il faudrait le rayer de la carte ! Nous entendons aussi parler d’un problème potentiel pour l’étape du lendemain : plusieurs randonneurs venant en sens inverse auraient signalé la présence d’un patou particulièrement agressif au col d’Anelle, il est question de chercher des variantes pour éviter d’y passer. 

Tout petit, avec une vingtaine de places seulement, le gîte d’étape communal de Bousiéyas est le meilleur de la quinzaine. L’accueil est chaleureux et l’utilisation de l’espace disponible est remarquable. Les lits du dortoir sont sur trois niveaux : nous nous trouvons en haut, sur une plate-forme avec quatre matelas au sol, dont un est libre et le quatrième occupé par une jeune randonneuse qui fait la traversée du Mercantour en solo. Malgré la petite taille de la pièce, il y a des casiers pour ranger nos affaires et des bancs pour s’asseoir. Le beau temps nous permet de souper dehors (ce qui arrange tout le monde, dans la mesure où la terrasse est plusieurs fois plus spacieuse que la salle à manger). Je n’ai pas d’appétit – je subis le coup de mou qui m’atteint généralement après six ou sept jours de marche – mais de l’avis général, le souper est excellent et le dessert en particulier est un régal. Après souper, la gardienne du gîte nous parle de loups, de gypaètes barbus, de la route de la Bonette…  Nous sommes à présent dans le département des Alpes-Maritimes : cela peut surprendre, car tout le monde assimile ce département à la Côte d’Azur. Mais ici, nous dit la gardienne, nous sommes dans l’extrême nord du sud : Bousiéyas est le hameau le plus septentrional et le plus haut en altitude du département. L’accès y est même interdit en hiver à cause du risque d’avalanches sur la seule route d’accès… celle de la Bonette, inévitablement.

 
J9, de Bousiéyas à Saint Etienne de Tinée : 631 m de montée, 1321 m de descente, 5 heures 45 de marche

Nous avons programmé un jour de repos au milieu de nos quinze jours de randonnée, mais il faut encore transpirer un peu avant de pouvoir soulager nos corps et soigner nos petits bobos. Cette étape relativement courte et nettement plus facile que la précédente sera quand même éprouvante, essentiellement en raison du temps caniculaire qui s'est provisoirement installé sur les Alpes du sud. 

Avant de nous mettre en route, nous dégustons un excellent petit déjeuner dans la minuscule salle à manger du gîte. Les trois confitures faites maison - pomme, orange et abricot - sont vraiment excellentes : cet hébergement laissera vraiment un bon souvenir.

Nous descendons dans le fond du vallon, franchissons le torrent sur un pont (1861 m) et commençons la montée vers le premier des deux cols de la journée. L'itinéraire suit une piste forestière ombragée, avec quelques raccourcis pour couper les lacets de celle-ci. Nous nous faisons surprendre par un grand troupeau de moutons qui descend en sens inverse, accompagné d'un berger et de chiens de protection. Impossible de s'écarter pour laisser passer les animaux, ils sont partout… mais les chiens nous ignorent complètement, ils ont autre chose à faire. Très rapidement, la piste nous conduit au col de la Colombière (2237 m), puis nous entamons la descente vers le village de Saint Dalmas le Selvage, désormais sur un sentier étroit qui contourne une série de ravins assez escarpés. 

Il fait très chaud à Saint Dalmas (1503 m). Nous remplissons nos gourdes à une fontaine et buvons copieusement, assis à l'ombre sur la place du village, pendant qu'un employé municipal utilise une autre fontaine pour arroser les géraniums de la place.  C'est ici que nous devons prendre une décision par rapport au patou agressif signalé hier au gîte : suivre l'itinéraire prévu par le col d'Anelle, ou rester dans la vallée pour contourner le massif (et, le cas échéant, le chien en question). Nous décidons de ne pas changer nos plans : ces chiens ne font que leur travail, ils sont dressés pour protéger et intimider mais pas pour faire mal aux randonneurs. C'est un bon choix : très vite, nous croisons un homme seul avec un petit chien en laisse, qui vient justement du col d'Anelle et qui nous dit que le troupeau et les patous n'y sont plus. Nous montons par une piste caillouteuse, cherchant un bon endroit pour pique-niquer, mais il y a des crottes de mouton partout, cela ne donne pas envie. Ce n'est finalement qu'en arrivant au col (1731 m) que nous trouvons un endroit pour nous poser à l'ombre. L'endroit ne s'avère toutefois pas idéal : il y a des fourmis énormes - je n'en avais jamais vu de si grosses - et nous levons vite le camp après avoir mangé, sans faire de sieste.

La descente sur Saint-Etienne de Tinée me paraît interminable. Même si ce versant de la montagne paraît boisé, le sentier fait son mieux pour éviter l'ombre : au contraire, il semble chercher activement le plein soleil… et ce soleil-là est violent, il tape vraiment aujourd'hui. A certains endroits de cette descente il y a une quantité et une variété tout à fait exceptionnelles de papillons, dont certains de grande taille. L'espèce le plus courante a des ailes orange avec des points noirs (une recherche sur le web m'informe que ce sont des grands nacrés), mais il y a aussi des apollons aux grandes ailes blanches et une autre espèce dont les ailes, blanches aussi, sont bordées de noir. Sans parler des nuages d'innombrables petits papillons bleu clair que l'on voit un peu partout en montagne. Toutes ces bestioles semblent être particulièrement attirés par les fleurs des chardons qui, par endroits, envahissent le sentier. 

Nous arrivons enfin à Saint-Etienne (1150 m) au niveau d'un quartier de grands chalets qui me font tout de suite dire : Tiens, on est à Grindelwald !  C'est très suisse et pas du tout provençal : heureusement, le centre du village est plus conforme à l'architecture de la région. Le dernier kilomètre sur goudron est un calvaire et, quand nous arrivons enfin au gîte vers 15 heures 30, c'est pour découvrir que celui-ci n'ouvre qu'à 16 heures. Nous sommes trop fatigués, trop sales et trop collants pour retourner boire un verre dans le centre du village, alors nous attendons l'ouverture dans le jardin derrière le gîte.  On nous installe dans un dortoir de quatre lits, où nous sommes bientôt rejoints par la Valaisanne d'Yverdon et le "Luxembourgeois", qui en fait est parisien et vit en Normandie. 

Saint-Etienne de Tinée est le plus gros village que nous avons traversé depuis Briançon. Il y a plusieurs épiceries et même une pharmacie. Toutefois, nous raconte le propriétaire du gîte, ça s'arrête là. Pour tout ce qui dépasse le produit de première nécessité, il doit prendre sa voiture et aller soit à Barcelonnette (une heure et demie par le fameux col de la Bonette), où il y a un Lidl, soit à Nice (deux heures de route). Notre randonneuse valaisanne espérait trouver un magasin de sport, elle a besoin d'une nouvelle paire de chaussures. Mais il n'y a rien de tel à Saint-Etienne, il faut monter à la station de ski d'Auron, à une demi-journée de marche d'ici.   
 

J10 : jour de repos à Saint Etienne de Tinée 

Nous passons la journée à ne rien faire… mais vraiment rien ! Nous flânons dans les vieilles ruelles du village, achetons des journaux et passons des heures à les lire, d'abord à la terrasse d'un café vieillot sur une placette vieillotte, puis dans un petit jardin public. Entre deux, nous mangeons des farcis niçois dans un restaurant, achetons de la pommade pour nos piqûres d'insectes (dont certaines ont pris des dimensions énormes : mais quel insecte a pu faire ça ?) et faisons quelques courses pour les jours à venir. Il fait 36 degrés, nous sommes contents de ne pas devoir faire de dénivelée ! 

Cette journée de farniente nous fait un bien énorme : nous traînions quelques petites douleurs depuis les longues étapes du début, elles ont complètement disparu après Saint-Etienne. La capacité de récupération du corps humain est quand même remarquable !
 
Quatrième partie
Deuxième partie

Tourengänger: stephen
Communities: Randonneur


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